mercredi 23 décembre 2015

Je crois que l’espoir véritable, celui qui nous travaille en profondeur, est toujours lié à une réponse mise entre parenthèses. Je crois que c’est attendre beaucoup de son prochain que d’espérer qu’il saura enfin trouver sa dignité dans le déséquilibre de la question et non plus dans une réponse qui le fige et nous fige.

Edmond Jabès, Du désert au livre

lundi 21 décembre 2015

[...] nous pouvons, bien sommairement il est vrai, définir en ces termes les buts que poursuit cet acte de parole si particulier que l’on nomme interprétation :

1. Toute interprétation, par son contenu manifeste ou par les associations qu'elle induit, vise à poser, à faire découvrir, une nouvelle relation causale entre des « effets » (les symptômes, phénomènes définissables par ce caractère commun qu’ils partagent : soit cette « souffrance névrotique » dans laquelle Freud voyait, avec raison, la motivation de la demande d’analyse) effets et éprouvés qui font partie d’un connu ou d’un connaissable par le sujet, et une cause (le désir inconscient) qui, sans analyse, resterait inconnaissable, non nommable.
Ajoutons que cette interprétation vient se substituer à « un déjà interprété » par le Je. Interpréter ce qui est cause de lui, du monde, de ses désirs, de ses souffrances, le Je n’a jamais fait autre chose. On peut même ajouter que la demande d’analyse surgit au moment où ce « déjà interprété » (ou cette causalité névrotique) vient tout à coup faire question à l’interprétant, au moment où ses liaisons causales lui font retour sous la forme d’une question et d’une question qu’il ne peut, sans risques majeurs pour son fonctionnement psychique, laisser sans réponse, mettre au silence.

2. La relation causale que pose l’analyse entre ces « effets » qui viennent bousculer ce bel ordre syntaxique auquel le Je faisait jusque-là recours pour conjuguer ses différents temps des verbes être, avoir, aimer, bousculement et « basculement » dont le Je a une connaissance car ils s’inscrivent dans sa chair, dans sa sexualité, dans son discours, et une cause jusque-là à l’abri de tout dévoilement, de toute nomination, cette nouvelle liaison causale est la création, l’apport d’une nouvelle signification-relation causale que l’on doit à l’analyse.

3. Cette découverte d’une nouvelle causalité non seulement n’emprunte rien à la répétition, mais représente ce qui vient s’opposer, casser ces mouvements régrédients ou ces points de fixation qui obligeaient le sujet à répéter, retrouver, s’engouffrer, dans les mêmes impasses, dans les mêmes voies sans issue. Or si cette action est possible c’est que l’interprétation comporte un pouvoir de transformation sur l’affect dont elle « nomme » la cause. Modification de la relation du sujet à cet affect parce que modification de la relation du Je à cette partie de lui-même qui est effectivement en butte à l’action, à la pression qu’exercent des forces agissantes dans son propre Ça.

4. Cette modification se veut « orientée ». Il ne s’agit pas d’un « transformer » qui se ferait preuve du pouvoir narcissique du sujet supposé savoir, ou du tout pouvoir de ce « savoir » si souvent demandé parce que devenu pur emblème narcissique. Cet acte de parole, cette visée de transformation, se veut au service des « intérêts du moi » ou « du principe de réalité et de son exigence de vérité » (si on privilégie les formulations choisies par Freud) ou encore disons que l’interprétation espère aboutir à un remaniement des alliances, des intrications pulsionnelles. Elle propose une autre solution au conflit pulsionnel et au conflit identificatoire. (Ajoutons en corollaire que la présence de cette visée, faute de laquelle l’analyse n’est plus qu’un jeu de société, une escroquerie ou un bluff, implique que l’analyste n’est pas neutre face aux buts respectivement choisis par Éros et Thanatos. Dans le conflit qui oppose ces deux forces il a fait son choix, il faut espérer que la haine, le mépris, la dérision, n’y ont pas la première place).

5. L’analyse, comme l’interprétation, se donnent comme but une transformation orientée de l’économie libidinale et des repères identificatoires, une autre répartition des investissements objectaux et narcissiques du Je. Cette transformation trouve sa « voie royale » dans l’interprétation. Cette dernière concerne toujours le registre causal, comme je l’ai dit, elle est création d’une nouvelle relation de cause à effet, elle agit par là sur cet inconnaissable qu’était l’affect et ses représentations, celles dont Freud disait qu’elles ignorent la parole et ne connaissent que « le langage pictural » (Freud, L’interprétation des rêves).

Piera Aulagnier, Les mouvements d'ouverture dans l'analyse des psychoses

jeudi 17 décembre 2015

[...] il me paraît indispensable de rappeler que les buts de la psychanalyse ne se réduisent ni à la libération des désirs refoulés ni au décentrement du fonctionnement psychique par rapport à un Moi préconscient ou inconscient, calculateur et défensif, mais qu'ils comportent la diminution des idéaux narcissiques de toute-puissance, de domination et de séduction et une place plus grande, plus sûre, faite aux idéaux de bonheur partagé, de liberté, de justice, d'attention portée à autrui.

Didier Anzieu, Une peau pour les pensées. Entretiens avec Gilbert Tarrab

mercredi 16 décembre 2015

Ils ont appris à supporter une part de vérité.

James J. Putnam, On Freuds Psycho-Analytic Method and its Evolution cité par Sigmund Freud, Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique

mardi 15 décembre 2015

L’inconscient est pavé d’oxymores (à la fois – justement – des bonnes et des mauvaises intentions), au point que Freud ne fait pas de différence entre le oui et le non d’un patient, ou que le sacré et l’impur se confondent dans un même « tabou » du toucher. D’ailleurs la figuration par le renversement contraire est un moyen classique qu’emploie le rêve pour déguiser des représentations qui autrement réveilleraient le rêveur en sursaut.

Entretien avec Michel Gribinski sur le site des éditions Gallimard

lundi 14 décembre 2015

Le souvenir falsifié est le premier dont nous ayons connaissance ; le matériel des traces mnésiques à partir duquel il a été forgé nous est resté inconnu dans sa forme originelle.

Sigmund Freud, Sur les souvenirs-écrans

jeudi 10 décembre 2015

Entre mouvements et immobilité, bon vent et vents contraires, tempêtes et bonace, la traversée se poursuit, pour peu que l'embarcation et ses passagers tiennent le coup.

J.-B. Pontalis, Ce temps qui ne passe pas

lundi 7 décembre 2015

Confronté à la roche, le ruisseau l'emporte toujours, non par la force, mais par la persévérance.

Confucius

vendredi 4 décembre 2015

Où finit le corps sinon où l'autre corps à lui se fait sentir ?

Paul Claudel, La cantate à trois voix

jeudi 3 décembre 2015

Il ne faut pas penser à l'objectif à atteindre, il faut seulement penser à avancer. C'est ainsi, à force d'avancer, qu'on atteint ou qu'on double ses objectifs sans même s’en apercevoir.

Bernard Werber, La révolution des fourmis

mercredi 2 décembre 2015

Nous avons tous une identité multiple. Personne n'a envie d'être réduit à soi.

J.-B. Pontalis, Propos recueillis par Marine Landrot, Télérama, août 2009

mardi 1 décembre 2015

Soyez vous-même, tous les autres sont déjà pris.

Oscar Wilde

vendredi 27 novembre 2015

La psychanalyse, comme la société libérale, repose sur un contrat de confiance.

Raphaël Krivine interviewé par Robert Jules, La Tribune du 23 novembre 2015

jeudi 26 novembre 2015

Pour obtenir une vérité quelconque sur moi, il faut que je passe par l'autre.

Jean-Paul Sartre, L'existentialisme est un humanisme

mercredi 25 novembre 2015

Ainsi la psychanalyse permet d’appréhender et de concevoir un appareil psychique dont le fonctionnement se base sur :
  • un appareil pulsionnel régi par ses liens entre le somatique et le psychique, en relation avec le principe de plaisir/déplaisir ou encore principe de plaisir/douleur ; le principe de réalité ; le principe de Nirvana ;
  • le processus de plaisir (satisfaction) / déplaisir (frustration) qui conduit à la représentation hallucinatoire du désir, à la représentation de chose, puis par le biais du travail psychique à la représentation de mot (processus primaire ; processus secondaire) ;
  • l’organisation d’un appareil psychique qui s’édifie sur la perception, la notation, les traces mnésiques, le jugement, l’action et la pensée ;
  • la dualité pulsionnelle (pulsion de vie / pulsion de mort ou de destruction) ;
  • deux topiques : inconscient/préconscient/conscient ; Ça/Moi/Sur-Moi ;
  • les échanges entre investissement de soi (narcissisme) / investissement d’objet ;
  • des mécanismes de défense : négation et refoulement, d’une part ; clivage ; déni ; projection ; idéalisation ; omnipotence, etc., d’autre part.

Thierry Bokanowski, La dimension de l'écoute psychanalytique dans la pratique psychiatrique

mardi 24 novembre 2015

L'individu est, et a toujours été membre d'un groupe, même si sa façon d'y appartenir consiste à se comporter comme s'il donnait réalité à l'idée qu'il n'appartient à aucun groupe.

