jeudi 30 novembre 2017

Le borderline a une immense avidité orale à être écouté et compris, mais il ne tolère pas d'être entendu. Être entendu marquerait la fin des miroirs composés qui représentent, pour le visible, l'unité et l'identité en image du moment ; ce serait ouvrir l'abîme de la mort violente ou de la folie.

Pierre Fédida, "Le psychanalyste, un état limite ?", Transfert et états limites

mercredi 29 novembre 2017

[...] plus le patient "ira mieux" du point de vue de l'intégration de son identité au sein d'une unité relativement stable, plus il sera susceptible d'être cliniquement "mal" et de douter, de fait, de l'aspect positif de son cheminement thérapeutique.

Vincent Estellon, Les états limites

mardi 28 novembre 2017

Le plus dur ? Les autres, et d'abord ceux que l'on aime et qui vous le rendent si mal. Leur présence est aussi indispensable qu'insupportable - ce dont l'analyste fait l'amère expérience. Derrière cette incapacité à être seul, par-delà la confusion entre absence et disparition se profile bien souvent "l'unique objet du ressentiment" : une mère primitive, paradoxalement aussi irremplaçable qu'elle fut rejetante ou ignorante de la demande d'amour de son enfant. "Arrête de pleurer, chérie, tu embêtes tout le monde".

Jacques André, "Etat limite", Les 100 mots de la psychanalyse

lundi 27 novembre 2017

Un fou qui sait qu'il est fou n'est pas si fou que ça !

Sagesse chinoise

vendredi 24 novembre 2017

[…] Nous sommes lancés, inéluctablement, dans le tourbillon de toute réalité, avec pour seul choix d’y consentir. Si sans aucun doute, cela veut dire : traverser un océan sur un frêle esquif, telle est bien notre condition humaine – et il ne serait d’aucun secours de s’imaginer qu’on navigue à la remorque du plus puissant des bateaux à vapeur, vers des destinations inexistantes : notre attention au vent et au temps ne pourraient que s’en trouver diminuée. Plus nous nous plongeons, sans en rien retrancher, dans l’ « exigence du moment », dans l’instant tel qu’il se présente, dans des conditions variables d’un cas à l’autre, au lieu de suivre le fil conducteur de prescriptions, de directives (écrites par l’homme ! ), plus nous sommes, dans nos actes, justement en relation avec le tout, poussés par la force vivante qui relie tout avec tout, et nous aussi. Qu’importe alors si les tâtonnements de notre conscience sont entachés de toutes les erreurs possibles. Si quelqu’un taxe ce comportement d’immoralité, d’arbitraire et de présomption, nous serions à plus forte raison autorisés à taxer de confortable incurie morale l’esclavage infantile de celui qui s’en tient au respect des prescriptions !

Lou-Andréas Salomé, Lettre ouverte à Freud

jeudi 23 novembre 2017

Ma préoccupation essentielle consiste à dire et à faire ce qui me semble juste et utile, sans souci d'appellation contrôlée autre que le terme générique de "psychothérapeute", à savoir un professionnel spécialisé dans l'accompagnement psycho-relationnel de personnes en souffrance, à des fins d'élucidation et d'émancipation.

Alain Delourme, Pourquoi je ne suis pas Gestalt-thérapeute, revue Gestalt n° 22

mardi 21 novembre 2017

Irrationnel

Ce qui n'est pas accessible à la raison : ce qu'elle ne peut, en droit, ne connaître, ni comprendre. Si la raison a toujours raison, comme le veut le rationalisme et comme je le crois, l'irrationnel n'est qu'une illusion ou un passage à la limite : on ne juge irrationnel (c'est à dire incompréhensible en droit) que ce qu'on n'arrive pas , en fait, à comprendre. Ainsi, l'irrationnel n'existe pas. Cela suffit à le distinguer du déraisonnable, qui n'existe que trop.

André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique

lundi 20 novembre 2017

On pense que la psychanalyse c'est la subjectivité. C'est tout à fait insuffisant parce que c'est une subjectivité qui, pour apparaître dans toute sa dimension, elle suffit pas qu'elle soit exprimée, elle suffit pas non plus qu'un autre vous dise : "je vous comprends" parce que ça n'importe qui peut vous le dire. Il faut que cette subjectivité passe par l'écoute d'un autre, qu'il entende d'une certaine manière et vous la renvoie, c'est-à-dire que la psychanalyse c'est pas un dialogue, c'est une relation à deux où on ne parle que d'un seul.

