mercredi 31 octobre 2018

Vous pensez vraiment pouvoir guérir une personne qui se confie à vous dans le plus intime de la vie et de ses souffrances sans lui expliquer vos propres réactions à son égard ? s'étonne Otto. Les prêtres font cela, mais nous ne sommes pas au sein d'une chapelle, ni dans un dogme, mais face à l'existence ! Imaginer guérir une âme en laissant la porte de son propre esprit grande ouverte sur la morale, c'est n'aller nulle part. Le désir, s'il survient, participe du chemin. Le refouler en ne l'exprimant pas, c'est mettre entre soi et l'autre - le malade, Jung ! - le poids de la société, l'interdit, donc la maladie elle-même. Ce qui soigne une personne victime de la morale, c'est l'immoralisme. Vous me comprenez ? Il faut se tenir loin, très loin de l'autorité, de toutes formes de présupposés, de jugement, pour lire une âme, se présenter tel qu'on est, mettre à nu ses failles. Je ne cache pas mes addictions à la cocaïne ou à l'opium à mes patients. Elles font partie de ce que je suis, et c'est parce qu'ils m'acceptent tel que je suis que je peux les entendre.

Marie-Laure de Cazotte, Mon nom est Otto Gross

mardi 30 octobre 2018

Il n'y a sous le ciel qu'une chose devant laquelle on doive s'incliner, le génie, et qu'une chose devant laquelle on doive s'agenouiller, la bonté.

Victor Hugo, Choses vues

lundi 29 octobre 2018

Tuto, cito, jucunde

Sans danger, rapidement, agréablement.

Esculape

vendredi 26 octobre 2018

Sois heureux un instant, cet instant c'est ta vie.

Omar Khayyâm

jeudi 25 octobre 2018

Je  défends  pour  ma  part  l’idée  qu’il  n’y  a  jamais  de  contre-indication,  pas  plus  que  d’indication  pour  un  soin  psychanalytique.  Tout  le  monde  est  une  indication  dans  la  mesure  où  tout  le  monde  mérite  que  quelqu’un  s’intéresse  à  sa  vie  mentale,  à  sa  subjectivité,  à  sa  souffrance  psychique.  Tous  les  psychanalystes  ne  sont  évidemment  pas  destinés  à  aider  tout  le  monde.  Chacun  a  parfaitement  le  droit  de  n’être  intéressé,  de  n’être  compétent  que  pour  certains  contextes  et  pas  d’autres.

Albert Ciccone, Psychanalyse ou psychothérapie psychanalytique ? Fondements de la position clinique

mercredi 24 octobre 2018

Ne crains pas d’avancer lentement, crains seulement de t’arrêter.

Lao-tseu, Tao Te King

mardi 23 octobre 2018

Donec eris felix, multos numerabis amicos.

Tant que tu seras heureux, tu compteras beaucoup d'amis.

Ovide, Les Tristes, 1, 9, 5

lundi 22 octobre 2018

[...] chaque nouveauté doit nous trouver toujours tout entiers disponibles.

André Gide, Les Nourritures terrestres

vendredi 19 octobre 2018

Le fou

Ce fut dans le jardin d'un asile de fous que je rencontrai un jeune homme au visage pâle, gracieux et empli d'émerveillement.
Je m'assis près de lui, sur un banc, et lui demandai : "Pourquoi êtes-vous là ?"
Il me regarda avec stupéfaction et me répondit : "C'est une question incongrue et pourtant je veux bien vous répondre. Mon père voulait faire de moi son double parfait ; mon oncle également. Ma mère voulait me façonner à l'image de son illustre père. Ma sœur voulait que je suive le parfait exemple de son époux, le marin, qu'elle tenait en haute estime. Mon frère pensait que je devrais être comme lui : un bel athlète.
"Et mes professeurs, de philosophie, de musique et de mathématiques, étaient eux aussi résolus ; chacun d'eux voulait faire de moi sa propre image réfléchie dans un miroir.
"Aussi suis-je venu en ce lieu. Je trouve que l'air y est plus sain. Au moins, je peux être moi-même."
Puis, subitement, il se tourna vers moi : "Mais dites-moi, avez-vous aussi été conduit jusque-là grâce à l'éducation et au bon conseil ?"
Je répondis alors : "Non, je suis un simple visiteur."
Et il me dit : "Ah, vous êtes l'un de ceux qui vivent dans l'asile de l'autre côté du mur."

