vendredi 31 mai 2024

Donc je pense qu'il est seulement exact de présumer que s'il est juste de parler de gens timbrés ou sensés, alors ce doit être vrai pour tous les êtres humains. Il serait ridicule de croire que l'un est ex officio sain d'esprit ou sensé, et que d'autres ne le sont pas.

Wilfred R. Bion, Entretien sur la méthode

jeudi 30 mai 2024

La pratique analytique, de toute façon, est investie par le récit : le patient raconte une histoire, et l'analyste intervient dans ce récit, raconte à son tour une histoire ; il peut même lui arriver, pour débloquer un processus, d'inventer un scénario. S'intéressant à des sujets qui racontent des histoires, il est aussi à sa façon philologue, il s'intéresse au discours, fait de la narratologie, de l'étymologie, de la sémantique...

Jean-Pierre Lefebvre, présentation de Le Moïse de Michel-Ange et autres essais, de Sigmund Freud

mercredi 29 mai 2024

Chercher à saisir la subtilité et la finesse de la vie des peuples revient à reconnaître la brutalité et la violence de la civilisation elle-même lorsqu'elle ignore les paradoxes du désir humain.

Clotilde Leguil, présentation de Totem et tabou, de Sigmund Freud

mardi 28 mai 2024

Totem et tabou est donc finalement aussi un traité de psychologie.

Pierre Pellegrin, présentation de Totem et tabou, de Sigmund Freud

lundi 27 mai 2024

Nous avons à vivre dans un monde qui n'est plus fait pour l'homme, dans la mesure même où il est de plus en plus fait par l'homme.

Jacques-Alain Miller, L'ère de l'homme sans qualité

vendredi 24 mai 2024

[...] c'est bien ainsi que les choses se passent dans Totem et tabou, et pour la simple raison que c'est ainsi que les choses se passent pour Freud lui-même. Comme dans la très grande majorité de ses travaux (à l'exception, peut-être, de quelques écrits « de synthèse » à vocation informatrice), il nous fait accompagner son propre mouvement de découverte, plutôt que d'en délivrer les produits. En chemin nous y ren-controns, nous y éprouvons les résistances que lui-même a dû surmonter. Et il nous reste à faire, chacun selon notre génie propre, cette appropriation que la psychanalyse nomme perlaboration.

François Gantheret, préface à Totem et tabou, de Sigmund Freud

jeudi 23 mai 2024

Totem et tabou est porté, dans son élaboration même, par un mouvement analytique, et ce mouvement est et ne peut être que « spiralé ». Toute représentation qui a partie liée avec les représentations inconscientes est, dans l'analyse, approchée, effleurée, abordée sous un certain angle, puis abandonnée jusqu'à ce qu'un nouveau tour de spirale y ramène, sous un autre angle, dans une nouvelle perspective. À plus forte raison lorsqu'il s'agit du noyau organisateur de la névrose, qui ne se dévoilera au mieux qu'in fine (ou même et plus souvent postérieurement à la fin de l'analyse), dans un rassemblement du sens, dans une évidence qui ne peut être répudiée, de ce qui a été à maintes reprises prononcé sans être entendu.

François Gantheret, préface à Totem et tabou, de Sigmund Freud

mercredi 22 mai 2024

Le silence est comme le vent : il attise les grands malentendus et n'éteint que les petits.

Elsa Triolet, L'écrivain et le livre ou la suite dans les idées

mardi 21 mai 2024

Ce que je décris comme le droit à l’oubli chez l’analyste n’est ni refoulement, ni nécessité de ne pas se souvenir, d’éviter la douleur de ce qui est pénible. Ce n’est ni une perte de mémoire, ni un déni de réalité, mais un espace potentiel ouvert à de nouveaux liens à travers le récit du présent. Dans la mesure où le déni de la réalité concrète [crée] une voie nouvelle pour un processus où le vécu traumatique n’est plus un présent éternel : le contraire de la mémoire traumatique hypermnésique qui n’a pas droit à l’oubli.

