lundi 12 décembre 2011

Je me trouvai contraint de me poser très sérieusement la question : "Quel est le mythe que tu vis ?" Je ne pus donner aucune réponse à cette question et dus, au contraire, m'avouer que je ne vivais ni avec, ni à l'intérieur d'un mythe, mais dans le nuage incertain d'opinions possibles que je considérais, il est vrai, avec une méfiance croissante. Je ne savais pas que je vivais un mythe et l'aurais-je su, que je n'aurais pas pour cela eu connaissance du mythe qui ordonnait ma vie à mon insu. Ainsi tout naturellement se formula en moi la décision de connaître "mon" mythe et je considérai cela comme le devoir par excellence, car - me disais-je - comment en présence de mes malades tenir compte exactement de mon facteur personnel, de mon équation personnelle si indispensable pour la connaissance d'autrui, si je n'en avais pas conscience ?

Carl Gustav Jung, Métamorphoses de l'âme et ses symboles