Khalil Gibran, L'Errant

jeudi 18 octobre 2018

La vérité est l'objet d'un combat jamais définitivement gagné, ni définitivement perdu que périodiquement le Je doit livrer pour s'approprier et défendre des positions, faute desquelles il ne pourrait ni s'orienter, ni auto-investir son propre espace identificatoire.

Piera Aulagnier, L'Apprenti-historien et le Maître-sorcier. Du discours identifiant au discours délirant

mercredi 17 octobre 2018

Si, comme l’affirmait Freud, le transfert est une “croix”, ne sommes-nous pas en train de nous en protéger par toutes ces rationalisations théorico-techniques, qui ne seraient en dernier ressort que des opérations défensives ? Mais à quoi bon nous défendre d’une chose qui pour la majorité des analystes demeure l’instrument le plus précieux de notre travail ? […] Avec sa métaphore des rayons X, Freud avait-il vraiment raison de nous mettre en garde contre ses dangers ?

León Grinberg, Qui a peur du (contre-)transfert ?

mardi 16 octobre 2018

La connaissance, l'action sont à jamais placées dans une situation fausse : prises entre deux systèmes de référence mutuellement exclusifs et qui s'imposent à elles, bien que la confiance même temporaire faite à l'un détruise la validité de l'autre. Il nous faut pourtant les apprivoiser pour qu'ils cohabitent en chacun de nous sans trop de drames. La vie est courte : c'est l'affaire d'un peu de patience. Le sage trouve son hygiène intellectuelle et morale dans la gestion lucide de cette schizophrénie.

Claude Lévi-Strauss, Histoire de lynx, chap. XVIII, « En relisant Montaigne »

lundi 15 octobre 2018

Aider ce qui vient tout seul.

Lao-tseu, Tao Te King

vendredi 12 octobre 2018

Tenir compte des transformations apportées à l’écoute analytique (importance du contre-transfert), modifier la conception du rôle de l’analyste, comme du cadre analytique du fait du sens nouveau donné à la régression – qui dépasserait le modèle théorique de la reconstruction –, aboutit de fait, pour S. Ferenczi, à la question de savoir s’il n’y a pas deux manières de concevoir l’analyse :

- l’une, qui se veut « classique », basée sur l’aspect paternel de la relation, la levée du refoulement, la remémoration, la reconstruction et la prise de conscience (l’Einsicht) ;

- l’autre, moins « orthodoxe », qui serait plus axée sur l’aspect maternel de la relation, régressive et où prédominent l’expérience vécue, l’interaction, l’infraverbal et le sentir avec (Einfülhung).

Thierry Bokanowksi, Sándor Ferenczi et la clinique des cas dits « difficiles »

jeudi 11 octobre 2018

Nous rencontrons de nombreuses difficultés dans la vie et il serait faux de croire que le bonheur est parfait. En effet, cette illusion nous nuit : nous remettons le bonheur à plus tard, nous considérons qu’il est inutile de rêver, nous nous donnons comme obligation d’être heureux tout le temps et nous nous sentons coupables de ne pas y arriver.

Bref, nous ne prenons pas conscience des deux principes de fonctionnement de la vie que sont l’alternance et le présent ouvert.

L’alternance

Nous observons des cycles dans la vie : dans la nature elle-même et ses saisons. Il en est de même pour les événements que nous vivons ainsi que les émotions ressenties. Après une relation amoureuse difficile ou une période de dépression peut s’ensuivre une renaissance, des changements positifs. Pour accueillir cette alternance, nous devons nous défaire de certains pièges.

Au-delà de l’apparence : le présent ouvert

Bien que nous vivions certaines difficultés comme des contrariétés financières ou affectives, nous pouvons être heureux de notre santé ou d’avoir une famille. Si nous n’aimons pas particulièrement le travail que nous faisons actuellement, nous pouvons apprécier d’être en vie et savoir que notre vie ne se réduit pas à ces conditions parfois inconfortables. Pour rester conscients de ce présent élargi, nous devons éviter également certains pièges.

Thomas d'Ansembourg, Etre heureux, ce n'est pas forcément confortable

mercredi 10 octobre 2018

La question se pose de savoir s'il ne faut pas rechercher chaque fois le trauma originaire dans la relation originaire à la mère, si les traumas de l'époque un peu plus tardive, déjà compliquée par l'apparition du père, auraient pu avoir un tel effet sans la présence d'une telle cicatrice traumatique maternelle-infantile, archi-originaire.

