mardi 24 décembre 2019

Pour des raisons psychologiques, culturelles, mais aussi pour des raisons liées aux effets de la dépression, on a souvent tendance à penser qu'il serait préférable de "s'en sortir par soi-même", que se faire soigner serait une "facilité", qu'il s'agirait d'une victoire de plus sur la dépression.

Ministère de la santé, Guide

lundi 23 décembre 2019

Je rappellerai un échange auquel j’avais participé il y a quelques années avec J.-B. Pontalis où celui-ci avait vivement défendu l’idée que le cœur de la psychanalyse était cette recherche de liberté, avant d’être recherche de vérité.

Patrick Merot, Croire en la liberté. Freud et Spinoza

vendredi 20 décembre 2019

L’inconscient, c’est l’infantile en nous.

Sigmund Freud, Remarques sur un cas de névrose obsessionnelle (L’Homme aux rats)

jeudi 19 décembre 2019

Faites que le rêve dévore votre vie, afin que la vie ne dévore pas votre rêve.

Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince

mercredi 18 décembre 2019

Luca Nicoli — L’un de mes patients, élève d’une école de psychothérapie, explique à son enseignant qu’il a choisi de faire sa thérapie obligatoire avec un analyste qui utilise le divan et la réaction de son enseignant l’a glacé : « Mais le divan est démodé ! » La première question que je vous pose est presque rhétorique : le divan est-il démodé?

Antonino Ferro — Moi, j’aurais envie de dire : essayons et nous verrons! Si je devais donner une indication à l’un de mes petits-fils, je lui dirais que l’analyse ne dépend pas du lieu où l’on se place, mais de la manière dont deux personnes fonctionnement psychiquement ensemble. Tout comme le fait de s’allonger sur le divan ne confère pas le statut d’« analyse », le fait de ne pas s’allonger sur un divan ne lui ôte pas non plus. J’ai eu des patients dans les positions les plus étranges : il y a par exemple l’histoire de cette patiente qui ne voulait absolument pas s’allonger sur le divan et avec laquelle nous avons fait tout de même une longue période d’analyse. Nous nous voyions quatre fois par semaine en face-à-face, car elle se sentait trop persécutée à l’idée de ne pas contrôler la situation, mes réactions, les émotions que je pouvais avoir. Après un certain temps je lui ai dit : « Écoutez, moi, je me fatigue à rester ainsi, 50 minutes figé à nous regarder, si ça ne vous dérange pas, je me tourne… » Alors je me suis tourné dans mon fauteuil – qui a des roulettes – et, à partir de là, la patiente arrivait, s’asseyait et je lui tournais le dos. Cela a marché quelques mois, puis elle a évoqué le fait qu’il lui fallait déménager, qu’il était temps de changer, qu’elle voulait avoir une maison plus confortable, etc. Il me semblait évident qu’elle parlait d’un déménagement à faire dans notre analyse. Lorsque vint le jour convenu pour notre « déménagement », moi je m’attendais évidemment qu’elle prenne place sur le divan et que je puisse occuper mon fauteuil d’analyste, mais non : en arrivant, elle prit place sur mon fauteuil !... Et là j’aurais pu faire mille choses, donner sept mille interprétations en tous genres… Or, sans hésiter une seconde, je me suis allongé sur le divan, et nous nous sommes embarqués pour d’autres longs mois de travail analytique, moi sur le divan, elle derrière, dans mon fauteuil. Je signalais maintes fois à la patiente qu’elle ne savait pas ce qu’elle perdait, car c’était bien plus confortable de rester allongé sur le divan. Jusqu’au jour où elle fit un rêve dans lequel sa secrétaire occupait arbitrairement la place qui était la sienne. Quelques semaines après, elle me parlait à nouveau de déménagement et finalement celui-là fut le bon ; j’ai enfin occupé mon fauteuil d’analyste et la patiente s’est allongée sur le divan. Ce manège nous avait pris deux ans, mais cela ne nous a pas empêchés de faire un véritable travail d’analyse, une analyse tout à fait normale. L’important, c’est de savoir jouer.

Antonino Ferro, Pensées d'un psychanalyste irrévérencieux

mardi 17 décembre 2019

Toute véritable transformation sera précédée d’un grand moment d’inconfort, c’est là le signe que vous êtes sur le bon chemin.

Ajahn Chah

lundi 16 décembre 2019

Pour vivre, il faut toujours trahir des fantômes.

Gaston Bachelard, L’intuition de l’instant

vendredi 13 décembre 2019

Pourquoi dire : J’ai rêvé - quand il faudrait dire : il a été rêvé ?

Paul Valéry, Cahiers

jeudi 12 décembre 2019

Le symptôme psychosomatique est bête.

Michel de M'Uzan, intervention suite à l'exposé d'Angel Garma, L'intégration psychosomatique dans le traitement psychanalytique des maladies organiques

mercredi 11 décembre 2019

Nul vainqueur ne croit au hasard.

Friedrich Nietzsche, Le Gai Savoir

mardi 10 décembre 2019

Différence entre l’esprit de géométrie et l’esprit de finesse.

