samedi 22 octobre 2011

Fidèle à sa méthode de confrontation avec l’inconscient, Jung propose d’« accepter sa dépression » plutôt que de la fuir, et, dans la mesure du possible, de « lui donner la parole […] : on transforme ainsi l’humeur en objet observable au lieu de la laisser s’emparer du sujet qu’elle domine ». On s’aperçoit ainsi que certains épisodes dépressifs correspondent à des périodes d’« incubation » : ils préparent un changement d’attitude ou d’orientation du sujet, à condition que celui-ci échappe à la fascination du néant (cf. ce que l’alchimie appelle nigredo ou phase de dissolution). Par ailleurs, il existe pour Jung, une forme non pathologique de l’abaissement du niveau mental, distincte donc de la dépression et de la « perte d’âme ». Dans les moments de trop grande crispation ou d’unilatéralité excessive du conscient, l’abaissement du niveau de conscience peut rééquilibrer la relation entre le moi et l’inconscient en redonnant à chacun sa valeur relative. Par ailleurs, si « l’image développée dans l’œuvre d’art » – le « percept » de Gilles Deleuze – trouve sa source, non pas dans l’inconscient personnel de l’auteur, mais dans l’inconscient collectif, il faut s’attendre à ce que l’abaissement du niveau de conscience soit une condition favorable, sinon nécessaire, pour entrer en contact émotionnellement avec le monde mythologique des « images primitives ».

Aimé Agnel, Vocabulaire de Jung