vendredi 18 octobre 2013

Je crois que le mot intégration décrit la tendance au développement et son accomplissement chez l'individu sain, accomplissement par lequel il ou elle devient une personne complète, unifiée [an integer]. Ainsi l'intégration acquiert-elle une dimension temporelle. L'état antérieur à l'intégration, je l'appelle non-intégration. En psychopathologie, il y a une désintégration qui est une défense, une fragmentation de la personnalité produite et maintenue dans le but d'éviter la tendance destructrice qui est inhérente à la relation d'objet après la fusion (des éléments érotiques et destructeurs).

Il y a alors aussi une dissociation, qui est une sorte de clivage assez sophistiqué dans lequel la personnalité totale n'est pas scindée. Cela n'est pas tant la "contrepartie pathologique de la non-intégration" qu'une forme sophistiquée de la désintégration. La non-intégration me semble décrire un état primaire, ou encore un état qui est associé cliniquement à la régression à la dépendance. La dissociation (comme la désintégration et le clivage) semblent être des organisations défensives.

Donald W. Winnicott, Lettre à Masud Khan du 26 juin 1961 in Lettres vives