A trop insister sur la capacité empathique de l'analyste à l'égard de son patient et notamment en vue d'engager le traitement, on négligerait volontiers ce qui revient ici à l'angoisse et à l'hostile comme nécessaire capacité d'étrangement du patient pour que l'analyse ait lieu.
Pierre Fédida, Le site de l'étranger
jeudi 26 février 2015
mercredi 25 février 2015
lundi 23 février 2015
vendredi 20 février 2015
Deux philosophes chinois réfléchissent près d'un bassin où nagent des poissons rouges. L'un dit :
- Comme ils sont heureux, ces poissons dans leur bassin ! Ils sont sereins.
Et l'autre :
- Comment pouvez-vous dire cela, vous n'êtes pas poisson !
- Et comment savez-vous que je ne suis pas poisson ? Vous n'êtes pas moi !
Sagesse chinoise
- Comme ils sont heureux, ces poissons dans leur bassin ! Ils sont sereins.
Et l'autre :
- Comment pouvez-vous dire cela, vous n'êtes pas poisson !
- Et comment savez-vous que je ne suis pas poisson ? Vous n'êtes pas moi !
Sagesse chinoise
jeudi 19 février 2015
mercredi 18 février 2015
lundi 16 février 2015
J'ai très souvent entendu mes malades m'objecter, quand je leur promettais un secours ou une amélioration par le procédé cathartique : "Mais vous dites vous-même que mon mal est en rapport avec les circonstances de ma vie, avec mon destin. Alors comment pourrez-vous m'aider ?" J'ai alors donné la réponse suivante : "Certes, il est hors de doute qu'il serait plus facile au destin qu'à moi même de vous débarrasser de vos maux, mais vous pourrez vous convaincre d'une chose, c'est que vous trouverez grand avantage, en cas de réussite, à transformer votre misère hystérique en malheur banal. Avec un psychisme redevenu sain vous serez capable de lutter contre ce dernier.
Sigmund Freud et Josef Breuer, Etudes sur l'hystérie
Sigmund Freud et Josef Breuer, Etudes sur l'hystérie
vendredi 13 février 2015
jeudi 12 février 2015
Le surmoi ne prononce pas d'injonctions, il ne dit pas: "Tu dois", mais : "Tu aurais dû" ou : "Tu n'aurais pas dû" (il vous tutoie toujours celui-là, ce détestable ennemi intime qui prétend être votre ami, vouloir votre bien). Il vient constater la faute après qu'elle a été commise. L'effort de l'obsessionnel pour faire que la faute, fût-ce la plus infime, n'ait pas été commise, pour que ça ne soit pas arrivé (l'annulation rétroactive), vise à contrecarrer la voix du surmoi. Elle ne parvient qu'à la renforcer, à en accentuer la férocité, une férocité parfois doucereuse.
J.-B. Pontalis, En marge des jours
J.-B. Pontalis, En marge des jours
mercredi 11 février 2015
mardi 10 février 2015
lundi 9 février 2015
vendredi 6 février 2015
L'état dans lequel le moi garde la libido auprès de lui-même, nous l'appelons narcissisme, en souvenir de la légende grecque de l'adolescent Narcisse, resté amoureux de sa propre image en miroir.
Nous attribuons donc à l'individu un progrès qui le fait passer du narcissisme à l'amour d'objet. Mais nous ne croyons pas que la libido du moi soit jamais transférée aux objets dans sa totalité. Une certaine quantité de libido demeure toujours auprès du moi, une certaine dose de narcissisme se perpétue en dépit d'un amour d'objet hautement développé. Le moi est un grand réservoir à partir duquel la libido destinée aux objets se répand, et vers lequel elle reflue à partir des objets. La libido d'objet a commencé par être libido du moi et elle peut se transmuer à nouveau en libido du moi. Il est essentiel à la plénitude de la santé d'un individu que sa libido ne perde pas la plénitude de sa mobilité. Pour concrétiser ce rapport, pensons à un animalcule protoplasmique dont la substance liquide consistante émet des pseudopodes, des excroissances dans lesquelles la substance corporelle se prolonge, mais qui peuvent être résorbées à tout moment, de sorte que la forme de la petite masse protoplasmique se reconstitue.
