jeudi 31 mars 2016

Il n'est plus possible que l'analyste conserve l'idée qu'il a pu se faire au cours de son premier apprentissage psychiatrique et selon laquelle il existe des maladies psychiatriques définies. En fait, au cours du travail analytique, il devient évident pour l'analyste que, dans la mesure où la psychiatrie est affaire de diagnostic, elle constitue une tentative considérable pour arriver à l'impossible, puisque non seulement le diagnostic d'un patient devient plus clair au fur et à mesure que l'analyse progresse, mais il se modifie également. Un hystérique pourra dévoiler une schizophrénie sous-jacente, tandis qu'une personne schizoïde s'avérera être le membre bien portant d'un groupement familial malade, et qu'un obsessionnel apparaîtra finalement comme un dépressif.

Donald W. Winnicott, Processus de maturation chez l'enfant

mercredi 30 mars 2016

Je crois à ce qui me fait plaisir. Me transporte. M'enchante. M'allège. Me donne le sentiment d'un salut. Raisonnable, non ?

Philippe Sollers, Portrait du joueur

mardi 29 mars 2016

Ma faiblesse m'est chère. Je tiens à mon imperfection comme à ma raison d'être.

Anatole France, Le Jardin d’Epicure

vendredi 25 mars 2016

Les hommes ont une tendance universelle à concevoir tous les êtres à leur ressemblance et à transférer à tous les objets les qualités auxquelles ils sont habitués et familiarisés et dont ils ont une conscience intime.

David Hume, Histoire naturelle de la religion

jeudi 24 mars 2016

Je ne suis pas obligé de faire quelque chose en permanence.

Richard Carlson, 1000 affirmations pour booster votre moral

mercredi 23 mars 2016

De nombreuses expériences, par exemple celle de Nicolas Guéguen, un chercheur en sciences du comportement de l'université Bretagne-Sud, ont montré qu'on obtient toujours plus de quelqu'un quand on le laisse "libre de..." : le taux d'acceptation (et de paix des ménages) est multiplié par trois.

Gilles Azzopardi, la vérité sur les accords toltèques

mardi 22 mars 2016

La projection n’est pas uniquement un moyen de défense ; on l’observe également dans les cas où il n’est pas question de conflit. La projection au dehors de perceptions intérieures est un mécanisme primitif auquel sont soumises également nos perceptions sensorielles, et joue par conséquent un rôle capital dans notre mode de représentation du monde extérieur.

Sigmund Freud, Totem et tabou

lundi 21 mars 2016

Par moi-peau, nous désignons une figuration dont le moi de l'enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi à partir de son expérience de la surface du corps. Cela correspond au moment où le moi psychique se différencie du moi corporel sur le plan opératif et reste confondu avec lui sur le plan figuratif.

Didier Anzieu, Le moi-peau

vendredi 18 mars 2016

Laissez-moi vous révéler que l’expérience ne compte pour rien. […] L’heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Le monde m’est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai d’éclore que pour cesser de vivre.

Allocution de Colette aux étudiants lors de la projection du Blé en herbe en 1954

jeudi 17 mars 2016

Je revendique le droit à l'ignorance.

Roland Barthes

mercredi 16 mars 2016

La résilience est un tricot qui noue une laine du développement avec une laine effective sociale... La résilience n'est pas une substance, c'est un maillage. Nous sommes contraints de nous tricoter avec nos rencontres dans nos milieux affectifs et sociaux.

Boris Cyrulnik, Un merveilleux malheur

lundi 14 mars 2016

Un guerrier de la lumière constate que certains moments se répètent.
Fréquemment, il se voit placé devant des problèmes et de situations auxquels il avait déjà été confronté. Alors il est déprimé. Il songe qu'il est incapable de progresser dans la vie, puisque les difficultés sont de retour.

"Je suis déjà passé par là, se plaint-il à son cœur.
- Il est vrai que tu as déjà vécu cela, répond son cœur. Mais tu ne l'as jamais dépassé."

Le guerrier comprend alors que la répétition des expériences a une unique finalité : lui enseigner ce qu'il n'a pas encore appris.

Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière

vendredi 11 mars 2016

Imaginez que tout le monde est "éclairé", sauf vous.

Cette stratégie va vous donner l'occasion de pratiquer une simulation qui vous paraîtra d'abord parfaitement inacceptable. Pourtant, si vous acceptez de jouer le jeu, vous découvrirez un exercice très utile à votre épanouissement personnel.

Imaginez que les personnes autour de vous - amies ou inconnues - soient des sages parfaits. Le monde est peuplé de bienheureux, d'êtres réalisés (appelez-les comme vous voulez) - sauf vous ! Et tous ont ont quelque chose à vous apprendre. Le pignouf dans sa camionnette garée en double file est là pour vous enseigner la patience, le punk à crête d'Iroquois vous rappelle qu'on ne doit jamais juger sur les apparences...

Votre travail consiste à découvrir la leçon que chacune de ces personnes essaie de vous transmettre. De cette façon, vous vous sentirez de moins en moins agacé par son comportement ou par ses défauts. Prenez l'habitude d'aborder la vie ainsi. Vous ne le regretterez pas. Au moment où vous devinez ce que telle ou telle personne veut vous inculquer, votre colère à son égard s'envole comme par enchantement. Supposons, par exemple, que vous soyez à la poste et que le préposé prenne un malin plaisir à dispenser ses services à la vitesse d'un escargot. Plutôt que de rouspéter, posez-là question : "Qu'essaie-t-il de m'enseigner ?" Peut-être vous demande-t-il de faire preuve de plus de compassion : avez-vous jamais mesuré combien il est difficile d'exercer un travail qui vous rebute ? À moins que ce fonctionnaire ne vous incite à mieux tenir la bride à vos passions : faire la queue n'est-il pas une excellente occasion de refréner votre impatience ?