Wilfred R. Bion, Recherches sur les petits groupes

lundi 23 novembre 2015

Règle du "comme si/comme ça"

Règle que s'impose Michel de M'Uzan lorsque l'analyste interprète les propos de son patient, rêves, souvenirs, lapsus, etc. Affirmatif, il proclame que les choses se sont faites comme ça, sachant que son comme ça n'est qu'un comme si, mais rien ne se passe si ce comme si n'est pas tenu pour un authentique comme ça.

Murielle Gagnebin, Glossaire des principales notions élaborées par Michel de M'Uzan in L'inquiétude permanente

vendredi 20 novembre 2015

Il faut choisir, se reposer ou être libre.

Thucydide

lundi 16 novembre 2015

Le fantasme n'est pas encore accepté, et il n'y a pas de haine, seulement du meurtre.

Donald W. Winnicott, Lettre à Michael Fordham du 24 juin 1965

jeudi 12 novembre 2015

Je n'ajouterai que la remarque suivante : dans la névrose obsessionnelle, les processus psychiques inconscients surgissent par moments dans la conscience sous leur forme la plus pure et sans la moindre déformation. Ce phénomène peut se produire aux stades les plus différents du processus de penser inconscient et les idées obsessionnelles au moment de leur surgissement se révèlent être pour la plupart des formations de longue date. C'est de là que provient ce phénomène très étonnant : le névrosé obsessionnel, quand on recherche avec son aide la première apparition d'une de ses idées obsessionnelles, est contraint au cours de l'analyse de reculer sans cesse cette première manifestation et trouve continuellement de nouveaux débuts à cette idée.

Sigmund Freud, L'homme aux rats : un cas de névrose obsessionnelle

mardi 10 novembre 2015

On peut dire que celui qui souffre de compulsions et d'interdictions se comporte comme s'il était sous l'empire d'une conscience de culpabilité dont au reste il ne sait rien, donc une conscience de culpabilité inconsciente, ainsi qu'on est obligé de s'exprimer en dépit de la répugnance à ces mots à aller ensemble. Cette conscience de culpabilité a sa source dans certains processus psychiques précoces, mais est constamment ravivée lors de la tentation, qui est renouvelée à chaque occasion récente ; d'autre part cette conscience de culpabilité fait surgir une angoisse d'attente toujours aux aguets, une angoisse consistant dans l'attente d'un malheur, et qui est liée à la perception interne de la tentation par le concept de la sanction. Au début de la formation du cérémonial le malade est encore conscient de l’obligation où il est de faire ceci ou cela s'il veut éviter qu'un malheur arrive, et généralement ce genre de malheur auquel il faut s'attendre est encore nommé à sa conscience. Quant à la connexion entre l'occasion qui fait apparaître l'angoisse d'attente et le contenu de la menace, elle est toujours démontrable, mais déjà voilée pour le malade. Le cérémonial commence donc par être une action de défense ou d'assurance, autrement dit une mesure de protection.

Sigmund Freud, Actions compulsionnelles et exercices religieux

lundi 9 novembre 2015

Choix

C'est un acte de la volonté, qui se porte sur tel objet plutôt que sur tel autre. Ce choix est-il libre ? Oui, en tant qu'il dépend de nous. Non, en tant, précisément, qu'il en dépend. Tout choix suppose un sujet qui choisit, et qu'on ne choisit pas. Essayez, pour voir, d'être quelqu'un d'autre... Ainsi aucun choix n'est absolument libre ; s'il l'était, on ne pourrait plus choisir.

André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique

vendredi 6 novembre 2015

Si Proust dit vrai, si le bonheur est une absence de fièvre, alors je ne connaîtrai jamais le bonheur. Car je suis en proie à une fièvre de savoir, d'expérience et de création.

Anaïs Nin, Journal : 1931-1934

jeudi 5 novembre 2015

La vérité est extrêmement rare sur cette terre. Il y a même raison de penser qu’elle soit tout à fait absente.

René Girard, Je vois Satan tomber comme l'éclair

mercredi 4 novembre 2015

Forsan et haec olim meminisse juvabit.

Trad. : Peut-être sera-t-il un jour agréable de se souvenir même de ces choses.

Virgile, Enéide, I, 203

mardi 3 novembre 2015

Enaction

Forme de communication inconsciente et de suggestion bilatérale, par lesquelles patient et analyste agissent l'un sur l'autre, verbalement et non verbalement, avant toute prise de conscience.

Qu'est-ce qui guérit dans la psychothérapie ? Sous la direction de Pierre Fédida

lundi 2 novembre 2015

Pour Winnicott la guérison résulte de l'élaboration du sentiment de passivité (et parfois même de chaos) produit par la découverte en soi-même d'une zone de non-intégration primitive.

François Richard, La rencontre analytique

vendredi 30 octobre 2015

Aujourd'hui, sur demain tu ne peux avoir prise.
Penser au lendemain, c'est être d'humeur grise.
Ne perds pas cet instant, si ton coeur n'est pas noir,
car nul ne sait comment nos demains se déguisent.

Omar Khayyâm, Quatrains

jeudi 29 octobre 2015

La mélancolie est un crépuscule. La souffrance s'y fond dans une sombre joie. La mélancolie, c'est le bonheur d'être triste.

Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer

mercredi 28 octobre 2015

Post hoc, ergo propter hoc (latin pour à la suite de cela, donc à cause de cela) est un sophisme qui consiste à prendre pour la cause ce qui n'est qu'un antécédent, c'est prétendre que si un évènement suit un autre alors le premier doit être la cause du second. La locution est souvent simplifiée en post hoc comme dans « raisonnement post hoc ».

Ce sophisme est une erreur particulièrement attirante parce que la séquence temporelle apparaît inhérente à la causalité. L'erreur est de conclure en se basant seulement sur l'ordre des événements, plutôt que de tenir compte d'autres facteurs qui pourraient exclure la relation. Les idées reçues, les croyances, les superstitions et la pensée magique résultent souvent de cette erreur. 

Locution latine (source wikipedia.org)

mardi 27 octobre 2015

Regretter un peu moins, espérer un peu moins, aimer un peu plus.

André Comte-Sponville

lundi 26 octobre 2015

"J'ai détesté ce film.
- Pourtant le public l'a adoré !
- Il est bien le seul !"

Mot d'esprit de Jean Cocteau

vendredi 23 octobre 2015

Parmi les patients que j’ai suivi qui étaient mortellement atteints, à brève échéance, j’ai distingué deux catégories : il y a d’une part ceux qui ne veulent pas mourir, et d’autre part ceux qui veulent continuer à vivre.

Entretien avec Michel de M'Uzan par Dominique Cupa, Le Carnet/Psy n° 127, 2008

jeudi 22 octobre 2015

Le changement est toujours agréable.

Euripide, Oreste

mercredi 21 octobre 2015

J'ai suggéré que pour élucider les tensions du groupe il était aidant de supposer l'existence d'une mentalité groupale. J'utilise ce terme pour décrire ce que je crois être l'expression unanime du choix du groupe, auxquels les individus contribuent de façon anonyme. Je pense que ce phénomène, dans la vie mentale du groupe, pose des difficultés à l'individu dans la poursuite de ses aspirations. [...] La culture groupale, un terme que j'utilise pour décrire les aspects du comportement de groupe qui semblent provenir du conflit entre la mentalité groupale et les désirs des individus.

Wilfred R. Bion, Recherches sur les petits groupes

mardi 20 octobre 2015

Nous connaissons le stade au cours duquel règne, chez l'enfant, la conception que les autres connaissent ses pensées. Les parents savent tout, même ce qu'il y a de plus secret. [...] La lutte pour le droit de posséder des secrets à l'insu des parents est un des facteurs les plus puissants de la formation du moi.

Victor Tausk, De la genèse de l'appareil à influencer au cours de la schizophrénie

lundi 19 octobre 2015

Les problèmes ne doivent pas dicter nos actions, nous devons nous en sortir.

Quels sont vos conseils pour les résoudre ?

Il convient de prendre pleinement possession de son corps. Pour ce faire, il faut comprendre que l'on ne doit pas avoir peur de souffrir. Cette peur nous renferme sur nous-mêmes, elle nous immobilise.

Entretien avec Sadhguru, www.lepoint.fr

vendredi 16 octobre 2015

On ne demande pas au patient de dire ce qu’il ne veut pas dire, contrairement à une certaine image qui confond la psychanalyse et le confessionnal. Ce n’est pas ça du tout. Lorsqu’un patient dit : “Je ne sais pas ce que je vais vous dire”, l’analyse alors peut commencer.

Entretien avec Jacques André, inrocks.com, 22 septembre 2015

jeudi 15 octobre 2015

Une génération d'analystes est apparemment persuadée, dans sa plus grande part, qu'elle n'a rien à apprendre du passé - paradoxe amusant dans ce domaine - mais que c'est le présent qui a des leçons à donner au passé.

Marie Moscovici, L'ombre de l'objet : sur l'inactualité de la psychanalyse

mercredi 14 octobre 2015

Nous savons que nous sommes mortels et pourtant nous ne renonçons pas à vivre. Il ne faut donc pas renoncer à penser, bien que nous sachions que nous n'atteindrons jamais la vérité.

