vendredi 9 septembre 2011


Il n'y a pas plus œdipiens que les [psychanalystes] français. Ils restent très attachés au complexe et à son dépassement. Leur modèle freudien reste dur comme du roc. Je crois pourtant que la psychanalyse étrangère s'est recentrée sur l'identification à autrui, les effets d'empathie, le partage. Hors de France, beaucoup ne parlent plus d'Oedipe. Pour moi, Oedipe, c'est le petit enfant qui se demande ce que font ses parents ensemble, quel est leur secret. Il peut avoir des fantasmes avec le papa ou la maman, mais ce qui se passe entre eux reste un mystère. Il n'a pas les outils conceptuels pour le penser. Oedipe n'est pas un interdit, c'est un impensable.

Daniel Widlöcher, propos recueillis par Jean-François Marmion, Le Cercle psy n° 1, juin/juillet/août 2011