mercredi 28 février 2018

Ainsi le symptôme est chargé, peu à peu, de représenter d’importants intérêts, il devient un élément de l’auto-défense, il resserre toujours plus ses liens avec le moi, et lui devient indispensable. Il est bien rare que l’adoption d’un corps étranger puisse produire quelque chose de semblable. On pourrait d’ailleurs exprimer de façon exagérée l’importance de cette adaptation secondaire au symptôme, en disant que le moi, somme toute, ne crée le symptôme que pour jouir de ses avantages. Ce serait aussi juste ou aussi faux que de prétendre que le blessé de guerre s’est fait arracher une jambe par le tir de l’ennemi pour vivre ensuite de sa pension sans travailler.

Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse

mardi 27 février 2018

Pas d'autre prière que l'attention. Pas d'autres démons que nos refoulements, nos illusions, nos espérances. Pas d'autres salut que la vérité, l'amour, l'action.

André Comte-Sponville [à propos de l'enseignement de Swami Prajnânpad], C'est chose tendre que la vie

lundi 26 février 2018

Contrairement à ce qu'on pense, la vérité historique n'est pas la vérité de ce qui arrive en fait, c'est la vérité de ce qui s'est passé à une certaine période de l'histoire de quelqu'un et dont il a fait une vérité interne : tout ce qu'il était capable d'en penser, et qui a continué à rester en lui.

André Green, Entretien avec Pierre Bayard et Jean Bellemin-Noël, revue Littérature

vendredi 23 février 2018

Psychologie Magazine : Vous écrivez : “Se séparer de soi : tâche aussi douloureuse qu’inéluctable et même nécessaire pour qui ne consent pas à rester sur place et que porte le désir d’avancer, d’aller au-devant de ce qui, n’étant pas soi, a des chances d’être à venir.” Est-ce cela, changer vraiment ?

J.-B. Pontalis : Oui, c’est aller hors de ce qui est connu de soi. C’est ce que j’ai toujours cherché. Avant de devenir psychanalyste, j’étais prof de philo. Un jour – j’avais 29 ans –, une élève d’hypokhâgne m’a dit : « Ils sont bien vos cours, mais on a l’impression que vous n’y croyez pas vraiment. » Sur le moment, ça ne m’a pas fait beaucoup d’effet, mais après j’ai réalisé qu’elle disait vrai : je maîtrisais le langage, le discours, mais je n’habitais pas mes mots. Il me fallait d’abord me dégager de mes maîtres, notamment de Sartre qui, quoique généreux, était si écrasant… En me séparant de Sartre, puis de Lacan, à chaque fois je me suis séparé, « dé-pris » de celui que j’étais à ce moment-là et des concepts qui me portaient alors – vous savez, on peut aussi se retrouver enfermé dans des concepts. Ç’a été long avant que je me reconnaisse vraiment dans ma parole, dans ce que j’écrivais. Ainsi y a-t-il pour chacun à se dégager des différentes identifications qui jalonnent sa vie. C’est cela, être vivant : essayer de ne pas rester figé dans un âge, dans une position, et aussi être capable de naviguer, de faire des allers-retours dans les différentes époques de sa vie : retrouver l’enfant en soi, sa part de féminité, sa révolte adolescente… Alors, tous les âges se télescopent, comme dans les rêves, où un élément de la veille et des souvenirs des toutes premières années se mélangent. L’important, c’est que ça bouge.

Entretien avec J.-B. Pontalis pour Psychologies Magazine

jeudi 22 février 2018

C'est donc ici que je distingue nettement deux aspects : le psychanalytique et le psychothérapeutique. Dans toute analyse il y a un aspect psychothérapeutique ; toutefois, dans le cas d'une analyse "classique" - je laisse de côté le problème des cas-limites et des psychoses -, c'est le patient qui fait la psychothérapie. En d'autres termes, l'aspect psychothérapeutique est à la charge du patient, tandis que l'aspect psychanalytique est pris en charge par l'analyste et le patient, ensemble.

Jean Laplanche. Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri

mercredi 21 février 2018

Doutons des théories et des explications, mais ne doutons pas de nos actes, ne tremblons pas au moment de les poser. Agir avec certitude... dans l'incertitude, voilà un slogan à graver en lettres d'or.

Yves-Alexandre Thalmann, Les trois désaccords

mardi 20 février 2018

Avec le temps j'en suis venu à penser que l'analyste s'intéresse surtout à la condition humaine, à l'être humain, pas à la maladie.

Jean Favreau

lundi 19 février 2018

Le sujet ne vient pas nous voir parce qu'il fait partie d'une intelligentsia ni parce qu'il est mobilisé par un quelconque désir de savoir ; il vient parce qu'il souffre et pour que nous l'aidions à dépasser son conflit psychotique, névrotique ou autre, qui est cause de sa souffrance. C'est pourquoi je pense que la dimension thérapeutique est partie intégrante de ce que je fais quotidiennement quand je travaille comme analyste.

