vendredi 22 décembre 2023

Les contes aident les enfants à s'endormir et les adultes à se réveiller.

Jorge Bucay, Je suis né aujourd'hui au lever du jour

jeudi 21 décembre 2023

Dionysos est aussi appelé le dieu fou (mainomenos) et la maladie dont il frappe ceux qui ne le reconnaissent pas est la folie.

France Schott-Billmann, La thérapie par la danse rythmée

mercredi 20 décembre 2023

J'étais un trésor caché et j'ai aimé à être connu.

Ibn Arabi, Le Traité de l'amour

mardi 19 décembre 2023

L'avenir de la psychanalyse est dans l'analyse par le jeu.

Karl Abraham, Congrès des psychanalystes, Würzburg, 1924

lundi 18 décembre 2023

On l'appelle jeu de la bobine ou fort-da, depuis la découverte magistrale de Freud observant le jeu de contraires de son petit-fils et comprenant que l'enfant y découvre du sens. Cela peut se produire avec n'importe quel jeu de contraires, mais pour le petit-fils de Freud, c'est une bobine qu'il lance et ramène, qu'il fait alternativement disparaître et réapparaître. L'absence temporaire de la mère a plongé l'enfant dans le désespoir jusqu'à ce qu'il découvre, dans une illumination, que l'objet qui va et vient, entre absence et présence, peut mimer le mouvement de la mère, donc représenter celle-ci et qu'elle peut revenir « autrement ». C'est dans un insight, dans un état de transe, que lui apparaît le sens de l'objet : la bobine peut représenter sa mère et, même lorsque celle-ci est absente, le symbole reste là, bien présent, permettant à l'enfant de la retrouver autrement. Il a découvert le symbole, le sens.

France Schott-Billmann, La thérapie par le danse rythmée

vendredi 15 décembre 2023

Si l'homme a un merveilleux appareil à transformer les sensations en symboles [...] il n'en reste pas moins qu'il vit toute l'épaisseur de la vie sensitive.

André Leroi-Gourhan, Le geste et la parole

jeudi 14 décembre 2023

La maturité est la capacité de faire quelque chose malgré le fait que vos parents vous l'ont recommandé.

Paul Watzlawick, Faites vous-même votre malheur

mercredi 13 décembre 2023

Avant d'avoir étudié le zen pendant trente ans, j'ai vu les montagnes comme des montagnes, les rivières comme des rivières. En avançant sur le chemin de la connaissance, j'en suis arrivé au point où j'ai compris que les montagnes ne sont pas des montagnes, les rivières ne sont pas des rivières. Mais maintenant que j'ai pénétré dans la fine substance de la connaissance, je suis serein car de nouveau, je vois les montagnes comme des montagnes, les rivières comme des rivières.

Ch'ing-Yian

mardi 12 décembre 2023

Dans les cadences de la musique est caché un secret, si je le révélais, il bouleverserait le monde.

Rûmi

lundi 11 décembre 2023

Dans notre civilisation, nous vivons beaucoup trop déconnectés de nos corps.

Angelin Preljocaj, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

vendredi 8 décembre 2023

Il ne s'agit pas tant d'apprendre à danser que d'abandonner l'idée que nous ne savons pas le faire.

Savannah Darling Khan, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

jeudi 7 décembre 2023

Le normal doit se définir, non par l'adaptation mais, au contraire, par la capacité d'inventer de nouvelles normes.

Kurt Goldstein, La structure de l'organisme

mercredi 6 décembre 2023

Quand on est vivant, créer va de soi. Inversement, c'est quand on reproduit qu'on cesse de créer et qu'on cesse d'être vivant. Quelqu'un qui ne fait que reproduire souffre d'un manque de conscience, et fait preuve de passivité. Être vivant s'accompagne forcément d'une prise de rique autour de la création. Il ne s'agit pas de créer à partir de rien, l'ancien aussi est à prendre en compte. Je viens moi-même d'une tradition de ballet. Au fond, il s'agit de se recréer soi-même.

Rafael Baile, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc l'existe

mardi 5 décembre 2023

Qu'est-ce qu'une vivencia ?

Ce mot correspond au terme allemand Erlebnis défini par le philosophe Wilhelm Dilther (1833-1911) comme l'« instant présent vécu intensément ». Rolando Toro [le fondateur de la biodanza] avait quant à lui l'habitude de le définir ainsi : « la vivencia est une expérience vécue avec une grande intensité par un individu, dans un ici et maintenant qui englobe les émotions, les sensations et les fonctions organiques. »

Paula Roulin Prat, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

lundi 4 décembre 2023

La métaphore est probablement la puissance la plus fertile que possède l’homme. Son efficience arrive à toucher les confins de la thaumaturgie et ressemble à un travail de création que Dieu oublia à l’intérieur de l’une de ses créatures à l’époque où il lui donna forme [...].

José Ortega y Gasset, La déshumanisation de l'art

vendredi 1 décembre 2023

Dansez jusqu'à ce que vous voliez en éclats.

Rûmi

jeudi 30 novembre 2023

Avez-vous la discipline nécessaire pour être un esprit libre ?

Gabrielle Roth

mercredi 29 novembre 2023

Dionysos, qui dans la symbolique représente l'homme, dansait déjà ans le ventre de sa mère. Il est le symbole de l'homme dansant, c'est-à-dire de l'homme qui réunit les opposés : corps/esprit, soi/autre, visible/invisible, absence/présence.

France Schott-Billmann, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

mardi 28 novembre 2023

Le mental a pour fâcheuse habitude de nous ramener sans cesse vers le passé, qui n'est plus, ou de nous projeter vers le futur, qui n'est pas encore, mais il nous place rarement dans le moment présent.

Amiyo Devienne, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

lundi 27 novembre 2023

Je ne sais pas où je vais, mais je sais que je suis sur le chemin.

Carl Sagan

vendredi 24 novembre 2023

Il y a dans nos sociétés modernes une immense ignorance sensorielle. Cette cécité générale est très curieuse et dramatique. Pourtant, nous avons de bons observateurs, de bons analystes, mais ça, ça ne passe pas. Comme si maîtriser ses sens n'était pas une connaissance nécessaire à nos sociétés.

Albert Palma, cité par Patrice van Eersel, préface à Je danse donc j'existe de Catherine Maillard

jeudi 23 novembre 2023

C'est le rapport au corps qui détermine le caractère de toutes les civilisations. De la législation à la poésie, tout est émanation du corps. Tout lui lié. Rien n'y échappe.

Albert Palma, cité par Patrice van Eersel, préface à Je danse donc j'existe de Catherine Maillard

mercredi 22 novembre 2023

J’y insiste [dans mes trois ouvrages] sur le caractère révolutionnaire et efficace d’une pratique [la psychanalyse] fondée non sur des théories analytiques (aujourd’hui elles sont multiples), mais sur une éthique de l’écoute, de l'hospitalité, de la "présence" impliquée-impliquante de l’analyste, et un "dialogue" neuf à partir du soi charnel et non plus du moi de surface. La règle freudienne fondamentale d'"attention également flottante" fait régresser l’"analyste ouvert et désidentifié" d’une réflexion mentalisée à un véritable état méditatif de pur sentir, qui entre en résonance et sympathie avec les processus inconscients et l’affectivité de l’analysand et amène celui-ci à approfondir lui-même la distinction entre sentir et penser, entre vie propre et vie extérieure. Un éveil à soi-même, à sa désirance créatrice et à sa liberté intérieure peut en surgir...

Page LinkedIn d'Alain Amselek

mardi 21 novembre 2023

[...] si la psychanalyse est d'abord une psychologie, elle est surtout une anthropologie.

Claude Le Guen, Dictionnaire freudien

lundi 20 novembre 2023

Disons-le hardiment, philosopher c'est expliquer [...] le clair par l'obscur, clarum per obscurius.

Jules Lagneau, Revue philosophique, février 1880

vendredi 20 octobre 2023

Chaque trouble du caractère bloque à sa façon la fécondité réceptive et disséminatrice de la personnalité.

Christopher Bollas, Trois caractères. Le narcissique, le borderline, le maniacodépressif

jeudi 19 octobre 2023

Pour Freud, aimer et travailler, d'abord ! Ces deux grandes entreprises de la vie et de la psychanalyse pourraient nourrir des attentes modestes en apparence qui pourtant se révlèlent parfois formidablement ambitieuses. On pourrait ajouter « se séparer », « être capable de se quitter », [...].

Catherine Chabert, Maintenant, il faut se quitter...

mercredi 18 octobre 2023

La richesse spécifique d'un texte de Freud, et pas seulement du Schreber, est que jamais il ne laisse ramener à une ligne unique de pensée.

Jacques André, préface au Président Schreber de Sigmund Freud

mardi 17 octobre 2023

Ce que montre Freud en effet, c'est que le déclenchement de la crise paranoïaque a précédé, chez Schreber, la construction du délire religieux, en sorte que celui-ci apparaît comme un délire de reconstruction, le moyen par lequel le malade restaure un ordre susceptible de le rendre à une vie vivable.

Denis Pelletier, préface à Le Président Schreber de Sigmund Freud

lundi 16 octobre 2023

Totem et tabou est à coup sûr l'œuvre de Freud qui permet le mieux d'en prendre la mesure.

Jean-Michel Hirt, préface à Totem et tabou de Sigmund Freud

vendredi 13 octobre 2023

Doit-on être malade pour aller mieux ?

Erwann Monner, le thérapeute de "Oui mais", scénario d'Yves Lavandier

jeudi 12 octobre 2023

La psychanalyse me semble avoir davantage besoin de penseurs par images que d'érudits, de scoliastes, d'esprits abstraits et formalisateurs.

