jeudi 31 octobre 2013
Recadrer signifie changer de regard sur les choses. En modifiant le sens que nous donnons à des faits ou à des comportements, nous changeons notre opinion et notre jugement. Le sens donné à un événement dépend du cadre dans lequel nous le situons.
Reine Lepinaux, Nicole Soleilhac et Andrée Zerah, La programmation neuro-linguistique à l'école
mercredi 30 octobre 2013
Le pacte dénégatif est une métadéfense qui se fonde sur diverses opérations défensives : de refoulement et de dénégation, mais aussi de déni, de désaveu, de rejet et d'enkystement. En même temps qu'il est nécessaire à la formation du lien, il crée dans celui-ci du non-signifiable, du non-transformable, des zones de silence, des poches d'intoxication qui maintiennent les sujets d'un lien étrangers à leur propre histoire et à l'histoire des autres.
René Kaës, Un singulier pluriel : la psychanalyse à l'épreuve du groupe
mardi 29 octobre 2013
Il s'agit du processus par lequel les points de repère précédents, qui régissent la perception des événements suivant un code de référence déterminé, sont bouleversés. Ceci provoque un moment de confusion, mais si on parvient à le surmonter, on arrive à percevoir la réalité suivant un nouveau schéma de perception.
Claudio Neri, Une pièce, où des gens parlent et discutent. Le modèle implicite de groupe chez W. R. Bion. Revue française de psychanalyse "Groupes", n° 3, Tome LXIII, 1999
lundi 28 octobre 2013
La pensée groupale (Janis) désigne le fait qu’à l’intérieur du groupe se développent des mécanismes psychologiques qui incitent les individus à rapprocher leurs points de vue les uns des autres, à développer une cohésion qui leur fait prendre des positions irrationnelles ; elles se manifeste en particulier par le fait que l’on ne tient plus compte des réalités extérieures et, de ce fait, la décision prise est souvent boiteuse.
La pensée groupale comporte plusieurs aspects qui interviennent dans les prises de décision :
- le sentiment d’invulnérabilité qui fait que le groupe par exemple peut se croire au-dessus des lois ;
- la conviction d’être dans son bon droit ;
- la tendance à dénaturer une information contraire à la décision du groupe ;
- les pressions exercées sur les membres afin qu’ils soutiennent la décision majoritaire ;
- la tendance des membres à construire des stéréotypes concernant des personnes opposées à leur décision.
Les membres d’un groupe sont plus intéressés et préoccupés à sauvegarder leur cohésion ou à défendre le groupe contre des menaces externes plutôt qu’à trouver et à aboutir à une décision rationnelle.
Gustave-Nicolas Fischer, La psychologie sociale
vendredi 25 octobre 2013
On sait que Freud s'y est intéressé dans Psychologie des masses et analyse du moi, sous le terme de Einfühlung, le "mécanismes qui seul rend possible une prise de position à l'égard d'une autre vie psychique" Ferenczi aussi. Mais ce fut R. R. Greenson (1959) le premier à donner une place majeure à l'empathie (L'empathie et ses phases diverses", Congrès international de psychanalyse, 1959, repris in Revue française de psychanalyse, 1961, n° 4-5-6). Daniel Wildlöcher (1996, Les nouvelles cartes de la psychanalyse), en décrivant les possibilités et les limites de l'empathie, pense que le concept, emprunté à la psychologie, n'est pas propre à la découverte de l'inconscient. Il souligne que, dans la technique de Kohut, "l'écoute empathique" est privilégiée au détriment de l'interprétation. Critique à l'esprit de la "communication intersubjective", D. Widlöcher préfère la notion de "copensée", entendant par là non pas une réciprocité des interprétations entre analyste et analysant, mais "l'existence d'une construction commune du sens à partir d'une expérience psychique partagée ; partage du travail interprétatif et non réciprocité".
César et Sara Botella, Figurabilité et régrédience. Revue française de psychanalyse 2001/4, volume 65
jeudi 24 octobre 2013
Robert D. Hinshelwood, Dictionnaire de la pensée kleinienne
mercredi 23 octobre 2013
Image de parents fantasiés comme unifiés dans le rapport sexuel. Cette image se forme lorsque le père n'est pas encore complètement distingué de la mère et que son pénis est senti comme faisant partie du corps de la mère. Quand les angoisses œdipiennes surgissent, une régression réactive ce fantasme comme un moyen de dénier le coït parental. Cette image est vécue comme terrifiante.