André Green, Eros et thanatos, émission "Les mots de la psychanalyse"

vendredi 17 novembre 2017

Avec ses différences et ses autonomies, le couple ne dure que si le soin en devient une composante majeure. A ne pas confondre avec le maternage. La reliance est une expérience qui incombe aux deux sexes. Elle est au cœur de l'humanisation, je crois - rien de moins ! Il s'agit de prendre conscience de l'ambivalence des pulsions et des passions : attachement et agressivité, amour et haine, et de les transformer en lien, en possibilité de parler et de penser. La reliance opère contre l'emprise maternelle, pour que, au contraire, la séparation devienne possible et que l'autonomie favorise de nouvelles rencontres. Je t'écoute, tu m'écoutes, je t'entends, tu m'entends, ça nous change. Tu me fais confiance. Je varie. Tu mûris. Une thérapie régénérative. Dans reliance, il y a "confiance" et "re-commencement" du lien.

Julia Kristeva, Je me voyage

jeudi 16 novembre 2017

Todo nada.

Tout est rien.

Thérèse d'Avila

mercredi 15 novembre 2017

Passé, présent, avenir donc, comme enfilés sur le cordeau du désir qui les traverse.

Sigmund Freud, Le créateur littéraire et la fantaisie

mardi 14 novembre 2017

Qu'est-ce que le "contemporain" en psychanalyse ? [...] Les cas-limites, les troubles narcissiques, les pathologies psychosomatiques, en somme, la prédominance des structures non névrotiques a suscité l'émergence d'une clinique nouvelle. cette clinique exige, à mon avis, l'élaboration d'une théorie générale du psychisme et, tout logiquement, une technique.

André Green, Dialoguer avec André Green

lundi 13 novembre 2017

Le transfert/contre-transfert n'a rien d'une intersubjectivité psychologique ou philosophique. L'intimité de ce lien est une expérience de mort à soi, d'accès à l'altérité à travers la mortalité de l'autre, et ainsi seulement d'accès à une renaissance personnelle.

Julia Kristeva, Je me voyage

vendredi 10 novembre 2017

Le point essentiel qu’on n’aperçoit habituellement pas dans cet état de fait, c’est que le conflit pathogène des névrosés ne doit pas être confondu avec un combat normal de motions psychiques se situant sur un même terrain psychologique. C’est un discord entre des puissances dont l’une est parvenue au stade du préconscient et du conscient et l’autre a été retenue au stade de l’inconscient. C’est pourquoi le conflit ne peut aboutir à un règlement ; les belligérants sont mis aussi peu en présence l’un de l’autre que, dans l’exemple connu, l’ours blanc et la baleine. Une décision effective ne peut être prise que quand les deux se rencontrent sur le même terrain. Je pense que rendre cela possible, telle est la seule tâche de la thérapie.

Sigmund Freud, Conférences d’introduction à la psychanalyse

jeudi 9 novembre 2017

La sagesse consiste souvent à suivre sa folie plutôt que sa raison.

Eric-Emmanuel Schmitt, Le Visiteur

mercredi 8 novembre 2017

Personne ne peut tirer des choses, y compris des livres, plus qu’il n’en sait déjà. Ce à quoi l’on n’a pas accès par une expérience vécue, on n’a pas d’oreilles pour l’entendre.

Friedrich Nietzsche, Ecce Homo

mardi 7 novembre 2017

« L'histoire de toute vie est l'histoire d'un échec », disait Sartre. C'est peut-être forcer le trait. Mais cela me parle davantage que la volonté éperdue de « vivre ses rêves », comme on dit aujourd'hui. Réveillons-nous plutôt ! La vie est plus précieuse que les rêves. La lucidité, plus importante que la réussite.

André Comte-Sponville, C'est chose tendre que la vie

lundi 6 novembre 2017

Je regarde comme impossible que l'amour se contente de demeurer stationnaire.

Thérèse d'Avila, Le Château intérieur

vendredi 3 novembre 2017

Il s'agissait d'apprendre du malade quelque chose qu'on ne savait pas et qu'il ne savait pas lui-même.

Sigmund Freud, Sur la psychanalyse

jeudi 2 novembre 2017

L'adolescent est un croyant doublé d'un nihiliste. Nous sommes tous des adolescents quand nous sommes amoureux.

Julia Kristeva, Pulsions du temps