Edgar Morin

mardi 13 octobre 2015

Il existe un autre besoin psychique commun aux névrosés obsessionnels qui a une certaine parenté avec celui que nous venons d'évoquer et dont l'étude nous conduit dans les profondeurs de la recherche sur les pulsions : le besoin d'incertitude dans la vie ou le besoin du doute.

Sigmund Freud, L'homme aux rats : un cas de névrose obsessionnelle

lundi 12 octobre 2015

Un pauvre chinois suscitait la jalousie des plus riches du pays parce qu’il possédait un cheval blanc extraordinaire. Chaque fois qu’on lui proposait une fortune pour l’animal, le vieillard répondait :
- « Ce cheval est beaucoup plus qu’un animal pour moi, c’est un ami, je ne peux pas le vendre. »

Un jour, le cheval disparut. Les voisins rassemblés devant l’étable vide donnèrent leur opinion :

- « Pauvre idiot, il était prévisible qu’on te volerait cette bête. Pourquoi ne l’as-tu pas vendue ? Quel Malheur ! »

Le paysan se montra plus circonspect :

- « N’exagérons rien dit-il. Disons que le cheval ne se trouve plus dans l’étable. C’est un fait. Tout le reste n’est qu’une appréciation de votre part. Comment savoir si c’est un bonheur ou un malheur ? Nous ne connaissons qu’un fragment de l’histoire. Qui sait ce qu’il adviendra ? »

Les gens se moquèrent du vieil homme. Ils le considéraient depuis longtemps comme un simple d’esprit. Quinze jours plus tard, le cheval blanc revint. Il n’avait pas été volé, il s’était tout simplement mis au vert et ramenait une douzaine de chevaux sauvages de son escapade. Les villageois s’attroupèrent de nouveau :

- « Tu avais raison, ce n’était pas un malheur mais une bénédiction. »

- « Je n’irais pas jusque là, fit le paysan. Contentons-nous de dire que le cheval blanc est revenu. Comment savoir si c’est une chance ou une malchance ? Ce n’est qu’un épisode. Peut-on connaître le contenu d’un livre en ne lisant qu’une phrase ? »

Les villageois se dispersèrent, convaincus que le vieil homme déraisonnait. Recevoir douze beaux chevaux était indubitablement un cadeau du ciel, qui pouvait le nier ?

Le fils du paysan entreprit le dressage des chevaux sauvages. L’un d’eux le jeta à terre et le piétina. Les villageois vinrent une fois de plus donner leur avis :

- Pauvre ami ! Tu avais raison, ces chevaux sauvages ne t’ont pas porté chance. Voici que ton fils unique est estropié. Qui donc t’aidera dans tes vieux jours ? Tu es vraiment à plaindre. »

- « Voyons, rétorqua le paysan, n’allez pas si vite. Mon fils a perdu l’usage de ses jambes, c’est tout. Qui dira ce que cela nous aura apporté ? La vie se présente par petits bouts, nul ne peut prédire l’avenir. »

Quelque temps plus tard, la guerre éclata et tous les jeunes gens du village furent enrôlés dans l’armée, sauf l’invalide.

- « Vieil homme, se lamentèrent les villageois, tu avais raison, ton fils ne peut plus marcher, mais il reste auprès de toi tandis que nos fils vont se faire tuer.  »

« Je vous en prie, » répondit le paysan, « ne jugez pas hâtivement. Vos jeunes sont enrôlés dans l’armée, le mien reste à la maison, c’est tout ce que nous puissions dire. Dieu seul sait si c’est un bien ou un mal. »

Sagesse chinoise

mercredi 7 octobre 2015

«"J'ai fait cela", dit ma mémoire, "je n'ai pas pu faire cela" - dit ma fierté qui reste inflexible. Finalement - la mémoire cède.»

Friedrich Nietzsche, Par-delà le bien et le mal

mardi 6 octobre 2015

Tout le monde savait que c'était impossible. Il est arrivé un jour un imbécile qui ne le savait pas et qui l'a fait.

Marcel Pagnol

lundi 5 octobre 2015

Je voudrais dire que je ne crois pas que nos succès thérapeutiques puissent concurrencer ceux de Lourdes. Il y a tellement plus de gens qui croient aux miracles de la Sainte Vierge qu'à l'existence de l'inconscient.

Sigmund Freud, Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse

vendredi 2 octobre 2015

On ne naît pas homme, on le devient.

Philippe Sollers, Portraits de femmes

jeudi 1 octobre 2015

L'évaluation de l'organisation psychique ne peut s'effectuer qu'au travers d'un instrument qui lui est quasi homologue : une autre psyché. La méthode psychanalytique évolue donc dans un champ extrêmement complexe, dont les paramètres peuvent se laisser définir, mais dont le fonctionnement est constamment en mouvement.

Florence Guignard, Quelle psychanalyse pour le XXIe siècle ?

mercredi 30 septembre 2015

C'est chose tendre que la vie, et aisée à troubler.

Montaigne, Les Essais, III, 9

mardi 29 septembre 2015

L'acceptation de la réalité est une tâche sans fin, et que nul être humain ne parvient à se libérer de la tension suscitée par la réalité du dedans et la réalité du dehors ; nous supposons ainsi que cette tension peut être soulagée par l'existence d'une aire intermédiaire d'expérience, qui n'est pas contestée (art, religion, etc.).

Donald W. Winnicott, Objets transitionnels et phénomènes transitionnels

lundi 28 septembre 2015

Quitter la dictature de l'après.

Alexandre Jollien, Vivre sans pourquoi

vendredi 25 septembre 2015

L'homme est comme les saisons d'une âme, et l'âme est féminine.

Edmond Jabès

jeudi 24 septembre 2015

Si toute vie va inévitablement vers sa fin, nous devons durant la nôtre, la colorier avec nos couleurs d’amour et d'espoir.

Marc Chagall

mercredi 23 septembre 2015

Le succès thérapeutique n'est cependant pas la première chose que nous visons, nous voulons mettre le patient en position de saisir consciemment ses mouvements de désirs inconscients. Nous atteignons cet objectif quand, sur la base des indications qu'il nous donne et à l'aide de notre art de l'interprétation, nous portons à sa connaissance avec nos mots son complexe inconscient. Le fragment de similitude entre ce que le patient a entendu de nous et ce qu'il cherche - qui fait son chemin jusqu'à la conscience malgré toutes les résistances - le met en position de trouver l'inconscient. Le médecin le devance un peu dans la compréhension de ces choses, le patient le suit par ses propres voies jusqu'à ce qu'ils se rencontrent au but défini. Les novices en psychanalyse confondent couramment ces deux moments et considèrent celui où un complexe inconscient de patient leur devient connu comme étant également le moment où le patient en prend conscience. Ils espèrent trop quand ils veulent soigner le malade en lui divulguant cette connaissance, alors qu'il ne peut utiliser la connaissance qui lui a été communiquée que pour découvrir à l'aide de celle-ci le complexe inconscient là où il est ancré dans l'inconscient.

Sigmund Freud, Le petit Hans

mardi 22 septembre 2015

Il n'y aura jamais assez d'heures pour venir à bout de la mémoire.

Edmond Jabès

lundi 21 septembre 2015

Dans ma jeunesse, je n'ai pas été jeune, et maintenant, alors que l'âge mûr commence, je n'arrive pas à vieillir.

Sigmund Freud, Lettre à Martha Bernays du 2 février 1886

vendredi 18 septembre 2015

Alors que sommes-nous vraiment ? La réponse est fort simple : nous sommes ce qui, en nous, ne vieillit jamais. La capacité d'aimer, de contempler, de savourer, de donner, de créer, d'apprendre, de transmettre...

Serge Marquis, On est foutu, on pense trop

jeudi 17 septembre 2015

L'avantage d'être intelligent, c'est que l'on peut toujours faire l'imbécile, alors que l'inverse est totalement impossible.

Albert Einstein

mercredi 16 septembre 2015

Il faut découvrir en nous ce qui ne vieillit jamais.

Marie de Hennezel, La chaleur du coeur empêche nos corps de rouiller

lundi 14 septembre 2015

Un développement sain requiert, de façon essentielle, une certaine concentration, un doute concernant le self, le besoin de périodes de recueillement en soi-même, et une disposition à des phases provisoires de désespoir.

Donald W. Winnicott, La nature humaine

vendredi 11 septembre 2015

J'ai proposé que l'analyse transitionnelle soit l'exercice d'une pratique psychanalytique établissant les conditions nécessaires au travail de la pensée dans l'élaboration du vécu de l'expérience de rupture entre deux états.

René Kaës, Crise, rupture et dépassement

jeudi 10 septembre 2015

Chaque névrose repose sur les bases suivantes :

1° Le conflit est inconscient et répétitif.
2° Le résultat final du conflit infantile dans la névrose est toujours oral-masochique.
3° Chaque névrose représente une tentative de refuge contre le danger oral.
4° Chaque symptôme névrotique a une structure à trois couches : seule la défense secondaire contre le désir refoulé est visible.
5° Toute agressivité névrotique n'est qu'une pseudo-agressivité.
6° C'est la différenciation entre l'identification inconsciente de base et celles qui sont trompeuses qui donne la caractéristique de la névrose.
7° Dans chaque névrose la peur est prédominante.
8° Chaque névrose est réglée par le mécanisme de l'acceptation de la culpabilité pour « un crime moindre ».
9° La névrose est une maladie progressive, et non une maladie pouvant se fixer.

