Mon passe-temps favori, c'est laisser passer le temps, avoir du temps, prendre son temps, perdre son temps, vivre à contretemps.
Françoise Sagan
mardi 20 décembre 2016
Nous savons peu de choses, mais qu’il faille nous tenir au difficile, c’est là une certitude qui ne doit pas nous quitter. Il est bon d’être seul parce que la solitude est difficile. Qu’une chose soit difficile doit nous être une raison de plus de nous y tenir. Il est bon aussi d’aimer ; car l’amour est difficile. L’amour d’un être humain pour un autre, c’est peut-être l’épreuve la plus difficile pour chacun de nous, c’est le plus haut témoignage de nous-même.
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète
Rainer Maria Rilke, Lettres à un jeune poète
lundi 19 décembre 2016
vendredi 16 décembre 2016
Je crois que lorsque les poètes se plaignent que deux âmes habitent l’homme et quand les vulgarisateurs de psychologie parlent du clivage du moi en l’homme, c’est ce dédoublement, ressortissant à la psychologie du moi, entre l’instance critique et le reste du moi qu’ils ont en tête, et non l’opposition mise à jour par la psychanalyse entre le moi et le refoulé inconscient. Il est vrai que cette distinction est estompée par le fait que parmi ce qui est rejeté par la critique venue du moi se trouvent en premier lieu les rejetons de l’inconscient.
Sigmund Freud, L'inquiétante étrangeté
Sigmund Freud, L'inquiétante étrangeté
jeudi 15 décembre 2016
mercredi 14 décembre 2016
mardi 13 décembre 2016
vendredi 9 décembre 2016
L’instinct de mort n’est que le désir de vivre renversé en son contraire, une forme creuse transformée en forme pleine, fascinant l’imaginaire à cause de la souffrance et de l’ambivalence du désir engagé dans les frustrations de la réalité.
Jean Guillaumin, Entre blessure et cicatrice, le destin du négatif dans la psychanalyse
Jean Guillaumin, Entre blessure et cicatrice, le destin du négatif dans la psychanalyse
jeudi 8 décembre 2016
mercredi 7 décembre 2016
Les mots faisaient primitivement partie de la magie, et de nos jours encore le mot garde beaucoup de sa puissance de jadis. Avec des mots un homme peut rendre son semblable heureux ou le pousser au désespoir, et c'est à l'aide de mots que le maître transmet son savoir à ses élèves, qu'un orateur entraîne ses auditeurs et détermine leurs jugements et décisions. Les mots provoquent des émotions et constituent pour les hommes le moyen général de s'influencer réciproquement.
Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse
Sigmund Freud, Introduction à la psychanalyse
mardi 6 décembre 2016
lundi 5 décembre 2016
vendredi 2 décembre 2016
jeudi 1 décembre 2016
mercredi 30 novembre 2016
mardi 29 novembre 2016
Il existe une analogie évidente entre la psychanalyse et la littérature. Nous y voyons à l’œuvre, sans doute par des voies différentes, […] le même postulat : être, pour la première fois, entendu, reconnu, […], et dans le même mouvement, craindre d’être absorbé par la pensée et par le langage.
J.-B. Pontalis, Perdre de vue
J.-B. Pontalis, Perdre de vue
lundi 28 novembre 2016
vendredi 25 novembre 2016
jeudi 24 novembre 2016
mercredi 23 novembre 2016
Il ne serait pas étonnant que nous venions à découvrir une instance psychique particulière qui remplisse la mission consistant à veiller sur la garantie de la satisfaction narcissique à partir de l'idéal du moi, et qui, dans cette intention, observe sans interruption le moi actuel et le mesure à l'aune de l'idéal.
Sigmund Freud, Pour introduire le narcissisme
Sigmund Freud, Pour introduire le narcissisme
mardi 22 novembre 2016
lundi 21 novembre 2016
vendredi 18 novembre 2016
jeudi 17 novembre 2016
Résumons-nous : absence de contradiction, processus primaire (mobilité des investissements), intemporalité et substitution à la réalité extérieure de la réalité psychique, tels sont les caractères que nous devons nous attendre à trouver aux processus appartenant au système Ics.
Sigmund Freud, L'inconscient
Sigmund Freud, L'inconscient
mercredi 16 novembre 2016
mardi 15 novembre 2016
vendredi 11 novembre 2016
jeudi 10 novembre 2016
mercredi 9 novembre 2016
mardi 8 novembre 2016
lundi 7 novembre 2016
vendredi 4 novembre 2016
Les patients dont la personnalité se présente sous forme d'archipels ou les états limites polytraumatisés ne se présentent pas comme porteurs d'un symptôme ou présentant une séquelle traumatique, ils se sont identifiés au traumatisme, ils sont le traumatisme.
Michel Neyraut, Les raisons de l'irrationnel
Michel Neyraut, Les raisons de l'irrationnel
jeudi 3 novembre 2016
mercredi 2 novembre 2016
La multiplicité des points de vue ne mène pas au relativisme ou au scepticisme, mais elle s'inscrit au contraire dans la structure de la vérité elle-même.
En d'autres termes, s'il existait une vérité-une, elle ne saurait se donner, à l'échelle humaine, que dans la pluralité et la contradiction.
Stéphane Moses, L'Éros et la Loi
En d'autres termes, s'il existait une vérité-une, elle ne saurait se donner, à l'échelle humaine, que dans la pluralité et la contradiction.
Stéphane Moses, L'Éros et la Loi
mardi 1 novembre 2016
mercredi 26 octobre 2016
L’acte analytique est solidaire du savoir métapsychologique. La métapsychologie n’est pas la “doctrine” de l’analyste, c’est sa boussole. Elle est justement destinée à faire sortir la psychologie de son caractère “hasardeux”, tout en s’exposant à l’incertitude implacable du réel. Chez le métapsychologue, pour paraphraser Merleau-Ponty, le “goût de l’évidence” s’éprouve au contact du “sens de l’ambiguïté”. La rigueur ne se sépare pas du sens du singulier, elle s’y alimente même. C’est la part inaliénable du Phantasieren, du “fantasmer”, soit l’imaginaire théorique sans lequel le “matériel” resterait aveugle et mutique.
Paul-Laurent Assoun, La métapsychologie
Paul-Laurent Assoun, La métapsychologie
mardi 25 octobre 2016
lundi 24 octobre 2016
vendredi 21 octobre 2016
En somme, il faut distinguer entre le désir de soulager qui domine la psychothérapie et celui d'analyser, qui implique un travail d'une autre nature. D'où les malentendus entre supervisé et superviseur. Le premier voudra que le superviseur reconnaisse que le patient "a fait des progrès", tandis que celui-ci pourra faire remarquer, sans contester les progrès, que la nature de ceux-ci, ne plaide pas en faveur d'une intégration portant sur la reconnaissance de l'inconscient. Et l'évolution vers l'autoanalyse (F. Busch).
Les mérites des deux méthodes ne sont pas à opposer mais à distinguer, en reconnaissant ce qui est spécifique au travail analytique. Il faut pour cela admettre que l'effet recherché de l'analyse ne se limite pas au "progrès" de l'analysant, et se donner pour but la nécessité de parvenir à une sorte de "conversion" interne [...].
André Green, Illusions et désillusions du travail psychanalytique
Les mérites des deux méthodes ne sont pas à opposer mais à distinguer, en reconnaissant ce qui est spécifique au travail analytique. Il faut pour cela admettre que l'effet recherché de l'analyse ne se limite pas au "progrès" de l'analysant, et se donner pour but la nécessité de parvenir à une sorte de "conversion" interne [...].
André Green, Illusions et désillusions du travail psychanalytique
mardi 18 octobre 2016
Ceci n'est pas seulement une autobiographie. [...] C'est un nouveau chapitre ajouté à l'histoire que Springsteen raconte depuis près de cinquante ans à travers ses disques et ses concerts. [...] Celle d'un dépressif qui, en plus de trente ans de thérapie, a chassé ses fantômes pour finir par les adopter, à défaut d'avoir pu les dompter.
D. H., "Des plaies et un Boss", sur Born to Run de Bruce Springsteen, paru dans le Canard Enchaîné n° 5007 du mercredi 12 octobre 2016
D. H., "Des plaies et un Boss", sur Born to Run de Bruce Springsteen, paru dans le Canard Enchaîné n° 5007 du mercredi 12 octobre 2016
vendredi 14 octobre 2016
jeudi 13 octobre 2016
mardi 11 octobre 2016
vendredi 7 octobre 2016
jeudi 6 octobre 2016
mercredi 5 octobre 2016
La solution sadomasochiste satisfait toutes les exigences possibles. Dans le fond, la monade sadomasochiste correspond au maximum de prestation narcissique : l'objet est consentant à tous égards au plaisir et à la volonté de l'autre. C'est pour cette raison que le corps propre, objet de plaisir docilement soumis et contrôlable, devient la meilleure scène du fantasme pervers.