Sándor Ferenczi, Journal clinique

mardi 9 octobre 2018

Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur : la possibilité d’oublier, ou pour le dire en termes plus savants, la faculté de sentir les choses, aussi longtemps que dure le bonheur, en dehors de toute perspective historique. L’homme qui est incapable de s’asseoir au seuil de l’instant en oubliant tous les événements du passé, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce qu’est un bonheur et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres. Imaginez l’exemple extrême : un homme qui serait incapable de ne rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu’un devenir; celui-là ne croirait pas à sa propre existence, il ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du devenir. Finalement, en vrai disciple d’Héraclite, il n’oserait même plus bouger un doigt. Tout action exige l’oubli, comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussi l’obscurité. Un homme qui ne voudrait sentir les choses qu’historiquement serait pareil à celui qu’on forcerait à s’abstenir de sommeil ou à l’animal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin. Donc, il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l’animal, mais il est encore impossible de vivre sans oubli. Ou plus simplement encore, il y a un degré d’insomnie, de rumination, de sens, historique qui nuit au vivant et qui finit par le détruire, qu’il s’agisse d’un homme, d’une peuple ou d’une civilisation.

Friedrich Nietzsche, Considérations inactuelles

lundi 8 octobre 2018

Un psychanalyste n'écoute pas sans douceur, même quand il est abrupt. Elle participe à un geste qui fait invitation à l'autre. Peut-être n'entendra-t-il rien parfois, peut-être rêvera-t-il ou s'absentera-t-il ou sera-t-il furieux contre celui qui l'oblige à se tenir là, face à lui. Peut-être ne comprendra-t-il rien à l'histoire qui lui est dite, à ce que trahit ce visage, cette voix.

Il reste que ce qui fait naître l'écoute est la possibilité d'une émotion en intelligence avec ce que l'autre ignore de lui-même. L'écoute (qui peut être flottante) que le psychanalyste garde envers celui qui lui parle, se plaint, souffre, s'essouffle, est une attention particulière aux détails : grains de voix, images évoquées par une hésitation, attitude, mots bizarrement assemblés, tics de langage. Il leur prête intelligence autant qu'à ce qui est signifié. Son apparente immobilité, son silence à peine appuyé, ses pensées, rien ne trahit son désarroi. Il résiste à la plainte qui envahit l'espace et d'abord le corps de l'autre qui est là devant lui et lui adresse sa mortification. Il résiste à l'histoire que le même refrain distille à la même heure, il résiste même à l'envie de savoir. Il essaie d'entendre autrement, d'aller débusquer les fantômes.

Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur

vendredi 5 octobre 2018

La voie est sous nos pieds.

Koan Zen

jeudi 4 octobre 2018

[...] il n'y a pas de signe de réalité dans l'inconscient [...]

Sigmund Freud, Lettre à Wilhelm Fliess du 21 septembre 1897

mercredi 3 octobre 2018

Amicus certus in re incerta cernitur.

C'est dans le malheur (ou dans le besoin) qu'on reconnaît ses amis.

Locution latine

mardi 2 octobre 2018

Je n'aime pas qu'on dise que je suis vieux. Je ne suis pas vieux, je suis âgé. Ce n'est pas pareil.

Charles Aznavour

lundi 1 octobre 2018

C'est ainsi une sorte de mémoire bien particulière qui est à l’œuvre, une sorte de mémoire «clinique» qui a pu faire dire un jour à l’une des participantes de l’un de mes groupes : «C’est pas possible, comment faites-vous? [...] quelle mémoire vous avez ; j’ai cru que vous enregistriez». Je passerai ici sur les craintes persécutives dont cette remarque témoigne par ailleurs de la part de cette participante. Je crois qu’elle est ainsi loin de se douter qu’avant d’entrer dans la séance, je ne me souvenais pas de grand-chose. Il ne m’est pas très aisé d’actualiser seule ce qui a été travaillé à la dernière séance (d’ailleurs je «rechigne» plutôt à effectuer cette remémoration et je ne fais que ce qui me semble être le «strict nécessaire» à ce sujet), sauf éventuellement dans la relation d’inter-transfert avec mon co-animateur ou ma co-animatrice, lorsqu’il s’agit d’un groupe co-animé ; quelques bribes de souvenirs remontent alors en moi au moment de me disposer mentalement pour la séance suivante mais, en situation, dans le cadre de la séance, au moment propice, reviennent spontanément, si je puis dire, des éléments qui étaient retenus quelque part, et sans doute, pas si loin...

Claudine Blanchard-Laville, Accompagnement clinique et capacité négative