Un voleur ne vole jamais une cloche.
Proverbe tibétain
Ce livre poursuit et développe l'approche originale de Quinodoz et s'insère bien dans les développements kleiniens modernes. Par exemple Britton, dans un chapitre intitulé « Avant et après la position dépressive », aborde le problème de la transition ps <-> d. Klein fit ressortir le fait que la position dépressive n'est jamais accomplie une fois pour toutes et que, tout au long de la vie, il existe des fluctuations entre les deux. Ce n'est pas statique mais c'est un va-et-vient constant (ps <-> d). Britton, suivant également Bion dans ce domaine, souligne que ce va-et-vient ne constitue pas seulement un progrès et une régression inévitable, mais que le retour en arrière fait partie en soi du processus de croissance. C'est un reculer pour mieux sauter. Nous devons régresser pour intégrer davantage, sans quoi le développement s'arrête. « La position dépressive de hier devient l'organisation défensive de demain » [Britton].
Hanna Segal, préface à Les rêves qui tournent une page de Jean-Michel Quinodoz
Non qu'il [Carl Gustav Jung] refuse toute l'importance de la sexualité comme on l'a trop souvent prétendu : mais il considère que l'humain est conduit par deux daïmons (au sens grec de ce terme : c'est-à-dire des puissances intermédiaires aux pouvoirs du sacré) - deux daïmons au départ antithétiques, mais qu'il s'agit de réconcilier et de conjoindre dans une conjonction des opposés : la sexualité et la spiritualité, dont on ne peut, pour aucune, oublier toute l'importance qu'elle a pour nous sans nous blesser profondément.
Michel Cazenave, Jung revisité. I, La réalité de l'âme
« L’homme est capable de perdre, il est capable de deuil, il est capable de sacrifice, c’est-à-dire qu’en lui, dans son psychisme, la perte peut se transformer en énergie, la perte peut se transformer en existence, le deuil peut se transformer en goût de vivre. » À travers son expérience de psychanalyste et en s’appuyant sur l’image en tant que voie possible de connaissance, Élie G. Humbert montre la nécessité d’une sortie des illusions liées à la relation primordiale. C’est par la différenciation et la confrontation (au sens où l’entendait Jung) que passe le chemin de la connaissance de soi-même. La dimension d’aimer, la réalité de l’amour, impliquent une conjugaison paradoxale de la perte et du lien. Pour devenir « entier » et accéder à « l’entre-deux » de la relation, l’être a à se bâtir sur une épreuve de lui-même.
Présentation du livre d'Élie G. Humbert, La dimension d'aimer
“S’il vous plaît, disait Bion, essayez de ne pas comprendre. Si vous devez “prendre” quelque chose, méta-prenez, para-prenez, circum-prenez, mais par pitié ne comprenez rien. ” La compréhension est une activité mentale plutôt passive eu égard à la possibilité de se méprendre et d’utiliser cette “faille” pour en faire quelque chose. Dans la séance d’analyse, la visée compréhensive comporte le danger de “tuer” une expérience qui était vivante. En un sens, une fois qu’une expérience a été “comprise”, elle est morte.
Thomas H. Ogden, Vers une nouvelle sensibilité analytique
Nous pensons en effet qu'il s'agit d'une dialectique entre deux modes de pensées [celle de Freud et celle de Jung] qui resteront toujours opposés ; et il nous paraît vain d'essayer d'établir lequel des deux points de vue détient la vérité. En paraphrasant un vieux « Witz », nous dirions que Freud avait raison, et Jung aussi ; et à celui qui nous objecterait qu'ils eussent raison tous les deux, nous répondrions que lui aussi a raison. Et nous proposerions de transformer la vieille dispute qui oppose les deux écoles en une confrontation ouverte où les conceptions puissent se rencontrer, non pas en une harmonie constituée d'accords parfaits, mais dans un contrepoint qui doit sa richesse à la tension vivante entre ses thèmes très différents.
Jef Dehing, Deux modes de pensée Freud et Jung