Didier Anzieu, Le Moi-peau

mercredi 11 octobre 2023

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Alphonse de Lamartine, L'Isolement

mardi 10 octobre 2023

Il semble donc que la tentative consistant à remplacer la puissance matérielle par la puissance des idées se trouve, pour le moment encore, vouée à l'échec.

Lettre de Sigmund Freud à Albert Einstein, septembre 1932. Pourquoi la guerre ?

lundi 9 octobre 2023

Une clinique de l'inter-subjectivité rythmique du groupe demanderait à être développée. Elle nous apprendrait que certains fonctionnements psychotiques sont moins le résultat d'un désinvestissement de la réalité extérieure que celui d'un excès ou d'un déficit des polarités interpulsives nécessaires à l'élaboration relationnelle.

Ophélia Avron, La pensée scénique

vendredi 6 octobre 2023

Pauvreté empêche les bons esprits de parvenir.

Devise de Bernard Palissy

jeudi 5 octobre 2023

Le désir cherche toujours à se mettre au présent.

Ophélia Avron, La pensée scénique

mercredi 4 octobre 2023

Le corps humain ne pourrait bien n'être qu'une apparence. Il cache notre réalité. Il s'épaissait sur notre lumière ou sur notre ombre. La réalité c'est l'âme. À parler absolument, notre visage est un masque. Le vrai homme, c'est ce qui est sous l'homme.

Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer

mardi 3 octobre 2023

Le projet est le brouillon de l'avenir. Parfois, il faut à l'avenir des centaines de brouillons.

Jules Renard, Journal, 1925

lundi 2 octobre 2023

Il est nécessaire d'oublier la technique pour pouvoir analyser tranquillement, mais pour l'oublier sans la refouler il faut d'abord bien la connaître.

Joyce McDougall, Après Lacan : le retour à la clinique, entretiens avec Fernando Urribarri

vendredi 29 septembre 2023

Que ce soit pour des choix décisifs comme une voie de spécialisation ou une affaire de cœur, ou des choix ponctuels de la vie quotidienne comme une invitation ou un achat, les jeunes font souvent face au fear of missing out, c'est-à-dire la peur de manquer quelque chose qui serait mieux.

Nathalie de Kernier, Le projet de vie

mercredi 27 septembre 2023

Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application.

Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.

Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir.

Blaise Pascal, Pensées diverses II – Fragment n° 25 / 37

mardi 26 septembre 2023

La tâche du Je c’est de devenir capable de penser sa propre temporalité : il lui faut pour cela penser, anticiper, investir un espace-temps futur alors même que l’expérience du vécu va assez vite lui dévoiler que ce faisant il investit non seulement un non-prévisible mais un temps qu’il pourrait ne pas avoir à vivre. En d’autres termes, il investit un « objet » et un « but » qui possèdent les propriétés dont le Je a le plus horreur : la précarité, l’imprévisibilité, la possibilité de faire défaut.

Piera Aulagnier, Les Destins du plaisir. Aliénation, amour, passion

lundi 25 septembre 2023

Quand l'infini...

L'autre commence !

Anonyme

vendredi 22 septembre 2023

La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ; ce sont là les deux éléments dont elle est faite, en somme. De là ce fait bien significatif par son étrangeté même : les hommes ayant placé toutes les douleurs, toutes les souffrances dans l'enfer, pour remplir le ciel n'ont plus trouvé que l'ennui.

Arthur Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation

jeudi 21 septembre 2023

De façon schématique, on peut considérer l'identification projective comme un processus impliquant les séquences suivantes : en premier lieu, il y a un fantasme de projeter une partie de soi-même dans une autre personne, et de telle façon d'occuper la personne de l'intérieur ; une pression est ensuite exercée par des interactions interpersonnelles, afin que le "réceptable" de la projection pense, ressente, se comporte de façon congruente à la projection ; enfin, les sentiments projetés après avoir été "assimilés psychologiquement" par le "réceptacle" sont réintériorisés par le sujet de la projection.

Thomas H. Ogden, On Projective Identification

mercredi 20 septembre 2023

[...] le refoulement est une action qui ne réussit pas totalement.

Paul-Laurent Assoun, introduction à Sur la psychanalyse. Cinq leçons de Sigmund Freud

mardi 19 septembre 2023

La vie réussit à nous trouver quand plus personne ne sait où nous sommes, pas même nous. Si loin que nous soyons, elle se fraye un passage. Si grande soit notre volonté de l'éviter, de la fuir dans un travail, dans un devoir, dans un sérieux - elle arrive, têtue, se moquant gentiment de nous, de la naïveté de nos projets, de la sagesse de nos calendriers.

Christian Bobin, La Merveille et l'Obscur

lundi 18 septembre 2023

Nous aimons tant à nous représenter le moi comme impuissant face au ça, mais lorsqu'il se rebelle contre un processus pulsionnel dans le ça, il lui suffit de donner un signal de déplaisir pour atteindre sa visée à l'aide de l'instance presque toute-puissante du principe de plaisir.

Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse

vendredi 15 septembre 2023

L'interprétation du transfert n'est pas une interprétation dans le transfert, mais bien plutôt une interprétation dans le contre-transfert.

Michel Neyraut, Le transfert

jeudi 14 septembre 2023

Perdre
Mais perdre vraiment
Pour laisser place à la trouvaille

Guillaume Appolinaire, Toujours

mercredi 13 septembre 2023

Les relations entre les êtres humains s'ordonnent autour de deux grands pôles, la technique et le fantasme.

Didier Anzieu, Le groupe et l'inconscient

mardi 12 septembre 2023

On pourrait démontrer que chez certaines personnes, à certains moments, les activités indiquant qu’elles sont vivantes sont simplement des réactions à un stimulus. Une vie entière peut être construite sur ce modèle. Supprimez les stimuli et l’individu n’a aucune vie. Dans ce cas extrême cependant, le mot “être” ne convient pas. Pour pouvoir être et avoir le sentiment que l’on est, il faut que le faire-par-impulsion l’emporte sur le faire-par-réaction.

Donald W. Winnicott, Vivre créativement

lundi 11 septembre 2023

L'éducation est une succession de mises au monde, sa racine étymologique educere signifiant « conduire vers », à l'inverse de la séduction - seducere - consistant à ramener vers soi, à éviter la séparation.

Nathalie de Kernier, Le projet de vie

vendredi 8 septembre 2023

Si le monde était clair, l’art ne serait pas.

Albert Camus, Le mythe de Sisyphe

jeudi 7 septembre 2023

Le pénis, organe de pénétration devient pour le garçon un organe de perception qu'il assimile à l'œil ou à l'oreille ou aux deux à la fois ; par ce truchement il explore l'intérieur de la mère, y découvre les périls qui guettent son pénis et ses excréments, par le pénis et les excréments du père.

Melanie Klein, La psychanalyse des enfants

mercredi 6 septembre 2023

Oui, c'est problématique, mais il y a un postulat : contrairement à ce qu'on pense, il ne nous est pas donné de naître humains. Selon la qualité de l'amour que nous avons reçu, nous sommes animés de mouvements de compassion, des mouvements d'ouverture vers l'autre. Nous naissons aussi avec ce lot de colère et de méchanceté - appelons-le ainsi. Il s'adresse aux objets que nous aimons et aux objets qui nous aiment de faire évoluer ce mélange et de le faire basculer, vers quoi ? Vers la reconnaissance de l'autre.

André Green, Associations (presque) libres d'un psychanalyste : entretiens avec Maurice Corcos

mardi 5 septembre 2023

On n'exécute pas tout ce qui se propose ;

Et le chemin est long du projet à la chose.

Molière, Tartuffe ou l'Imposteur

lundi 4 septembre 2023

Dès que les professeurs commencèrent à le traiter de bon élève, il le devint véritablement.

Marcel Pagnol, Le Temps des amours

vendredi 1 septembre 2023

La clinique des maladies mentales nous confronte avec une réalité incontournable, celle des contagions et des transmissions psychiques, celles des solidarités, alliances et collusions inconscientes qui nous obligent de penser la nature et le fonctionnement psychiques de telle manière que soit non seulement théoriquement possible mais concevable cela même qui passe de l'un à l'autre. Nous ne pouvons penser la pysché comme une monade fermée sur elle-même, le sujet comme enfermé dans un total isolement, la folie comme simple idiopathie. Il s'agit par là d'opérer une véritable rupture épistémologique pour pouvoir penser ces échanges et ces communications dans un apareillage complexe mettant en relation l'un avec l'autre.

Jean-Pierre Vidal, Fous alliés ; folie à deux et folie à plusieurs : folies simultanées, délires convergents ou folie communiquée ?

lundi 31 juillet 2023

Le groupe tient ensemble par le jeu de la réalité psychique qu'il produit en propre, qu'il gère, maintient, transforme ou abandonne avec la participation inconsciente de ses sujets.

René Kaës, Le groupe et le sujet du groupe

vendredi 28 juillet 2023

La psychanalyse a pour unique supériorité de ne pas affirmer dans l'abstrait les deux principes psychiques de la sexualité et de l'inconscience de la vie psychique, mais de les démontrer sur un matériau qui concerne chaque individu personnellement et le force à prendre position face à ces problèmes.

Sigmund Freud, Une difficulté de la psychanalyse

jeudi 27 juillet 2023

Dans son article de 1925 sur La dénégation, Freud a montré que l'adverbe « non » et que la forme négative de l'énoncé verbal ne peuvent exister comme outils logico-grammaticaux qu'à condition d'être investis par la pulsion de mort. Refuser, nier, sont des équivalents symboliques de détruire.

