vendredi 27 octobre 2017

Dans « Les Voies nouvelles . . . », il y a un très beau cas présenté par Gregorio Kohon ; on ne peut qu’admirer le travail qu’il a fait. À un certain moment, le patient lui dit : je voudrais que vous soyez mon père et Kohon a le courage de lui dire : je n’ai aucune envie d’être votre père. Ce n’est pas cela qui choque, ce qui choque, c’est lorsque l’on ne donne rien en échange. Si un patient vous dit cela et que vous ne lui donnez rien en échange, il a des raisons d’aller plus mal, mais si vous mettez une limite à votre action . . . . C’est ce que dit Bion : il ne faut jamais qu’un patient perde le sentiment d’atmosphère de travail dans une séance.

On n’est pas là pour que les patients viennent pleurer sur votre épaule, pour les cajoler, les câliner, les embrasser, comme avait fini par le faire Ferenczi. Mais on n’est pas là non plus pour installer une atmosphère de rigidité qui n’a plus rien à voir avec la neutralité bienveillante. C’est précisément pour cela qu’il est difficile d’être analyste parce qu’on navigue entre écueils et ornières.

André Green, Entretien avec Dominique Baudesson

jeudi 26 octobre 2017

J’utiliserai cette comparaison : un individu postule à un emploi de fonctionnaire en déposant sa demande au service du personnel au premier étage. Quelque temps plus tard, il veut savoir ce qu’est devenue sa demande et se rend dans ce même bureau. Le dossier n’y est plus. On lui dit qu’il se trouve peut-être dans un bureau du troisième ou du quatrième étage, mais personne ne saurait dire lequel exactement. Quelques semaines plus tard, on informe le postulant que son document est arrivé au neuvième étage. Pendant les semaines qui suivent, il court généralement d’un service à l’autre. S’il a de la chance, il finira par découvrir que sa demande est en route pour le quatorzième étage où l’on pourra décider de son sort.

Le développement d’une idée inconsciente est similaire à ce genre de procédure, contrairement à celui d’une pensée consciente ou d’une réflexion logique. Il faut beaucoup de temps au dossier pour passer du premier au quatorzième étage, bien qu’un ascenseur fasse ce même trajet en une minute. En chemin, se produisent de mystérieux ralentissements ou des accélérations, selon que les personnes intéressées intercèdent, brouillent les cartes ou tirent des ficelles secrètes. De la même manière, des agents inconnus favorisent ou retardent le développement du processus mental inconscient.

Theodor Reik

mercredi 25 octobre 2017

Je ne crois pas au bonheur chimique. [...] Quels que soient les progrès de la chimiothérapie, il y aura toujours des personnes, outre le fait qu'elles souffrent, qui auront besoin de comprendre pourquoi elles souffrent.

André Green, Cent ans après

mardi 24 octobre 2017

Tout être humain fait l'expérience de la scène de ménage, en tant qu'observateur quand il est enfant (celui-ci vit non pas une scène originaire d'union des parents mais une scène de destruction de leur couple), en tant que participant agissant ou subissant à l'âge adulte. Cette expérience, exceptionnelle dans certains couples, s'installe à titre d'habitude chez d'autres. Cela peut devenir une passion, comme le jeu, la drogue ou l'idéologie. "Passion" convient aux deux sens de terme : la scène de ménage humilie, avilit et fait souffrir (elle est faite pour cela) ; en même temps, elle fait monter le potentiel du couple vers un paroxysme qui l'apparente à certains rituels religieux et qui introduit les partenaires, à travers des sentiments d'épouvante et de grandeur, à la dimension maudite du sacré.

Didier Anzieu, La scène de ménage

lundi 23 octobre 2017

Tout faire pour l'autre, c'est arracher à l'autre son désir. Tout attendre de l'autre, c'est perdre son identité désirante.

Vincent Estellon, Les états limites

vendredi 20 octobre 2017

Il est vrai que "La mère morte" est l'article le plus réussi de tous ceux que j'ai écrits. Je ne me rendais pas compte qu'il avait été si bien reçu partout... J'ai décrit la dépression soudaine de la mère, et j'y fais la distinction entre la mère déprimée chronique - déprimée depuis toujours - et la situation normale d'une mère qui un jour tombe tout d'un coup en dépression. Cela provoque un changement terrible chez le bébé, qui ne comprend pas ce qui se passe. Il perd le sens de la relation. Les descriptions cliniques courantes de la dépression méconnaissent cet aspect car elles ont toujours une explication en termes d'objets internes... Or, ce qui est conflictuel et paradoxal dans cette situation, c'est que la vie suit son cours et pourtant rien n'est plus pareil.

André Green, Essais sur la mère morte et l'œuvre d'André Green

jeudi 19 octobre 2017

S'il n'y a pas de solution c'est qu'il n'y a pas de problème.

Devise Shadok imaginée par Jacques Rouxel

mercredi 18 octobre 2017

Il n'y a pas d'amour ; il n'y a que des preuves d'amour.

Jean Cocteau

mardi 17 octobre 2017

C'est la théorie qui décide de ce que nous pouvons observer.

Albert Einstein

lundi 16 octobre 2017

Aujourd'hui, lorsque je considère les patients limites, je les vois moins qui se tiennent à la limite de la névrose et de la psychose (bien que ce soit en effet la situation de beaucoup d'entre eux), mais plutôt comme des gens qui vivent dans une sorte de no man's land, tournant sans cesse autour d'un rond-point quelconque, d'où ils peuvent prendre plusieurs directions sans jamais s'engager dans aucune (dépression, perversion, troubles du caractère ou encore trouble psychosomatique).

André Green, entretien avec Gregorio Kohon, Essais sur la "mère morte" et l'œuvre d'André Green

jeudi 12 octobre 2017

Nous sommes superficiels par profondeur.

Citation inspirée par Friedrich Nietzsche, Le Gai savoir

mercredi 11 octobre 2017

L'admiration [l'étonnement] est le fondement de toute philosophie.

Montaigne, Les Essais

mardi 10 octobre 2017

Il apparaît ainsi, on le sait, que la “bonne” interprétation doit être exacte, opportune, mesurée, dense, claire, concise, concrète, vivante sans être séduisante, suggestive plutôt qu’exhaustive.

Didier Anzieu, Eléments d'une théorie de l'interprétation

lundi 9 octobre 2017

L'angoisse est le bruit qui rompt le continuum silencieux du sentiment d'exister dans l'échange des informations avec soi-même ou avec autrui.

André Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort

jeudi 5 octobre 2017

L'originalité n'est pas mon propos. Mon but n'est pas de penser neuf, mais de penser juste.

André Comte-Sponville, Traité du désespoir et de la béatitude