En l’un les principes sont palpables mais éloignés de l’usage commun, de sorte qu’on a peine à tourner la tête de ce côté‑là, manque d’habitude. Mais pour peu qu’on l’y tourne, on voit les principes à plein, et il faudrait avoir tout à fait l’esprit faux pour mal raisonner sur des principes si gros qu’il est presque impossible qu’ils échappent.

Mais dans l’esprit de finesse les principes sont dans l’usage commun et devant les yeux de tout le monde. On n’a que faire de tourner la tête ni de se faire violence, il n’est question que d’avoir bonne vue. Mais il faut l’avoir bonne, car les principes sont si déliés et en si grand nombre, qu’il est presque impossible qu’il n’en échappe. Or l’omission d’un principe mène à l’erreur. Ainsi il faut avoir la vue bien nette pour voir tous les principes, et ensuite l’esprit juste pour ne pas raisonner faussement sur des principes connus.

Tous les géomètres seraient donc fins s’ils avaient la vue bonne, car ils ne raisonnent pas faux sur les principes qu’ils connaissent. Et les esprits fins seraient géomètres s’ils pouvaient plier leur vue vers les principes inaccoutumés de géométrie.

Ce qui fait donc que de certains esprits fins ne sont pas géomètres, c’est qu’ils ne peuvent du tout se tourner vers les principes de géométrie. Mais ce qui fait que des géomètres ne sont pas fins, c’est qu’ils ne voient pas ce qui est devant eux et qu’étant accoutumés aux principes nets et grossiers de géométrie, et à ne raisonner qu’après avoir bien vu et manié leurs principes, ils se perdent dans les choses de finesse où les principes ne se laissent pas ainsi manier. On les voit à peine, on les sent plutôt qu’on ne les voit, on a des peines infinies à les faire sentir à ceux qui ne les sentent pas d’eux‑mêmes. Ce sont choses tellement délicates, et si nombreuses, qu’il faut un sens bien délicat et bien net pour les sentir et juger droit et juste selon ce sentiment, sans pouvoir le plus souvent le démontrer par ordre comme en géométrie, parce qu’on n’en possède pas ainsi les principes, et que ce serait une chose infinie de l’entreprendre. Il faut tout d’un coup voir la chose d’un seul regard, et non pas par progrès de raisonnement, au moins jusqu’à un certain degré. Et ainsi il est rare que les géomètres soient fins et que les fins soient géomètres, à cause que les géomètres veulent traiter géométriquement ces choses fines et se rendent ridicules, voulant commencer par les définitions et ensuite par les principes, ce qui n’est pas la manière d’agir en cette sorte de raisonnement. Ce n’est pas que l’esprit ne le fasse mais il le fait tacitement, naturellement et sans art, car l’expression en passe tous les hommes, et le sentiment n’en appartient qu’à peu d’hommes.

Et les esprits fins au contraire, ayant ainsi accoutumé à juger d’une seule vue, sont si étonnés quand on leur présente des propositions où ils ne comprennent rien, et où pour entrer il faut passer par des définitions et des principes si stériles, qu’ils n’ont point accoutumé de voir ainsi en détail, qu’ils s’en rebutent et s’en dégoûtent.

Mais les esprits faux ne sont jamais ni fins ni géomètres.

Les géomètres qui ne sont que géomètres ont donc l’esprit droit, mais pourvu qu’on leur explique bien toutes choses par définitions et principes ; autrement ils sont faux et insupportables, car ils ne sont droits que sur les principes bien éclaircis.

Et les fins qui ne sont que fins ne peuvent avoir la patience de descendre jusque dans les premiers principes des choses spéculatives et d’imagination qu’ils n’ont jamais vues dans le monde, et tout à fait hors d’usage.

Blaise Pascal, Pensées

lundi 9 décembre 2019

Le pluriel ne vaut rien à l'homme et sitôt qu'on
Est plus de quatre on est une bande de cons.

Georges Brassens, Le pluriel

vendredi 6 décembre 2019

Quand je me protège ainsi, tout prêt à me convaincre que les autres sont des patients accrochés à leur maladie et que moi, bien calé dans mon fauteuil, j'ai cessé depuis belle lurette d'être un patient, je ne suis plus un analyste. J'ai oublié que ces hommes, ces femmes me soignent à leur manière. Me soignent en ouvrant des brèches dans ma "normalité". L'analyse est peut-être, avec l'amour, la seule expérience qui vous emporte "hors de soi".

J.-B. Pontalis, Fenêtres

jeudi 5 décembre 2019

Peut-être serait-ce cet autre regard porté sur soi et sur son histoire, l'analyse une fois achevée, qui en constituerait l'acquis le plus précieux et le plus efficient...

Raymond Cahn, Processus psychiques temporels et changements

mercredi 4 décembre 2019

Le physicalisme réductionniste sauve le mental, mais seulement comme une partie du monde physique.

Jaegwon Kim, L'esprit dans un monde physique

mardi 3 décembre 2019

Un pas à la fois me suffit.

Gandhi

lundi 2 décembre 2019

Alors juste un conseil, une dernière phrase,
Ce que tu dois offrir à celui que tu croises :
Une épaule pour rire, une autre pour pleurer
Et quand survient le pire, les deux pour le porter.

Patrick Sébastien, Et si on était bienveillant