Didier Anzieu, Le groupe et l'inconscient

mercredi 26 juillet 2023

C'est la valeur prophétique, poétique, de la recommandation technique de Freud, d'écouter chaque patient comme si c'était la première fois, en oubliant l'expérience acquise, c'est-à-dire sans le comparer et sans penser qu'aucun mot venant de sa bouche est du même usage que celui d'un autre.

Jacques-Alain Miller, L'ère de l'homme sans qualités

mardi 25 juillet 2023

Qui le croirait ? Ce qu'il y a de plus réel en moi, ce sont ces illusions que je crée avec ma peinture. Le reste est un sable mouvant.

Eugène Delacroix, Journal

lundi 24 juillet 2023

Le terme paraîtra moins péjorant si l'on s'avise que, comme l'a suggéré Jacques Lacan, l'ignorance n'est pas seulement un état privatif, mais une passion - au même titre que l'amour et la haine ! L'ignorance est sentiment de manque, constituant le désir de savoir, contrairement au savoir dogmatique. L'ignorance est bien un état passionnel et la psychanalyse, si copieux que soit son savoir, tiré de son expérience, a sans cesse affaire à ce manque qu'elle travaille. N'est-ce pas ce « savoir non su » qu'elle théorise sous le nom d'« inconscient » ?

Paul-Laurent Assoun, introduction à Sur la psychanalyse. Cinq leçons de Sigmund Freud

vendredi 21 juillet 2023

 René Kaës distingue quatre rapports principaux au groupe :

- le groupe comme environnement ;
- le groupe comme objet ;
- le groupe comme struture ;
- le groupe comme appareil de liaison.

Ces quatre rapports au groupe sont à l'origine de la constitution du sujet. "Le sujet, j'insiste, est le sujet du groupe, et la groupalité est une dimension (état et structure) du sujet". 

Edith Lecourt, Introduction à l'analyse de groupe, citant René Kaës, La transmission psychique intergénérationnelle et intragroupale

jeudi 20 juillet 2023

Ezriel (1950, 1966) a formulé deux règles qui commanderaient le travail d’interprétation en situation de groupe thérapeutique ou formatif :

— à la différence de l’interprétation « mutative » propre à la cure individuelle et qui fait toucher du doigt dans un conflit actuel la répétition d’une situation infantile, l’interprétation groupale est anhistorique : elle énonce les angoisses, les défenses et les désirs inconscients actuels, c’est-à-dire qu’elle porte exclusivement sur 1’ « ici et le maintenant » du groupe ;

— l’interprétation n’est pas donnée individuellement à un participant ; elle est adressée collectivement à l’ensemble (mais il convient selon nous d’ajouter que le démontage des rôles joués par des individus dans un processus d’ensemble est tout aussi nécessaire, notamment quand il s’agit d’un cas de leadership).

Didier Anzieu, Le groupe et l'inconscient

mercredi 19 juillet 2023

Du mythe d’Œdipe, on peut dire qu’il est l’instrument grâce auquel Freud a découvert la psychanalyse et de la psychanalyse qu’elle est l’instrument grâce auquel Freud a découvert le complexe d’Œdipe.

Wilfred R. Bion, Eléments de la psychanalyse

mardi 18 juillet 2023

Aucune morale générale ne peut nous indiquer ce qu'il y a à faire ; il n'y a pas de signe dans le monde.

Jean-Paul Sartre, L'Existentialisme est un humanisme

lundi 17 juillet 2023

Je pourrais donc terminer et résumer cette rapide recherche en disant qu'on retrouve dans le complexe d'Œdipe les commencements à la fois de la religion, de la morale, de la société et de l'art, et cela en pleine conformité avec les données de la psychanalyse qui voit dans ce complexe le noyau de toutes les névroses, pour autant que nous ayons réussi jusqu'à présent à pénétrer leur nature.

Sigmund Freud, Totem et tabou

jeudi 13 juillet 2023

La maladie psychique ne surgit pas de l'extérieur. Elle ne s'attrape pas, elle est un basculement. Chacun d'entre nous peut être incapable ou mis dans l'incapacité de résister. La vie psychique normale se définit par la présence d'une force constante et désorganisatrice mise en échec par la capacité de résister, tandis qu'un système antagoniste inhibe le pathologique.

Frédérique Debout, préface aux Cinq leçons sur la psychanalyse de Sigmund Freud

mercredi 12 juillet 2023

Sexuels les bercements et la jolie balançoire. Sexuelle et sans pitié l'étonnante cruauté du petit homme. Qu'ai-je oublié ? Son goût du masochisme ? Et qu'il est voyeur, et dépourvu de toute pudeur ? Aucun plaisir ne l'assouvit, aucun ne l'arrête ; il sera tour à tour cannibale, homosexuel et incestueux. N'importe quelle activité l'excite, bouger, parler, penser, tout lui est bon, le travail comme le sommeil, le jeu comme l'épouvante.

Michel Gribinski, préface aux Trois essais sur la théorie sexuelle de Sigmund Freud

mardi 11 juillet 2023

Mes paroles s'envolent là-haut, mais mes pensées restent ici-bas. Les paroles qui n'animent pas les pensées n'atteignent jamais le ciel.

William Shakespeare, Hamlet, III, 4

lundi 10 juillet 2023

Tu n’expliques rien, ô poète, mais toutes choses par toi nous deviennent explicables.

Paul Claudel, La Ville (seconde version)

vendredi 7 juillet 2023

Le transfert doit être compris comme la manifestation de sentiments inconscients qui tendent à la reproduction stéréotypée de situations, caractéristique de l'adaptation passive à la réalité. Cette reproduction se met au service de la résistance au changement, de l'évitement de la reconnaissance de la douleur, du contrôle des anxiétés de base (peur de la perte, peur de l'attaque). La négation du temps et de l'espace qui se manifeste dans le transfert apparaît comme une technique défensive devant une situation de changement.

Enrique Pichon-Rivière, Psychanalyse et psychologie sociale - Hommage à Enrique Pichon-Rivière

jeudi 6 juillet 2023

Car qu'est-ce que le mal sinon le bien torturé par sa propre faim et sa propre soif ?

Khalil Gibran, le Prophète

mercredi 5 juillet 2023

Bion indique qu'il est possible de distinguer ou de supposer dans toute transformation (désignée par la lettre T) un fait ou un état initial (qu'il désigne par la lettre O), un processus de transformation (T𝛼), obtenu par certaines techniques ou sous certaines conditions, et un produit final (T𝛽) résultant du processus. Il importe en outre de déterminer le milieu où s'effectuent les transformations. Le concept d'invariance désigne ce qui, de O, reste inaltéré dans le processus de transformation (T𝛼). L'invariance permet de reconnaître dans le produit final (T𝛽) l'original (O) transformé.

René Kaës, La parole et le lien

mardi 4 juillet 2023

Tu veux un monde meilleur, plus fraternel, plus juste ? Eh bien commence à le faire : qui t'en empêche ? Fais-le en toi et autour de toi, fais-le avec ceux qui le veulent. Fais-le en petit, et il grandira.

Carl Gustav Jung

lundi 3 juillet 2023

Par la défense qu'il [l'humour] constitue contre la possibilité de la souffrance, il prend place dans la longue série des méthodes que la vie psychique de l'homme a déployées pour échapper à la contrainte de la souffrance, série qui commence avec la névrose, culmine dans la folie, et dans laquelle il faut inclure l'ivresse, l'absorption en soi-même, l'extase.

Sigmund Freud, L'humour

vendredi 30 juin 2023

On m'a jamais dit viens on m'a dit va où tu veux.

William Sheller, Un endroit pour vivre

jeudi 29 juin 2023

L'innovation capitale, du point de vue technique, consiste à soustraire le thérapeute du champ visuel de l'hystérique pour qu'elle se fît entendre et qu'elle ne trouvât plus chez le spectateur dans le réel le regard qui incarne son désir. Elle se voyait contrainte de retrouver dans sa propre parole sa division interne et dans le miroir son propre regard [...]. Dès lors, l'hystérie pour se faire entendre devait transformer ses cris et ses convulsions en mots.

René Major, L'hystérie : rêve et révolution

mercredi 28 juin 2023

Il convient de considérer l’analyse comme un processus évolutif qui se déroule sous nos yeux, plutôt que comme le travail d’un architecte qui cherche à réaliser un plan préconçu.

Sándor Ferenczi, Élasticité de la technique psychanalytique

mardi 27 juin 2023

En revanche, je n'ai jamais avancé l'affirmation, qu'on m'attribue souvent, suivant laquelle l'interprétation des rêves révélerait que tous les rêves ont un contenu sexuel ou se ramènent à des forces pulsionnelles sexuelles.

Sigmund Freud présenté par lui-même

lundi 26 juin 2023

J'utilise le terme "intersubjectivité" pour penser la question de la rencontre d'un sujet, animé de pulsion et d'une vie psychique inconsciente, avec un objet, qui est aussi un autre-sujet, et qui présente donc les mêmes caractéristiques. Une telle définition me paraît tout à fait essentielle pour souligner la place de l'objet et de la "réponse" de l'objet aux mouvements pulsionnels du sujet, dans le devenir psychique de ceux-ci.

René Roussillon, L'intersubjectivité, l'inconscient et le sexuel

vendredi 23 juin 2023

On ne peut éviter de se demander si le champ d'action de la psychanalyse n'est pas destiné à dépasser l'individu pour agir sur la vie de l'humanité dans son ensemble.