Piera Aulagnier, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri

vendredi 16 février 2018

Certains analystes sont portés à voir l'effet de l'inconscient dans les réseaux associatifs que forme le fil du discours ; d'autres soulignent dans la parole adressée l'expression d'une situation répétée que le patient s'efforce de maîtriser ; d'autres encore se centrent sur l'émergence et la maturation de l'affect ressenti ; d'autres enfin attachent une attention particulière aux retournements paradoxaux qui font effet de rupture. Assurément, selon le patient et le moment de sa cure, tout analyste privilégie l'une ou l'autre de ces perspectives, mais il n'en reste pas moins vrai que le style propre issu de la formation de chacun dispose plus directement à l'une ou à l'autre de ces manières d'envisager le travail interprétatif.

Laurent Danon-Boileau et Jean-Yves Tamet (Dir.), Des psychanalystes en séance. Glossaire clinique de psychanalyse contemporaine

jeudi 15 février 2018

Jetons par terre un cristal, il se brisera non pas n'importe comment, mais suivant ses lignes de clivage en morceaux dont la délimitation, quoique invisible, était cependant déterminée auparavant par la structure du cristal. Cette structure fêlée est aussi celle des malades mentaux.

Sigmund Freud, La décomposition de la personnalité psychique

mercredi 14 février 2018

L'angoisse est la réaction au danger.

Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse

mardi 13 février 2018

Si vous vous êtes mal comporté repentez-vous, faites amende honorable et promettez de mieux vous comporter la fois prochaine. Ne ressassez pas vos erreurs. Se trainer dans la boue n’a jamais été le meilleur moyen de se nettoyer.

Aldous Huxley, Le meilleur des mondes

lundi 12 février 2018

Le courage est le prix que la vie exige pour accorder la paix.

Amélia Earhart

vendredi 9 février 2018

L'humilité est l'antichambre de toutes les perfections.

Marcel Aymé, Clérambard

jeudi 8 février 2018

Quand j'étais petit je voulais devenir maître du monde, aujourd'hui je suis déjà très content quand j'arrive à rester maître de moi.

Philippe Geluck, Le retour du chat

mercredi 7 février 2018

Un supervisé m'a rapporté le cas d'un homme souffrant d'une maladie de peau, un vitiligo qui lui recouvrait toute l'épaule. Les traitements médicaux ne donnaient aucun résultat. C'était pénible pour le patient, par ce que c'est une affection assez visible, très troublante narcissiquement. Dans son analyse, le patient a pu retrouver un souvenir traumatique datant de ses deux ans. Il avait un sœur, très proche en âge, qui était tombée dans un piscine ; il avait vu des hommes retirer de l'eau le corps mort de l'enfant, et il avait vu les chevaux noirs de la petite lui recouvrant toute l'épaule. Il a eu cette vision. C'est comme s'il avait fait un travail de deuil somatique et était devenu se petite sœur morte ; il a pris en lui cette image d'elle ; c'était la solution qu'il avait trouvée pour ne pas la perdre...

Joyce McDougall, Après Lacan : le retour de la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri

mardi 6 février 2018

Avec quoi le langage parle-il ? Sûrement pas avec des mots seulement, mais aussi avec des mots investis d'affects, sous-tendus par des représentations pulsionnelles conscientes et inconscientes, et dynamisés par des motions qui l'animent... Le structuralisme a entretenu la tentation illusoire de promouvoir un impérialisme linguistique - avec sa "science pilote", la linguistique ; la combinatoire serait prioritaire, pas la complexité de l'humain...

André Green, Du signe au discours

lundi 5 février 2018

Vous avez peur, peur de ne pas réussir ? Alors, allez-y. Si vous devez échouer, vous échouerez et recommencerez. Autant de fois qu’il le faudra. Ce n’est pas l’échec qui nous retient, c’est le courage de recommencer qui manque et nous fait stagner.

Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups

vendredi 2 février 2018

Si, comme le montrera Lacan en 1960 dans son séminaire sur L'éthique de la psychanalyse, "en chacun de nous, il y a la voie tracée pour un héros", c'est que justement l'héroïsme de l'être humain, du point de vue de la psychanalyse, ne dépend pas tant de la reconnaissance par autrui de notre grandeur que notre capacité à affronter le désarroi comme expérience intime de notre être. Car celui qui sait ne pas fuir sa propre angoisse sera aussi celui qui ne fuira pas son propre désir. Rien ne peut dans ces conditions nous sauver de notre angoisse que le Dieu Logos, c'est-à-dire notre propre croyance en la valeur de la parole et en sa fonction éthique. Rien ne peut conférer à notre existence le sens que nous en attendons que nos propres actes lorsqu'ils sont éclairés par le courage de résister à la pulsion de mort et celui de ne pas céder sur ce qui doit nous coûter l'accès à notre désir, comme "métonymie de notre être".

Clotilde Leguil, extrait de la présentation de L'avenir d'une illusion de Sigmund Freud

jeudi 1 février 2018

Je respecte beaucoup le symptôme, puisque c'est la solution que le sujet a créée pour survivre ou pour surmonter un conflit, une douleur psychique.

Joyce McDougall, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri