jeudi 28 novembre 2013

Un métalogue est une conversation sur des matières problématiques : elle doit se constituer de sorte que non seulement les acteurs y discutent vraiment du problème en question, mais aussi que la structure du dialogue dans son ensemble soit, par elle-même, pertinente au fond.

Gregory Bateson, Vers une écologie de l'esprit, tome 1

mercredi 27 novembre 2013

Introduite par Silberer en 1914 dans ses Probleme des Mystik und ihrer Symbolik, la notion d'une interprétation anagogique est commentée par Freud dans une note du "Complément métapsychologique à la théorie du rêve" pour désigner la mise en évidence de symboles représentatifs d'expériences spirituelles transcendantes au fonctionnement naturel de l'appareil psychique ; une analyse nouvelle du processus décrit par Silberer s'inspirera, avec le développement de la seconde topique, du rôle reconnu au Surmoi ou à l'Idéal du Moi dans la genèse des symboles évoqués par Silberer.

Pierre Kaufmann (dir.), L'apport freudien : éléments pour une encyclopédie de la psychanalyse

mardi 26 novembre 2013

L'Eucatastrophe est un néologisme forgé par J.R.R. Tolkien qui fait allusion au coup de théâtre à la fin d'une histoire, ayant pour effet la victoire ou l'accomplissement de la quête des protagonistes. Le mot fut créé en préfixant le mot grec eu, qui veut dire bon, au terme catastrophe, le mot traditionnellement utilisé en littérature classique pour désigner le dénouement d'un drame. Ce concept désigne le moment précis où la situation se retourne, où le mal, qu'on croyait jusque là devoir gagner le combat, est finalement vaincu. L'eucatastrophe ne doit donc pas être confondue avec la "happy end" ("fin heureuse") : "ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants" n'est en rien une eucatastrophe, car cette phrase est une conclusion et pas un retournement. En outre, la "happy end" traditionnelle est une fermeture, elle ne permet pas vraiment l'aventure ultérieure puisqu'il est affirmé que plus rien de négatif ne se produit. L'eucatastrophe, au contraire, fidèle à un certain pessimisme de Tolkien (qui ne doit pourtant pas être exagéré), est toujours une ouverture : pour l'auteur du Silmarillion, en effet, le mal, dans notre monde, ne peut être vaincu que provisoirement, et continuera à revenir jusqu'à sa défaite finale lors de la Fin des Temps. L'eucatastrophe est donc un retournement de situation dans le bon sens ; mais l'avenir meilleur qu'elle promet n'est pas destiné à durer.

Lu sur wikipedia.fr

lundi 25 novembre 2013

Rendre la vie supportable est le premier devoir du vivant.

Sigmund Freud, Considérations actuelles sur la guerre et la mort

vendredi 22 novembre 2013

Je suis prêt à affirmer que toute névrose d'un adulte se construit sur sa névrose infantile, mais que celle-ci n'est pas toujours d'une intensité suffisante pour être remarquée et reconnue en tant que telle.

Sigmund Freud, L'homme aux loups

jeudi 21 novembre 2013

Utilisée par Sigmund Freud (dans Malaise dans la culture, 1930), l'expression "narcissisme des petites différences" est souvent utilisée en science politique. Elle désigne la volonté de certains peuples de se démarquer à tout prix d'un peuple voisin (on l'a dit à propos des Québécois vis-à-vis des Américains) sur des choses apparemment mineures, mais dont l'enjeu porte sur l'identité et l'affirmation de soi.

Jean-François Dortier (dir), Dictionnaire des sciences humaines

mercredi 20 novembre 2013

La notion de communication chez Bion est importante ; elle a le sens précis de rendre public un savoir privé ou inconscient. Ainsi, quand l'analyste propose une interprétation au patient, il fait acte de communication en ce qu'il essaie de rendre conscient l'inconscient. Dans le même sens, en parlant de la connaissance inconsciente qu'a le rêveur de l'ensemble des idées qui se trouvent à l'origine de son rêve, Freud écrit : "il est donc vraisemblable que le rêveur a une connaissance de son rêve, et il ne s'agit plus que de le rendre capable de retrouver cette connaissance et de nous la communiquer" ; et encore : "Aussi [le médecin ayant l'habitude de l'analyse devrait] pouvoir facilement rétablir son malade, en le délivrant de son ignorance par la communication de ce qu'il sait." (Introduction à la psychanalyse).

Wilfred R. Bion, Bion à New-York et Sao Paulo

mardi 19 novembre 2013

Nous avons pu montrer que l’attitude thérapeutique paradoxale structurait un espace de jeu et relançait les processus transitionnels en même temps qu’elle permettait aux soignants de « contenir » à bon compte thérapeutique l’agressivité contre-transférentielle induite.

Cette activité de relance, cet espace de jeu présente trois propriétés que nous ferons qu’ébaucher ici.

- la première de ces propriétés, non la moindre, est la délimitation d’un espace-temps, limité, défini comme situation de soin et qui fonctionne comme appui externe à la constitution d’un espace interne. Un cadre est ainsi construit.

