vendredi 27 février 2015

A trop insister sur la capacité empathique de l'analyste à l'égard de son patient et notamment en vue d'engager le traitement, on négligerait volontiers ce qui revient ici à l'angoisse et à l'hostile comme nécessaire capacité d'étrangement du patient pour que l'analyse ait lieu.

Pierre Fédida, Le site de l'étranger

jeudi 26 février 2015

Dans le traitement analytique, il ne se passe rien d'autre qu'un échange de paroles entre l'analysé et le médecin.

Sigmund Freud, Conférences d’introduction à la psychanalyse

mercredi 25 février 2015

Si tu ne saisis pas le petit grain de folie chez quelqu'un, tu ne peux pas l'aimer. Si tu ne saisis pas son point de démence, tu passes à côté. Le point de démence de quelqu'un, c'est la source de son charme.

Delphine de Vigan, D'après une histoire vraie

mardi 24 février 2015

Laissez votre visage au soleil et vous ne verrez pas les ombres.

Helen Keller

lundi 23 février 2015

Une vie ne semble pas suffire à l'accomplissement d'une destinée [...]. Notre vie ne s'éclaire, cependant, qu'unie à celles qui la précèdent et à celles qui la suivent.

Julien Green, Varouna

vendredi 20 février 2015

Deux philosophes chinois réfléchissent près d'un bassin où nagent des poissons rouges. L'un dit :

- Comme ils sont heureux, ces poissons dans leur bassin ! Ils sont sereins.

Et l'autre :

- Comment pouvez-vous dire cela, vous n'êtes pas poisson !

- Et comment savez-vous que je ne suis pas poisson ? Vous n'êtes pas moi !

Sagesse chinoise

jeudi 19 février 2015

Celui qui se plaint d'avoir été déçu se sent en fait trahi. Et la première trahison - pas besoin d'aller chercher bien loin - c'est celle de la mère qui en aimait un autre ou portait son regard ailleurs.

J.-B. Pontalis, En marge des nuits

mercredi 18 février 2015

Qui s'assied au fond d'un puits pour contempler le ciel le trouvera petit.

Han Ya

mardi 17 février 2015

La vérité est le point d'équilibre de deux contradictions.

Proverbe chinois

lundi 16 février 2015

J'ai très souvent entendu mes malades m'objecter, quand je leur promettais un secours ou une amélioration par le procédé cathartique : "Mais vous dites vous-même que mon mal est en rapport avec les circonstances de ma vie, avec mon destin. Alors comment pourrez-vous m'aider ?" J'ai alors donné la réponse suivante : "Certes, il est hors de doute qu'il serait plus facile au destin qu'à moi même de vous débarrasser de vos maux, mais vous pourrez vous convaincre d'une chose, c'est que vous trouverez grand avantage, en cas de réussite, à transformer votre misère hystérique en malheur banal. Avec un psychisme redevenu sain vous serez capable de lutter contre ce dernier.

Sigmund Freud et Josef Breuer, Etudes sur l'hystérie

vendredi 13 février 2015

Ce qu'il y a de mieux, dans ce genre, n'est jamais qu'un jeu d'ombres.

William Shakespeare, Le songe d'une nuit d'été

jeudi 12 février 2015

Le surmoi ne prononce pas d'injonctions, il ne dit pas: "Tu dois", mais : "Tu aurais dû" ou : "Tu n'aurais pas dû" (il vous tutoie toujours celui-là, ce détestable ennemi intime qui prétend être votre ami, vouloir votre bien). Il vient constater la faute après qu'elle a été commise. L'effort de l'obsessionnel pour faire que la faute, fût-ce la plus infime, n'ait pas été commise, pour que ça ne soit pas arrivé (l'annulation rétroactive), vise à contrecarrer la voix du surmoi. Elle ne parvient qu'à la renforcer, à en accentuer la férocité, une férocité parfois doucereuse.

J.-B. Pontalis, En marge des jours

mercredi 11 février 2015

A potiori fit denominatio.

 Les dénominations se tirent des parties principales.

Citation latine

mardi 10 février 2015

Post equitem sedet atra cura.

Le noir souci monte en croupe derrière le cavalier.

Horace, Odes, Livre III

lundi 9 février 2015

Alliance thérapeutique

Capacité de maintenir le contact avec la réalité de la situation thérapeutique et de prendre le risque de la régression dans le fantasme.

Ralph R. Greenson, Technique et pratique de la psychanalyse

vendredi 6 février 2015

L'état dans lequel le moi garde la libido auprès de lui-même, nous l'appelons narcissisme, en souvenir de la légende grecque de l'adolescent Narcisse, resté amoureux de sa propre image en miroir.
Nous attribuons donc à l'individu un progrès qui le fait passer du narcissisme à l'amour d'objet. Mais nous ne croyons pas que la libido du moi soit jamais transférée aux objets dans sa totalité. Une certaine quantité de libido demeure toujours auprès du moi, une certaine dose de narcissisme se perpétue en dépit d'un amour d'objet hautement développé. Le moi est un grand réservoir à partir duquel la libido destinée aux objets se répand, et vers lequel elle reflue à partir des objets. La libido d'objet a commencé par être libido du moi et elle peut se transmuer à nouveau en libido du moi. Il est essentiel à la plénitude de la santé d'un individu que sa libido ne perde pas la plénitude de sa mobilité. Pour concrétiser ce rapport, pensons à un animalcule protoplasmique dont la substance liquide consistante émet des pseudopodes, des excroissances dans lesquelles la substance corporelle se prolonge, mais qui peuvent être résorbées à tout moment, de sorte que la forme de la petite masse protoplasmique se reconstitue.

Sigmund Freud, Une difficulté de la psychanalyse

mercredi 4 février 2015

Je n'ai pas toujours été psychothérapeute.

Sigmund Freud, Etudes sur l'hystérie

mardi 3 février 2015

Il y a de l'invisible jusque dans la lumière.

Jean Jaurès, De la réalité du monde sensible

lundi 2 février 2015

Faux, le lieu commun affirmant qu'avoir pour analyste un homme ou une femme n'importe guère, n'a pas d'incidence sur le mode de transfert. Un homme en analyse avec un homme, une femme avec une femme, cela fait inévitablement surgir la question de l'homosexualité, cela la rend présente. R. allongé sur le divan, l'analyste homme derrière lui : passivité identifiée à la soumission homosexuelle. Il se pourrait que la relation de séduction réciproque mère-enfant soit transposée dans la relation père-fils, la première ayant une fonction prototypique au point que je ne puisse me représenter tout autre lien affectif que sur le modèle de celle-ci.

Un femme avec une analyste femme (par définition je n'en ai pas l'expérience directe, mais j'en ai quelque idée par les supervisions). Le lien si puissant entre mère et fille, si passionnel où amour et haine sont inextricablement mêlés, un lieu où je vois la matrice de toute passion, est nécessairement ravivé. La même femme en analyse avec un homme va chercher à se dégager de cette relation d'emprise mutuelle. Et alors il arrive que l'analyste, plutôt que de tenir l’emploi d'une figure paternelle (ce qu'il est convenu d'appeler la fonction du tiers) "fasse la mère", mais une mère qui se voudrait toute de bienveillante tendresse, non dangereuse, quasiment asexuée.

Difficulté pour l'analyste : avoir en même temps sa propre identité sexuelle, affirmée et une identité psychanalytique flottante, vacillante au point de pouvoir dire, ou à tout le moins laisser entendre, à son patient : "Qu'est-ce qui vous garantit que je suis un homme ?" (ou une femme).

J.-B. Pontalis, En marge des jours