Melanie Klein, Essais de psychanalyse

jeudi 22 juin 2023

Créer, c’est toujours parler de l’enfance.

Jean Genet, Une rencontre avec Jean Genet par Rüdiger Wischenbart et Layla Shahid Barrada, Revue d’études palestiniennes, n° 21, automne 1986

mercredi 21 juin 2023

La psychose est bien plus proche de nous et est plus en rapport avec les éléments constitutifs de la personnalité et de l'existence humaine que ne l'est la névrose et nous ne sommes vraiment pauvres si nous ne sommes que sains.

Donald W. Winnicott, L'effet de la psychose sur la vie de famille

mardi 20 juin 2023

Il faut laisser la porte ouverte à la formulation d'une théorie dans laquelle une certaine expérience de la folie - quel que soit le sens du mot - est universelle.

Donald W. Winnicott, La crainte de la folie

lundi 19 juin 2023

Plus directement que dans aucun autre de ses écrits, Freud fait apparaître à quel point le langage qui nous appartient en vérité nous détient.

Jean-Claude Lavie, préface à Le mot d'esprit et sa relation avec l'inconscient de Sigmund Freud

vendredi 16 juin 2023

La nouvelle apparition de l'enfant qui dort au fond de nous-mêmes, recouvert par une si épaisse nappe de déceptions et d'oublis, exige attention et silence.

Michel Butor, Répertoire

jeudi 15 juin 2023

La passion reste en suspens dans le monde, prête à traverser les gens qui veulent bien se laisser traverser par elle.

Marguerite Duras,  L'Amant

mercredi 14 juin 2023

Que nous transmettent en définitive ces patients voués à la répétition ? Ils veulent vivre, éprouver, dans ce qui, plutôt que s'être inscrit en eux, a été incorporé au plus profond d'eux, le plus souvent une douleur méconnue par les autres et sans doute inconnue d'eux-mêmes. Les mots alors perdent leur pouvoir. Ils sont exangues, ils n'ont pas de corps, ils manquent de chair. Acharnement (il y a chair dans ce mot-là) de la répétition. « Où est ma souffrance ? disait quelqu'un. Je souhaite la voir revenir. » On a beau dire, Freud, malgré lui peut-être, reste un thérapeute. Comment ne serait-il pas déconcerté face à ceux qui préfèrent tomber malade et le rester plutôt que « tomber guéris » ?

J.-B. Pontalis, préface à Huit études sur la mémoire et ses troubles, compilation de textes de Sigmund Freud

mardi 13 juin 2023

Croyez pour être forts. Aimez pour être heureux.

Victor Hugo, Océan prose

lundi 12 juin 2023

Il en est de la vie quotidienne comme du corps d'un enfant : tout est propice à la liaison entre le souhait prohibé et sa réalisation, tout est apte à produire une connexion, un « pont », entre la surface bienséante de nos gestes et de nos discours et l'« expression discrète » de nos désirs inavouables.

Laurence Kahn, préface à La psychopathologie de la vie quotidienne, Sigmund Freud

vendredi 9 juin 2023

Le mot est un peu usé, il trouve pourtant ici toute sa légitimité, la pensée freudienne a révolutionné quelques-uns des fondamentaux sur lesquels repose l'expérience humaine : ce que « moi » veut dire, l'infantilisme de la sexualité, notre rapport à la temporalité et à la mort, la présence d'un inconciliable au cœur de la vie psychique de chacun, l'empire de la honte et de la culpabilité par-delà la morale ordinaire, l'inexorable violence individuelle et collective.

Jacques André, Lectures de Freud

jeudi 8 juin 2023

Car ce qui travaille, ce n'est pas le rêve, mais l'appareil de l'âme.

François Robert, préface à l'Interprétation du rêve de Sigmund Freud

mercredi 7 juin 2023

Je découvre avec mélancolie que mon égoïsme n'est pas si grand puisque j'ai donné à autrui le pouvoir de me faire de la peine.

Antoine de Saint-Exupéry, Lettres à l'inconnue

mardi 6 juin 2023

Les “comment” m'intéressent assez pour que je renonce sans regret à la vaine recherche des “pourquoi”.

Roger Martin du Gard, Jean Barois

lundi 5 juin 2023

Elle avait dans les yeux la force de son cœur.

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal

vendredi 2 juin 2023

Ce qui compte c'est d'être humain et simple. Non, ce qui compte, c'est d'être vrai et alors tout s'y inscrit, l'humanité et la simplicité. Et quand donc suis-je plus vrai que lorsque je suis le monde ? Je suis comblé avant d'avoir désiré. L'éternité est là et moi je l'espérais. Ce n'est plus d'être heureux que je souhaite maintenant, mais seulement d'être conscient.

Albert Camus, L'envers et l'endroit

jeudi 1 juin 2023

Les actings out ou les acting in de la part du patient tendent, aujourd'hui, à être plus largement considérés comme des éléments qui participent du dialogue analytique (et non seulement comme la rupture de ce dialogue). La tâche de l'analyste n'est pas d'amener le patient à mettre un terme à ses passages à l'acte, mais de faire en sorte que l'espace analytique « enveloppe » ces communications agies.

Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse

mercredi 31 mai 2023

Lorsqu'on se trouve en présence de désirs inconscients ramenés à leur expression la dernière et la plus vraie, on est bien forcés de dire que la réalité psychique est une forme d'existence particulière qu'il ne faut pas confondre avec la réalité matérielle.

Sigmund Freud, L'interprétation des rêves

mardi 30 mai 2023

J’étais descendu jusqu’aux grimaces de l’homme, je remontai vers la franchise de la nature.

Honoré de Balzac, Traité de la vie élégante

vendredi 26 mai 2023

Trois mots donnent la fièvre. Trois mots vous clouent au lit : changer de vie. Cela est le but. Il est clair, simple. Le chemin qui mène au but, on ne le voit pas. La maladie, c'est l'absence de chemin, l'incertitude des voies. On n'est pas devant une question, on est à l'intérieur. On est soi-même la question. Une vie neuve, c'est ce que l'on voudrait, mais la volonté, faisant partie de la vie ancienne, n'a aucune force. On est comme des enfants qui tendent une bille dans leur main gauche et ne lâchent pas prise qu'en s'étant assuré d'une monnaie d'échange dans leur main droite : on voudrait bien une vie nouvelle mais sans perdre la vie ancienne. Ne pas connaître l'heure du passage, l'heure de la main vide.

Christian Bobin, Le Très-Bas

jeudi 25 mai 2023

Rien ne me touche plus que d'être compris ; je le préfère immensément à être imaginé, quand bien même sous la forme la plus séduisante.

Paul Valéry, Cahiers

mercredi 24 mai 2023

Il y a des théories psychanalytiques, chacune convenant mieux à tel type de patient, ou même d'analyste, ou à tel moment de la cure.

Didier Anzieu, Une peau pour les pensées. Entretiens avec Gilbert Tarrab

mardi 23 mai 2023

Une certaine catégorie de consultants qui viennent demander une analyse, férus de concepts freudiens et surtout post-freudiens, tout à fait capables dans leurs écrits, voire dans leurs prestations orales, de remarquables exercices de haute voltige psychanalytique. Dans le cabinet du psychanalyste, lorsqu'ils exposent les raisons personnelles de leur malaise devant l'existence, voire de leurs symptômes qui sont souvent loin d'être bénins, ils ne font aucune relation entre leur savoir et leurs tensions internes, ou même leur rapport à eux-mêmes dérisoires ou confusionnant. L'artéfact du savoir a parasité la vérité du sujet. L'économie de l'expérience n'a fait que durcir la méconnaissance.

André Green, Artfacts et artifices en psychanalyse

lundi 22 mai 2023

Si tu n'arrives pas à penser, marche ; si tu penses trop, marche ; si tu penses mal, marche encore.

Jean Giono

vendredi 19 mai 2023

D'une façon tout à fait générale, on peut légitimement être étonné de ce que le profond besoin qui pousse les homme à dire la vérité soit à ce point plus puissant qu'on ne l'estime habituellement.

Sigmund Freud, La psychopathologie de la vie quotidienne

mercredi 17 mai 2023

Je me tiens parmi la rumeur d'un rivage tourmenté par la vague.

William Fearing Gill, biographe d'Edgar Allan Poe, cité par Stéphane Mallarmé

mardi 16 mai 2023

La psychanalyse commence lorsque, délibérément, Freud s'écarte de la psychologie scientifique. Désormais ce qui va mobiliser sa démarche n'est pas l'ordre de la pensée, mais son opposé, à savoir les désordres de la pensée. De la même façon, on ne trouvera pas chez Freud de théorie de la mémoire, mais l'inverse : une théorie de l'oubli, de l'amnésie, de la déformation des souvenirs, des défaillances multiformes de la mémoire. De même, on ne trouvera pas chez Freud de théorie de l'intelligence, mais une théorie de l'inhibition, et des autres désordres de l'intelligence.

Christophe Dejours, préface à Sur la psychopathologie de la vie quotidienne de Sigmund Freud

lundi 15 mai 2023

La notion de « mère-environnement », de Winnicott, a fortement mis en avant l'idée analytique d'une « matrice du transfert ». Le nourrison entretient une relation non seulement à la mère comme objet (objet-mère), mais aussi, depuis le tout début, à la mère comme environnement (mère-environnement). Par conséquent, le transfert ne se limite pas au transférement de notre vécu des objets internes aux objets externes, mais il déplace aussi, à la situation analytique, ce que nous vivons de notre environnement interne.

Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse

vendredi 12 mai 2023

Les théories de la relation d'objet se distinguent les unes des autres par plusieurs traits. Les unes mettent l'accent sur l'objet plutôt que sur la relation, ou inversement. Les autres sur l'appréhension « plus ou moins » fantasmatique de l'objet ; elles accordent une détermination décisive, soit au poids de l'environnement (Spitz, Balint, Róheim...), soit à la seule réalité psychique (M. Klein, J. Riviere...) et au statut purement fantasmatique des objets internes, soit au rôle structurant des relations d'objet mutuelles des sujets en interrelation (Bion, Winnicott...).

René Kaës, Le Groupe et le sujet du groupe

jeudi 11 mai 2023

Aussi est-on forcément d'autant plus surpris, voire désorienté, quand on fait comme médecin l'expérience qu'il arrive à des hommes de tomber malades au moment où un désir, intimement fondé et longuement nourri, est parvenu à son accomplissement.

Sigmund Freud, Quelques types de caractère dégagés par le travail psychanalytique

mercredi 10 mai 2023

À chaque fois que tu tombes, ramasse quelque chose.

Oswald Avery

mardi 9 mai 2023

Et, de défaite en défaite, il grandissait.

Rainer Maria Rilke, Élégies de Duino

vendredi 5 mai 2023

(Notre) pessimisme nous mène à ne voir que ce que l'on voit et notre distraction à ne pas voir grand-chose.

Michèle Delaunay, L'ambiguïté est le dernier plaisir

jeudi 4 mai 2023

Nous sommes constamment influencés par ce que nous croyons être l'attitude d'un groupe envers nous, et notre comportement en est consciemment ou inconsciemment affecté.

Wilfred R. Bion, Recherches sur les petits groupes

mercredi 3 mai 2023

Le processus analytique reflète l'interaction de trois subjectivités : celle de l'analyste, de l'analysant et du tiers analytique. Le tiers analytique est une création de l'analyste et de l'analysant, et, en même temps, l'analyste et l'analysant (en qualité d'analyste et d'analysant) sont créés par le tiers analytique. (Il n'y a pas plus d'analyste que d'analysant ou d'analyse en l'absence du tiers.)

Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse

mardi 2 mai 2023

Agis dans ton lieu, pense avec le monde.

Edouard Glissant, entretien pour L'Humanité du 6 février 2007 réalisé par Rosa Moussaoui et Fernand Nouvet

vendredi 28 avril 2023

[...] j'ai constaté chez un certain nombre de patients une illusion. L'illusion est la suivante : ces gens, pour des raisons que je n'ai pas à détailler, ont extrêmement peur de leurs pulsions, mais ne le savent pas. [...] L'illusion, c'est de penser qu'il suffit d'être aimé pour résoudre les problèmes. Or, ce n'est pas vrai, cela ne résout rien du tout parce que rien ne peut venir remplacer la position fondamentale qui est d'aimer soi-même.

André Green, Associations (presque) libres d'un psychanalyste. Entretiens avec Maurice Corcos

jeudi 27 avril 2023

L’ambition de Freud est, à l’origine et fondamentalement, thérapeutique : son génie théorique, sa vaste culture de juif qui a fait siennes les idées de l’Aufklärung, nous le font souvent oublier. Confronté au délire des êtres parlants que nous sommes, il découvre que c’est le désir qui en est l’onde porteuse, et que, dans cette intersubjectivité amoureuse que sera le transfert, le langage est le meilleur véhicule et le moyen optimal (le seul ?) nous permettant à chacun de reconstruire infiniment nos identités fragiles et toujours menacées.

Julia Kristeva, entretien avec Alain Braconnier, Le CarnetPsy n° 110, 2006

mercredi 26 avril 2023

Dans les années 1940, à Londres, au cours desdites « Controverses » au sein de la Société britannique, Anna Freud inventa le terme « kleinien » pour dire de Klein qu’elle n’était pas une freudienne – pas une « vraie » analyste donc. Cette même forme de rejet a été utilisée à l’égard de Winnicott et de Bion : Winnicott était « trop gentil » avec ses patients et Bion, plutôt que psychanalyste, n’était qu’un « mystique ». Moi, cependant, je perçois Winnicott, Bion, mais aussi Herbert Rosenfeld, comme les acteurs d’un changement important ; ils ont fait bouger la psychanalyse en faisant porter l’accent, non plus sur la recherche de la signification symbolique du jeu et des rêves, mais sur ce qui peut être vécu dans le fait même de pouvoir jouer et rêver. Aujourd’hui, la direction du changement dans l’expérience analytique vise moins le fait d’apprendre à se connaître ou à se comprendre que l’expérience même d’apprendre à être celui que l’on est, celui que l’on peut devenir.

Thomas H. Ogden, Pour une nouvelle sensibilité analytique ou "que veux-tu être quand tu seras grand ?", entretien avec Nicolas Gouglois et Katryn Driffield

mardi 25 avril 2023

Voilà pourquoi la sexualité infantile, qui est soumise au refoulement, est la force motrice principale de la formation du symptôme, et que l'élément esentiel de son contenu, le complexe d'Œdipe, est le complexe nucélaire de la névrose.

Sigmund Freud, "Un enfant est battu". Contributions à la connaissance de la genèse des perversions sexuelles

lundi 24 avril 2023

Le corps est le dernier recours pour signifier la souffrance psychique inconnue.

René Kaës, Les alliances inconscientes

vendredi 21 avril 2023

Je désigne ainsi [par ce concept de « parents internes »] un troisième terme situé entre ce que dit le patient et ce qu'entend l'analyste. Ce troisième terme réaparraît entre ce que l'analyste croit dire et ce que le patient entend effectivement. Ce troisième terme ne coïncide pas, ne peut pas coïncider avec les parents de la réalité matérielle. Ces parents internes ne coïncident pas davantage avec la représentation que se font les patients de leurs parents. Les parents qui m'intéressent ici sont ceux qui prennent forme dans le dire du patient, au-delà de ce que le patient croit que les parents sont. Ils diffèrent également de ceux que l'analyste se représente à partir de sa théorie ou de l'image proposée par leurs patients.

Haydée Faimberg, À l'écoute du téléscopage des générations : pertinence psychanalytique du concept

jeudi 20 avril 2023

l'é-motion n'est pas un état permanent intérieur. Comme son nom l'indique, c'est un mouvement, qui fait sortir de soi celui qui l'éprouve. Elle s'extériorise par des manifestations physiques et s'exprime par une modification du rapport au monde. L'être ému se trouve débordé, du dedans comme au-dehors.

Michel Collot, La matière-émotion

mercredi 19 avril 2023

La position paranoïde (ou persécutrice) nous fait redouter d'être envahi non seulement dans notre corps mais surtout dans notre esprit par un être tout-puissant, tyrannique, menaçant, qui nous environne, qui est plus un morceau indifférencié de corps et d'esprit qu'une véritable personne et dont aucune frontière, aucune barrière ne nous sépare et ne nous protège. L'angoisse ici, prend des formes du genre : on pénètre dans mon corps pour exciter en moi certaines sensations, on me vole mes pensées, on m'influence dans mes désirs, mes idées. D'où la méfiance à l'égard de tous ceux qui me témoignent de la curiosité, de l'intérêt, de l'affection. D'où l'alternative : ou attaquer avec violence ce persécuteur si on réussit à l'identifier, ou se retirer dans l'indifférence, l'insensibilité, s'établir à des milliers d'années-lumières de lui derrière un no man's land infranchissable (ce qui correspond alors à une position schizoïde).

Didier Anzieu, Une peau pour les pensées. Entretiens avec Gilbert Tarrab

mardi 18 avril 2023

Les mécanismes de défense servent le dessein d'écarter les dangers. Il est incontestable qu'il y réussissent ; il est douteux que le moi puisse pendant son développement renoncer entièrement à eux, mais il est également certain qu'ils peuvent eux-mêmes devenir des dangers.

Sigmund Freud, L'analyse finie et l'analyse infinie

lundi 17 avril 2023

Une bonté prête à l'envol sur chaque chose veille.

Rainer Maria Rilke, Le Livre d'heures

vendredi 14 avril 2023

La psychanalyse est une discipline qui dirige son attention sur des questions relatives à la qualité des premières relations, aux raisons de l'angoisse, à l'expressivité des symptômes, à la mémoire.

Claudio Neri, Le groupe

jeudi 13 avril 2023

Rigoureusement parlant - et pourquoi n'en parlerait-on pas aussi rigoureusement que possible ? - ne mérite d'être reconnu psychanalyse correcte que l'effort analytique qui a réussi à lever l'amnésie qui dissimule à l'adulte la connaissance des débuts de sa vie infantile (c'est-à-dire de la période qui va de la seconde à la sixième année).

Sigmund Freud, « Un enfant est battu ». Contributions à la connaissance de la genèse des perversions sexuelles

mercredi 12 avril 2023

Effectivement, c'est dans les rapports d'idéalisation qu'on voit les côtés mortifères, c'est-à-dire que jamais on n'est à la hauteur de son idéal. Et l'idéal vous dévore, donc vous fait sentir votre petitesse par rapport à ses exigences.

André Green, Associations (presque) libres d'un psychanalyste. Entretiens avec Maurice Corcos

mardi 11 avril 2023

J'ai appelé alliance inconsciente une formation psychique intersubjective construite par les sujets d'un lien pour renforcer en chacun d'entre eux et établir là la base de leur lien les investissements narcissiques et objectaux dont ils ont besoin, les processus, les fonctions et les structures psychiques qui leur sont nécessaires et qui sont issus du refoulement, ou du déni, du rejet et du désaveu. L'alliance est formée de telle sorte que le lien prend pour chacun de ses sujets une valeur décisive. L'ensemble ainsi lié (le groupe, la famille, le couple) tient sa réalité psychique des alliances, des contrats et des pactes que ses sujets concluent et que leur place dans l'ensemble les oblige à maintenir.

