lundi 18 janvier 2016

L’homme obsessionnel

Entre raison et sentiments, son cœur oscille sans cesse, mais ses idées morbides l’empêchent d’aimer librement.

Ces contradictions font de lui un être compliqué, torturé qui masque ses sentiments d’amour et refoule ses pulsions sadiques. Le sceau des contraintes qui marque sa personnalité le condamne à les exprimer d’une façon particulière.

Dans le film « Pour le pire et pour le meilleur», toute l’ambivalence du personnage de Melvin Duvall, écrivain misanthrope et sexiste, réside dans son activité d’auteur de romans à l’eau de rose que vient contredire son tempérament de rustre. L’homme, qui nourrit une peur panique du contact humain au point de se laver les mains cent fois par jour, change lorsqu’il tombe amoureux d’une mère célibataire. Pour elle, il se met en quatre après lui avoir littéralement pourri la vie. Car, au fond, l’obsessionnel, capable des pires méchancetés, est comme n’importe qui, il rêve du grand amour … dont il a une peur bleue.

Sa vie affective s’en trouve négligée, voire totalement ignorée. Les vertiges de la passion, connaît pas. Point de chute éthylique pour l’obsessionnel qui préfère garder ses émotions à distance.
A la confusion des sentiments, il préfère la tranquillité de l’ordre, l’équilibre de la symétrie et la rigueur du rangement. Pour faire sortir le cloporte de sa tanière, il existe une solution : avoir des tas de problèmes et le faire savoir. Ce sera l’occasion pour lui de vous aider à les résoudre, non sans une certaine obséquiosité. Il adore se rendre utile. Et si ça ne suffit pas à l’attirer dans vos rets, débrouillez-vous pour le confronter à l’éventualité de votre propre mort. Dit comme ça, ça peut paraître un peu curieux, mais Freud nous enseigne que l’obsessionnel a besoin d’envisager la mort de l’autre pour le prendre en affection. Ça lui permet de gérer ses pulsions sadiques.

Son patient, « L’homme aux rats », participait avec beaucoup de piété aux deuils et restait à l’affût de la mort de personnes proches,  à tel point qu’on l’avait surnommé l’oiseau charognard. Mieux : il tuait des gens en imagination pour exprimer sa sympathie sincère aux parents du défunt.  Alors, si vous êtes mordue, troquez vos mascarades de femmes fatales qui le terrorisent contre des pauses de macchabées qui font démarrer son système limbique en trombe. Et si toutes ces manigances vous fatiguent,  laissez tomber. Tout comme l’hystérique, l’obsessionnel souffre d’un désir d’insatisfaction et n’est jamais à cours d’imagination pour tyranniser l’autre. C’est sa façon à lui d’être romanesque.

Emmanuelle Comtesse, www.emmanuellecomtesse.com