Hanna Segal, Introduction à l’œuvre de Melanie Klein
mardi 22 octobre 2013
Donald W. Winnicott, Lettres vives
lundi 21 octobre 2013
vendredi 18 octobre 2013
Il y a alors aussi une dissociation, qui est une sorte de clivage assez sophistiqué dans lequel la personnalité totale n'est pas scindée. Cela n'est pas tant la "contrepartie pathologique de la non-intégration" qu'une forme sophistiquée de la désintégration. La non-intégration me semble décrire un état primaire, ou encore un état qui est associé cliniquement à la régression à la dépendance. La dissociation (comme la désintégration et le clivage) semblent être des organisations défensives.
Donald W. Winnicott, Lettre à Masud Khan du 26 juin 1961 in Lettres vives
jeudi 17 octobre 2013
Dans notre culture, quand un sujet perçoit un renforcement comme n'étant pas totalement déterminé par une certaine action de sa part, ce renforcement est perçu comme action de sa part, ce renforcement est perçu comme le résultat de la chance, du hasard, du destin, ou comme le fait d'autres tout-puissants, ou bien encore comme totalement imprévisible en raison de la grande complexité des forces entourant l'individu. Quand l'individu perçoit l'événement (il faut entendre le renforcement) de cette façon, nous disons qu'il s'agit d'une croyance en un contrôle externe. Si, au contraire, la personne considère que l'événement dépend de son propre comportement ou de ses caractéristiques personnelles relativement stables, nous disons qu'il s'agit d'une croyance en un contrôle interne.
Julian B. Rotter, Generalized expectancies for internal versus external control of reinforcement. Psychological Monographs, 80, whole n° 609. Cité par Nicole Dubois, La psychologie du contrôle
mercredi 16 octobre 2013
Donald W. Winnicott, La crainte de l'effondrement
mardi 15 octobre 2013
C'est une fonction fondamentale de la psyché puisqu'elle transmet la perception par voie inconsciente. Sa particularité est de ne pas être à proprement parler, ni sensation sensorielle, ni sentiment, ni déduction, bien que malgré tout, elle puisse se manifester sous toutes ces formes. C'est une sorte d'appréhension instinctive de n'importe quel contenu.
Carole Sédillot, ABC de la psychologie jungienne
lundi 14 octobre 2013
La séduction précoce [est] liée aux soins maternels, qui dans la théorisation freudienne est marquée par un refoulement toujours plus net (mais il y a des oscillations), ainsi que par un morcellement, un éclatement de la problématique de la séduction. Dans la cure, le transfert est connoté comme illusion. C'est seulement chez Ferenczi que la question reste ouverte (de façon ambigüe cependant). La recherche d'un sol originaire à partir de la pulsion, et d'une pulsion ancrée dans le biologique, ferme la voie à une théorie de la séduction. Néanmoins, la factualité de la séduction précoce progresse, avec la prise en compte des soins de la mère. Il y manque l'attention à l'inconscient de la mère.
Dominique Bourdin, La psychanalyse de Freud à aujourd'hui
vendredi 11 octobre 2013
Désignent les sentiments refoulés pendant une longue période et qui éclatent de façon excessive à un moment inattendu, provoquant des ennuis à tout le monde. C'est la goutte d'eau qui fait déborder le vase. Par exemple, à force de ne vouloir jamais manifester sa colère et son désaccord à dose modérée, cette colère finit par éclater avec violence et au mauvais moment (sentiment-tabou).
Dominique Chalvin, Les nouveaux outils de l'analyse transactionnelle
jeudi 10 octobre 2013
Le potlatch regroupe l’ensemble des rites, codes, cérémonies, sanctions qui régissent le don de cadeaux dans les ethnies dites de type primitive : Nord-ouest américain, Australie, Afrique.
Le potlatch c’est essentiellement l’obligation de donner : un chef doit exercer le potlatch, c’est ce qui montre son autorité, son rang par rapport aux membres de son clan et par rapport aux clans voisins. C’est surtout un combat pour la prépondérance, ce n’est pas du commerce, même si en apparence il y a échange de richesses matérielles ou de rites et de fêtes.
Ce serait un invariant social universel.
