jeudi 25 avril 2019

Syngué sabour [sɛ̃ge sabur] n.f. (du perse syngue « pierre », et sabour « patiente »). Pierre de patience. Dans la mythologie perse, il s'agit d'une pierre magique que l'on pose devant soi pour déverser sur elle ses malheurs, ses souffrances, ses douleurs, ses misères... On lui confie tout ce que l'on n'ose pas révéler aux autres... Et la pierre écoute, absorbe comme une éponge tous les mots, tous les secrets jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate... Et ce jour-là on est délivré.

Atiq Rahimi, Syngué sabour. Pierre de patience

mercredi 24 avril 2019

Le dépressif est un enfant perdu.

Jacques André, Les 100 mots de la psychanalyse

mardi 23 avril 2019

D'après Fédida ["Des bienfaits de la dépression"], la plainte du déprimé traduit dans sa répétition incoercible, une véritable "dépendance au psychique". Même si, formulée de cette façon à votre intention, cette expression n'a l'air de rien, elle nous rappelle cette vérité : au même titre que bien des déprimés, nous savons que nous pensons. C'est seulement, en vous découvrant vous-mêmes à ce point dépendant de votre propre pensée pour exister, qu'il vous arrive de ressentir, vis-à-vis d'elle, une amertume parfois terrible. On pourrait d'ailleurs comparer cette amertume à celle que l'on vouerait à toute personne qui prétendrait nous asservir autant. Fédida suggère qu'il n'est donc pas mauvais signe, en soi, qu'un humain se préoccupe de sa pensée, même à l'excès, puisqu'il lui doit de se savoir humain. Il y a mieux encore. Le malheur de penser succédant au plaisir de se savoir penser : voilà le destin de tous les humains. La conséquence se déduit d'elle-même : prétende stopper radicalement une telle dynamique est insensé. Affirmant que par nature, la dépressivité "appartient à la vie psychique", Fédida en fait également "la maladie de l'humain", au sens où il est impossible d'être humain sans l'avoir éprouvée. Non seulement vous n'êtes pas un malade pour le psychanalyste, mais à ses yeux, votre plainte témoigne au contraire de ce qui fait de nous des êtres humains : être en mesure de savoir et de dire, à soi-même comme à autrui, que nous pensons.

Pascal-Henri Keller, Lettre ouverte au déprimé

vendredi 19 avril 2019

Et si, lorsqu'un patient disait avoir subi un traumatisme infantile, son médecin l'invitait à en parler lors de sa prochaine visite, quel qu'en soit le motif ? Cela changerait-il quelque chose ?

[...] Malgré quelques refus, les médecins se rendirent compte que la plupart des patients étaient heureux de pouvoir s'épancher. Certains leur dirent avoir été victimes de négligence, d'autres d'abus sexuels, d'autres encore avaient été battus par leurs parents. La plupart ne s'étaient jamais demandé si ces événements pouvaient avoir un quelconque impact sur leur état de santé actuel, mais le simple fait de leur poser la question les invitait à y réfléchir.

Johann Hari, Chaque dépression a un sens

jeudi 18 avril 2019

Les œuvres d'art sont beaucoup moins les reflets et la propriété de l'artiste que ne se l'imagine le médecin qui ne connaît cet artiste que sur son divan. Il n'y a que les dilettantes pour réduire à l'inconscient tout ce qu'on trouve en art.

Theodor W. Adorno, Théorie esthétique

mercredi 17 avril 2019

Nous avons atteint le point où nous ne croyons plus ni en la valeur de la vie, ni au mandat éthique qui nous ordonne d’améliorer la condition humaine. Nous avons renoncé à nous-mêmes. Ce faisant, nous avons abandonné la quête d’un sens individuel ou collectif. Céder passivement à la corruption qui s’est répandue partout a transformé notre folie des grandeurs maniaque en dépression collective.
Nous avons changé.
Avec la perte du sentiment que les choses peuvent faire sens – la fin de l’idée que nos vies servent à quelque chose – le deuil est devenu mélancolie. Cette mélancolie nous met en colère contre les pertes subies. Inconsciemment, nous accusons tout ce qui semble nous avoir laissés tomber. Nous nous sentons abandonnés par les prédicats humanistes de la culture occidentale et par le réseau de systèmes de croyances qui semblaient offrir une vision progressiste de l’humanité.

Christopher Bollas, Sens et mélancolie

mardi 16 avril 2019

Ce n'est point une erreur si le médecin se sent touché au plus profond par son malade : ce n'est que dans la mesure où il est lui-même blessé qu'il pourra guérir son patient.

