mercredi 31 mai 2017

Plus on avançait cependant dans cette voie, plus on se rendait compte de l'impossibilité d'atteindre pleinement le but qu'on poursuivait et qui consistait à amener à la conscience l'inconscient. Le malade ne peut pas se souvenir de tout ce qui est refoulé ; le plus souvent, c'est l'essentiel même qui lui échappe, de sorte qu'il est impossible de le convaincre de l'exactitude de la construction qu'on lui présente. Il est obligé, pour acquérir cette conviction, de revivre dans le présent les événements refoulés, et non de s'en souvenir, ainsi que le veut le médecin, comme faisant partie du passé. Ces événements revécus, reproduits avec une fidélité souvent indésirée, se rapportent toujours en partie à la vie sexuelle infantile, et notamment au complexe d’Oedipe et aux faits qui s'y rattachent, et se déroulent toujours dans le domaine du transfert, c'est-à-dire des rapports avec le médecin. Quand on a pu pousser le traitement jusqu'à ce point, on peut dire que la névrose antérieure a fait place à une nouvelle névro­se, à une névrose de transfert. Le médecin s'était efforcé de limiter autant que possible le domaine de cette névrose de transfert, de transformer le plus d'élé­ments possible en simples souvenirs et d'en laisser le moins possible devenir des objets de reproduction, d'être revécus dans le présent. Le rapport qui s'établit ainsi entre la reproduction et le souvenir varie d'un cas à l'autre. D'une façon générale, le médecin ne peut pas épargner au malade cette phase du traitement ; il est obligé de le laisser revivre une partie de sa vie oubliée et doit seulement veiller à ce que le malade conserve un certain degré de sereine supériorité qui lui permette de constater, malgré tout, que la réalité de ce qu'il revit et reproduit n'est qu'apparente et ne fait que refléter un passé oublié. Lorsqu'on réussit dans cette tâche, on finit par obtenir la conviction du malade et le succès thérapeutique dont cette conviction est la première condition.

Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir

mardi 30 mai 2017

C'est ainsi que j'ai appris que dans tout fantasme ou pratique masochiste, il y a toujours un noyau de douleur psychique qui a été vécu et perdu.

Masud R. Khan, Du masochisme à la douleur psychique

lundi 29 mai 2017

La meilleure façon de comprendre la psychanalyse est encore de s'attacher à sa genèse et à son développement.

Sigmund Freud, "Psychanalyse" et "Théorie de la libido"

vendredi 26 mai 2017

On ne sait jamais ce que notre malchance nous a épargné de pire.

Cornac McCarthy

mercredi 24 mai 2017

Partager est parfois plus exigeant que donner.

Gregory Bateson

mardi 23 mai 2017

Le mouvement de la cure fait découvrir par quels détours la souffrance est produite, induite, inconsciemment recherchée par le sujet lui-même afin d'obtenir une prime de plaisir en un autre lien intrapsychique. La seconde topique en particulier autorise en ce sens une série d'échanges complexes dont le plus simple s'énonce ainsi : plaisir pour un système (le surmoi par exemple), déplaisir pour un autre (le moi par exemple).

J.-B. Pontalis, Sur la douleur (psychique)

lundi 22 mai 2017

Depuis que la cigarette n'est plus mortelle, je n'ai plus envie de fumer.

Parole rapportée du film "La conquête de la planète des singes", 1972. Scénario de Paul Dehn

vendredi 19 mai 2017

Un rien qui bouge et tout est changé.

Christian David, Nouvelle revue de psychanalyse n° 30

jeudi 18 mai 2017

La relation entre deux personnes est une affaire à double sens, et, pour autant qu'on se soucie d'en rendre compte, le problème n'est pas de discourir sur l'analyste et sur l'analysant, mais de se référer à quelque chose qui se trouve entre ces deux personnes.

Wilfred R. Bion, Quatre discussions avec Bion

mercredi 17 mai 2017

La douleur psychique va de pair avec l'absence de représentations et dans les "transferts douloureux" on voit la douleur psychique supplanter les autres affects.

Litza Guittierès-Green, Problématique du transfert douloureux

mardi 16 mai 2017

Credo ut intelligam.

Je crois pour comprendre.

Saint Augustin

lundi 15 mai 2017

Penser qu'au sein d'un même dispositif tous les aspects de la vie psychique peuvent être abordés relève de l'utopie ou de l'idéologie, et donc d'une méconnaissance des limites inévitables de tout dispositif.

René Roussillon, Sur l'opposition psychothérapie/psychanalyse

vendredi 12 mai 2017

L'enfant fait des expériences vécues de douleur qui sont indépendantes des expériences vécues de besoin.

Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse

jeudi 11 mai 2017

Freud, c'est aussi bien le didactisme de l'Abrégé que le fragment poétique du "Trouble de mémoire sur l'Acropole", la Phantasie spéculative et sans frein d'Au-delà du principe de plaisir que la sagesse empreinte de renoncement du Malaise dans la culture ; Freud, c'est aussi bien celui qui décortique inlassablement ce petit rien qu'est un trait d'esprit (comme s'il se souvenait des années passées l'œil rivé au microscope des laboratoires d'anatomie et de physiologie nerveuses) que l'homme déjà âgé qui tombe littéralement en arrêt, saisi, devant le Moïse de Saint-Pierre-aux-Liens.

J.-B. Pontalis, La force d'attraction

mercredi 10 mai 2017

Celui qui tente d’apprendre dans les livres le noble jeu des échecs ne tarde pas à découvrir que seules les manœuvres du début et de la fin permettent de ce jeu une description schématique complète, tandis que son immense complexité, dès après le début de la partie, s’oppose à toute description.

Sigmund Freud, Le début du traitement

mardi 9 mai 2017

Dans le détail, dans l'infime, dans le pas à pas des restes, la parole, quand rien ne la commande que sa poussée propre, reconduit à l'objet perdu pour s'en détacher.

J.-B. Pontalis, Perdre de vue

jeudi 4 mai 2017

Le moi est avant tout corporel, il n'est pas seulement un être de surface, mais lui-même la projection d'une surface.

Sigmund Freud, Le moi et le ça

mercredi 3 mai 2017

Est-ce si atroce qu'on le prétend d'être expulsé du ventre maternel pour venir au monde ? J'aimerais ne jamais cesser de venir au monde.

J.-B. Pontalis, L'enfant des limbes

mardi 2 mai 2017

La haine, précède l'amour mais sans doute, n'y a-t-il d'amour que parce qu'il y a haine, aux origines mêmes du sujet.

Roger Dorey, L'amour au travers de la haine, Nouvelle revue de psychanalyse n° 33