vendredi 9 septembre 2022

Le problème – clinique, théorique et métapsychologique – des aménagements techniques liés à la psychopathologie des limites est au centre de cette lecture de Ferenczi, d’un Ferenczi cherchant à se trouver/créer dans la confrontation à Freud et à ses contradictions. Elle excelle à montrer un Ferenczi à la recherche d’une théorie du contre-transfert et de son élaboration, à travers l’idée que la “perlaboration sensible” de l’analyste permettrait d’associer et de justement doser le versant qualitatif de l’interprétation et le versant quantitatif de la répétition, per via di porre et per via di levare. La “logique paradoxale” de l’oscillation viendrait ainsi transformer le duel en dualité créatrice. Et si l’empathie guide l’oscillation, l’identification empathique ne vise pas l’analysant en personne, ni même l’ensemble de son fonctionnement psychique, mais l’enfant traumatisé encrypté dans l’adulte clivé, pris dans le piège de l’identification à l’agresseur et à sa culpabilité inconsciente : isolé et donc incapable d’être seul.

Jean-François Chiantaretto, préface à Pourquoi Ferenczi ? de Daniel Kupermann