Edmund Bergler, La névrose de base

mardi 8 septembre 2015

Is fecit cui prodest.

Le criminel est celui à qui le crime profite.

Citation latine

lundi 7 septembre 2015

"On vous accuse d'être narcissique et égocentrique.
- Pas du tout. Si je devais m'identifier à une figure mythologique, ça ne serait pas Narcisse.
- Laquelle serait-ce ?
- Zeus !"

Woody Allen, Stardust Memories

vendredi 4 septembre 2015

Ce qui a été étouffé dans l'enfance devient généralement un cri à l'adolescence.

Luis Kancyper, Volviendo a pensar con Willy y Madeleine Baranger

jeudi 3 septembre 2015

Les mathématiques jouissent de la plus haute réputation pour faire diversion à la sexualité ; déjà J.-J. Rousseau avait dû recevoir d'une dame qui n'était pas satisfaite de lui ce conseil : Lascia le donne et studia le matematiche. Et c'est ainsi que notre fuyard se jeta avec une ardeur toute particulière dans les mathématiques et la géométrie du programme scolaire, jusqu'au jour où sa faculté de compréhension se trouve soudain paralysée devant quelques innocents exercices. Il fut encore possible d'établir l'énoncé de deux de ces problèmes : "Deux corps se heurtent, l'un à la vitesse de...", etc. Et : "Inscrire dans un cylindre dont la surface a un diamètre m un cône...", etc. Devant ces allusions à la vie sexuelle, certes peu évidentes pour tout autre, il se sentit trahi par les mathématiques aussi, et prit également la fuite devant elles.

Sigmund Freud, Le délire et les rêve dans la Gradiva de Jensen

mercredi 2 septembre 2015

Nous aurons beau nous écrier: “plus jamais ça!” Les faits ne cesseront de nous démentir, de montrer la vanité de nos cris. Les faits sont toujours les plus forts. La violence est souveraine. Partout, dehors, visible, étalée, au grand jour. Partout, dedans, cachée, tapie dans l'ombre d'où elle est prête à surgir. La passion meurtrière, qu'elle soit collective ou individuelle, la rage de détruire, l'amour de la haine ne connaissent pas de limites.

J.-B. Pontalis, Un jour, le crime

mardi 1 septembre 2015

L'oiseau matinal attrape le ver mais la deuxième souris a droit au fromage.

Proverbe anglais

lundi 31 août 2015

Le travail du rêve ne révèle pas d’autres activité que les quatre que nous venons de mentionner. Si nous nous tenons à notre définition qui désigne par « travail du rêve » le passage des pensées du rêve dans le contenu du rêve, nous devons dire que le travail du rêve n’est pas créateur, qu’il ne développe pas de fantaisie qui lui soit particulière ; il ne porte pas de jugement, n’apporte pas de conclusion, il ne fait absolument rien d’autre que condenser le matériel, le déplacer, le remanier dans le sens de la visualisation, à quoi s’ajoute enfin le petit apport variable d’un traitement interprétatif.

Sigmund Freud, Sur le rêve

vendredi 28 août 2015

Tout homme a besoin de ce que sont les autres pour savoir qui il est.

Jean-Claude Lavie

jeudi 27 août 2015

Dans toutes les larmes s'attarde un espoir.

Simone de Beauvoir, Les mandarins

mercredi 26 août 2015

Je revendique pour tout un chacun non le refuge dans l'ininterprétable mais un territoire, aux frontières mouvantes, de l'ininterprété.

J.-B. Pontalis, L'amour des commencements

mardi 25 août 2015

Il m’est facile d’attirer l’attention des étudiants sur 9 caractéristiques et fonctions de l’objet que j’ai tirées des propositions de René Roussillon, soit :

  1. la consistance,
  2. l’indestructibilité,
  3. la transformation de la quantité en qualité,
  4. la grande sensibilité,
  5. la transformabilité,
  6. la disponibilité conditionnelle et inconditionnelle,
  7. la capacité d’être vivant,
  8. la capacité d’être fidèle - auxquelles j’ajoute
  9. la capacité d’être objet pour symboliser.

Louis Brunet, À propos de quelques apports de René Roussillon vus de Montréal, www.carnetpsy.com

lundi 24 août 2015

Le psy est papivore. Livres et revues sont souvent chez lui l'objet d'un culte qui confine parfois au fétichisme. Les biographes et les historiens ne s'y trompent pas : suivre la trace des publications essentielles qui ont marqué une vie, une époque est toujours une piste féconde. Dans une psychopathologie du quotidien plus banale, combien d'entre nous peinent à l'occasion de chaque départ en vacances à porter le poids de leur névrose bibliophilique. Et que dire des agissements de certains dans les librairies spécialisées ou, pire encore, lors des pauses des congrès : ces comportements ne flirtent-t-ils pas avec le tableau de l'achat compulsif ? Mais le plus pathétique pour illustrer l'ampleur de cette dépendance, c'est sans doute le spectacle de l'un des nôtres métamorphosé en ermite au fin fond d'une retraite dorée dédiée à l'écriture du grand oeuvre. réalisant subitement qu'il lui manque justement LE livre absolument nécessaire ici et maintenant.

Sylvain Missonnier, Le Carnet/Psy n° 126, 2008

vendredi 31 juillet 2015

« Un psychanalyste apathique, c’est un psy qui somnole ?
Non, c’est quelqu’un qui ne se laisse pas prendre par le pathos.
Il est indifférent – bravo !
Il est engagé, au contraire, mais lui ne se laisse pas faire par les bons sentiments.
Qui se laisse faire ?
Les psychanalystes empathiques. Ce que ne sont pas les apathiques.
Je vois. C’est mal, d’être empathique.
Quand cela permet d’en finir avec toute visée scientifique. L’inconvenance et le mordant de la découverte freudienne sont menacés par une conception anglo-saxonne molle du postmoderne.
C’est grave d’être un patient postmoderne ?
Cela veut dire que l’on a un psychanalyste postmoderne. Il s’occupera de votre identité ; il s’occupera des traumas de votre « environnement précoce » (langue de bois pour parler de l’enfance) ; il s’occupera de votre unité. Mais que fera-t-il du scandale psychique qui vous fait vivre, et va du sexuel à la création ? »

Laurence Kahn, Le Psychanalyste apathique et le patient postmoderne

jeudi 30 juillet 2015

Les plus grandes difficultés résident là où nous ne les cherchons pas.

Johann Wolfgang von Goethe

mercredi 29 juillet 2015

Une lettre à l'enfant que j'étais

On a tous un rendez-vous
Un destin à l’identique
Un soleil entre chien et loups
Pour nous donner la réplique

Au bout d’une ligne de fuite
Ou plus rien ne sert de mentir
Avant que la nuit ne s’invite
Ce soir j’ai envie d’écrire

Une lettre à l’enfant que j’étais
Ou simplement je lui dirais
Sache reconnaitre l’amour à temps
Tu ne le croiseras pas souvent

Une lettre à l’enfant que j’étais
Ou noir sur blanc je lui dirais
Choisis tes rêves avec précaution
Tu sais ils se réaliseront

La nuit se déchire à Paris
Le quartier de la trinité renait lentement à la vie
Efface les ombres de passé
Ici le ciel s’obscurcit
En conclusion pour tout dire
Sans faut semblant, sans raccourcis
Ce soir j’ai envie d’écrire

Une lettre à l’enfant que j’étais
Ou simplement je lui dirais
Sache reconnaitre l’amour à temps
Tu ne le croiseras pas souvent

Une lettre à l’enfant que j’étais
Ou noir sur blanc je lui dirais
Dans tout ce que tu feras sois vrai
Reste fidèle à qui tu es

Ceci est ton histoire
Ceci est notre histoire
Libre à toi de la croire

Une lettre à l’enfant que j’étais
Ou simplement je lui dirais
Ne négocie pas ta dignité
Tu ne pourras la racheter

Une lettre à l’enfant que j’étais
Ou noir sur blanc je lui dirais
Dans tout ce que tu feras sois vrai
Reste fidèle à qui tu es

Johnny Hallyday, paroles de Pierre Jouishomme, Francis White et Maxime Nucci (Yodelice), album "Rester vivant"

mardi 28 juillet 2015

Les quatre vertus cardinales selon Saint Thomas d'Aquin :

- prudentia : avoir le sens de ce qui est possible

- justitia : avoir le sens de ce qui est bon

- fortitudo : avoir le sens du tout

- temperentia : avoir le sens des limites

Saint Thomas d'Aquin

lundi 27 juillet 2015

Aujourd'hui personne ne peut être un analyste classique.

André Green, Comprendre la dissidence et la controverse dans l'histoire de la psychanalyse

mercredi 22 juillet 2015

Ce qu'il y a de plus élevé et ce qu'il y a de plus bas sont toujours intimement liés l'un à l'autre dans la sexualité.

Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle

mardi 21 juillet 2015

Il est bien connu que ce que nous nommons le hasard dans le monde extérieur se ramène à des lois ; ce que nous nommons l'arbitraire dans la vie psychique repose sur des lois, même si pour l'instant nous ne les pressentons qu'obscurément.