Gabrielle Rubin, Pourquoi on en veut aux gens qui nous veulent du bien
mercredi 9 octobre 2013
Totalité chez Carl Gustav Jung
A propos de la notion de totalité que Jung emploie fréquemment, il faut rappeler que le mot français trahit l'original allemand. Jung utilise rarement die Totalität, mais presque toujours die Ganzheit (ganz, ganzwerden...). Or, le radical ganz ne signifie pas "total" mais "entier". Il faudrait traduire Ganzheit par un néologisme tel que "entièreté" dont les idées d'intégrité et d'intégration se rapprochent davantage que celle de totalité. Loin de viser à être tout, tout posséder ou faire toutes les expériences, la Ganzheit est corrélative aux expériences de dissociation et de morcellement. Jung précise que la Ganzheit n'est pas une Volkommenheit, "accomplissement total, perfection". A l'homme qui sent la présence de deux être en lui, la Ganzheit vient comme l'unité possible. C'est dans ce sens que l'expérience du soi résout la dissociation du conscient et de l'inconscient et donne au sujet d'être entier.
Élie G. Humbert, Jung
mardi 8 octobre 2013
C'est ce verbe, et dès 1967, que Bion prend comme support d'une césure de la psychanalyse d'avec le modèle de la médecine, et dont il fait la caractéristique propre aux réalisations du domaine du psychanalyste.
Traduire "intuit" par "intuitionner" ("intuitionables"), "intuition", "percevoir par intuition", etc. c'est maintenir la prévalence du sens de la vue, autrement dit, annuler la portée du choix de Bion, et ne pas décider de différencier les réalisations du domaine du psychanalyste, "intuitables" par aucun des cinq sens.
Il n'y a d'autre solution en français que laisser ce terme non traduit, ou admettre le néologisme - intuiter, intuitable - solution qui me semble préférable car elle fait entrer une terminologie propre au psychanalyste dans le vocabulaire de la psychanalyse.
Jacquelyne Poulain-Colombier, Lexique de traduction de Bion en français in Le Mouvement psychanalytique n° 10, 2005
lundi 7 octobre 2013
samedi 5 octobre 2013
vendredi 4 octobre 2013
- la honte proprement dite : c'est l'expérience directe de la honte, vécue comme affect, émotion spécifique ;
- l'angoisse de la honte : il y anticipation de la honte comme danger immédiat et donc mise en place de défenses d'évitement ;
- la honte comme potentiel : elle donne lieu à la création d'un style qui porte à éviter une honte possible (par exemple, à manifester une grandiosité défensive, à cacher ou accentuer sa différence).
Jean-Marie Robine, La honte en supervision in La supervision en psychanalyse et en psychothérapie
jeudi 3 octobre 2013
- une expérience "suffisamment bonne" du narcissisme primaire grâce à la préoccupation maternelle primaire (1956) qui permet au nourrisson de vivre son omnipotence et de créer ses objets subjectifs ;
- la présence d'un troisième espace, l'espace transitionnel entre l'enfant et sa mère, espace de jeu et de symbolisation primaire, où l'ambiguïté est acceptée, sans clivage entre le sujet et l'objet (1951) ;
- la capacité d'être seul en présence de la mère (1958) ;
- la capacité d'utiliser l'objet et de se laisser utiliser (1969).
Philippe Jaeger, Elaboration sans fin du deuil de l'objet primaire chez Winnicott ou le paradoxe de la séparation, Revue française de psychanalyse n° 2, vol. 65, 2001
mercredi 2 octobre 2013
1) La dépendance infantile, qui est marqué par la non-différenciation relative entre le moi et le non-moi et par la prépondérance de l'incorporation ou de l'"acquisition" d'objets ;
2) La transition ;
3) La dépendance mûre, caractérisée par des "rapports entre deux êtres qui sont complètement différenciés" et par la prédominance du "don" dans les relations d'objets.
Paul Watzlawick et John Weakland, Sur l'interaction
mardi 1 octobre 2013
Ces déclarations, explicites ou implicites, essentielles pour la croissance et la survie d'un groupe se retrouvent dans les structures de toutes les organisations saines et efficaces. Elles prévoient les clauses suivantes :
D'amendement. Prévoyant le mécanisme de changement de la constitution proprement dite.
Existentielle. Formalisant l'existence du groupe en lui attribuant son nom, ses devoirs, ses prérogatives et ses responsabilités.
Réglementaire. Prévoyant des sanctions pour renforcer la discipline et l'ordre pendant le travail du groupe.
Structurale. Fixant les conditions d'appartenance, tout particulièrement la structure majeure d'un groupe.
Téléologique. Fixant ou suggérant l'objectif ou l'activité.
Eric Berne, Structure et dynamique des organisations et des groupes