Franco De Masi, La perversion sadomasochiste
Franco De Masi, La perversion sadomasochiste
mardi 4 octobre 2016
Je suis convaincu que ce sont des faits psychiques et émotionnels qui déclenchent l’état psychotique, lequel, à son tour, engendre des altérations biochimiques. En ce sens, la psychanalyse et la psychothérapie analytique non seulement constituent une alternative ou un complément à la pharmacologie, mais offrent également au patient une véritable voie de sortie de l’état morbide.
Franco De Masi, Vulnérabilité à la psychose
Franco De Masi, Vulnérabilité à la psychose
lundi 3 octobre 2016
vendredi 30 septembre 2016
Si nous plaçons l’inceste, donc la sexualité, comme plaisir des plaisirs nécessitant l’invention d’une règle des règles, la castration apparaît bien comme le régulateur indispensable de la sexualité non seulement pour la vie sociale mais pour la croyance de l’individu en sa propre survie terrestre, aussi longue que possible. […] Le sens de la castration est donc bien symbolique : pas seulement par sa face érotique en relation avec la mère incestueuse du complexe d’Œdipe, mais aussi par sa face meurtrière, vectrice du désir de faire mourir celui qui s’oppose à ce plaisir incestueux. La castration apparaît comme une mesure qui évite la vengeance du talion en punition du désir parricide. Non par mansuétude, mais parce que les raisons du meurtre peuvent être multipliées. […] La sexualité est donc ici reconnue dans sa double valeur : celle de la différence des sexes et celle du rapport de la génération, c’est-à-dire de la perpétuation de la vie. L’inceste et la mort sont réunis à travers le symbole négatif de la castration.
André Green, Le complexe de castration
André Green, Le complexe de castration
jeudi 29 septembre 2016
mercredi 28 septembre 2016
Là où il se rencontrent confiance et fiabilité, il y a un espace potentiel, espace qui peut devenir une aire infinie de séparation, espace que le bébé, l'enfant l'adulte peuvent remplir créativement en jouant, ce qui deviendra ultérieurement l'utilisation heureuse de l'héritage culturel.
Octave Mannoni, La Part du jeu
Octave Mannoni, La Part du jeu
mardi 27 septembre 2016
lundi 26 septembre 2016
vendredi 23 septembre 2016
Supposons qu’ayant deviné la représentation jadis refoulée par un de nos patients, nous la lui fassions connaître. Cette révélation n’aura d’abord aucune répercussion sur son état psychique et n’abolira surtout pas le refoulement ni ses conséquences, et peut-être en serons-nous surpris, puisque la représentation autrefois inconsciente est dès lors devenue consciente. Contrairement à ce que l’on pourrait croire, cette idée refoulée sera à nouveau repoussée. Mais le patient a maintenant réellement une représentation sous deux formes différentes en diverses localités de son appareil psychique. En premier lieu, il a un souvenir auditif conscient de cette représentation par ce que nous en avons dit, en second lieu, il porte en lui, ainsi que nous le savons avec certitude, le souvenir inconscient, sous sa forme primitive, de ce qu’il a vécu. En réalité, le refoulement n’est levé que lorsque la représentation consciente a pu se mettre en relation, une fois les résistances surmontées, avec les traces mnésiques inconscientes. Ce n’est qu’après que celles-ci sont devenues conscientes qu’on aboutit au succès. Un examen superficiel pourrait faire croire que les représentations conscientes et inconscientes sont des enregistrements différents, topiquement séparés du même contenu. Mais la réflexion montre de suite que l’identité de la révélation faite au patient et du souvenir refoulé par celui-ci n’est qu’apparente. Le fait d’avoir entendu, et celui d’avoir d’abord vécu quelque chose, sont de nature psychologique absolument différente, même lorsque le contenu est identique.
Sigmund Freud, L'inconscient
Sigmund Freud, L'inconscient
vendredi 16 septembre 2016
mercredi 14 septembre 2016
Notre tâche à nous psychanalystes d'aujourd'hui n'est pas de répéter ce qu'a découvert Freud sur la crise de l'homme occidental à la fin de l'ère victorienne mais de trouver une réponse psychanalytique au malaise de l'homme dans la civilisation présente.
Didier Anzieu, Devenir psychanalyste aujourd'hui
Didier Anzieu, Devenir psychanalyste aujourd'hui
mardi 13 septembre 2016
lundi 12 septembre 2016
vendredi 9 septembre 2016
jeudi 8 septembre 2016
mercredi 7 septembre 2016
mardi 6 septembre 2016
lundi 5 septembre 2016
Rien d'étranger n'est entré en toi ; c'est une partie de ta propre vie psychique qui s'est dérobée à ta connaissance et à la domination de ta volonté. C'est pourquoi d'ailleurs tu es si faible pour te défendre ; tu combats avec une partie de tes forces contre l'autre partie ; tu ne peux pas mobiliser toutes tes forces comme contre un ennemi extérieur. Et ce n'est même pas la part la plus mauvaise ou la plus insignifiante de tes forces psychiques qui s'est ainsi opposée à toi et est devenue indépendante de toi. La responsabilité, je dois le dire, t'en incombe entièrement. Tu as surestimé tes forces quand tu as cru que tu pouvais faire de tes pulsions sexuelles ce que tu voulais, et que tu n'avais pas besoin de faire le moindre cas de leurs intentions. Alors elles se sont révoltées, et ont suivi leurs propres voies obscures pour échapper à la répression, elles se sont fait droit d'une manière qui ne peut plus te convenir. Comment elles y ont réussi, et par quelles routes elles ont cheminé, cela, tu ne l'as pas appris ; c'est seulement le résultat de ce travail, le symptôme, que tu ressens comme souffrance, qui est parvenu à ta connaissance. Tu ne le reconnais pas alors comme un rejeton de tes propres pulsions réprouvées, et tu ne sais pas qu'il s'agit là de leur satisfaction substitutive.
Sigmund Freud, Une difficulté de la psychanalyse
Sigmund Freud, Une difficulté de la psychanalyse
vendredi 2 septembre 2016
jeudi 1 septembre 2016
Les dix commandements paradoxaux
Kent M. Keith
- Les gens sont déraisonnables, illogiques et égocentriques. Aimez-les quand même.
- Si vous êtes désintéressé, les gens vous prêteront des motifs égoïstes et calculateurs. Soyez désintéressé quand même.
- Si vous réussissez, vous gagnerez de faux amis et de vrais ennemis. Réussissez quand même.
- Le bien que vous faites aujourd’hui sera oublié demain. Faites le bien quand même.
- L’honnêteté et la franchise vous rendent vulnérable. Soyez honnête et franc quand même.
- Ceux qui voient grand peuvent être anéantis par les esprits les plus mesquins. Voyez grand quand même.
- Les gens aiment les petites gens, mais préfèrent suivre les puissants. Luttez pour les petites gens quand même.
- Ce que vous avez mis des années à bâtir peut être détruit du jour au lendemain. Bâtissez quand même.
- Les gens ont besoin d’être secourus, mais certains se retourneront contre vous si vous les aidez. Aidez-les quand même.
- Si vous donnez au monde le meilleur de vous-même, vous risquez d’y laisser des plumes. Donnez le meilleur quand même.
Kent M. Keith
mercredi 27 juillet 2016
mardi 26 juillet 2016
lundi 25 juillet 2016
vendredi 22 juillet 2016
jeudi 21 juillet 2016
mercredi 20 juillet 2016
mardi 19 juillet 2016
lundi 18 juillet 2016
mardi 12 juillet 2016
Cet homme, à peine plus vieux que moi, que je salue poliment dans l’ascenseur, sait-il que c’est un petit garçon qui lui parle, un peu intimidé, un peu gêné d’avoir à parler à une grande personne, comme si lui-même en était une, et surpris, oui, presque flatté, malgré ses 50 ans, que l’autre semble y croire ? Guère plus, sans doute, que je ne connais le petit garçon que mon voisin est resté pour lui-même, ignoré de tous, et comme absurdement enfoui sous les traits d’un presque sexagénaire…
Il n’y a pas de grandes personnes. Il n’y a que des enfants qui font semblant d’avoir grandi, ou qui ont grandi, en effet, mais sans pouvoir y croire tout à fait, sans parvenir à effacer l’enfant qu’ils furent, qu’ils demeurent, qu’ils portent en eux ou qui les porte…
André Comte-Sponville, La vie humaine
Il n’y a pas de grandes personnes. Il n’y a que des enfants qui font semblant d’avoir grandi, ou qui ont grandi, en effet, mais sans pouvoir y croire tout à fait, sans parvenir à effacer l’enfant qu’ils furent, qu’ils demeurent, qu’ils portent en eux ou qui les porte…
André Comte-Sponville, La vie humaine
lundi 11 juillet 2016
vendredi 8 juillet 2016
jeudi 7 juillet 2016
mercredi 6 juillet 2016
mardi 5 juillet 2016
lundi 4 juillet 2016
Avez-vous déjà suivi un gourou ou un mentor ? Je l'ai fait. J'ai donné mon pouvoir à mes amantes, à mes épouses. J'attendais, près du téléphone. J'ai attendu des permissions. Dans le travail aussi, j'ai attendu en tremblant le jugement des autres. J'ai donné mon pouvoir parfois subtilement, d'un seul regard, d'autres fois ouvertement, sans honte, à la vue de tous. L'exil, le bannissement, l'échec peuvent être de bonnes choses car ils nous forcent à agir depuis notre centre et non plus à partir de quelqu'un d'autre. J'applaudis quand vous tombez au fond du trou, parce qu'au fond du trou, il n'y a que vous-même.
