vendredi 31 juillet 2015

« Un psychanalyste apathique, c’est un psy qui somnole ?
Non, c’est quelqu’un qui ne se laisse pas prendre par le pathos.
Il est indifférent – bravo !
Il est engagé, au contraire, mais lui ne se laisse pas faire par les bons sentiments.
Qui se laisse faire ?
Les psychanalystes empathiques. Ce que ne sont pas les apathiques.
Je vois. C’est mal, d’être empathique.
Quand cela permet d’en finir avec toute visée scientifique. L’inconvenance et le mordant de la découverte freudienne sont menacés par une conception anglo-saxonne molle du postmoderne.
C’est grave d’être un patient postmoderne ?
Cela veut dire que l’on a un psychanalyste postmoderne. Il s’occupera de votre identité ; il s’occupera des traumas de votre « environnement précoce » (langue de bois pour parler de l’enfance) ; il s’occupera de votre unité. Mais que fera-t-il du scandale psychique qui vous fait vivre, et va du sexuel à la création ? »

Laurence Kahn, Le Psychanalyste apathique et le patient postmoderne