René Kaës, Un singulier pluriel. La psychanalyse à l'épreuve du groupe

vendredi 7 avril 2023

Nous ne sommes hommes, et ne nous tenons les uns aux autres que par la parole.

Michel de Montaigne, Les Essais, livre premier, chapitre IX (« Des menteurs »)

jeudi 6 avril 2023

Avez-vous déjà suivi un gourou ou un mentor ? Je l'ai fait. J'ai donné mon pouvoir à mes amantes, mes épouses. J'attendais, près du téléphone, j'attendais des permissions. Dans le travail aussi, j'ai attendu en tremblant le jugement des autres. J'ai donné mon pouvoir parfois subtilement, d'un seul regard, d'autres fois ouvertement, sans honte, à la vue de tous. L'exil, le bannissement, l'échec, peuvent être de bonnes choses car ils nous forcent à agir depuis notre centre et non plus à partir de quelqu'un d'autre. J'applaudis quand vous tombez au fond du trou, parce qu'au fond du trou, il n'y a que vous-même.

(Traduction de Christel Petitcollin)

Steven Pressfield, Turning Pro

mercredi 5 avril 2023

René Kaës a vu le premier que les deux modes spécifiques, dans une situation de groupe, d'élaboration secondaire d'un matériel fantasmatique latent sont le mythe et l'idéologie. Nous-même, nous avons remarqué que dans un groupe l'émergence du processus de symbolisation se reconnaît à ce que le discours collectif commence à contenir des figurations symboliques de la situation hic et nunc (cf. les thèmes de l'auberge espagnole, de Huis clos, de la Cène, du tribunal révolutionnaire, etc.). Nous avons également constaté que l'interprétation ne devient recevable par les participants que si leurs échanges verbaux ont accédé à cette symbolisation.

Didier Anzieu, Le Groupe et l'Inconscient

mardi 4 avril 2023

Il est essentiel de le comprendre : l'homme moderne est en fait un curieux mélange de caratère acquis au long d'une évolution mentale millénaire. Et c'est de cet être mêlé, de cet homme et de ses symboles, qu'il nous faut nous occuper, et dont il faut examiner la vie mentale avec la plus grand attention. Le scepticisme et la conviction scientifique coexistent chez lui avec des préjugés démodés, des manières de penser et de sentir dépassées, des contresens obstinés, une ignorance aveugle.

Carl Gustav Jung, Essai d'exploration de l'inconscient

lundi 3 avril 2023

Répétez quelquefois à voix haute : « Graine/germe/pousse/plant/plante ! »

Thomas d'Ansembourg, Cessez d'être gentil, soyez vrai !

vendredi 31 mars 2023

Cet inquiétant familier n'est vraiment rien de neuf ou d'étranger, mais une chose à laquelle la vie de l'âme est accoutumée depuis toujours et que seul le processus du refoulement a éloignée d'elle.

Sigmund Freud, L'inquiétant familier

jeudi 30 mars 2023

L'analyse n'est pas simplement une méthode de dévoilement du caché, elle est surtout un travail de création du sujet analytique qui n'existait pas au préalable.

Thomas H. Ogden, Les sujets de l'analyse

mercredi 29 mars 2023

Le transfert est l'actualisation des diverses manières de prendre son analyste pour un autre.

René Kaës, La parole et le lien

mardi 28 mars 2023

[L'école anglaise de psychanalyse, partiellement issue de et fort influencée par Melanie Klein,] a mis en évidence la double dimension, fantasmatique et symbolique, dans les groupes. Par exemple, la situation de groupe directif développe chez les sujets l'ambivalence envers l'autorité, tandis que la situation non directive provoque une régression plus archaïque, préœdipienne, avec une accentuation des angoisses de morcellement, de persécution et de dépression dont on peut ainsi découvrir qu'elles étaient d'ailleurs latentes en tout groupe. Le “climat” d'un groupe, réel ou artificiel, ses productions ou son incapacité à produire, sont liés aux résonances ou aux discordances fantasmatiques sous-jacentes. L'intervention psychanalytique vise à rendre les membres de ce groupe sensibles à l'articulation ou aux heurts de leurs fantasmes, soit pour pour les en dégager, soit pour y puiser les ressources psychologiques inconscientes reprises pour une entreprise commune.

Didier Anzieu, Introduction in  Groupes : psychologie sociale clinique et psychanalyse, numéro spécial du Bulletin de psychologie

lundi 27 mars 2023

Le passé n'est jamais mort, il n'est même pas passé.

William Faulkner, Le Bruit et la Fureur

vendredi 24 mars 2023

En définitive on peut considérer le groupe comme un microsystème psychosocial situé dans un cadre matériel et culturel. Ses deux faces, externe et interne, sont fortement intriquées ; les processus qui s'y déroulent relèvent d'une dialectique du désir et de la loi ; si celle-ci l'emporte, c'est le règne d'un formalisme ritualisé ; dans le cas inverse peut survenir une sorte de délire commun. Ces processus traduisent aussi le double travail de la conscience et de l'inconscient à travers le jeu des pulsions, des tensions et des régulations.

Jean Maisonneuve, La dynamique des groupes

jeudi 23 mars 2023

Quand je lâche prise sur ce que je suis, je deviens ce que je peux être.

Lao-tseu

mercredi 22 mars 2023

Désormais, il est difficile de faire le silence, ce qui empêche d'entendre cette parole intérieure qui calme et qui apaise. La société enjoint à se plier au bruit plutôt que de se tenir à l'écoute de soi. Ainsi se trouve modifiée la structure même de l'individu.

Alain Corbin, Histoire du silence

mardi 21 mars 2023

Ni peur ni haine, c'est là notre victoire !

Albert Camus, L'État de siège

lundi 20 mars 2023

Il n'y a pas de marche qui, un jour, ne finit pas.

Ahmadou Kourouma, En attendant le vote des bêtes sauvages

vendredi 17 mars 2023

[...] sur le plan de la logique de l'inconscient, il ne suffit pas que P soit vrai pour que je sois en droit d'affirmer que P est la conséquence de q. On a dit beaucoup de sottises sur les causes des névroses et des psychoses, en utilisant à tort des « foncteurs de vérité » comme : à cause de, afin de, dans le but de, etc. Ferenczi a montré que l'attitude confrontative permet d'éviter le recours à des explications dont l'histoire ultérieure de la psychanalyse a montré qu'elles pouvaient être abusivement généralisées.

Prenant ici le parti de Ferenczi, je citerai quelques exemples d'assertions péremptoires et sidérantes :

  1. « Dans toute famille où quelqu'un souffre de psoriasis il y a eu un enfant mort... » (Michèle Montrelay).
  2. « Les enfants nains sont des enfants qui, inconsciemment, refusent de grandir... » (Ginette Rambault).
  3. « L'anxiété est à l'origine de coliques idiopathiques chez l'enfant... » (Léon Kreisler).
  4. « Les désirs de mort d'une mère sont à l'origine de l'autisme de son bébé... ».
  5. « L'anorexique refuse ses repas parce que manger c'est absorber l'angoisse de sa mère... » (F. Dolto).
Heureusement, Piera Aulagnier s'est violemment insurgée contre de telles généralités dans La violence de l'interprétation.

Claude Lorin, Sándor Ferenczi, de la médecine à la psychanalyse

jeudi 16 mars 2023

[...] Paul Ricœur. Il a consacré une large part de son œuvre à étudier la structure du récit pour fonder ce qu'il appelle l'identité narrative, le Soi ipse, différent du Soi idem, le Soi qui se construit et se raconte sans cesse à lui-même comme un récit intérieur toujours en instance de modification, et le Soi qui reste semblable à lui-même, différent de tout autre.

Jacques Hochmann, préface à La psychopathologie aujourd'hui

mercredi 15 mars 2023

Le préconscient a une dimension groupale, ou plus exactement il serait une instance transitionnelle mettant en rapport les représentations déléguées de la pulsion et les représentations sociales.

Jean-Claude Rouchy et Monique Soula Desroche, Institution et changement, processus psychique et organisation

mardi 14 mars 2023

Si je n’avais pas créé mon propre monde,
je serai probablement morte dans celui des autres.
Nous ne voyons pas les choses telles qu’elles sont.
Nous les voyons telles que nous sommes.
Nous voyageons pour chercher d’autres états, d’autres vies, d’autres âmes.

Anaïs Nin, Journal d’enfance

lundi 13 mars 2023

S'il s'agit d'un névrosé, le but de l'analyse - je tiens l'expression de Georges Favez - est double : opérer la satisfaction du désir là où elle est possible ; et le renoncement là où il est nécessaire.

Didier Anzieu, Une peau pour les pensées : entretiens avec Gilbert Tarrab

vendredi 10 mars 2023

Dans les stages, il y a toujours des stagiaires pour mener une garde vigilante devant le collectif « on » : ils interdisent absolument de dire « on », il faut dire « je ». Il ne faut pas dire « on s'embête », mais « je m'embête », et ce même s'il est évident qu'il règne dans la salle un ennui à couper au couteau.

Patrice Ranjard, Sociopsychanalyse II

jeudi 9 mars 2023

Je pense qu'elle aimait son ignorance.

Clifford Scott, interviewé par Phyllis Grosskurth au sujet de Melanie Klein in Melanie Klein : son monde et son œuvre

mercredi 8 mars 2023

Et puis les ados ne sont pas prêts pour l'amour. Ils ne le peuvent pas, et d'ailleurs s'ils l'étaient, ce ne serait pas normal.

André Green, Associations (presque) libres d'un psychanalyste

mardi 7 mars 2023

Un malentendu peut survenir dans une discussion du fait qu'une personne qui parle appartient au type pensant et verbalisant, tandis que l'autre appartient au type qui hallucine dans le champ visuel ou auditif au lieu d'exprimer son self par des mots. D'une certaine façon les gens qui sont dans les mots ont tendance à s'affirmer sain d'esprit, et ceux qui ont des visions ne savent pas comment défendre leur position quand ils sont accusés de folie. L'argument logique appartient réellement à ceux qui verbalisent. Le sentiment ou une impression de certitude ou de vérité ou de "réel", appartient aux autres.

Donald W. Winnicott, La pensée chez l'enfant : un autre éclairage

lundi 6 mars 2023

Dans la vie psychique de l'individu pris isolément, l'autre intervient très régulièrement en tant que modèle, soutien et adversaire, et de ce fait la psychologie individuelle est aussi, et d'emblée et simultanément, une psychologie sociale, en ce sens élargi mais parfaitement justifié.

Sigmund Freud, Psychologie des foules et analyse du Moi

vendredi 3 mars 2023

Le complexe d'Œdipe simple n'est pas celui qui s'observe le plus fréquemment, mais correspond à une simplification et schématisation voulue [...]. Une recherche plus approfondie permet le plus souvent de découvrir le complexe d'Œdipe sous une forme plus complète ; sous une forme double, à la fois positive et négative en rapport avec la bisexualité originelle de l'enfant. Il se peut que l'ambivalence constatée dans les rapports avec les parents s'explique, d'une façon générale, par la bisexualité, au lieu de provenir, ainsi que je l'avais supposé précédemment, de l'identification à la suite d'une attitude de rivalité.

Sigmund Freud, Le Moi et le Ça

jeudi 2 mars 2023

Assurément le groupe est une totalité, un espace psychique spécifique dans lequel des processus et des formations typiques se produisent. Mais, et je le répète car il me semble que nous perdons quelquefois de vue cette conséquence, à ne considérer que cette dimension du groupe, sans l'articuler avec les deux autres, qu'il contient, celui du lien intersubjectif et celui du sujet, alors nous risquons de faire de celui-ci un « élément » et une simple variable d'un « processus sans sujet », et finalement de lui interdire l'accès à sa propre subjectivité et à sa capacité à l'assumer.

René Kaës, La parole et le lien

mercredi 1 mars 2023

Dans les variantes de la normalité, la dépression comme « déprime », comme mal-être psychologique, peut être facteur de créativité ou d'auto-analyse. Ainsi Pierre Fédida a écrit Les bienfaits de la dépression (2001) comme épreuve de vérité, source de travail psychique, effet de subjectivation dans le rapport de soi à soi. Elle peut favoriser la prise de conscience de l'existence en soi de l'intériorité et de l'insatisfaction d'un mode de vie polarisé par l'actuel et l'action, dans et pour la méconnaissance de soi. La dépression serait « la mise en conservation du vivant sous une forme inanimée ».

Bernard Brusset, Psychanalyse et neurobiologie : l'actuelle croisée des chemins

mardi 28 février 2023

Ce qui garantit l'homme sain contre le délire et l'hallucination ce n'est pas sa critique, mais la structure de son espace.

Maurice Merleau-Ponty, La Phénoménologie de la perception

lundi 27 février 2023

[…] le mouvement dit « téléologique de Jung - qu’il serait plus exact d’ailleurs de qualifier de « prospectif ».

Christian Gaillard, préface à L’idée de Dieu chez Freud et Jung de Rodrigo Barros Gewehr

vendredi 24 février 2023

Le mot le plus pudique que j’aie jamais entendu : « Dans le véritable amour, c’est l’âme qui enveloppe le corps. »

Friedrich Nietzsche, Par delà le bien et le mal

jeudi 23 février 2023

Je ne connais pas d'autres marques de supériorité que la bonté.

Ludwig van Beethoven, Lettres

mercredi 22 février 2023

La nature ne se presse pas, pourtant tout est accompli.

Lao-tseu, Tao Te King

mardi 21 février 2023

Je vais vous dire ce qu'est la liberté pour moi : ne pas avoir peur.

Nina Simone

lundi 20 février 2023

Pendant que tu doutes de toi, quelqu'un d'autre t'admire pour ton courage.

Kristen Butler

vendredi 17 février 2023

 ... cette collision entre l'image que l'on a de soi et ce que l'on est réellement est toujours très douloureuse, et l'on peut opter pour deux attitudes : vous pouvez faire face à la collision et essayer de devenir ce que vous êtes réellement, ou battre en retraite pour essayer de rester ce que vous croyez être, ce qui est un fantasme, dans lequel vous périrez certainement.

James Baldwin, Personne ne sait mon nom

jeudi 16 février 2023

Nous réalisons rarement, par exemple, que nos pensées et nos émotions les plus profondes ne sont pas réellement les nôtres. Car nous pensons à travers des langues et des images que nous n'avons pas inventées, mais qui nous ont été transmises par la société.

Alan Watts, The Culture of Counterculture : Edited transcripts

mercredi 15 février 2023

Je pense que l'écrivaine Edith Wharton est la personne la plus sage en matière de solitude. Elle pensait que le remède n'était pas d'avoir toujours de la compagnie, mais de trouver un moyen de se satisfaire de sa propre compagnie. Ne pas être antisocial, mais ne pas avoir peur de votre propre présence, sans personne d'autre. Elle pensait que le remède au malheur consistait à « décorer sa maison intérieure si soigneusement qu'on s'y sent satisfait heureux d'accueillir quiconque veut rester, mais content tout de même quand on est inévitablement seul. »

Matt Haig, Débranchez-vous !

mardi 14 février 2023

Quand nous nous trouvons à tout désirer, peut-être est-ce parce que nous sommes dangeureusement près de ne rien désirer.

Sylvia Plath

lundi 13 février 2023

Les plus belles personnes que j’ai rencontré sont celles qui ont connu la défaite, qui ont connu la souffrance, qui ont connu la lutte, qui ont connu une perte de soi, et qui ont trouvé la forme de sortir de ces profondeurs. Ces personnes ont une appréciation, une sensibilité et une compréhension de la vie qui les remplissent de compassion, d'empathie, d’humilité, d’une profonde attention à l'amour. Les belles personnes ne sortent pas de nulle part.

Elisabeth Kübler-Ross

vendredi 10 février 2023

Mal nourris, tous mes projets sont morts de faim.

Jules Renard, Journal, 1893

jeudi 9 février 2023

J'ai appris la paix, j'ai appris la vanité, l'éphémère, la fragilité des choses et le souffle léger de la vie, j'ai vu la brièveté de l'existence, j'ai vu le temps qui passe et qui n'est rien, j'ai ri de nos espoirs idiots, de nos combats imbéciles, et plus rien ne m'a paru aussi grand que la route elle-même.

Henri Lœvenbruck, Nous rêvions juste de liberté

mercredi 8 février 2023

Quel sens est-ce donc là ? Un sens perdu et retrouvé. Ce serait trop prêter à cette structure pré-significative et sa retrouvaille est beaucoup plus de l'ordre de la trouvaille. Peut-être un sens potentiel auquel ne manque que l'expérience analytique - ou poétique ? - pour devenir un sens véridique.

André Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort

mardi 7 février 2023

Je parlerai enfin d’un genre particulier de rêves qui, suivant les cas, ne surviennent qu’au cours d’un traitement analytique et sont capables de troubler ou d’induire en erreur les débutants, je veux parler de ce qu’on appelle les rêves de « dépendance » ou d’attestation, faciles à interpréter et dont la traduction ne fournit rien de plus que ce que le traitement a pu découvrir dans les matériaux des jours précédents. Tout se passe comme si le patient avait l’amabilité d’apporter, sous forme de rêves, exactement ce que nous venions juste auparavant de lui « suggérer ». Toutefois un analyste expérimenté trouve difficile d’attribuer à son malade de pareilles attentions ; il considère ces rêves comme les simples confirmations qu’il souhaitait et constate qu’ils ne se produisent que dans certaines conditions sous l’influence du traitement. La plupart des rêves vont plus vite que l’analyse, de telle sorte qu’après déduction de tout ce qui est déjà connu et compris, une indication plus ou moins claire de ce qui était jusqu’à ce moment-là resté profondément dissimulé demeure encore.

Sigmund Freud, Le maniement de l'interprétation des rêves en psychanalyse

lundi 6 février 2023

Le miracle de l'amour, c'est de resserrer le monde autour d'un être qui vous enchante, l'horreur de l'amour, c'est de resserrer le monde autour d'un être qui vous enchaîne.

Pascal Bruckner, Les voleurs de beauté

vendredi 3 février 2023

Dans la névose obsessionnelle, une « scission précoce des paires contrastées » semble caractériser la vie instinctuelle et fournir l'une des conditions constitutionnelle du trouble morbide.

Sigmund Freud, La dynamique du transfert

jeudi 2 février 2023

En analyse, le praticien doit s'efforcer de saisir tantôt tel élément de compréhension, tantôt tel autre, dans l'ordre où ils se présentent jusqu'au moment où ils pourront être réunis en un tout.

Sigmund Freud, Le maniement de l'interprétation des rêves en psychanalyse

mercredi 1 février 2023

Moi, c’est mon corps qui pense. Il est plus intelligent que mon cerveau. Il ressent plus finement, plus complètement que mon cerveau. Toute ma peau a une âme.

Colette, La Retraite sentimentale

mardi 31 janvier 2023

Il est des moments où il n'y a ni bonté ni beauté dans la vérité.

Anthony Burgess, Les puissances des ténèbres

lundi 30 janvier 2023

Qui serait assez insensé pour mourir sans avoir fait le tour de sa prison !

Marguerite Yourcenar, L'Œuvre au noir

vendredi 27 janvier 2023

Aussi longtemps qu'un être humain ne se rencontre pas lui-même dans le regard et dans le cœur de ses semblables, il est en train de fuir. Aussi longtemps qu'il n'admet pas que ses semblables prennent part à sa vie la plus profonde, il n'y a pas de sécurité affective. Aussi longtemps qu'il craint d'être pénétré par le regard des autres, il ne peut pas se reconnaître, ni reconnaître ses semblables... Il restera donc seul... Car tout est relié à tout.

Hildegarde von Bingen

jeudi 26 janvier 2023

Chaque fois que l'investigation analytique découvre une des cachettes de la libido, un conflit surgit. : toutes les forces qui ont provoqué la régression se muent en « résistances » contre nos efforts pour maintenir le nouvel état des choses.

Sigmund Freud, La dynamique du transfert

mercredi 25 janvier 2023

On peut évidemment procéder de diverses façons mais, en psychanalyse, la réponse à des questions d'ordre technique ne va jamais de soi. Il existe peut-être plus d'une bonne voie, mais il y en a certainement un grand nombre de mauvaises.

Sigmund Freud, Le maniement de l'interprétation des rêves en psychanalyse

mardi 24 janvier 2023

Ce dont on ne peut parler, c'est aussi ce qu'on ne peut apaiser ; et si on ne l'apaise pas, les blessures continuent à s'ulcérer de génération en génération.

Bruno Bettelheim, Survivre

lundi 23 janvier 2023

Le monde dans lequel nous pénétrons en naissant est brutal et cruel, et, en même temps, d'une divine beauté. Croire à ce qui l'emporte du non-sens ou du sens est une question de tempérament. Si le non-sens dominait en absolu, l'aspect sensé de la vie disparaîtrait de plus en plus, au fur et à mesure de l'évolution. Mais cela n'est pas, ou ne me semble pas, être le cas. Comme dans toute question de métaphysique, les deux sont probablement vrais : la vie est sens et non-sens, ou elle possède sens et non-sens. J'ai l'espoir anxieux que le sens l'emportera et gagnera la bataille.

Carl Gustav Jung, Ma vie, souvenirs, rêves, pensées

vendredi 20 janvier 2023

Personne n'aime la solitude, tu sais. Seulement, je ne fais pas d'efforts pour me faire des amis. On est déçu, de toute façon…

Haruki Murakami, La Ballade de l'impossible

jeudi 19 janvier 2023

On ne trouve guère un grand esprit qui n'ait un grain de folie.

Sénèque

mercredi 18 janvier 2023

Quand on veut vivre parmi les hommes, il faut laisser chacun exister et l'accepter avec l'individualité, quelle quelle soit, qui lui a été départie.

Arthur Schopenhauer, Aphorismes sur la sagesse dans la vie

mardi 17 janvier 2023

Rien n'est plus dangereux qu'une idée quand on n'en a qu'une.

Paul Claudel, Journal intime (1904-1955)

lundi 16 janvier 2023

Le transfert est le quiproquo de l'inconscient, c'est tout au moins la définition que je m'en donne... et qui me suffit bien, quelquefois...

Michel Neyraut, Le transfert

vendredi 13 janvier 2023

Qui regarde dans le miroir de l'eau aperçoit, il est vrai, tout d'abord sa propre image. Qui va vers soi-même risque de se rencontrer soi-même. Le miroir ne flatte pas, il montre fidèlement ce qui regarde en lui, à savoir le visage que nous ne montrons jamais au monde, parce que nous le dissimulons à l'aide de la persona, du masque du comédien. Le miroir, lui, se trouve derrière le masque et dévoile le vrai visage. C'est la première épreuve du courage sur le chemin intérieur, épreuve qui suffit pour faire reculer la plupart, car la rencontre avec soi-même est de ces choses désagréables auxquelles on se soustrait tant que l'on a la possibilité de projeter sur l'entourage tout ce qui est négatif. Si l'on est à même de voir sa propre ombre et de supporter de savoir qu'elle existe, une petite partie seulement de la tâche est accomplie : on a du moins fait émerger l'inconscient personnel.

Carl Gustav Jung, Les Racines de la conscience

jeudi 12 janvier 2023

La sagesse est plus vulnérable que la beauté ; car la sagesse est un art impur.

André Malraux, L'Espoir

mercredi 11 janvier 2023

Je ne désire rien du passé. Je ne compte plus sur l'avenir. Le présent me suffit. Je suis un homme heureux, car j'ai renoncé au bonheur.

Jules Renard, Journal

mardi 10 janvier 2023

Je sais, je sais : les traités de paix avec soi-même sont les plus difficiles à conclure.

Romain Gary, Au-delà de cette limite

lundi 9 janvier 2023

C'est pourquoi nous préférons parler de psycho-sexualité, soulignant ainsi qu'il ne faut ni négliger, ni sous-estimer le facteur psychique. Nous nous servons du mot « sexualité » en lui attribuant le sens élargi du mot allemand lieben (aimer) et nous savons depuis longtemps qu'un manque de satisfaction psychique, avec toutes ses conséquences, peut exister là même où les relations sexuelles normales ne font pas défaut.

Sigmund Freud, À propos de la psychanalyse dite « sauvage »

vendredi 6 janvier 2023

C'est que les névroses ont justement une fonction biologique en tant que mesures défensives et une raison d'être sociale ; le « bénéfice de la maladie » qu'elles procurent n'est pas toujours purement subjectif. Qui d'entre nous n'a eu l'occasion de, en discernant les motifs sous-jacents d'une névrose, de reconnaître que cette maladie était, dans les circonstances données, le moindre des malheurs possibles ? Convient-il vraiment de payer d'un tel prix l'extinction des névroses quand l'univers est tout empli d'autres misères inéluctables ?

Sigmund Freud, Perspectives d'avenir de la thérapeutique analytique

jeudi 5 janvier 2023

Ithaque

Quand tu partiras pour Ithaque, souhaite que le chemin soit long, riche en péripéties et en expériences.

Ne crains ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni la colère de Neptune. Tu ne verras rien de pareil sur ta route si tes pensées restent hautes, si ton corps et ton âme ne se laissent effleurer que par des émotions sans bassesse.

Tu ne rencontreras ni les Lestrygons, ni les Cyclopes, ni le farouche Neptune, si tu ne les portes pas en toi-même, si ton cœur ne les dresse pas devant toi.

Souhaite que le chemin soit long, que nombreux soient les matins d'été, où (avec quelles délices !) tu pénètreras dans des ports vus pour la première fois.

Fais escale à des comptoirs phéniciens, et acquiers de belles marchandises : nacre et corail, ambre et ébène, et mille sortes d'entêtants parfums. Acquiers le plus possible de ces entêtants parfums.

Visite de nombreuses cités égyptiennes, et instruis-toi avidement auprès de leurs sages. Garde sans cesse Ithaque présente à ton esprit. Ton but final est d'y parvenir, mais n'écourte pas ton voyage : mieux vaut qu'il dure de longues années, et que tu abordes enfin dans ton île aux jours de ta vieillesse, riche de tout ce que tu as gagné en chemin, sans attendre qu'Ithaque t'enrichisse.

Ithaque t'a donné le beau voyage sans elle, tu ne te serais pas mis en route. Elle n'a plus rien d'autre à te donner.

Même si tu la trouves pauvre, Ithaque ne t'a pas trompé. Sage comme tu l'es devenu à la suite de tant d'expériences, tu as enfin compris ce que signifient les Ithaques.

Constantin Cavafy, Traduction de Marguerite Yourcenar

mercredi 4 janvier 2023

Les écrivains sont de précieux alliés et il faut attacher un grand prix à leur témoignage, car ils savent toujours une foule de choses entre ciel et terre, dont notre sagesse d’école ne peut encore rêver. Même en psychologie, ils ont beaucoup d’avance sur nous qui sommes des hommes ordinaires, parce qu’ils puisent là à des sources que nous n’avons pas encore exploitées pour la science. […]

Quand bien même notre examen ne nous enseignerait rien de nouveau sur l’essence des rêves, l’angle choisi nous permettra peut-être un petit aperçu de la nature de la production littéraire.

Sigmund Freud, Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen

mardi 3 janvier 2023

Croyez-vous en l'amour ? Non. Je parle d'un amour qui rend la vue aux aveugles.
D'un amour plus fort que la peur. Je parle d'un amour qui insuffle du sens à la vie, qui résiste aux lois naturelles de l'usure, qui nous épanouit, qui ne connaît aucune limite. Je parle du triomphe de l'esprit humain sur l’égoïsme et la mort.

Jan-Philipp Sendker, L'art d'écouter les battements de cœur

lundi 2 janvier 2023

Il n'y a pas si longtemps que ça, j'étais persuadée que dans la vie, si on voulait s'en sortir, il fallait toujours lutter contre le courant, quelle que soit sa force. Mais tout bien réfléchi, vivre en se laissant porter, ce n'est peut-être pas si bête que ça, du moment que ça nous fait avancer.

Emile Zola, Nana