- Second aspect : le thérapeute est amené à présenter (formuler ou mettre en forme) des représentations psychiques au patient, il « nourrit » les processus élaboratifs dans une activité que nous avons rapprochée de la capacité de rêverie décrite par Bion et qui s’apparente, à un niveau métaphorique, à la «présentation d'objet» du maternage selon Winnicott.

- En troisième lieu, le thérapeute adopte à l’égard de la vie psychique une certaine attitude qui transmet un cadre de référence qui introduit un certain décollement par rapport aux imagos mobilisées, qui introduit un certain jeu dans les représentations psychiques et les processus. Ces méthodes, toujours suivant notre expérience propre, peuvent être utilisées corrélativement à des interventions thérapeutiques plus traditionnelles et dérivées de la psychanalyse qu’elles ne sauraient remplacer. Elles fournissent en situation de crise de la situation de soin, un « supplément de cadre » qui permet de contenir plus économiquement la crise.

René Roussillon, Paradoxes et situations limites de la psychanalyse

lundi 18 novembre 2013

C'est exactement cette tension que décrit Ludwig Eidelberg, dans sa recherche un peu bizarre sur les lapsus. Un homme va au restaurant avec une femme et demande au maître d'hôtel une chambre pour deux. On pourrait imaginer qu'il voulait demander une table mais que comme ce qu'il avait vraiment en tête était d'avoir une aventure sexuelle avec la femme, le thème le plus fort s'est affirmé : une chambre au lieu d'une table. Mais Eidelberg refuse de se laisser duper. Il pense que le lapsus indique que ce que l'homme essayait désespérément d'éviter était l'idée centrale de son oralité et que le lapsus, la référence à la chambre, était une sorte d'alibi pour que sa conscience ne tomba pas dans le piège. Ce qu'il voulait vraiment, c'était une grande table couverte de nourriture. Par conséquent, Eidelberg remet en question toute la théorie du lapsus. Quand vous faites un lapsus, est-ce le mot effectivement prononcé qui représente l'élément refoulé lui-même ? Ou au contraire, le mot qu'on voulait prononcer, celui qui n'est pas venu, est-il le véritable indice du complexe refoulé ?

Darian Leader, À quoi penses-tu ? Les incertitudes de l'amour

mercredi 13 novembre 2013

Au cours d'une psychanalyse ce n'est pas seulement le courage d'un malade qui croît, c'est aussi celui de la maladie. Elle ose s'exprimer plus clairement.

Sigmund Freud, L'homme aux rats

vendredi 8 novembre 2013

Clinamen

Terme employé par les oulipiens pour désigner l'exception nécessaire à la plénitude de la règle.

Bernard Demers, Les nouveaux exercices de style

jeudi 7 novembre 2013

Le premier sommeil du bébé est sans contenu visuel de rêve. Il suit la satiété orale. Les phénomènes hypnagogiques plus tardifs qui précèdent le sommeil représentent une incorporation orale du sein ; ceux qui suivent parfois peuvent figurer la séparation du sein. Le sein est représenté dans le sommeil par l'écran du rêve. L'écran du rêve représente aussi l'accomplissement du désir de dormir.

Bertram D. Lewin, Le sommeil, la bouche et l'écran du rêve. Nouvelle revue de psychanalyse n° 5, 1972

mercredi 6 novembre 2013

La langue de la névrose obsessionnelle est un dialecte de la langue de l'hystérie.

Sigmund Freud, L'homme aux rats, un cas de névrose obsessionnelle

mardi 5 novembre 2013

Le scénario de vie (analyse transactionnelle)

Un scénario de vie est composé des éléments suivants :

* les injonctions. Il y en a 12 dont N'existe pas, Ne sois pas un enfant, Ne grandis pas, Ne sois pas intime... ;

* les prescriptions ou mini-scénarios : Sois Fort, Sois Parfait, Fais Effort, Fais Plaisir, Dépêche-Toi ;

* le programme qui indique comment mettre en place les injonctions et les prescriptions. Le programme est montré par le parent du même sexe ;

* la décision prise par l'enfant pour satisfaire désirs et envies propres et intégrer les contraintes senties.

Il y a plusieurs types de scénarios :

- gagnant, non-gagnant ou perdant ;

- jamais, toujours, jusqu'à ce que, après, sans cesse ou sans but ;

- sans joie, sans amour ou sans plaisir.

On désigne par "harmatique" un scénario avec une fin tragique.

Gérard Chandezon et Antoine Lancestre, L'analyse transactionnelle, éd. PuF, coll. Que sais-je ? n° 1936

lundi 4 novembre 2013

Ayant découvert l'importance de la capacité de la mère, et, par association, de l'analyste, à tolérer les identifications projectives du petit enfant et du patient, Wilfred Bion en a conclu que, dans l'analyse, l'analyste doit se montrer capable de patience ; de même, il doit savoir garder confiance [...] La capacité négative est la capacité de tolérer la frustration en raison de la conviction qu'il est en définitive possible de trouver un sens.

James S. Grotstein, Dictionnaire international de psychanalyse