Totalité chez Carl Gustav Jung
A propos de la notion de totalité que Jung emploie fréquemment, il faut rappeler que le mot français trahit l'original allemand. Jung utilise rarement die Totalität, mais presque toujours die Ganzheit (ganz, ganzwerden...). Or, le radical ganz ne signifie pas "total" mais "entier". Il faudrait traduire Ganzheit par un néologisme tel que "entièreté" dont les idées d'intégrité et d'intégration se rapprochent davantage que celle de totalité. Loin de viser à être tout, tout posséder ou faire toutes les expériences, la Ganzheit est corrélative aux expériences de dissociation et de morcellement. Jung précise que la Ganzheit n'est pas une Volkommenheit, "accomplissement total, perfection". A l'homme qui sent la présence de deux être en lui, la Ganzheit vient comme l'unité possible. C'est dans ce sens que l'expérience du soi résout la dissociation du conscient et de l'inconscient et donne au sujet d'être entier.
Élie G. Humbert, Jung