(traduction Christel Petitcollin)
Steven Pressfield, Turning Pro
(traduction Christel Petitcollin)
Steven Pressfield, Turning Pro
vendredi 1 juillet 2016
Je dirais que la pensée complexe est tout d’abord une pensée qui relie. C’est le sens le plus proche du terme complexus (ce qui est tissé ensemble). Cela veut dire que par opposition au mode de penser traditionnel, qui découpe les champs de connaissances en disciplines et les compartimente, la pensée complexe est un mode de reliance. Elle est donc contre l’isolement des objets de connaissance ; elle les restitue dans leur contexte et, si possible, dans la globalité dont ils font partie.
Edgar Morin, La pensée complexe : Antidote pour les pensées uniques, Synergies Monde, n° 4, 2008
Edgar Morin, La pensée complexe : Antidote pour les pensées uniques, Synergies Monde, n° 4, 2008
jeudi 30 juin 2016
mercredi 29 juin 2016
Celui qui tente d'apprendre dans des livres le noble jeu des échecs ne tarde pas à découvrir que, seules, les manœuvres de début et de la fin permettent de donner de ce jeu une description schématique complète, tandis que son immense complexité dès après le début de la partie, s'oppose à toute description. Ce n'est qu'en étudiant assidûment la façon de jouer des maîtres en la matière que l'on peut combler les lacunes de son instruction. Les règles auxquelles reste soumise l'application pratique du traitement analytique comportent les mêmes restrictions.
Sigmund Freud, La technique psychanalytique
Sigmund Freud, La technique psychanalytique
mardi 28 juin 2016
Pour étayer ma thèse, je voudrais me référer aux réflexions de Hans-Jürgen Wirth sur le concept de trauma collectif et d’identité collective. Par identité collective, Wirth entend l’aspect de notre identité qui se réfère au collectif auquel nous nous sentons appartenir et qui, pour nos valeurs, nos convictions et nos émotions, revêt une signification centrale. Cette identité collective peut être blessée et traumatisée, même quand l’individu n’a pas directement été blessé physiquement ou psychiquement, c’est-à-dire que l’individu reste sain, mais qu’il est perturbé, voire traumatisé sur le plan de son identité collective. Toute identité durable est liée à une mémoire personnelle et collective, et à des souvenirs. Tandis que la mémoire personnelle est ancrée dans le cerveau et se maintient à travers les échanges sociaux auxquels la personne prend part, la mémoire collective n’a pas de substrat neuronal, et on en "hérite" sous une forme symbolique qui est objectivée par le truchement des mythes, textes, règles, lois, chansons entre autres, c’est-à-dire qu’elle est transmise de façon extéropsychique.
Ingo Rath, Les phases de développement de l'analyse transactionnelle, d'Éric Berne à nos jours
Ingo Rath, Les phases de développement de l'analyse transactionnelle, d'Éric Berne à nos jours
lundi 27 juin 2016
vendredi 24 juin 2016
Winnicott apporte une contribution essentielle concernant la sensibilité parentale avec l'affirmation souvent mal comprise et quelque peu paradoxale selon laquelle l'état d'être en relation avec autrui naît à partir de l'expérience d'être seul en présence d'une autre personne (Winnicott 1958).
Peter Fonagy, Théorie de l'attachement et psychanalyse
Peter Fonagy, Théorie de l'attachement et psychanalyse
jeudi 23 juin 2016
lundi 20 juin 2016
En attendant, tenez pour acquis que la vie sexuelle ou, comme nous le disons, la fonction de la libido, loin de surgir toute faite, loin même de se développer, en restant semblable à elle-même, traverse une série de phases successives entre lesquelles il n’existe aucune ressemblance, qu’elle présente par conséquent un développement qui se répète plusieurs fois, à l’instar de celui qui s’étend de la chrysalide au papillon.
Sigmund Freud, Conférences d'introduction à la psychanalyse
Sigmund Freud, Conférences d'introduction à la psychanalyse
vendredi 17 juin 2016
Plus je traite de malades, plus s'enracine en moi la conviction que le médecin ne contribue que pour une part infirme à la guérison de ses patients ; c'est le malade qui se guérit lui-même et le devoir du médecin, du psychanalyste comme des autres, consiste à deviner la ruse momentanément employée par le ça pour pouvoir rester malade. Car c'est une erreur de croire que le malade se rend chez son médecin pour se faire soigner. Il n'y a qu'une partie de son ça disposée à guérir, l'autre s'entête dans la maladie et guette sournoisement l'occasion d'obliger le médecin à lui nuire.
Georg Groddeck, Le livre du ça
Georg Groddeck, Le livre du ça
jeudi 16 juin 2016
mercredi 15 juin 2016
mardi 14 juin 2016
Le fondement d'une structure saine et stable est certainement à rapporter à la fiabilité de la mère interne, mais cette capacité est elle-même soutenue par l'individu. Il est vrai que les gens passent leur vie à porter le réverbère sur lequel ils s'appuient, mais quelque part au commencement, il doit y avoir un réverbère qui tient tout seul, sinon il n'y a pas d'introjection de la fiabilité.
Donald W. Winnicott, Lettres vives
Donald W. Winnicott, Lettres vives
vendredi 10 juin 2016
jeudi 9 juin 2016
mercredi 8 juin 2016
mardi 7 juin 2016
lundi 6 juin 2016
vendredi 3 juin 2016
jeudi 2 juin 2016
mercredi 1 juin 2016
mardi 31 mai 2016
lundi 30 mai 2016
jeudi 26 mai 2016
mercredi 25 mai 2016
L'espace analytique du groupe relie la représentation sociale et la représentation au sens freudien. L'analyse de groupe ne sollicite-t-elle pas plus particulièrement le système préconscient et les affects réprimés ? Les représentations inconscientes s'inscrivent dans l'espace transitionnel du groupe, qui est contenant pour les angoisses primaires.
Jean Claude Rouchy, Le groupe, espace analytique, clinique et théorie
Jean Claude Rouchy, Le groupe, espace analytique, clinique et théorie
mardi 24 mai 2016
lundi 23 mai 2016
jeudi 19 mai 2016
mercredi 18 mai 2016
"Tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort." C'était une connerie. Du moins dans son acception banale et contemporaine. Au quotidien, la souffrance n'endurcit pas. Elle use. Fragilise. Affaiblit [...]. L'âme humaine n'est pas un cuir qui se tanne avec les épreuves. C'est une membrane sensible, vibrante, délicate. En cas de choc, elle reste meurtrie, marquée, hantée.
Jean-Christophe Grangé, Le passager
Jean-Christophe Grangé, Le passager
vendredi 13 mai 2016
Si
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
(Traduction : André Maurois, 1918)
Rudyard Kipling
Si tu peux voir détruit l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir,
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir ;
Si tu peux être amant sans être fou d'amour,
Si tu peux être fort sans cesser d'être tendre,
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour,
Pourtant lutter et te défendre ;
Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots,
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot ;
Si tu peux rester digne en étant populaire,
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois,
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères,
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi ;
Si tu sais méditer, observer et connaître,
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur ;
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître,
Penser sans n'être que penseur ;
Si tu sais être dur, sans jamais être en rage,
Si tu sais être brave et jamais imprudent,
Si tu sais être bon, si tu sais être sage,
Sans être moral et pédant ;
Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front,
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront,
Alors les Rois les Dieux la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis,
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire,
Tu seras un homme mon fils !
(Traduction : André Maurois, 1918)
Rudyard Kipling
jeudi 12 mai 2016
Votre gagne pain ne m’intéresse pas. Je veux savoir de quoi vous vous languissez et si vous osez rêver de rencontrer ce dont votre coeur se languit. Votre âge ne m’intéresse pas. Je veux savoir si vous accepterez de prendre le risque d’avoir l’air idiot pour l’amour, pour vos rêves, pour l’aventure d’être vivant.
Oriah Mountain Dreamer, The Invitation
Oriah Mountain Dreamer, The Invitation
mercredi 11 mai 2016
De nouveau s’élève contre la psychanalyse le reproche de compliquer les choses les plus simples par des arguties, de voir des mystères et des problèmes là où il n’en existe pas et d’y arriver en soulignant outre mesure de petites choses accessoires, telles qu’on peut en rencontrer partout, leur faisant porter les conclusions les plus amples et les plus étranges. Nous ferions en vain valoir, là contre, qu’en rejetant ainsi l’analyse, beaucoup d’analogies frappantes se trouveraient supprimées, de délicats enchaînements détruits, que nous eussions pu mettre au jour dans ce cas. Les contradicteurs diront que ces analogies et ces enchaînements n’existent tout simplement pas, et qu’ils sont introduits par nous avec une ingéniosité superflue.
