Elle [la psychanalyse] n’est plus qu’une vieille dame qui sent encore le soufre et dont les charmes l’ont abandonnée. Au temps de sa splendeur, elle conviait chacun à la modestie de se savoir limité, en échange d’un surcroît de liberté de penser et d’agir. Le sujet, s’avouant bien peu maître de soi autant que de son environnement, ne pouvait alors que compter sur son désir pour continuer à investir le monde et les autres.
Depuis, la postmodernité nous a expliqué que tout individu possède en lui la puissance nécessaire à atteindre un épanouissement, gage de jouissance sans fin. Il lui suffit de se donner les moyens de ses ambitions ! Celui qui passerait malheureusement à côté du succès ne pourrait s’en prendre alors qu’à lui-même et sombrer dans la disqualification narcissique que l’on nomme dépression ou encore chercher à l’extérieur le responsable de son échec en s’identifiant comme victime. A l’extrême opposé de la psychanalyse, le développement personnel convient bien mieux à cette anthropologie postmoderne de l’illusion.
Marcel Sanguet, Qui s'intéresse aujourd'hui à la psychanalyse ? Blog consacré à la série "En thérapie", site des éditions Erès