jeudi 3 septembre 2015

Les mathématiques jouissent de la plus haute réputation pour faire diversion à la sexualité ; déjà J.-J. Rousseau avait dû recevoir d'une dame qui n'était pas satisfaite de lui ce conseil : Lascia le donne et studia le matematiche. Et c'est ainsi que notre fuyard se jeta avec une ardeur toute particulière dans les mathématiques et la géométrie du programme scolaire, jusqu'au jour où sa faculté de compréhension se trouve soudain paralysée devant quelques innocents exercices. Il fut encore possible d'établir l'énoncé de deux de ces problèmes : "Deux corps se heurtent, l'un à la vitesse de...", etc. Et : "Inscrire dans un cylindre dont la surface a un diamètre m un cône...", etc. Devant ces allusions à la vie sexuelle, certes peu évidentes pour tout autre, il se sentit trahi par les mathématiques aussi, et prit également la fuite devant elles.

Sigmund Freud, Le délire et les rêve dans la Gradiva de Jensen