Sigmund Freud, Une névrose démoniaque au XVIIe siècle
Sigmund Freud, Une névrose démoniaque au XVIIe siècle
mardi 10 mai 2016
lundi 9 mai 2016
vendredi 6 mai 2016
mercredi 4 mai 2016
lundi 2 mai 2016
vendredi 29 avril 2016
jeudi 28 avril 2016
mercredi 27 avril 2016
J'ai connu quelqu'un qui énumérait, comme un vendeur vantant les produits qu'il propose à l'acheteur, les qualités de la femme avec qui il vivait : « Elle est jolie, intelligente, cultivée, de bonne famille, elle fait plutôt bien l'amour, et très bien la cuisine. » Il l'estimait à son juste prix. Il ignorait que chacun invente toujours l'être dont il est épris. Cet homme n'était pas amoureux. L'amour, dans son principe même, est surestimation. Il n'est pas réaliste.
J.-B. Pontalis, Elles
J.-B. Pontalis, Elles
mardi 26 avril 2016
vendredi 22 avril 2016
mercredi 20 avril 2016
mardi 19 avril 2016
lundi 18 avril 2016
Le comportement du rêve à l'égard de la catégorie de l'opposition et de la contradiction est extrêmement frappant. Celle-ci est tout bonnement négligée. Le "non" semble, pour le rêve, ne pas exister. Avec une prédilection particulière, les oppositions sont contractées en une unité ou représentées par un élément unique. Mieux, le rêve prend également la liberté de représenter n'importe quel élément par le désir de son opposé, de sorte qu'au premier abord, on ne sait d'aucun élément admettant un contraire s'il est contenu dans les pensées du rêve de manière positive ou négative.
Sigmund Freud, L'interprétation du rêve
vendredi 15 avril 2016
jeudi 14 avril 2016
mercredi 13 avril 2016
mardi 12 avril 2016
lundi 11 avril 2016
vendredi 8 avril 2016
L'angoisse provient du danger qui menace l'organisme du fait de la pulsion de mort, et j'ai soutenu que c'était là la cause première de l'angoisse. La description par Freud de la lutte entre les pulsions de vie et de mort (qui mène à la déflexion d'une partie de la pulsion de mort vers l'extérieur et à la fusion des deux pulsions) nous orienterait vers la conclusion que l'angoisse a son origine dans la peur et dans la mort.
Melanie Klein, Sur la théorie de l'angoisse et de la culpabilité
Melanie Klein, Sur la théorie de l'angoisse et de la culpabilité
jeudi 7 avril 2016
mercredi 6 avril 2016
lundi 4 avril 2016
vendredi 1 avril 2016
jeudi 31 mars 2016
Il n'est plus possible que l'analyste conserve l'idée qu'il a pu se faire au cours de son premier apprentissage psychiatrique et selon laquelle il existe des maladies psychiatriques définies. En fait, au cours du travail analytique, il devient évident pour l'analyste que, dans la mesure où la psychiatrie est affaire de diagnostic, elle constitue une tentative considérable pour arriver à l'impossible, puisque non seulement le diagnostic d'un patient devient plus clair au fur et à mesure que l'analyse progresse, mais il se modifie également. Un hystérique pourra dévoiler une schizophrénie sous-jacente, tandis qu'une personne schizoïde s'avérera être le membre bien portant d'un groupement familial malade, et qu'un obsessionnel apparaîtra finalement comme un dépressif.
Donald W. Winnicott, Processus de maturation chez l'enfant
Donald W. Winnicott, Processus de maturation chez l'enfant
mardi 29 mars 2016
vendredi 25 mars 2016
jeudi 24 mars 2016
mercredi 23 mars 2016
De nombreuses expériences, par exemple celle de Nicolas Guéguen, un chercheur en sciences du comportement de l'université Bretagne-Sud, ont montré qu'on obtient toujours plus de quelqu'un quand on le laisse "libre de..." : le taux d'acceptation (et de paix des ménages) est multiplié par trois.
Gilles Azzopardi, la vérité sur les accords toltèques
Gilles Azzopardi, la vérité sur les accords toltèques
mardi 22 mars 2016
La projection n’est pas uniquement un moyen de défense ; on l’observe également dans les cas où il n’est pas question de conflit. La projection au dehors de perceptions intérieures est un mécanisme primitif auquel sont soumises également nos perceptions sensorielles, et joue par conséquent un rôle capital dans notre mode de représentation du monde extérieur.
Sigmund Freud, Totem et tabou
Sigmund Freud, Totem et tabou
lundi 21 mars 2016
Par moi-peau, nous désignons une figuration dont le moi de l'enfant se sert au cours des phases précoces de son développement pour se représenter lui-même comme moi à partir de son expérience de la surface du corps. Cela correspond au moment où le moi psychique se différencie du moi corporel sur le plan opératif et reste confondu avec lui sur le plan figuratif.
Didier Anzieu, Le moi-peau
Didier Anzieu, Le moi-peau
vendredi 18 mars 2016
Laissez-moi vous révéler que l’expérience ne compte pour rien. […] L’heure de la fin des découvertes ne sonne jamais. Le monde m’est nouveau à mon réveil chaque matin et je ne cesserai d’éclore que pour cesser de vivre.
Allocution de Colette aux étudiants lors de la projection du Blé en herbe en 1954
Allocution de Colette aux étudiants lors de la projection du Blé en herbe en 1954
mercredi 16 mars 2016
lundi 14 mars 2016
Un guerrier de la lumière constate que certains moments se répètent.
Fréquemment, il se voit placé devant des problèmes et de situations auxquels il avait déjà été confronté. Alors il est déprimé. Il songe qu'il est incapable de progresser dans la vie, puisque les difficultés sont de retour.
"Je suis déjà passé par là, se plaint-il à son cœur.
- Il est vrai que tu as déjà vécu cela, répond son cœur. Mais tu ne l'as jamais dépassé."
Le guerrier comprend alors que la répétition des expériences a une unique finalité : lui enseigner ce qu'il n'a pas encore appris.
Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière
Fréquemment, il se voit placé devant des problèmes et de situations auxquels il avait déjà été confronté. Alors il est déprimé. Il songe qu'il est incapable de progresser dans la vie, puisque les difficultés sont de retour.
"Je suis déjà passé par là, se plaint-il à son cœur.
- Il est vrai que tu as déjà vécu cela, répond son cœur. Mais tu ne l'as jamais dépassé."
Le guerrier comprend alors que la répétition des expériences a une unique finalité : lui enseigner ce qu'il n'a pas encore appris.
Paulo Coelho, Manuel du guerrier de la lumière
vendredi 11 mars 2016
Imaginez que tout le monde est "éclairé", sauf vous.
Cette stratégie va vous donner l'occasion de pratiquer une simulation qui vous paraîtra d'abord parfaitement inacceptable. Pourtant, si vous acceptez de jouer le jeu, vous découvrirez un exercice très utile à votre épanouissement personnel.
Imaginez que les personnes autour de vous - amies ou inconnues - soient des sages parfaits. Le monde est peuplé de bienheureux, d'êtres réalisés (appelez-les comme vous voulez) - sauf vous ! Et tous ont ont quelque chose à vous apprendre. Le pignouf dans sa camionnette garée en double file est là pour vous enseigner la patience, le punk à crête d'Iroquois vous rappelle qu'on ne doit jamais juger sur les apparences...
Votre travail consiste à découvrir la leçon que chacune de ces personnes essaie de vous transmettre. De cette façon, vous vous sentirez de moins en moins agacé par son comportement ou par ses défauts. Prenez l'habitude d'aborder la vie ainsi. Vous ne le regretterez pas. Au moment où vous devinez ce que telle ou telle personne veut vous inculquer, votre colère à son égard s'envole comme par enchantement. Supposons, par exemple, que vous soyez à la poste et que le préposé prenne un malin plaisir à dispenser ses services à la vitesse d'un escargot. Plutôt que de rouspéter, posez-là question : "Qu'essaie-t-il de m'enseigner ?" Peut-être vous demande-t-il de faire preuve de plus de compassion : avez-vous jamais mesuré combien il est difficile d'exercer un travail qui vous rebute ? À moins que ce fonctionnaire ne vous incite à mieux tenir la bride à vos passions : faire la queue n'est-il pas une excellente occasion de refréner votre impatience ?
Vous serez surpris de voir à quel point ce petit jeu peut devenir facile et amusant. Il suffit de modifier votre perception; passez de la colère hargneuse ("Pourquoi me font-ils subir ça ?") à la curiosité philosophique ("Qu'essaient-ils de m'apprendre ?"). Souvenez-vous : le monde autour de vous est peuplé de sages...
Richard Carlson, Ne vous noyez pas dans un verre d'eau
Cette stratégie va vous donner l'occasion de pratiquer une simulation qui vous paraîtra d'abord parfaitement inacceptable. Pourtant, si vous acceptez de jouer le jeu, vous découvrirez un exercice très utile à votre épanouissement personnel.
Imaginez que les personnes autour de vous - amies ou inconnues - soient des sages parfaits. Le monde est peuplé de bienheureux, d'êtres réalisés (appelez-les comme vous voulez) - sauf vous ! Et tous ont ont quelque chose à vous apprendre. Le pignouf dans sa camionnette garée en double file est là pour vous enseigner la patience, le punk à crête d'Iroquois vous rappelle qu'on ne doit jamais juger sur les apparences...
Votre travail consiste à découvrir la leçon que chacune de ces personnes essaie de vous transmettre. De cette façon, vous vous sentirez de moins en moins agacé par son comportement ou par ses défauts. Prenez l'habitude d'aborder la vie ainsi. Vous ne le regretterez pas. Au moment où vous devinez ce que telle ou telle personne veut vous inculquer, votre colère à son égard s'envole comme par enchantement. Supposons, par exemple, que vous soyez à la poste et que le préposé prenne un malin plaisir à dispenser ses services à la vitesse d'un escargot. Plutôt que de rouspéter, posez-là question : "Qu'essaie-t-il de m'enseigner ?" Peut-être vous demande-t-il de faire preuve de plus de compassion : avez-vous jamais mesuré combien il est difficile d'exercer un travail qui vous rebute ? À moins que ce fonctionnaire ne vous incite à mieux tenir la bride à vos passions : faire la queue n'est-il pas une excellente occasion de refréner votre impatience ?
Vous serez surpris de voir à quel point ce petit jeu peut devenir facile et amusant. Il suffit de modifier votre perception; passez de la colère hargneuse ("Pourquoi me font-ils subir ça ?") à la curiosité philosophique ("Qu'essaient-ils de m'apprendre ?"). Souvenez-vous : le monde autour de vous est peuplé de sages...
Richard Carlson, Ne vous noyez pas dans un verre d'eau
jeudi 10 mars 2016
La capacité d'être seul n'est pas automatiquement acquise, même si l'individu est parfois effectivement seul. En fait, elle implique que l'individu ait été capable préalablement d'élaborer un monde interne, de retrouver un état de non-intégration psychique (c'est-à-dire de laisser-aller, de détente, en rapport avec l'aire intermédiaire). La capacité d'être seul devient possible si l'objet extérieur (au départ la mère) est introjecté, re-présenté par l'enfant ; elle est précédée par le paradoxe de "l'expérience d'être seul en présence de quelqu'un".
Madeleine Davis et David Wallbridge, Winnicott : introduction à son oeuvre
Madeleine Davis et David Wallbridge, Winnicott : introduction à son oeuvre
mercredi 9 mars 2016
Le moment est maintenant venu d’étudier les forces mises en branle dans le traitement. Le moteur principal de ce dernier est la souffrance du patient d’où émane son désir de guérison. Différents facteurs peuvent concourir à affaiblir ces forces, des facteurs qui ne se révèlent qu’au cours des analyses. Le principal d’entre eux est ce que nous appelons le « bénéfice secondaire » de la maladie ; toutefois la force instinctuelle elle-même doit se maintenir jusqu’à la fin du traitement ; toute amélioration en provoque la décroissance. Mais cette force motrice est impuissante, à elle seule, à vaincre la maladie car deux choses lui manquent pour cela : la connaissance des voies à suivre pour aboutir au but désiré et l’insuffisance quantitative des énergies indispensables, à opposer aux résistances. Le traitement analytique remédie à ces deux déficiences. En utilisant les énergies toujours prêtes à être « transférées », il fournit les quantités d’affects nécessaires à la suppression des résistances et, en éclairant, au moment voulu, le malade, l’analyse indique à celui-ci la voie dans laquelle il doit engager ses énergies. Assez souvent le transfert suffit, à lui seul, à supprimer les symptômes morbides, mais cela temporairement et tant qu’il dure seulement. En pareil cas le traitement ne peut être qualifié de psychanalyse, il ne s’agit plus que de suggestion. Le nom de psychanalyse ne s’applique qu’aux procédés où l’intensité du transfert est utilisée contre les résistances. C’est alors seulement que l’état morbide ne peut plus exister, même lorsque le transfert est liquidé comme du reste sa fonction l’exige.
Un autre facteur joue également son rôle dans le traitement : l’intérêt intellectuel suscité chez le patient, sa compréhension. Toutefois ce facteur entre à peine en ligne de compte en regard des autres forces engagées dans la lutte, étant donné qu’il est continuellement menacé de succomber, sous l’influence des résistances, à des troubles du jugement. En somme, transfert et prise de connaissance (par l’explication), telles sont les sources d’énergies nouvelles dont le patient reste redevable à l’analyste. Toutefois le patient ne fait usage de ses nouvelles lumières que dans la mesure où l’y incite le transfert et c’est là la raison qui oblige l’analyste à attendre qu’un puissant transfert soit établi pour donner ses premiers éclaircissements et même, dirons-nous, que ce transfert ait cessé d’être perturbé par toutes les résistances qui s’opposent à lui, les unes après les autres.
Sigmund Freud, Le début du traitement
Un autre facteur joue également son rôle dans le traitement : l’intérêt intellectuel suscité chez le patient, sa compréhension. Toutefois ce facteur entre à peine en ligne de compte en regard des autres forces engagées dans la lutte, étant donné qu’il est continuellement menacé de succomber, sous l’influence des résistances, à des troubles du jugement. En somme, transfert et prise de connaissance (par l’explication), telles sont les sources d’énergies nouvelles dont le patient reste redevable à l’analyste. Toutefois le patient ne fait usage de ses nouvelles lumières que dans la mesure où l’y incite le transfert et c’est là la raison qui oblige l’analyste à attendre qu’un puissant transfert soit établi pour donner ses premiers éclaircissements et même, dirons-nous, que ce transfert ait cessé d’être perturbé par toutes les résistances qui s’opposent à lui, les unes après les autres.
Sigmund Freud, Le début du traitement
mardi 8 mars 2016
On a dû te dire qu’il fallait réussir dans la vie ; moi je te dis qu’il faut vivre, c’est la plus grande réussite du monde. On t’a dit : « Avec ce que tu sais, tu gagneras de l’argent ». Moi je te dis : « Avec ce que tu sais tu gagneras des joies ». C’est beaucoup mieux.
Jean Giono, Les vraies richesses
Jean Giono, Les vraies richesses
lundi 7 mars 2016
Pour dire les choses aussi simplement que possible, quelqu'un qui s'adresse à un psychanalyste le fait pour se déprendre de l'emprise de certaines représentations inconscientes sur son existence. Non pas parce qu'il ne serait pas d'accord avec ces représentations : bien au contraire parce qu'il y consent trop - à son insu -, et que ce consentement - sans qu'il le sache - lui rend la vie impossible. En d'autres termes, ses expériences de vie mettent en crise les repères qui le constituent inconsciemment. Il y a donc discordance, jusqu'à la déchirure parfois.
Sabine Prokhoris, entretien avec Nathalie Dray, Les Inrockuptibles n° 454, août 2004
Sabine Prokhoris, entretien avec Nathalie Dray, Les Inrockuptibles n° 454, août 2004
vendredi 4 mars 2016
Freud n’a point conçu le psychisme inconscient comme le siège de la vérité ou le locus de l’âme humaine. Il a admis que les prétentions de l’inconscient à connaître et à constituer la totalité du sujet étaient aussi infondées que celles du sujet conscient et parlant. Il n’a pas idéalisé l’inconscient en y voyant, avec romantisme, un résidu de l’"homme naturel", pas plus qu’il n’en a fait le vilain de l’histoire… Conscience et inconscience sont conçues comme mutuellement dépendantes, chaque terme définissant, niant et conservant l’autre.
Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse
Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse
jeudi 3 mars 2016
mardi 1 mars 2016
lundi 29 février 2016
Clivage du Moi
Freud introduit ce concept en 1927 dans son article sur le fétichisme. Il en fait un mode de défense très particulier où le sujet se "scinde", en quelque sorte, par rapport à la réalité ou à la différence des sexes. Une partie du sujet tient compte de la réalité qu'une autre ne connaît pas. Octave Mannoni a magistralement illustré ce mécanisme par la formule "je sais bien, mais quand même".
Jean-Pierre Chartier, Introduction à la pensée freudienne
Freud introduit ce concept en 1927 dans son article sur le fétichisme. Il en fait un mode de défense très particulier où le sujet se "scinde", en quelque sorte, par rapport à la réalité ou à la différence des sexes. Une partie du sujet tient compte de la réalité qu'une autre ne connaît pas. Octave Mannoni a magistralement illustré ce mécanisme par la formule "je sais bien, mais quand même".
Jean-Pierre Chartier, Introduction à la pensée freudienne
vendredi 26 février 2016
jeudi 25 février 2016
mercredi 24 février 2016
De ce rien, de cet embryon rudimentaire qui est la première idée d'un livre, faire sortir le punctum saliens, la vie de l'œuf, tirer un à un de sa tête les membres d'une phrase, les lignes des caractères, l'intrigue, le nœud, tout ce petit monde animé de vous-même et jailli de vos entrailles, qui est un roman, − quel travail !