Vous serez surpris de voir à quel point ce petit jeu peut devenir facile et amusant. Il suffit de modifier votre perception; passez de la colère hargneuse ("Pourquoi me font-ils subir ça ?") à la curiosité philosophique ("Qu'essaient-ils de m'apprendre ?"). Souvenez-vous : le monde autour de vous est peuplé de sages...

Richard Carlson, Ne vous noyez pas dans un verre d'eau

jeudi 10 mars 2016

La capacité d'être seul n'est pas automatiquement acquise, même si l'individu est parfois effectivement seul. En fait, elle implique que l'individu ait été capable préalablement d'élaborer un monde interne, de retrouver un état de non-intégration psychique (c'est-à-dire de laisser-aller, de détente, en rapport avec l'aire intermédiaire). La capacité d'être seul devient possible si l'objet extérieur (au départ la mère) est introjecté, re-présenté par l'enfant ; elle est précédée par le paradoxe de "l'expérience d'être seul en présence de quelqu'un".

Madeleine Davis et David Wallbridge, Winnicott : introduction à son oeuvre

mercredi 9 mars 2016

Le moment est maintenant venu d’étudier les forces mises en branle dans le traitement. Le moteur principal de ce dernier est la souffrance du patient d’où émane son désir de guérison. Différents facteurs peuvent concourir à affaiblir ces forces, des facteurs qui ne se révèlent qu’au cours des analyses. Le principal d’entre eux est ce que nous appelons le « bénéfice secondaire » de la maladie ; toutefois la force instinctuelle elle-même doit se maintenir jusqu’à la fin du traitement ; toute amélioration en provoque la décroissance. Mais cette force motrice est impuissante, à elle seule, à vaincre la maladie car deux choses lui manquent pour cela : la connaissance des voies à suivre pour aboutir au but désiré et l’insuffisance quantitative des énergies indispensables, à opposer aux résistances. Le traitement analytique remédie à ces deux déficiences. En utilisant les énergies toujours prêtes à être « transférées », il fournit les quantités d’affects nécessaires à la suppression des résistances et, en éclairant, au moment voulu, le malade, l’analyse indique à celui-ci la voie dans laquelle il doit engager ses énergies. Assez souvent le transfert suffit, à lui seul, à supprimer les symptômes morbides, mais cela temporairement et tant qu’il dure seulement. En pareil cas le traitement ne peut être qualifié de psychanalyse, il ne s’agit plus que de suggestion. Le nom de psychanalyse ne s’applique qu’aux procédés où l’intensité du transfert est utilisée contre les résistances. C’est alors seulement que l’état morbide ne peut plus exister, même lorsque le transfert est liquidé comme du reste sa fonction l’exige.

Un autre facteur joue également son rôle dans le traitement : l’intérêt intellectuel suscité chez le patient, sa compréhension. Toutefois ce facteur entre à peine en ligne de compte en regard des autres forces engagées dans la lutte, étant donné qu’il est continuellement menacé de succomber, sous l’influence des résistances, à des troubles du jugement. En somme, transfert et prise de connaissance (par l’explication), telles sont les sources d’énergies nouvelles dont le patient reste redevable à l’analyste. Toutefois le patient ne fait usage de ses nouvelles lumières que dans la mesure où l’y incite le transfert et c’est là la raison qui oblige l’analyste à attendre qu’un puissant transfert soit établi pour donner ses premiers éclaircissements et même, dirons-nous, que ce transfert ait cessé d’être perturbé par toutes les résistances qui s’opposent à lui, les unes après les autres.

Sigmund Freud, Le début du traitement

mardi 8 mars 2016

On a dû te dire qu’il fallait réussir dans la vie ; moi je te dis qu’il faut vivre, c’est la plus grande réussite du monde. On t’a dit : « Avec ce que tu sais, tu gagneras de l’argent ». Moi je te dis : « Avec ce que tu sais tu gagneras des joies ». C’est beaucoup mieux.

Jean Giono, Les vraies richesses

lundi 7 mars 2016

Pour dire les choses aussi simplement que possible, quelqu'un qui s'adresse à un psychanalyste le fait pour se déprendre de l'emprise de certaines représentations inconscientes sur son existence. Non pas parce qu'il ne serait pas d'accord avec ces représentations : bien au contraire parce qu'il y consent trop - à son insu -, et que ce consentement - sans qu'il le sache - lui rend la vie impossible. En d'autres termes, ses expériences de vie mettent en crise les repères qui le constituent inconsciemment. Il y a donc discordance, jusqu'à la déchirure parfois.

Sabine Prokhoris, entretien avec Nathalie Dray, Les Inrockuptibles n° 454, août 2004

vendredi 4 mars 2016

Freud n’a point conçu le psychisme inconscient comme le siège de la vérité ou le locus de l’âme humaine. Il a admis que les prétentions de l’inconscient à connaître et à constituer la totalité du sujet étaient aussi infondées que celles du sujet conscient et parlant. Il n’a pas idéalisé l’inconscient en y voyant, avec romantisme, un résidu de l’"homme naturel", pas plus qu’il n’en a fait le vilain de l’histoire… Conscience et inconscience sont conçues comme mutuellement dépendantes, chaque terme définissant, niant et conservant l’autre.

Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse

jeudi 3 mars 2016

La distorsion est un universel de modelage de l'expérience qui objective des processus de substitution et de modification des données perçues dans notre expérience.

Catherine Cudicio, Maîtriser l'art de la PNL

mercredi 2 mars 2016

Ne pouvant régler les événements, je me règle moi-même.

Montaigne, Les Essais

mardi 1 mars 2016

Toute ascension vers un endroit merveilleux se fait par un escalier en spirale.

Francis Bacon