Sigmund Freud, Une difficulté de la psychanalyse
Nous attribuons donc à l'individu un progrès qui le fait passer du narcissisme à l'amour d'objet. Mais nous ne croyons pas que la libido du moi soit jamais transférée aux objets dans sa totalité. Une certaine quantité de libido demeure toujours auprès du moi, une certaine dose de narcissisme se perpétue en dépit d'un amour d'objet hautement développé. Le moi est un grand réservoir à partir duquel la libido destinée aux objets se répand, et vers lequel elle reflue à partir des objets. La libido d'objet a commencé par être libido du moi et elle peut se transmuer à nouveau en libido du moi. Il est essentiel à la plénitude de la santé d'un individu que sa libido ne perde pas la plénitude de sa mobilité. Pour concrétiser ce rapport, pensons à un animalcule protoplasmique dont la substance liquide consistante émet des pseudopodes, des excroissances dans lesquelles la substance corporelle se prolonge, mais qui peuvent être résorbées à tout moment, de sorte que la forme de la petite masse protoplasmique se reconstitue.
Sigmund Freud, Une difficulté de la psychanalyse
mercredi 4 février 2015
mardi 3 février 2015
lundi 2 février 2015
Faux, le lieu commun affirmant qu'avoir pour analyste un homme ou une femme n'importe guère, n'a pas d'incidence sur le mode de transfert. Un homme en analyse avec un homme, une femme avec une femme, cela fait inévitablement surgir la question de l'homosexualité, cela la rend présente. R. allongé sur le divan, l'analyste homme derrière lui : passivité identifiée à la soumission homosexuelle. Il se pourrait que la relation de séduction réciproque mère-enfant soit transposée dans la relation père-fils, la première ayant une fonction prototypique au point que je ne puisse me représenter tout autre lien affectif que sur le modèle de celle-ci.
Un femme avec une analyste femme (par définition je n'en ai pas l'expérience directe, mais j'en ai quelque idée par les supervisions). Le lien si puissant entre mère et fille, si passionnel où amour et haine sont inextricablement mêlés, un lieu où je vois la matrice de toute passion, est nécessairement ravivé. La même femme en analyse avec un homme va chercher à se dégager de cette relation d'emprise mutuelle. Et alors il arrive que l'analyste, plutôt que de tenir l’emploi d'une figure paternelle (ce qu'il est convenu d'appeler la fonction du tiers) "fasse la mère", mais une mère qui se voudrait toute de bienveillante tendresse, non dangereuse, quasiment asexuée.
Difficulté pour l'analyste : avoir en même temps sa propre identité sexuelle, affirmée et une identité psychanalytique flottante, vacillante au point de pouvoir dire, ou à tout le moins laisser entendre, à son patient : "Qu'est-ce qui vous garantit que je suis un homme ?" (ou une femme).
J.-B. Pontalis, En marge des jours
Un femme avec une analyste femme (par définition je n'en ai pas l'expérience directe, mais j'en ai quelque idée par les supervisions). Le lien si puissant entre mère et fille, si passionnel où amour et haine sont inextricablement mêlés, un lieu où je vois la matrice de toute passion, est nécessairement ravivé. La même femme en analyse avec un homme va chercher à se dégager de cette relation d'emprise mutuelle. Et alors il arrive que l'analyste, plutôt que de tenir l’emploi d'une figure paternelle (ce qu'il est convenu d'appeler la fonction du tiers) "fasse la mère", mais une mère qui se voudrait toute de bienveillante tendresse, non dangereuse, quasiment asexuée.
Difficulté pour l'analyste : avoir en même temps sa propre identité sexuelle, affirmée et une identité psychanalytique flottante, vacillante au point de pouvoir dire, ou à tout le moins laisser entendre, à son patient : "Qu'est-ce qui vous garantit que je suis un homme ?" (ou une femme).
J.-B. Pontalis, En marge des jours
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