Edmond et Jules de Goncourt, Journal des Goncourt, année 1862
Edmond et Jules de Goncourt, Journal des Goncourt, année 1862
mardi 23 février 2016
lundi 22 février 2016
Votre temps est limité. Ne le gâchez pas en menant une existence qui n’est pas la vôtre. Ne soyez pas prisonniers des dogmes, ce n’est rien d’autre que vivre selon les conclusions et les réflexions d’autres personnes. Ne laissez pas le brouhaha des opinions des autres étouffer votre voix intérieure. Et, par dessus tout, ayez le courage de suivre votre cœur et votre intuition : d’une manière ou d’une autre, ils savent ce que vous voulez vraiment devenir. Tout le reste est secondaire. Soyez insatiables. Soyez fous.
Steve Jobs
Steve Jobs
vendredi 19 février 2016
jeudi 18 février 2016
mercredi 17 février 2016
jeudi 4 février 2016
mercredi 3 février 2016
mardi 2 février 2016
La perlaboration doit, me semble-t-il, garder son sens premier, la référence à un temps intrasubjectif, fondamentalement soustrait à l’influence consciente et même inconsciente de l’analyste. Certes, la perlaboration peut prendre en compte l’idée du travail en commun (sorte de perlaboration toujours préliminaire)…mais pour (le patient), elle prend sa valeur fondamentale dans l’expérience radicalement singulière de sa propre réalité psychique… l’irremplaçable moment du silence introjectif.
Jean-Luc Donnet, La situation analysante
Jean-Luc Donnet, La situation analysante
lundi 1 février 2016
Comparaison n’est pas raison
La compréhension des choses semble difficilement accessible par l'information et le raisonnement, qui reste encore et pour beaucoup d’entre nous une démarche abstraite. Nous avons souvent besoin, pour réellement comprendre certaines choses, d’établir des points de relation avec notre vécu, avec la réalité perceptible (par nous).
Une autre manière d’arriver à « saisir la réalité » de choses perçues comme « abstraites » est la comparaison. Les textes de références de nos religions chrétiennes en sont l’illustration. Et plus précisément le Nouveau Testament use de « paraboles »…
Mais si cela peut nous aider, il ne faut pas confondre les choses mises en parallèles (c'est à dire « comparées »). Ces choses étant distinctes, elles sont forcément et à des degrés variables, différentes. Il ne faut pas confondre les « images » avec ce qu’elles sont sensées nous aider à comprendre. La véritable compréhension est en réalité le résultat du raisonnement, qui est l’activité de la Raison.
Mais et par ailleurs, le fait de comparer des éléments, ne signifie pas uniquement les décréter comme semblables ou parallèles; c’est aussi les examiner chacun pour voir par exemple ce qu’ils ont de semblable et de différent, chercher des relations entre eux. Et cela est une démarche qui fait partie du concept de raisonnement et de pensée.
Gilles Guérin, www.gillesguerin.com
La compréhension des choses semble difficilement accessible par l'information et le raisonnement, qui reste encore et pour beaucoup d’entre nous une démarche abstraite. Nous avons souvent besoin, pour réellement comprendre certaines choses, d’établir des points de relation avec notre vécu, avec la réalité perceptible (par nous).
Une autre manière d’arriver à « saisir la réalité » de choses perçues comme « abstraites » est la comparaison. Les textes de références de nos religions chrétiennes en sont l’illustration. Et plus précisément le Nouveau Testament use de « paraboles »…
Mais si cela peut nous aider, il ne faut pas confondre les choses mises en parallèles (c'est à dire « comparées »). Ces choses étant distinctes, elles sont forcément et à des degrés variables, différentes. Il ne faut pas confondre les « images » avec ce qu’elles sont sensées nous aider à comprendre. La véritable compréhension est en réalité le résultat du raisonnement, qui est l’activité de la Raison.
Mais et par ailleurs, le fait de comparer des éléments, ne signifie pas uniquement les décréter comme semblables ou parallèles; c’est aussi les examiner chacun pour voir par exemple ce qu’ils ont de semblable et de différent, chercher des relations entre eux. Et cela est une démarche qui fait partie du concept de raisonnement et de pensée.
Gilles Guérin, www.gillesguerin.com
vendredi 29 janvier 2016
C'est une folie d'haïr toutes les roses, parce que une épine vous a piqué,
D'abandonner tous les rêves, parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé,
De renoncer à toutes les tentatives parce qu'une a échoué.
C'est une folie de condamner toutes les amitiés, parce qu'une vous a trahi,
De ne croire plus en l'amour, juste parce qu'un d'entre eux a été infidèle,
De jeter toutes les chances d'être heureux juste, parce que quelque chose n'est pas allé dans la bonne direction.
Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle.
Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ.
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince
D'abandonner tous les rêves, parce que l'un d'entre eux ne s'est pas réalisé,
De renoncer à toutes les tentatives parce qu'une a échoué.
C'est une folie de condamner toutes les amitiés, parce qu'une vous a trahi,
De ne croire plus en l'amour, juste parce qu'un d'entre eux a été infidèle,
De jeter toutes les chances d'être heureux juste, parce que quelque chose n'est pas allé dans la bonne direction.
Il y aura toujours une autre occasion, un autre ami, un autre amour, une force nouvelle.
Pour chaque fin il y a toujours un nouveau départ.
Antoine de Saint-Exupéry, Le Petit Prince
jeudi 28 janvier 2016
Je définis par le terme de psychose un fonctionnement psychique marqué par les caractères suivants :
1. La mise en place par le Je, en fonction de la relation qui le lit au porte-parole, d’une relation de cause à effet, ou d’un ordre de causalité, ou d’une cause des origines, qui font appel à ce que j’ai défini de causalité délirante. Par ce qualificatif j’entends la construction par le Je d’une causalité non partagée et non partageable par le discours de l’ensemble. Cette « pensée délirante primaire » sur la cause pourra rester enkystée et constituer alors l’idée délirante primaire ou la potentialité psychotique, ou bien elle pourra donner lieu, lors du déclenchement de la psychose, à une systématisation, partielle ou totale, selon que nous considérons le versant schizophrénique ou le versant paranoïaque.
2. Une relation entre pulsion de vie et pulsion de mort, dans laquelle la première est toujours en danger d’être submergée par la seconde. Exister, penser, aimer, investir, sont toujours pour le psychotique le résultat d’un compromis qui ne peut se préserver qu’au prix de concessions fort importantes faites à Thanatos.
3. La particularité de la réponse apportée par le porte-parole aux acquis que l’enfant doit à sa sensorialité et à ses perceptions va agir sur la manière dont s’opèrera chez ce dernier l’étayage du pulsionnel sur le sensoriel. Au moment où devrait se faire une séparation entre ces deux vecteurs – séparation toujours partielle il vrai, mais qui n’en est pas moins essentielle pour le fonctionnement psychique – persistera toujours le risque que la sensorialité se retrouve totalement asservie au pulsionnel. La conséquence en sera que le perçu perd toute possibilité de préserver une liaison « objective » avec la chose perçue (facteur tout à fait déterminant dans la survenue du phénomène hallucinatoire).
4. La présence d’idées délirantes concernant ce qui est cause de la réalité de soi et du monde. Ces idées pourront cohabiter avec ce que j’appelle un discours rationalisateur, qui n’est que la reprise en écho d’une série de stéréotypes, d’images d’Épinal, présents dans le discours de l’entourage et dans le discours culturel : tant que cette cohabitation est possible, nous serons confrontés a l’équivalent d’un délire en secteur, quand cette cohabitation n’est plus possible, nous serons confrontés à une systématisation du délire.
5. Le renoncement de la part du sujet à croire et même à espérer qu’entre lui et les autres existent des convictions partagées concernant le registre causal. L’absence de cet espoir nous est prouvée par les deux manifestations auxquelles nous avons affaire avant que ne s’ébauche l’investissement d’une relation analytique :
- le mutisme et ses variantes;
- le monologue délirant ininterrompu qui démontre qu’aucune réponse n’est plus attendue.
Piera Aulagnier, Les mouvements d’ouverture dans l’analyse des psychoses
1. La mise en place par le Je, en fonction de la relation qui le lit au porte-parole, d’une relation de cause à effet, ou d’un ordre de causalité, ou d’une cause des origines, qui font appel à ce que j’ai défini de causalité délirante. Par ce qualificatif j’entends la construction par le Je d’une causalité non partagée et non partageable par le discours de l’ensemble. Cette « pensée délirante primaire » sur la cause pourra rester enkystée et constituer alors l’idée délirante primaire ou la potentialité psychotique, ou bien elle pourra donner lieu, lors du déclenchement de la psychose, à une systématisation, partielle ou totale, selon que nous considérons le versant schizophrénique ou le versant paranoïaque.
2. Une relation entre pulsion de vie et pulsion de mort, dans laquelle la première est toujours en danger d’être submergée par la seconde. Exister, penser, aimer, investir, sont toujours pour le psychotique le résultat d’un compromis qui ne peut se préserver qu’au prix de concessions fort importantes faites à Thanatos.