Carl Gustav Jung, La guérison psychologique

lundi 15 avril 2019

Si tu traverses l'enfer ne t'arrête pas.

Anonyme

vendredi 12 avril 2019

  • les vrais surdoués sont des personnes plus intelligentes, mais qui n’en font pas étalage ; il se sentent humbles et pas plus intelligents que les autres ; d’autres sont aussi intelligents qu’eux ;
  • ils sont intuitifs, d’autres le sont aussi ;
  • ils ont des valeurs, d’autres aussi ;
  • ils sont curieux et passionnés de tout, d’autres également ;
  • ils ont une mémoire d’éléphant, ce ne sont pas les seuls ;
  • on les appelle œil de lynx, il n’y a pas qu’eux ;
  • ils sont hypersensibles, certains le sont plus encore ;
  • ils vont bien, nombre de nos congénères aussi.

En revanche, ils sont les seuls à être tout cela à la fois.
Et bien d’autres choses encore. Car, au-delà de ce portrait-robot, leur personnalité est propre à chacun d’entre eux.

Béatrice Millêtre, Le livre des vrais surdoués

jeudi 11 avril 2019

Celui qui trouve sans chercher est celui qui a longtemps cherché sans trouver.

Gaston Bachelard

mercredi 10 avril 2019

C’est parce que l’intuition est surhumaine qu’il faut la croire ; c’est parce qu’elle est mystérieuse qu’il faut l’écouter ; c’est parce qu’elle semble obscure qu’elle est lumineuse.

Victor Hugo, Proses philosophiques

mardi 9 avril 2019

Une fleur ne pense jamais à être en concurrence avec la fleur qui est à côté d'elle. Une fleur s'épanouit, c'est tout !

Anonyme

lundi 8 avril 2019

Pour le surdoué, être totalement dans l’instant présent, synchronisé avec ses sensations, ses émotions, en prenant le plaisir simple du moment, est une mission quasi impossible. Le carpe diem des philosophes qui incite à profiter pleinement de ce que l’on vit dans l’ici et maintenant de la situation reste inaccessible. La méta-analyse du surdoué sur tous les moments vécus le prive de la possibilité d’être tranquillement acteur d’une scène, de se laisser paisiblement porter par le vécu immédiat. Il n’est jamais seulement acteur, il reste toujours aussi le spectateur. Ou même le commentateur de sa propre vie. Comme une voix off. C’est fatigant. Douloureux parfois. Frustrant souvent.

Jeanne Siaud-Facchin, Trop intelligent pour être heureux

vendredi 5 avril 2019

Personne ne peut te prendre ce qui t'est destiné.

Proverbe italien

jeudi 4 avril 2019

Ah ! que la vie est quotidienne...

Jules Laforgue, Complainte sur certains ennuis

mercredi 3 avril 2019

Les surefficients mentaux se bloquent face à l’idée d’être supérieurement intelligent. Tout au plus acceptent-ils l’idée d’une intelligence différente. Mais supérieure, non ! Car le paradoxe est le suivant : plus on est intelligent, plus on doute de l’être et moins on le sait. Alors, ils se débattent avec cette idée d’une intelligence exceptionnelle. Elle les choque même profondément. D’abord et avant tout parce qu’elle va à l’encontre de leurs valeurs d’égalité et de fraternité. Ensuite, s’admettre intellectuellement plus performant que la moyenne fait aussi violence à leur modestie. Enfin, il est plus confortable de se croire juste un peu hypersensible et décalé. Être si intelligent serait encore plus stigmatisant. Certains surefficients m’ont dit que cela confirmerait et rendrait définitif cet isolement qui les fait souffrir.

Christel Petitcollin, Je pense trop

mardi 2 avril 2019

Mais je venais d'apprendre l'inverse : si tu veux être heureux, ne sois pas toi-même. Ne te focalise pas sur ce que tu vaux. C'est le fait de ne penser qu'à toi, toi, toi, qui t'a rendu si malheureux. Ne sois pas toi-même, sois nous. Pense collectif. Fais partie du groupe. Fais en sorte que le groupe aille bien. Tout que j'avais appris m'indiquait que la première étape vers le bonheur consistait à renverser les barrières de l'égo, à laisser notre histoire se mêler à celle des autres et réciproquement, à mettre en commun nos identités et à réaliser que nous n'avions jamais vraiment été nous-mêmes, ce héros triste et solitaire.
Non, ne soyez pas vous-mêmes. Tissez des liens avec tous ceux qui vous entourent. Faites partie d'un tout.

Johann Hari, Chaque dépression a un sens

lundi 1 avril 2019

Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve.

Confucius