Sigmund Freud, Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen

jeudi 16 juillet 2015

J'entends par "Moi" un complexe de représentations qui forme, pour moi-même, le centre de mon champ de conscience et me paraît posséder un haut degré de continuité et d'identité avec lui-même. C'est pourquoi je parle aussi de complexe du Moi.

Carl Gustav Jung, Les types psychologiques

mercredi 15 juillet 2015

Tout comme le soin en général, mais de manière plus singulière et exemplaire encore à nos yeux, le soin psychanalytique n’est pas seulement soin de l’autre ou (de la part de celui qui s’y prête) soin de soi, en un sens que l’on suppose étroitement « psychologique ». Il est soin de toutes les dimensions relationnelles de soi et d’autrui, il est aussi soin des principes moraux et soin du monde, naturel et culturel, qui, comme l’a montré Winnicott, ne précède pas les relations psychiques entre les hommes, mais au contraire, en surgit.

Frédéric Worms, Ce que l'éthique apprend de la psychanalyse

lundi 13 juillet 2015

Dans la vie, il y a les clés et les bouchons. Tu jettes une clé et un bouchon dans un seau d'eau. Il n'y a pas d'exemple qu'une clé soit remontée à la surface. Il n'y a pas d'exemple qu'un bouchon soit resté au fond.

Marcel Pagnol

vendredi 10 juillet 2015

Indestructible

Dans les antichambres obscures
On se retourne vers l'enfance
Pour y traquer les blessures
Les raisons de nos souffrances

On devine derrière le mur
La beauté d'un ciel immense
Le pardon d'après l'offense
Et la vie paraît moins dure

Indestructible, on est indestructible
Indestructible, tout nous paraît possible

On déambule en silence
Dans les couloirs de la peur
On se joue l'indifférence
Dans les rues de la douleur

On continue notre errance
Entre le bien et le mal
Entre l'eau pure et l'eau sale
Mais toujours avec élégance

Indestructible, on est indestructible
Indestructible, une âme inamovible

Une symphonie de malheur
Un opéra de lassitude
J'voudrais partir avant l'heure mais l'attitude
Ca m'fait bien trop peur
Indestructible, on est indestructible
Indestructible, un parfait cœur de cible

Une existence à rêver
D'une éternité d'avance
Puis la mort à tutoyer
Comme une vieille connaissance

Indestructible, on est indestructible
Indestructible, mais beaucoup trop sensible
Indestructible, une âme inamovible
Indestructible, un parfait cœur de cible
Indestructible, tout nous paraît possible
Indestructible, tout nous paraît possible

Véronique Sanson, Paroles de Bernard Swell, Album "Indestructible"

mercredi 8 juillet 2015

La séquence est simple ; le patient était malade. On le soigne. Il va mieux. Son moi se renforce. Alors il s’attriste. Nous pouvons l’accompagner ; l’écouter ; lui prêter un mouchoir ; mais non pas le faire taire.

Paul-Claude Racamier, Le génie des origines

mardi 7 juillet 2015

Tout traitement psychanalytique est une tentative pour libérer de l'amour refoulé qui avait trouvé dans un symptôme une piètre issue de compromis.

Sigmund Freud, Le délire et les rêves dans la Gradiva de W. Jensen

lundi 6 juillet 2015

Vouloir guérir les hommes qui souffrent, apaiser leur douleur, non les réparer mais les consoler, c’est participer à une illusion créatrice qui permet de les maintenir debout. Être psychanalyste, c’est aussi accepter de restaurer la dignité humaine, en témoignant des blessures, en refusant l’indifférence et l’inaction.

Marie Rose Moro, La consolation. Mots pour maux

mercredi 24 juin 2015

Chacun doit trouver sa solution.

Woody Allen, Maris et femmes

lundi 22 juin 2015

La vie telle qu’elle nous est imposée est trop dure pour nous, elle nous apporte trop de douleurs, de déceptions, de tâches insolubles. Pour la supporter nous ne pouvons pas nous passer de sédatifs.

Sigmund Freud, Malaise dans la culture

jeudi 18 juin 2015

On dit beaucoup que le pacte psychanalytique entre l’analyste et le patient est un contrat léonin — c'est-à-dire inégal entre les deux parties. C'est vrai.

Interview avec André Green, Le magazine littéraire, 1992

mercredi 17 juin 2015

Ce qui nous fait souffrir c'est le manque de contact avec les différents niveaux de nous-mêmes.

René Roussillon, Le travail technique, conférence présentée à l'hôpital Jean-Talon, Québec, avril 1994

mardi 16 juin 2015

Seules les traces font rêver.

René Char, La parole en archipel

lundi 15 juin 2015

Nous avons vu plus haut, par exemple, que le transfert ne peut être simplement pensé comme transfert paternel ou maternel mais qu'il est les deux à la fois et qu'il concerne en fait le mode de relation des deux personnages de l'histoire infantile du sujet, qu'il est transfert d'un mode relationnel, et en plus évalué à l'aulne de sa place dans le processus de symbolisation et de subjectivation.

René Roussillon, Manuel de pratique clinique

vendredi 12 juin 2015

Le nourrisson traduit son état d'être vivant et créatif à travers le geste spontané qui prend sa source dans les pulsions de vie. La mère suffisamment bonne s'adapte au geste spontané pour favoriser la santé psychique et les processus de maturation.

Madeleine Davis et David Wallbridge, Winnicott : introduction à son oeuvre

mercredi 10 juin 2015

Il faut peut-être voir une conséquence de mes recherches psychanalytiques dans le fait que je suis devenu presque incapable de mentir.

Sigmund Freud, Psychopathologie de la vie quotidienne

mardi 9 juin 2015

On parle en psychanalyse de conflit lorsque, dans le sujet, s'opposent des exigences internes contraires. Le conflit peut être manifeste (entre un désir et une exigence morale par exemple, ou entre deux sentiments contradictoires) ou latent, ce dernier pouvant s'exprimer de façon déformée dans le conflit manifeste et se traduire notamment par la formation de symptômes, des désordres de la conduite, des troubles du caractère, etc. La psychanalyse considère le conflit comme constitutif de l'être humain et ceci dans diverses perspectives : conflit entre le désir et la défense, conflit entre les différents systèmes ou instances, conflits entre les pulsions, conflit œdipien enfin où non seulement se confrontent des désirs contraires, mais où ceux-ci s'affrontent à l'interdit.

Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse

lundi 8 juin 2015

Nous sommes habitués à ce que tout besoin pratique se crée l’idéologie qui lui correspond.

Sigmund Freud, La question de l'analyse profane

mardi 2 juin 2015

La recherche psychanalytique s'oppose avec la plus grande fermeté à la tentative de séparer les homosexuels en tant que groupe spécifique des autres êtres humains.

Sigmund Freud, Trois essais sur la théorie sexuelle

lundi 1 juin 2015

La rencontre de la réussite passe souvent par la réussite d'une rencontre.

Anonyme

mercredi 20 mai 2015

Créer une œuvre, c'est reconstituer en soi, à l'occasion de la création, l'objet aimé, détruit, perdu.

Didier Anzieu, Julien Gracq. Les figures de la position dépressive et le procès de la symbolisation

mardi 19 mai 2015

Idéal du Moi

Terme employé par Freud dans le cadre de sa deuxième théorie de l'appareil psychique : instance de la personnalité résultant de la convergence du narcissisme (idéalisation du moi) et des identifications aux parents, à leurs substituts et aux idéaux collectifs. En tant qu'instance différenciée, l'idéal du moi constitue un modèle auquel le sujet cherche à se conformer.

Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse

lundi 18 mai 2015

Das menschliche Leben zerfällt in zwei Hälften, in der ersten wünscht man sich die zweite herbei, und in der zweiten wünscht man sich die erste zurück.

La vie humaine se divise en deux moitiés : dans la première, on souhaite que la seconde vienne ; et dans la seconde, on souhaite que la première revienne.

Kuno Fischer

vendredi 15 mai 2015

Que puis-je savoir ?
Que dois-je faire ?
Que m'est-il permis d'espérer ?

Emmanuel Kant, Critique de la raison pure

jeudi 14 mai 2015

« Les faits psychiques ont un sens » écrivait Freud dans un de ses plus anciens ouvrages. Cela voulait dire qu'aucune conduite n'est, dans l'homme, le simple résultat de quelque mécanisme corporel, qu'il n'y a pas, dans le comportement, un centre spirituel et une périphérie d'automatisme, et que tous nos gestes participent à leur manière à cette unique activité d'explicitation et de signification qui est nous-mêmes. Au moins autant qu'à réduire les superstructures à des infrastructures instinctives, Freud s'efforce à montrer qu'il n'y a pas d'« inférieur » ni de « bas » dans la vie humaine. On ne saurait donc être plus loin d'une explication « par le bas ». Au moins autant qu'il explique la conduite par une fatalité héritée de l'enfance, Freud montre dans l'enfance une vie adulte prématurée, et par exemple dans les conduites sphinctériennes de l'enfant un premier choix de ses rapports de générosité ou d'avarice avec autrui. Au moins autant qu'il explique le psychologique par le corps, il montre la signification psychologique du corps, sa logique secrète ou latente. [...] Avec la psychanalyse, l'esprit passe dans le corps comme inversement le corps passe dans l'esprit.

