vendredi 31 octobre 2014

Freud ne renonce jamais au terme de guérison, jamais. Et ce, pour une raison extrêmement simple, c'est que l'on peut avancer, se fourvoyer, la guérison - pas la suppression du symptôme - mais la guérison... l'horizon de la guérison est ce qui seul permet d'apprécier la rencontre avec un fragment de vérité de la réalité psychique du patient. C'est quelque chose à quoi Freud ne cesse de se référer. Les analystes ne sont pas du tout intéressés à parler de guérison en tant que guérison du symptôme, parce que la productivité de la cure réside aussi dans la productivité de nouveaux symptômes. Cela suppose que l'analyste ne cherche pas à apaiser ou à faire disparaître le symptôme, à calmer le trouble puisque celui-ci est le territoire même de l'analyse. Les symptômes, anciens ou nouveaux, s'avancent eux aussi, fragment par fragment, sur le devant de la scène psychique - ce sont les termes de Freud à propos de la maladie s'avançant, morceau par morceau, dans le champ de la cure - et c'est fragment par fragment qu'ils vont être déliés.

Laurence Kahn, Fiction et vérité freudiennes, entretiens avec Michel Enaudeau

mercredi 29 octobre 2014

Redéfinitions

Désignent les façons de méconnaître la réalité en répondant à côté, en pinaillant, en se mettant en rivalité artificielle, en jouant des rôles de persécuteur, sauveur, victime, en généralisant ou en rêvant de vouloir tout changer (grandiosité).

Dominique Chalvin, Les nouveaux outils de l'analyse transactionnelle.

jeudi 16 octobre 2014

Le terme puer aeternus ou "enfant éternel" sert souvent, en psychologie, à décrire une certaine forme de névrose chez l'homme, dont la principale caractéristique est un blocage dans l'âge adolescent par suite d'une relation trop forte à la mère. Selon l'exposé de Carl Gustav Jung dans son article sur la signification de l'archétype de la mère, les éléments marquants en sont l'homosexualité et le donjuanisme ainsi que, d'une manière générale, un lien affectif très ténu avec les femmes du même âge. On est, par ailleurs, en présence de tous les autres traits typiques de l'adolescence, à savoir la tendance à mener une vie provisoire tout en s'adonnant à des fantasmes qui dépeignent la vie créatrice sous sa "couleur" véritable.

Marie-Louise Von Franz, L'expérience du praticien

lundi 13 octobre 2014

Un scénario de vie est composé des éléments suivants :

* les injonctions. Il y en a 12 dont N'existe pas, Ne sois pas un enfant, Ne grandis pas, Ne sois pas intime... ;

* les prescriptions ou mini-scénarios : Sois Fort, Sois Parfait, Fais Effort, Fais Plaisir, Dépêche-Toi ;

* le programme qui indique comment mettre en place les injonctions et les prescriptions. Le programme est montré par le parent du même sexe ;

* la décision prise par l'enfant pour satisfaire désirs et envies propres et intégrer les contraintes senties.

Il y a plusieurs types de scénarios :

- gagnant, non-gagnant ou perdant ;

- jamais, toujours, jusqu'à ce que, après, sans cesse ou sans but ;

- sans joie, sans amour ou sans plaisir.

On désigne par "harmatique" un scénario avec une fin tragique.

Gérard Chandezon & Antoine Lancestre, L'analyse transactionnelle

mercredi 8 octobre 2014

Une nouvelle expression infiltre depuis quelque années le langage psychanalytique. Elle est horrible, et elle est partout : c'est le "transféro-contretransférentiel". Elle est horrible pas seulement pour l'oreille, mais en quelque sorte pour l’œil : on dirait des Japonais qui, se faisant la courbette, seraient comme pris dans un même lumbago.

L'expression est également affreuse pour la joie de penser : elle est particulièrement réductrice du terrain intermédiaire, de la langue intermédiaire, de ses ratés, de ses blancs, que l'analyse et le patient sont en train d'inventer pour atteindre ce qui n'avait pas eu de lieu psychique et qui va arriver dans l'analyse pour la première fois, comme une nouveauté absolue. Au lieu de cela, le contre-transfert, dans le bloc où on le tient collé au transfert, est devenu, comme le disait Pierre Fédida, une technique de la communication intersubjective. Pour ainsi dire, une hygiène relationnelle. De véritables politiques institutionnelles se constituent là-dessus, et on est loin de ce que Freud entendait sous le mot, lorsqu'il l'a inventé et qu'il s'agissait de l'envie de l'analyste de répondre à la passion amoureuse de quelqu'un qui ne va pas bien.  Mais il n'y a pas de position hygiénique dans l'analyse : il y a des moments de la cure où l'analyste voudrait combler les lacunes de sa propre mémoire grâce au transfert du patient, et d'autres moments où il est sur la défensive : dans les deux cas, il empêche de reconnaître le "monde à part" d'où émane le transfert.

Michel Gribinski et Josef Ludin, Dialogue sur la nature du transfert

mardi 7 octobre 2014

La réflexion [d'aujourd'hui] s'applique moins à l'analyse des patients névrosés qu'à un travail pratiqué avec des patients schizoïdes, états-limites et narcissiques (les individus qui soit ne peuvent pas parler, soit sont si méfiants qu'ils n'osent pas le faire) ; il nous faut attacher une importance différente aux diverses règles qui régissent la pratique de la psychanalyse.

Christopher Bollas, Les forces de la destinée

lundi 6 octobre 2014

Ce mot "transfert" nous est utile lorsque nous voulons parler de psychanalyse, mais, dans l'analyse, nous devons pouvoir voir, sentir ou deviner la chose elle-même. J'ignore ce qui est lié à quoi et je me concentre sur cette "chose entre" : ce lien est le "transfert".

Wilfred R. Bion, Entretiens psychanalytiques

vendredi 3 octobre 2014

... nous aimons en psychanalyse rester en contact avec le mode de penser populaire dont nous préférons rendre les concepts utilisables pour la science que de les rejeter.

Sigmund Freud

jeudi 2 octobre 2014

N'oublions pas que le tout premier meurtre de l'humanité, Caïn tuant Abel, est un fratricide… À mon sens, il y a d'ailleurs plus de société fratricides que de sociétés parricides. À l'opposé existe la notion de fraternité…
J'en arrive à penser, avec Flaubert : « La fraternité, une des plus belles inventions de l'hypocrisie sociale »… En revanche je crois en la fraternisation, à ces moments forts où l'on se reconnaît comme de vrais frères, comme ces trêves de Noël entre adversaires dans les tranchées de la guerre de Quatorze. Mais ça ne dure pas.

Entretien avec J.-B. Pontalis sur le site gallimard.fr

mercredi 1 octobre 2014

La vie, c'est ce qui se passe pendant que vous êtes occupé à faire d'autres plans.

John Lennon