3. La particularité de la réponse apportée par le porte-parole aux acquis que l’enfant doit à sa sensorialité et à ses perceptions va agir sur la manière dont s’opèrera chez ce dernier l’étayage du pulsionnel sur le sensoriel. Au moment où devrait se faire une séparation entre ces deux vecteurs – séparation toujours partielle il vrai, mais qui n’en est pas moins essentielle pour le fonctionnement psychique – persistera toujours le risque que la sensorialité se retrouve totalement asservie au pulsionnel. La conséquence en sera que le perçu perd toute possibilité de préserver une liaison « objective » avec la chose perçue (facteur tout à fait déterminant dans la survenue du phénomène hallucinatoire).
4. La présence d’idées délirantes concernant ce qui est cause de la réalité de soi et du monde. Ces idées pourront cohabiter avec ce que j’appelle un discours rationalisateur, qui n’est que la reprise en écho d’une série de stéréotypes, d’images d’Épinal, présents dans le discours de l’entourage et dans le discours culturel : tant que cette cohabitation est possible, nous serons confrontés a l’équivalent d’un délire en secteur, quand cette cohabitation n’est plus possible, nous serons confrontés à une systématisation du délire.
5. Le renoncement de la part du sujet à croire et même à espérer qu’entre lui et les autres existent des convictions partagées concernant le registre causal. L’absence de cet espoir nous est prouvée par les deux manifestations auxquelles nous avons affaire avant que ne s’ébauche l’investissement d’une relation analytique :
- le mutisme et ses variantes;
- le monologue délirant ininterrompu qui démontre qu’aucune réponse n’est plus attendue.
Piera Aulagnier, Les mouvements d’ouverture dans l’analyse des psychoses
mercredi 27 janvier 2016
L'analyse oscille entre deux illusions : celle d'un discours intégralement transmissible, intégrable au discours lui-même, un dire transcendental [...] et celle d'un incommunicable, où l'indicible échappe à la nature du langage : le non-dit transcendental. Entre les deux : la représentation et l'affect, c'est à dire l'inconscient entre les mots et les choses.
André Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort
André Green, Narcissisme de vie, narcissisme de mort
mardi 26 janvier 2016
Quel bonheur, quelle promesse de bonheur dans la différence sexuelle ? Quelle chance que les femmes ne soient pas faites comme nous, les hommes ! Etre emporté hors de soi certes peut rendre fou, de colère, de dépit, mais nous permet aussi d'être traversé par un désir insensé, de connaître l'amour fou - ou sage s'il en existe.
J.-B. Pontalis, Elles
J.-B. Pontalis, Elles
lundi 25 janvier 2016
Un schéma est une disposition qui prend sa source dans l'enfance et influence toute notre vie. Il est issu de ce que nous ont fait subir notre famille ou nos jeunes amis. Nous avons été abandonnés, critiqués, surprotégés, victimes d'abus, du rejet de notre entourage ou de privations, toutes choses qui ont entraîné des traumatismes. Au bout d'un certain temps, le schéma s'intègre étroitement à notre personnalité. En renonçant à un schéma, nous renoncerions à à la sécurité de savoir qui nous sommes et de quoi le monde est fait. Ces certitudes, tôt acquises, familières et rassurantes, privent l'avenir de ses aspects aléatoires et incertains. Etrangement, elles nous aident à nous sentir en sécurité.
Aaron Beck, Cognitive therapy and the Emotional disorders
Aaron Beck, Cognitive therapy and the Emotional disorders
vendredi 22 janvier 2016
Ce que les spécialistes des TCC appellent des “troubles” (disorders) qu’il faut faire disparaître, sont pour les psychanalystes des symptômes qu’il faut d’abord interroger en tant que témoins du fonctionnement psychique et du jeu des représentations inconscientes de l’économie pulsionnelle.
Bernard Brusset in Psychanalystes, qui êtes-vous ? Sous la direction de Roger Perron
Bernard Brusset in Psychanalystes, qui êtes-vous ? Sous la direction de Roger Perron
mercredi 20 janvier 2016
Dissonance cognitive [en psychothérapie]
Un concept fondamental de la compréhension du changement est la dissonance cognitive. Il y a dissonance cognitive quand le patient prend conscience que ses attitudes diffèrent de celles d'un thérapeute qu'il estime. Il a alors le choix entre modifier ses attitudes pour se rapprocher de la personne estimée, déprécier l'autre, ou encore rompre la relation. La tâche du thérapeute dans ce dilemme consiste à garder suffisamment de valeur et d'influence aux yeux du patient pour que, en cas de dissonance, celui-ci accepte de remettre sérieusement en question son propre système d'attitude, plutôt que de rompre prématurément la relation ou de négliger le point de vue du thérapeute. Ce processus est analogue à la "perlaboration" et repose sur la compétence à maintenir le patient en contact cognitif avec le conflit. La qualité du lien relationnel et de l'alliance thérapeutique, rendue possible (...) prendront toute leur importance à ce stade-là. Un style relationnel et la possibilité de confronter et de modeler les attitudes est à la base d'une expérience émotive correctrice.
Olivier Chambon et Michel Marie-Cardine, Les bases de la psychothérapie
Un concept fondamental de la compréhension du changement est la dissonance cognitive. Il y a dissonance cognitive quand le patient prend conscience que ses attitudes diffèrent de celles d'un thérapeute qu'il estime. Il a alors le choix entre modifier ses attitudes pour se rapprocher de la personne estimée, déprécier l'autre, ou encore rompre la relation. La tâche du thérapeute dans ce dilemme consiste à garder suffisamment de valeur et d'influence aux yeux du patient pour que, en cas de dissonance, celui-ci accepte de remettre sérieusement en question son propre système d'attitude, plutôt que de rompre prématurément la relation ou de négliger le point de vue du thérapeute. Ce processus est analogue à la "perlaboration" et repose sur la compétence à maintenir le patient en contact cognitif avec le conflit. La qualité du lien relationnel et de l'alliance thérapeutique, rendue possible (...) prendront toute leur importance à ce stade-là. Un style relationnel et la possibilité de confronter et de modeler les attitudes est à la base d'une expérience émotive correctrice.
Olivier Chambon et Michel Marie-Cardine, Les bases de la psychothérapie
mardi 19 janvier 2016
Nous n’aspirons pas à l’éternité, sinon à celle de l’instant. Nous ne souhaitons pas être immortels mais nous avons la capacité d’être atemporels pour peu que demeurent présents en nous tous les âges de la vie et que nous nous refusions – je renouvelle un vœu formulé tout au long de ce livre en doutant qu’il ait la moindre chance d’être exaucé – à découper le temps.
Comme souvent c’est un enfant qui pose la question toute simple – et pourtant elle suscite en moi un léger vertige : « Est-ce qu’aujourd’hui sera hier, demain ? »
J.-B. Pontalis, Avant
Comme souvent c’est un enfant qui pose la question toute simple – et pourtant elle suscite en moi un léger vertige : « Est-ce qu’aujourd’hui sera hier, demain ? »
J.-B. Pontalis, Avant
lundi 18 janvier 2016
L’homme obsessionnel
Entre raison et sentiments, son cœur oscille sans cesse, mais ses idées morbides l’empêchent d’aimer librement.
Ces contradictions font de lui un être compliqué, torturé qui masque ses sentiments d’amour et refoule ses pulsions sadiques. Le sceau des contraintes qui marque sa personnalité le condamne à les exprimer d’une façon particulière.
Dans le film « Pour le pire et pour le meilleur», toute l’ambivalence du personnage de Melvin Duvall, écrivain misanthrope et sexiste, réside dans son activité d’auteur de romans à l’eau de rose que vient contredire son tempérament de rustre. L’homme, qui nourrit une peur panique du contact humain au point de se laver les mains cent fois par jour, change lorsqu’il tombe amoureux d’une mère célibataire. Pour elle, il se met en quatre après lui avoir littéralement pourri la vie. Car, au fond, l’obsessionnel, capable des pires méchancetés, est comme n’importe qui, il rêve du grand amour … dont il a une peur bleue.
Sa vie affective s’en trouve négligée, voire totalement ignorée. Les vertiges de la passion, connaît pas. Point de chute éthylique pour l’obsessionnel qui préfère garder ses émotions à distance.
A la confusion des sentiments, il préfère la tranquillité de l’ordre, l’équilibre de la symétrie et la rigueur du rangement. Pour faire sortir le cloporte de sa tanière, il existe une solution : avoir des tas de problèmes et le faire savoir. Ce sera l’occasion pour lui de vous aider à les résoudre, non sans une certaine obséquiosité. Il adore se rendre utile. Et si ça ne suffit pas à l’attirer dans vos rets, débrouillez-vous pour le confronter à l’éventualité de votre propre mort. Dit comme ça, ça peut paraître un peu curieux, mais Freud nous enseigne que l’obsessionnel a besoin d’envisager la mort de l’autre pour le prendre en affection. Ça lui permet de gérer ses pulsions sadiques.