Maurice Merleau-Ponty, Signes

mercredi 13 mai 2015

Le transfert est une image d'Épinal où le psychanalyste cherche des personnages cachés.

Didier Anzieu, Mon A.B.C.daire

mardi 12 mai 2015

Ce qui ressort en effet à l'évidence de son [Winnicott] livre Jeu et réalité, ce qui ne cesse de s'y dire, sous une forme qui prend parfois le risque de la naïveté, c'est qu'il ne suffit pas de ne pas souffrir de symptômes, d'avoir des relations sexuelles satisfaisantes, de rêver la nuit et d'être actif le jour pour se sentir être et vivre.

J.-B. Pontalis, Perdre de vue

lundi 11 mai 2015

Nous savons depuis longtemps que nous devons nous attendre également aux mêmes complexes et aux même conflits chez tous les gens sains et normaux. Nous nous sommes même habitués à supposer chez tout homme civilisé une certaine dose de refoulement des motions perverses, d'érotisme anal, homosexualité et autres, ainsi qu'une part de complexe paternel et maternel, et d'autres complexes encore, tout comme l'analyse élémentaire d'un corps organique nous pouvons déceler en toute certitude les éléments : carbone, oxygène, hydrogène, azote et un peu de soufre. Ce qui distingue les uns des autres les corps organiques, c'est la proportion quantitative de ces éléments et la constitution des liaisons qu'ils établissent entre eux. Ce dont il s'agit chez les normaux et les névrosés, ce n'est donc pas l'existence de ces complexes et conflits, mais la question de savoir si ceux-ci sont devenus pathogènes, et en ce cas quels mécanismes ils ont mis en oeuvre.

Sigmund Freud, Résultats, idées, problèmes T. I

mardi 5 mai 2015

Peut-être est-ce le néant qui est le vrai et tout notre rêve est-il inexistant, mais alors nous sentons qu’il faudra que ces phrases musicales, ces notions qui existent par rapport à lui, ne soient rien non plus. Nous périrons, mais nous avons pour otages ces captives divines qui suivront notre chance. Et la mort avec elles a quelque chose de moins amer, de moins inglorieux, peut-être de moins probable.

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu

lundi 4 mai 2015

Il faut habiter longtemps ce que conte le conteur avant d'y entendre vraiment quelque chose. Ne vous souciez pas d'interprétation. Celui qui cherche à expliquer le conte avec ses idées, c'est le dernier des cuistres, le saboteur de la relation humaine.

Maurice Bellet, L'écoute

mercredi 29 avril 2015

Mais qui peut prédire le succès et l’issue ?

Sigmund Freud, Malaise dans la civilisation

lundi 27 avril 2015

C'est inouï ce qu'on fait avec le temps quand on a la patience de l'attendre et de ne pas se presser.

Lacordaire

mercredi 22 avril 2015

Le commencement est plus que la moitié du tout.

Aristote

mardi 21 avril 2015

Inflation

Expansion de la personnalité au-delà de ses propres limites par identification avec un archétype ou avec la personna et dans les cas pathologiques, avec une personnalité historique ou religieuse. L'inflation a pour image la grenouille qui veut devenir boeuf. Un sens exagéré de l'importance personnelle se développe ; il est ordinairement compensé par un sentiment d'infériorité.

Carl Gustav Jung, Ma vie, souvenirs, rêves, pensées

lundi 20 avril 2015

L'archer a un point commun avec l'homme de bien : quand sa flèche n'atteint pas le centre de la cible, il en cherche la cause en lui-même.

Confucius

mercredi 15 avril 2015

Tout esprit est comme un monde à part se satisfaisant lui-même.

Leibniz

mardi 14 avril 2015

Tant que la vie continue, rien n'est jamais foutu

Alain Chamfort, Argentine

lundi 13 avril 2015

L'expérience nous a appris que les processus psychiques inconscients sont en soi "intemporels". Cela signifie d'abord qu'ils ne sont pas ordonnés temporellement, que le temps ne les modifie en rien et que la représentation du temps ne peut leur être appliquée. Ce sont là des caractères négatifs dont on ne peut se faire une idée claire que par comparaison avec les processus psychiques conscients. C'est bien plutôt du mode de travail du système Pc-Cs que notre représentation abstraite du temps semble entièrement dériver : elle correspondrait à une autoperception de ce mode de travail. Dans ce mode de fonctionnement du système (Pc-Cs) on pourrait trouver un autre mode de pare-excitations.

Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir

vendredi 10 avril 2015

L'enfer, c'est l'absence des autres.

Denis de Rougemont

mercredi 8 avril 2015

Une journée, une vie.

Koan Zen

mardi 7 avril 2015

Que l'homme essaie toute sa vie, et sa vie est remplie.

Alexandre Dumas

vendredi 3 avril 2015

... ce qui est demeuré incompris fait retour ; telle une âme en peine, il n'a pas de repos jusqu'à ce que soient trouvées résolution et délivrance.

Sigmund Freud, Le petit Hans. Analyse de la phobie d'un garçon de cinq ans

jeudi 2 avril 2015

L'ordre symbolique est d'autant plus efficace qu'il a atteint un haut degré d'improbabilité.

Michel Fain, Prélude à la vie fantasmatique

mercredi 1 avril 2015

Si vous voulez savoir comment quelque chose fonctionne, essayez de la changer.

Kurt Lewin

mardi 31 mars 2015

La sexualité, et l’analyse entendue comme interprétation du conflit psychique lié à la sexualité infantile, ne peut qu’être hors de propos et sans signification quand on n’est pas assuré de sa propre existence, de sa survie et de son identité.

Margaret I. Little, Des états limites

lundi 30 mars 2015

Tu ne sais jamais à quel point tu es fort jusqu'au jour où être fort reste la seule option.

Bob Marley

vendredi 27 mars 2015

Il y a quelque chose de plus fort que la mort. C'est la présence des absents dans la mémoire des vivants.

Jean d'Ormesson

jeudi 26 mars 2015

Tous les désirs, motions pulsionnelles, manières de réagir, points de vue de l'enfant sont encore présents de façon probante chez l'homme mûr et peuvent réapparaître dans des conditions appropriées.

Sigmund Freud, L'intérêt de la psychanalyse

mercredi 25 mars 2015

Le vouloir ne peut rien sur ce qui est derrière lui.

Friedrich Nietzsche

mardi 24 mars 2015

Il n'est plus aussi sûr aujourd'hui que l'anatomie soit, ou soit à elle seule, le destin : il y a bien une réalité sexuelle qui conditionne une certaine destinée, sexuelle, mais si forte et si décisive est l'influence de la réalité psychique, en l'occurrence, que du jeu s'introduit parfois au point de transformer le comportement sexuel, le vécu de la sexualité, voire l'identité sexuelle elle-même.

Christian David, La bisexualité psychique

lundi 23 mars 2015

Une honteuse peur de penser nous retient tous. Plus oppressante que la censure qu'exerce l'opinion publique sur les œuvres de notre esprit.

Sigmund Freud, Sur la préhistoire de la technique analytique

vendredi 20 mars 2015

L'expérience, ce n'est pas ce qui arrive à l'individu, c'est ce que l'individu fait de ce qui lui arrive.

Aldous Huxley

jeudi 19 mars 2015

Le travail analytique est, par lui-même, non pas la remémoration de quelque chose, mais un travail de la mémoire réactualisée, mémoire que j'ai appelée dans certains cas mémoire amnésique. Le patient répète, il ne sait pas qu'il répète quelque chose, ou, s'il le voit, il ne voit pas à quoi cela peut se référer de son histoire passée, etc. Alors qu'est-ce qu'il se remémore ? La question ne se pose plus dans ces termes. [...] Aujourd'hui on souligne que quelque chose se réactualise. Je ne crois pas qu'il y ait de remémoration pure, car, quand quelque chose revient du fond, ce qui remonte à la surface n'est jamais ce qui a été envoyé primitivement par le fond.

André Green, Associations (presque) libres d'un psychanalyste. Entretiens avec Maurice Corcos

mercredi 18 mars 2015

L'homme n'a pas le pouvoir de rester érigé. Il est voué à l'alternance incompréhensible et involontaire de la potentia et de l'impotentia. Il est tour à tour pénis et phallos (mentula et fascinus). C'est pourquoi le pouvoir est le problème masculin par excellence parce que c'est sa fragilité caractéristique et l'anxiété qui préoccupe toutes ses heures.

Pascal Quignard, Le Sexe et l'Effroi

mardi 17 mars 2015

Si le feu de l'intention ne les fait pas cuire, tes actions restent crues.

Al-Zamakhshari

lundi 16 mars 2015

S'il s'agit d'un névrosé le but de l'analyse - je tiens l'expression de Georges Favez - est double : opérer la satisfaction du désir là où elle est possible ; et le renoncement là où il est nécessaire.

Didier Anzieu, Une peau pour les pensées, entretiens avec Gilbert Tarrab

vendredi 13 mars 2015

Seule une personne de compréhension réduite désire arranger les choses en séries complètes. C'est l'incomplétude qui est désirable. Dans les palais d'autrefois, on laissait toujours un bâtiment inachevé, obligatoirement.

Yoshida No Kaneyoshi, Tsuredzure Gusa

jeudi 12 mars 2015

On appelle "humour" le processus psychique opérant dans le champ du Préconscient, étayé sur la dynamique interinstancielle et apparenté à un mécanisme de défense, consistant en une réévaluation inattendue des exigences de la réalité qui en renverse la tonalité affective pénible, offrant ainsi à un Moi triomphant ce gain de plaisir par lequel il affiche un narcissisme invulnérable.

Jean-Pierre Kamieniak, article "Humour" in Dictionnaire international de psychanalyse

mercredi 11 mars 2015

Si un individu réalise ou subit un changement dans les prémisses profondément enfouies dans son esprit, il s'apercevra que les résultats de ce changement se ramifieront dans l'ensemble de son univers.

Gregory Bateson, Vers une écologie de l'esprit

mardi 10 mars 2015

Le père apporte la complexité, c'est-à-dire la contradiction interne dans la micro-structure qui se crée : la famille.

Edgar Morin, Le paradigme perdu : la nature humaine

lundi 9 mars 2015

Le véritable lieu de naissance est celui où l'on a porté, pour la première fois, un coup d'œil intelligent sur soi-même.

Marguerite Yourcenar, Mémoires d’Hadrien

vendredi 6 mars 2015

(le matin)

A partir d'aujourd'hui chaque soir je passerai en revue la journée écoulée et je ferai un bilan très lucide sur ce que j'ai fait de bien et de pas bien.

(le soir)

Aujourd'hui j'ai fait quelque chose de vachement bien : j'ai décidé de faire un bilan très lucide de mes actions quotidiennes.

Philippe Geluck, Le quatrième chat

jeudi 5 mars 2015

Tout ce qui est simple est vraiment trop compliqué.

Orson Welles

mercredi 4 mars 2015

C'est toujours quand on prétend parler au nom de l'universel que l'on affirme le plus fortement sa subjectivité bornée.

Edgar Morin, Sociologie

mardi 3 mars 2015

Ce n'est qu'en étudiant le pathologique qu'on peut comprendre le normal.

Sigmund Freud, Traitement psychique (traitement d'âme)

lundi 2 mars 2015

Je voudrais mourir sans cesse tant j'ai de joie à retrouver la vie

Jacques Monory

vendredi 27 février 2015

A trop insister sur la capacité empathique de l'analyste à l'égard de son patient et notamment en vue d'engager le traitement, on négligerait volontiers ce qui revient ici à l'angoisse et à l'hostile comme nécessaire capacité d'étrangement du patient pour que l'analyse ait lieu.

Pierre Fédida, Le site de l'étranger

jeudi 26 février 2015

Dans le traitement analytique, il ne se passe rien d'autre qu'un échange de paroles entre l'analysé et le médecin.

Sigmund Freud, Conférences d’introduction à la psychanalyse

mercredi 25 février 2015

Si tu ne saisis pas le petit grain de folie chez quelqu'un, tu ne peux pas l'aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passes à côté. Le point de démence de quelqu'un, c'est la source de son charme.

Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie

mardi 24 février 2015

Laissez votre visage au soleil et vous ne verrez pas les ombres.

Helen Keller

lundi 23 février 2015

Une vie ne semble pas suffire à l'accomplissement d'une destinée [...]. Notre vie ne s'éclaire, cependant, qu'unie à celles qui la précèdent et à celles qui la suivent.

Julien Green, Varouna

vendredi 20 février 2015

Deux philosophes chinois réfléchissent près d'un bassin où nagent des poissons rouges. L'un dit :

- Comme ils sont heureux, ces poissons dans leur bassin ! Ils sont sereins.

Et l'autre :

- Comment pouvez-vous dire cela, vous n'êtes pas poisson !

- Et comment savez-vous que je ne suis pas poisson ? Vous n'êtes pas moi !

Sagesse chinoise

jeudi 19 février 2015

Celui qui se plaint d'avoir été déçu se sent en fait trahi. Et la première trahison - pas besoin d'aller chercher bien loin - c'est celle de la mère qui en aimait un autre ou portait son regard ailleurs.

J.-B. Pontalis, En marge des nuits

mercredi 18 février 2015

Qui s'assied au fond d'un puits pour contempler le ciel le trouvera petit.

Han Ya

mardi 17 février 2015

La vérité est le point d'équilibre de deux contradictions.

Proverbe chinois

lundi 16 février 2015

J'ai très souvent entendu mes malades m'objecter, quand je leur promettais un secours ou une amélioration par le procédé cathartique : "Mais vous dites vous-même que mon mal est en rapport avec les circonstances de ma vie, avec mon destin. Alors comment pourrez-vous m'aider ?" J'ai alors donné la réponse suivante : "Certes, il est hors de doute qu'il serait plus facile au destin qu'à moi même de vous débarrasser de vos maux, mais vous pourrez vous convaincre d'une chose, c'est que vous trouverez grand avantage, en cas de réussite, à transformer votre misère hystérique en malheur banal. Avec un psychisme redevenu sain vous serez capable de lutter contre ce dernier.

Sigmund Freud et Josef Breuer, Etudes sur l'hystérie

vendredi 13 février 2015

Ce qu'il y a de mieux, dans ce genre, n'est jamais qu'un jeu d'ombres.

William Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été

jeudi 12 février 2015

Le surmoi ne prononce pas d'injonctions, il ne dit pas: "Tu dois", mais : "Tu aurais dû" ou : "Tu n'aurais pas dû" (il vous tutoie toujours celui-là, ce détestable ennemi intime qui prétend être votre ami, vouloir votre bien). Il vient constater la faute après qu'elle a été commise. L'effort de l'obsessionnel pour faire que la faute, fût-ce la plus infime, n'ait pas été commise, pour que ça ne soit pas arrivé (l'annulation rétroactive), vise à contrecarrer la voix du surmoi. Elle ne parvient qu'à la renforcer, à en accentuer la férocité, une férocité parfois doucereuse.

J.-B. Pontalis, En marge des jours

mercredi 11 février 2015

A potiori fit denominatio.

 Les dénominations se tirent des parties principales.

Citation latine

mardi 10 février 2015

Post equitem sedet atra cura.

Le noir souci monte en croupe derrière le cavalier.

Horace, Odes, Livre III

lundi 9 février 2015

Alliance thérapeutique

Capacité de maintenir le contact avec la réalité de la situation thérapeutique et de prendre le risque de la régression dans le fantasme.

Ralph R. Greenson, Technique et pratique de la psychanalyse

vendredi 6 février 2015

L'état dans lequel le moi garde la libido auprès de lui-même, nous l'appelons narcissisme, en souvenir de la légende grecque de l'adolescent Narcisse, resté amoureux de sa propre image en miroir.
Nous attribuons donc à l'individu un progrès qui le fait passer du narcissisme à l'amour d'objet. Mais nous ne croyons pas que la libido du moi soit jamais transférée aux objets dans sa totalité. Une certaine quantité de libido demeure toujours auprès du moi, une certaine dose de narcissisme se perpétue en dépit d'un amour d'objet hautement développé. Le moi est un grand réservoir à partir duquel la libido destinée aux objets se répand, et vers lequel elle reflue à partir des objets. La libido d'objet a commencé par être libido du moi et elle peut se transmuer à nouveau en libido du moi. Il est essentiel à la plénitude de la santé d'un individu que sa libido ne perde pas la plénitude de sa mobilité. Pour concrétiser ce rapport, pensons à un animalcule protoplasmique dont la substance liquide consistante émet des pseudopodes, des excroissances dans lesquelles la substance corporelle se prolonge, mais qui peuvent être résorbées à tout moment, de sorte que la forme de la petite masse protoplasmique se reconstitue.

Sigmund Freud, Une difficulté de la psychanalyse

mercredi 4 février 2015

Je n'ai pas toujours été psychothérapeute.

Sigmund Freud, Etudes sur l'hystérie

mardi 3 février 2015

Il y a de l'invisible jusque dans la lumière.

Jean Jaurès, De la réalité du monde sensible

lundi 2 février 2015

Faux, le lieu commun affirmant qu'avoir pour analyste un homme ou une femme n'importe guère, n'a pas d'incidence sur le mode de transfert. Un homme en analyse avec un homme, une femme avec une femme, cela fait inévitablement surgir la question de l'homosexualité, cela la rend présente. R. allongé sur le divan, l'analyste homme derrière lui : passivité identifiée à la soumission homosexuelle. Il se pourrait que la relation de séduction réciproque mère-enfant soit transposée dans la relation père-fils, la première ayant une fonction prototypique au point que je ne puisse me représenter tout autre lien affectif que sur le modèle de celle-ci.

Un femme avec une analyste femme (par définition je n'en ai pas l'expérience directe, mais j'en ai quelque idée par les supervisions). Le lien si puissant entre mère et fille, si passionnel où amour et haine sont inextricablement mêlés, un lieu où je vois la matrice de toute passion, est nécessairement ravivé. La même femme en analyse avec un homme va chercher à se dégager de cette relation d'emprise mutuelle. Et alors il arrive que l'analyste, plutôt que de tenir l’emploi d'une figure paternelle (ce qu'il est convenu d'appeler la fonction du tiers) "fasse la mère", mais une mère qui se voudrait toute de bienveillante tendresse, non dangereuse, quasiment asexuée.

