mardi 16 octobre 2012

L’analyste lui-même est également soumis à la situation infantile dont il fait partie. En fait, la situation infantile à laquelle il est exposé contient un facteur infantile plus important encore, l’analysé qui régresse. Le Moi de l’analyste est aussi scindé en une part qui observe et une part qui éprouve. L’analyste a l’expérience de sa minutieuse analyse personnelle et sait ce qui l’attend, et, de surcroît, à l’inverse de son analysé, se trouve dans une situation d’autorité. Alors que c’est le travail de l’analysé que de s’adapter par la régression à la situation infantile, il incombe à l’analyste de résister à une adaptation de cet ordre. Alors que l’analysé doit faire l’expérience du passé et observer le présent, l’analyste doit éprouver le présent et observer le passé ; il doit résister à toute tendance intérieure à la régression. S’il devient la victime de sa propre technique et éprouve le passé au lieu de l’observer, il est sujet à une contre-résistance. Le phénomène du contre-transfert peut être très bien décrit en paraphrasant la formule de Fenichel : l’analyste déforme le passé par référence au présent.

Ida Mac Alpine, The development of the transference