Son patient, « L’homme aux rats », participait avec beaucoup de piété aux deuils et restait à l’affût de la mort de personnes proches, à tel point qu’on l’avait surnommé l’oiseau charognard. Mieux : il tuait des gens en imagination pour exprimer sa sympathie sincère aux parents du défunt. Alors, si vous êtes mordue, troquez vos mascarades de femmes fatales qui le terrorisent contre des pauses de macchabées qui font démarrer son système limbique en trombe. Et si toutes ces manigances vous fatiguent, laissez tomber. Tout comme l’hystérique, l’obsessionnel souffre d’un désir d’insatisfaction et n’est jamais à cours d’imagination pour tyranniser l’autre. C’est sa façon à lui d’être romanesque.
Emmanuelle Comtesse, www.emmanuellecomtesse.com
Entre raison et sentiments, son cœur oscille sans cesse, mais ses idées morbides l’empêchent d’aimer librement.
Ces contradictions font de lui un être compliqué, torturé qui masque ses sentiments d’amour et refoule ses pulsions sadiques. Le sceau des contraintes qui marque sa personnalité le condamne à les exprimer d’une façon particulière.
Dans le film « Pour le pire et pour le meilleur», toute l’ambivalence du personnage de Melvin Duvall, écrivain misanthrope et sexiste, réside dans son activité d’auteur de romans à l’eau de rose que vient contredire son tempérament de rustre. L’homme, qui nourrit une peur panique du contact humain au point de se laver les mains cent fois par jour, change lorsqu’il tombe amoureux d’une mère célibataire. Pour elle, il se met en quatre après lui avoir littéralement pourri la vie. Car, au fond, l’obsessionnel, capable des pires méchancetés, est comme n’importe qui, il rêve du grand amour … dont il a une peur bleue.
Sa vie affective s’en trouve négligée, voire totalement ignorée. Les vertiges de la passion, connaît pas. Point de chute éthylique pour l’obsessionnel qui préfère garder ses émotions à distance.
A la confusion des sentiments, il préfère la tranquillité de l’ordre, l’équilibre de la symétrie et la rigueur du rangement. Pour faire sortir le cloporte de sa tanière, il existe une solution : avoir des tas de problèmes et le faire savoir. Ce sera l’occasion pour lui de vous aider à les résoudre, non sans une certaine obséquiosité. Il adore se rendre utile. Et si ça ne suffit pas à l’attirer dans vos rets, débrouillez-vous pour le confronter à l’éventualité de votre propre mort. Dit comme ça, ça peut paraître un peu curieux, mais Freud nous enseigne que l’obsessionnel a besoin d’envisager la mort de l’autre pour le prendre en affection. Ça lui permet de gérer ses pulsions sadiques.
Son patient, « L’homme aux rats », participait avec beaucoup de piété aux deuils et restait à l’affût de la mort de personnes proches, à tel point qu’on l’avait surnommé l’oiseau charognard. Mieux : il tuait des gens en imagination pour exprimer sa sympathie sincère aux parents du défunt. Alors, si vous êtes mordue, troquez vos mascarades de femmes fatales qui le terrorisent contre des pauses de macchabées qui font démarrer son système limbique en trombe. Et si toutes ces manigances vous fatiguent, laissez tomber. Tout comme l’hystérique, l’obsessionnel souffre d’un désir d’insatisfaction et n’est jamais à cours d’imagination pour tyranniser l’autre. C’est sa façon à lui d’être romanesque.
Emmanuelle Comtesse, www.emmanuellecomtesse.com
vendredi 15 janvier 2016
jeudi 14 janvier 2016
lundi 11 janvier 2016
jeudi 7 janvier 2016
Cerveau gauche, cerveau droit, un mythe neuronal
La localisation asymétrique de certaines fonctions cérébrales est une réalité connue depuis le 19e siècle. Mais l'idée d'attribuer à la dominance d'un hémisphère du cerveau la raison de dispositions intellectuelles ou caractérielles différentes est bien plus récente : on l'attribue à deux neurologues, Normal Geschwind et Albert Galaburda, qui publièrent en 1987 une hypothèse séduisante opposant le cerveau gauche "rationnel" au cerveau droit "intuitif" : selon que vous vous servez plus de l'un que de l'autre, vous serez donc comme ceci ou cela. En dépit du scepticisme de nombreux spécialistes, cette phrénologie moderne a connu, en raison de son dualisme simple, un grand succès médiatique, et reçu quelques appuis scientifiques (en France, Lucien Israël, Béatrice Millêtre). Hélas, le flop devait arriver : une étude publiée en 2013 montrait - imagerie cérébrale à l'appui - que tout le monde utilise ses deux hémisphères à peu près de la même façon.
Nicolas Journat, Magazine Sciences Humaines, "Numéro anniversaire 25 ans", n° 277, janvier 2016
La localisation asymétrique de certaines fonctions cérébrales est une réalité connue depuis le 19e siècle. Mais l'idée d'attribuer à la dominance d'un hémisphère du cerveau la raison de dispositions intellectuelles ou caractérielles différentes est bien plus récente : on l'attribue à deux neurologues, Normal Geschwind et Albert Galaburda, qui publièrent en 1987 une hypothèse séduisante opposant le cerveau gauche "rationnel" au cerveau droit "intuitif" : selon que vous vous servez plus de l'un que de l'autre, vous serez donc comme ceci ou cela. En dépit du scepticisme de nombreux spécialistes, cette phrénologie moderne a connu, en raison de son dualisme simple, un grand succès médiatique, et reçu quelques appuis scientifiques (en France, Lucien Israël, Béatrice Millêtre). Hélas, le flop devait arriver : une étude publiée en 2013 montrait - imagerie cérébrale à l'appui - que tout le monde utilise ses deux hémisphères à peu près de la même façon.
Nicolas Journat, Magazine Sciences Humaines, "Numéro anniversaire 25 ans", n° 277, janvier 2016
mardi 5 janvier 2016
Aimer bien ses patients : condition nécessaire pour moi. Je vois bien ce qu'on pourrait me rétorquer : ne serait-ce pas pour être payé de retour, une façon de m'assurer que je suis aimé par eux ? N'empêche : je ne conçois pas comment je pourrais leur consacrer tant de temps, d'attention, vouer une si grande part de ma vie à écouter leurs plaintes, à faire mien, sans m'y confondre ce que Lagache appelait leur "monde personnel", si je ne pensais pas à ce qui les entrave - symptômes, inhibitions, répétition, narcissisme à vif -, que ce qui les rend captifs de leur névrose recouvre ce que je ne peux me représenter autrement que comme mouvement vers, même si la finalité de ce mouvement est de détruire - soi ou l'objet.
Un pari sur les forces de vie.
Serais-je plus médecin que je ne le crois ? Un médecin qui ne serait pas soumis à l'exigence de "guérir" mais porté par un besoin plus fort que celui qui ne vise qu'à rendre la vie vivable, supportable (ce qui implique une grande part de résignation). Faire en sorte que l'autre se sente, se veuille vivant. Je ne sais pas trop ce que j'entends par là. Peu m'importe.
La fameuse formule de Bichat : "La vie est l'ensemble des forces qui résistent à la mort." Juste mais un peu trop négative à mon goût. Alors, quoi ? L'"élan vital" de Bergson ? Un peu trop positif, cette fois. Freud, lui, a choisi un mot latin, libido, que n'ignoraient pas les Pères de l'Eglise : la libido peut se diriger vers les objets multiples, vers le savoir aussi bien que sur la vengeance, elle se déplace, elle ne tient pas en place, elle migre... Éros, plus civilisé et civilisateur, finalement, que libido, moins indomptable, moins sauvage, Éros qui vient aiguillonner, éveiller Psyché endormie. Éros est vif, joyeux. Libido, toxique, peut préférer la mort.
Aimer bien ses patients : conditions pour que le goût de vivre leur revienne et que les choses trouvent leur saveur, pour qu'à tout le moins ce qu'un peintre épris de couleurs appelait une "cordialité pour le réel" l'emporte sur l'hostilité, le rejet.
Aimer bien ses patients - pas trop, comme si ce trop était un mal, un amour destructeur pour soi comme pour l'autre. Les aimer bien, différent de, et même opposé à, vouloir leur bien. Ne rien exiger, mais se fier à ce qu'il y a de vivant en chacun.
J.-B. Pontalis, Fenêtres
lundi 4 janvier 2016
Dans la clinique, le récit du rêve n'occupe plus la position privilégiée qui lui a longtemps été réservée par rapport aux autres contenus du discours du patient, y compris la banale chronique des faits de la vie quotidienne. Mais ne nous trompons pas. S'il en est ainsi, c'est parce que, racontés dans le cadre de l'analyse, les événements de la réalité ou du passé sont interprétés comme s'il s'agissait de rêves faits en état de veille. Et c'est ainsi que le paradigme du rêve se voit attribuer un rôle encore plus central que dans la théorie classique.
Giuseppe Civitarese, Le rêve nécessaire
Giuseppe Civitarese, Le rêve nécessaire
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