Il y a des jours, des mois, des années interminables où il ne se passe presque rien. Il y a des minutes et des secondes qui contiennent tout un monde.
Jean d'Ormesson, Voyez comme on danse
Le masochisme érogène, plaisir de l'excitation sexuelle, est à la base des masochismes féminin et moral. Le masochisme féminin ne concerne pas spécifiquement la femme et est connu au travers de fantasmes masculins. Le masochisme moral est révélé par des conduites dictées par la culpabilité inconsciente. Je postule que ces conduites, ou symptômes, sont l'épiphénomène d'une faillite du masochisme érogène primaire intricateur des pulsions décrit par Freud en 1924 [...].
Marilia Aisenstein, Désir, douleur, pensée
J'ai souvent pensé à des formules qui exprimeraient le mécanisme du progrès humain et les changements historiques. Elle pourraient être les suivantes :
La Réalité - les Rêves = l'Animal
La Réalité + les Rêves = un Mal de cœur (habituellement appelé Idéalisme)
La Réalité - l'Humour = le Réalisme (aussi appelé Conservatisme)
Les Rêves - l'Humour = le Fanatisme
Les Rêves + l'Humour = la Fantaisie
La Réalité + les Rêves + l'Humour = la Sagesse
Ainsi la sagesse, ou le plus haut type de pensée, consiste à atténuer nos rêves, ou notre idéalisme, par le sens de l'humour, appuyé sur la réalité elle-même.
Lin Yutang, l'Importance de vivre
Il faut beaucoup de temps - disons, une ou deux décennies de pratique clinique à plein temps - avant d'acquérir, en tant qu'analystes, une maturité qui nous permette de parler avec chacun de nos patients d'une voix tout à fait propre, d'une manière qui ne s'adresse finalement qu'à ce patient précis, à ce moment précis de la conversation analytique avec lui. Il faut avoir profondément intégré la technique psychanalytique avant d'être en mesure de l'“oublier”, c'est-à-dire de la redécouvrir par soi-même.
Thomas H. Ogden, Redécouvrir la psychanalyse
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés, observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou, agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! "
Et le colibri lui répondit : "Je le sais, mais je fais ma part."
Sagesse amérindienne
Je me souviens d'une cascade au fond des grottes. Quelqu'un que je connaissais, un ami nommé Robert Desnos, parlait. Il avait retrouvé à la faveur d'un sommeil étrange plusieurs secrets perdus de tous. Il parlait. Mais ce qui s'appelle parler. Il parlait comme on ne parle pas. La grande mer commune se trouvait du coup dans la chambre, qui était n'importe quelle chambre avec ses ustensiles étonnés.
Louis Aragon, Traité du style
On est capable d’avoir de l’empathie pour de la douleur physique mais c’est plus rare pour de la douleur psychique.
Fayçal Mouaffak, Covid-19 en France : "derrière la vague épidémique, la vague psychiatrique", Ouest-France, 4 novembre 2020
Je me suis demandé si une réflexion sur le dialogue ne doit pas comprendre le moment où le patient se met à parler à lui-même parce que les forces qui sont à l’œuvre en lui se reconfigurent et engendrent en lui un réalité nouvelle. Quel rapport entre le dialogue thérapeutique et ce monologue qui, le moment venu, prend le relais ? Quel rapport, d’autre part, entre ce monologue-là et le phénomène plus général de la pensée et de son expression langagière ?
Jean-François Billeter, Le dialogue thérapeutique
Passons maintenant en contexte freudien : la résistance à la satisfaction de la pulsion, née de la censure psychique, fait en sorte que ce qui vient à l'esprit de l'analysant ne soit jamais le refoulé même, mais seulement quelque chose qui s'en approche, dit Freud, « sur le mode d'une allusion », nach Art einer Anspielung. Dès lors qu'un désir ne peut s'exprimer directement, il ne peut plus le faire, en effet, au stade indiciel du symptôme, que de façon détournée : un conflit d'ambivalence ne pouvant être liquidé sur la même personne, ce désir fera ainsi l'objet d'un contournement - Umgang - sur un objet substitutif (du père au cheval, chez le petit Hans). Tout le langage du symptôme est donc, de la façon dont nous le décrit Freud, une façon prudente et stratégique de s'écarter de l'objet du désir censuré pour ne cesser ensuite de pouvoir venir rôder et « jouer autour, à proximité : ad-lusio. Et ce, d'autant plus librement, échappant au contrôle, que ce symptôme s'en est d'abord ostensiblement écarté ; c'est-à-dire qu'il s'est mis à l'abri d'une telle vigilance par cet éloignement même.
François Jullien, Cinq concepts proposés à la psychanalyse
La capacité d’être seul est la capacité d’aimer. Cela peut vous sembler paradoxal, mais c’est le cas. C’est une vérité existentielle : seules les personnes capables d’être seules sont capables d’aimer, de partager, d’aller profondément à la rencontre d’une autre personne – sans posséder l’autre, sans devenir dépendantes de l’autre, sans réduire l’autre à une chose, et sans devenir accro à l’autre.
Osho