vendredi 17 mars 2023

[...] sur le plan de la logique de l'inconscient, il ne suffit pas que P soit vrai pour que je sois en droit d'affirmer que P est la conséquence de q. On a dit beaucoup de sottises sur les causes des névroses et des psychoses, en utilisant à tort des « foncteurs de vérité » comme : à cause de, afin de, dans le but de, etc. Ferenczi a montré que l'attitude confrontative permet d'éviter le recours à des explications dont l'histoire ultérieure de la psychanalyse a montré qu'elles pouvaient être abusivement généralisées.

Prenant ici le parti de Ferenczi, je citerai quelques exemples d'assertions péremptoires et sidérantes :

  1. « Dans toute famille où quelqu'un souffre de psoriasis il y a eu un enfant mort... » (Michèle Montrelay).
  2. « Les enfants nains sont des enfants qui, inconsciemment, refusent de grandir... » (Ginette Rambault).
  3. « L'anxiété est à l'origine de coliques idiopathiques chez l'enfant... » (Léon Kreisler).
  4. « Les désirs de mort d'une mère sont à l'origine de l'autisme de son bébé... ».
  5. « L'anorexique refuse ses repas parce que manger c'est absorber l'angoisse de sa mère... » (F. Dolto).
Heureusement, Piera Aulagnier s'est violemment insurgée contre de telles généralités dans La violence de l'interprétation.

Claude Lorin, Sándor Ferenczi, de la médecine à la psychanalyse