Difficulté pour l'analyste : avoir en même temps sa propre identité sexuelle, affirmée et une identité psychanalytique flottante, vacillante au point de pouvoir dire, ou à tout le moins laisser entendre, à son patient : "Qu'est-ce qui vous garantit que je suis un homme ?" (ou une femme).

J.-B. Pontalis, En marge des jours

vendredi 30 janvier 2015

Au fond de chaque rêve, de chaque fantasme, de chaque idée, de chaque souvenir, de chaque transfert, il y a une butée du réel, une réalité qui fonctionne comme limite, étant entendu que chacune des fonctions psychiques qui viennent d'être énumérées : rêve, fantasme, souvenir, etc., constitue en elle-même une réalité psychique à l'intérieur de laquelle la réalité limite fonctionne comme opposant et dialogue avec le subjectif.

Michel Neyraut, Le transfert

jeudi 29 janvier 2015

La réalisation du désir n’est pas affaire de réalités objectives. Elle dépend de notre pouvoir de nous satisfaire et de notre droit à la satisfaction, c’est-à-dire de la liberté de mettre en œuvre les actes relationnels de notre corps. Les réalités objectives invoquées comme objets de manque et de convoitise — généralement inaccessibles — sont autant de pièges tendus à la cure pour masquer (donc pour maintenir) les inhibitions afférentes à ces actes, pièges qui — combien souvent ! — retiendront le désir prisonnier à vie.

Maria Torok, La signification de l'"envie du pénis" chez la femme

mercredi 28 janvier 2015

Un vieux sage chinois raconte qu'un jour il perdit ses perles. Il envoya ses yeux à la recherche de ses perles, mais ses yeux ne les trouvèrent pas. Ensuite il envoya ses oreilles à la recherche des perles, mais ses oreilles ne les trouvèrent pas. Alors il envoya ses mains à la recherche des perles, mais ses mains ne les trouvèrent pas. Ainsi il envoya tous ses sens à la recherche des perles, mais aucun ne les trouva. Finalement il envoya la non-recherche à la recherche de ses perles. Et sa non-recherche les trouva.

Parabole

mardi 27 janvier 2015

Naturalia non sunt turpia.

Les choses naturelles ne sont pas honteuses.

Citation latine

lundi 26 janvier 2015

Fantasme originaire

Relation du sujet à ses géniteurs dans la double différence du sexe et des générations dont on sait les effets fondamentaux sur la structuration de la personnalité tout entière et ses modalités.

Jean-Luc Donnet et André Green, L'enfant de ça

vendredi 23 janvier 2015

Jeu (AT)

Sur le plan descriptif, le jeu est un système récurrent de transactions souvent répétitives, superficiellement plausibles, à motivation cachée, en langage plus familier, une série de "coups" présentant un piège ou "truc".

Georges Chandezon et Antoine Lancestre, L'analyse transactionnelle

jeudi 22 janvier 2015

J'avais d'ailleurs eu l'occasion de constater, ces jours derniers, combien elle se montrait dure envers elle-même et prête à se reprocher amèrement ses plus petites négligences [...]. Je lui répète [...] une paraphrase du vieil adage minima non curat praetor, et lui dit qu'entre le bien et le mal se trouve tout un groupe de petites choses indifférentes que personne ne doit se reprocher.

Sigmund Freud, Etudes sur l'hystérie

mercredi 21 janvier 2015

Même si la mère est nue, l'enfant lui dit : "couvre-moi."

Henri Meschonnic

mardi 20 janvier 2015

Les mots de nos discours quotidiens ne sont rien d'autre que magie devenue pâle.

Sigmund Freud, Traitement psychique

lundi 19 janvier 2015

Je ne me casse pas beaucoup la tête au sujet du bien et mal, mais en moyenne, je n'ai découvert que fort peu de "bien" chez les hommes. D'après ce que j'en sais, ils ne sont pour la plupart que de la racaille, qu'ils se réclament de l'éthique de telle ou telle doctrine ou d'aucune.

Sigmund Freud, Lettre au pasteur Pfister du 9 octobre 1918

vendredi 16 janvier 2015

Le transfert crée un royaume intermédiaire entre la maladie et la vie réelle.

Sigmund Freud, Remémoration, répétition et perlaboration

jeudi 15 janvier 2015

[...] parce que l'attitude analytique tire sa fierté de ce que l'on pourrait appeler son scepticisme bienveillant et sa saine méfiance à l'égard des apparences de surface.

Donald P. Spence, Quand l'interprétation se fait mascarade explicative, Annuel de l'APF, 2011

mercredi 14 janvier 2015

Sublimation

Processus postulé par Freud pour rendre compte d'activités humaines apparemment sans rapport avec la sexualité, mais qui trouveraient leur ressort dans la force de la pulsion sexuelle. Freud a décrit comme activités de sublimation principalement l'activité artistique et l'investigation intellectuelle. La pulsion est dite sublimée dans la mesure où elle est dérivée vers un nouveau but non sexuel et où elle vise des objets socialement valorisés.

Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, Vocabulaire de la psychanalyse

mardi 13 janvier 2015

Objet flottant

Concept dérivé de la nouvelle systémique [constructivisme]. La thérapie est dans ce contexte théorique un processus de perturbations réciproques prenant place entre deux systèmes autoréférentiels. L'effet attendu de ce processus déstabilisant est une transformation parallèle de deux systèmes par une activité créatrice commune qui est la "co-création" de concepts et de modèles nouveaux utiles aux deux systèmes dans leur interaction. Les sculpturations, les tâches de changement, les métaphores, les contes systémiques qui apparaissent successivement au fil des rencontres sont les preuves concrètes de cette activité co-créatrice. Nous les appellons objets flottants de la thérapie. Ils n'appartiennent, en effet à proprement parler, ni au système traitant ni au système traité, mais ils resteront comme des traces repérables du processus évolutif que ces systèmes auront parcouru ensemble.

Philippe Caillé, Un et un font trois

lundi 12 janvier 2015

Enantiodromie

La transformation d'une chose, poussée à ses limites, en son contraire.

Cité par Paul Watzlawick, Les Cheveux du Baron de Münchhausen.

vendredi 9 janvier 2015

L'erreur est une lâcheté. Toute acquisition de la connaissance est la conséquence du courage, de la pureté envers soi, de la probité envers soi.

Friedrich Nietzsche, Ecce Homo

jeudi 8 janvier 2015

Celui qui a des yeux pour voir et des oreilles pour entendre constate que les mortels ne peuvent cacher aucun secret. Celui dont les lèvres se taisent bavarde avec le bout des doigts ; il se trahit par tous les pores. C’est pourquoi la tâche de rendre conscientes les parties les plus dissimulées de l’âme est parfaitement réalisable.

Sigmund Freud, Dora : fragment d'une analyse d'hystérie

mercredi 7 janvier 2015

Le terme objet est employé ici dans le sens d'objet du désir, que lui a donné la psychanalyse. Il faut donc le prendre quasi grammaticalement comme l'objet d'une action émanée d'un sujet et non comme une chose ou un fait objectif. En ce sens, une personne est aussi un objet (d'amour ou de haine). La psychanalyse distingue l'objet externe, dans sa réalité commune mais aussi comme cible de projections personnelles qui peuvent le transformer, et l'objet interne, qui est une représentation en soi des objets externes. Ces objets internes, encore appelés "imagos", peuvent êtres figurés comme des personnes totales ou limitées à un objet partiel, une partie ou une fonction de l'objet total, symbolisée, par exemple, par un organe ou un produit : le sein, les fèces, le pénis. Ils peuvent encore être utilisés pour représenter une instance psychique, le surmoi ou l'idéal du moi, avec laquelle le moi entre en relation.

Jacques Hochmann, Une histoire de l'empathie

mardi 6 janvier 2015

Que sont ces transferts ? Ce sont de nouvelles éditions, des copies des tendances et des fantasmes qui doivent être éveillés et rendus conscients par les progrès de l'analyse, et dont le trait caractéristique est de remplacer une personne antérieurement connue par la personne du médecin. Autrement dit, un nombre considérable d'états psychiques antérieurs revivent, non pas comme états passés, mais comme rapports actuels avec la personne du médecin. Il y a des transferts qui ne diffèrent en rien de leur modèle quant à leur contenu, à l'exception de la personne remplacée. Ce sont donc, en se servant de la même métaphore, de simples rééditions stéréotypées, des réimpressions. D'autres transferts sont faits avec plus d'art, ils ont subi une atténuation de leur contenu, une sublimation, comme je dis, et sont même capables de devenir conscients en s'étayant sur une particularité réelle, habilement utilisée, de la personne du médecin ou des circonstances qui l'entourent. Ce sont alors des éditions revues et corrigées, et non plus des réimpressions.

Sigmund Freud, Dora : fragment d'une analyse d'hystérie

lundi 5 janvier 2015

Le transfert est un quiproquo à contre-temps.

Michel Neyraut, Le transfert