mercredi 31 octobre 2018

Vous pensez vraiment pouvoir guérir une personne qui se confie à vous dans le plus intime de la vie et de ses souffrances sans lui expliquer vos propres réactions à son égard ? s'étonne Otto. Les prêtres font cela, mais nous ne sommes pas au sein d'une chapelle, ni dans un dogme, mais face à l'existence ! Imaginer guérir une âme en laissant la porte de son propre esprit grande ouverte sur la morale, c'est n'aller nulle part. Le désir, s'il survient, participe du chemin. Le refouler en ne l'exprimant pas, c'est mettre entre soi et l'autre - le malade, Jung ! - le poids de la société, l'interdit, donc la maladie elle-même. Ce qui soigne une personne victime de la morale, c'est l'immoralisme. Vous me comprenez ? Il faut se tenir loin, très loin de l'autorité, de toutes formes de présupposés, de jugement, pour lire une âme, se présenter tel qu'on est, mettre à nu ses failles. Je ne cache pas mes addictions à la cocaïne ou à l'opium à mes patients. Elles font partie de ce que je suis, et c'est parce qu'ils m'acceptent tel que je suis que je peux les entendre.

Marie-Laure de Cazotte, Mon nom est Otto Gross