Monica Horovitz, La vérité émotionnelle partagée, souce de consolation

lundi 20 mai 2024

Comment passer des perceptions ou des émotions à leur communication, comment les rendre siennes et en même temps recevables, sans éviter la douleur de penser ? Pour l'analyste en tout cas il ne s'agit pas de conceptualiser ces mouvements, mais plutôt d'y reconnaître et de garder distincts les lieux-qualités du conscient, de l'inconscient et de l'inaccessible, sans trop appuyer. En raison d'une inadéquation indépassable, plus la pensée et le langage ont affaire à du vague, moins s'y distinguent des nuances et plus on a tendance à se l'imprimer en noir et blanc. Pauvreté et cécité deviennent en conséquence un label de maturité, un étalon paradoxal que Bion relie à des procédés de dilapidation des richesses primordiales de l'humain, celui-là même qui, après un détour aliénant, demande en analyse de revenir à Soi.

Amaro de Villanova, préface à Bion à New York et à São Paulo

vendredi 17 mai 2024

Chaque séance [...] ne doit avoir ni histoire, ni futur.

Wilfred R. Bion, Notes sur la mémoire et le désir

jeudi 16 mai 2024

Je crois qu'il faut s'autoriser la sensation des choses.

Anaïs Vanel, Tout quitter

mercredi 15 mai 2024

Je ne dirai pas du transfert et du contre-transfert qu’ils sont des “babioles”, je les décrirais comme des concepts qui formulent des observations éclairantes faites par Freud, c’est avec la réalité qui se trouve derrière ces concepts que nous, les praticiens, devons travailler.

Wilfred R. Bion, Bion à New York et à São Paulo

mardi 14 mai 2024

Un point essentiel à propos du contre-transfert est qu’il est inconscient. Les gens parlent d’“utiliser” leur contre-transfert or, ils ne peuvent rien utiliser du tout parce qu’ils ne savent pas ce que c’est. Ce qui existe, c’est ma réaction émotionnelle au patient.

Wilfred R. Bion, Bion à New York et à São Paulo

lundi 13 mai 2024

C’est la capacité négative du psychanalyste “sans mémoire et sans désir” telle que décrite par Bion, qui permet à la conscience de ne pas être envahie par des données sensorielles, libère l’intuition et ouvre à l’ineffable de l’objet psychanalytique. [...] L’affirmation selon laquelle l’analyste doit s’abstenir d’expectative, de mémoire, de désir et de compréhension le laisse sans rien à quoi s’agripper, attitude qui est à la fois sa qualité essentielle, sa méthode et sa sauvegarde. Elle court-circuite et transcende ses besoins de contrôle en lui permettant de vivre l’impact de la réalité émotionnelle afin que celle-ci évolue véritablement pour se transformer en croissance.

Monica Horovitz, La vérité émotionnelle partagée, souce de consolation

vendredi 10 mai 2024

Il y a dans l'œuvre de Bion un point très important concernant la perlaboration des éléments α. Selon sa conception, la « matière de psyché » subit une transformation décisive afin de créer l'étoffe des pensées du rêve, des rêves, et des mythes. Telle est la relation entre le mythe d'Œdipe et le vécu émotionnel infantile de l'expérience œdipienne.

André Green, Penser la psychanalyse

mardi 7 mai 2024

Etant pourvu d'une tournure d'esprit systématique, (avec tous les risques que cela comporte), je fis des plans que je considérais alors comme définitifs : je consacrerais encore deux ou trois ans à l'étude de la pensée enfantine, puis je reviendrai aux origines de la vie mentale, c'est-à-dire à l'étude de l'émergence de l'intelligence au cours des deux premières années de la vie. Après avoir ainsi acquis une connaissance objective et expérimentale des structures élémentaires de l'intelligence, je serais alors prêt à attaquer le problème de la pensée en général, et à construire une épistémologie psychologique et biologique. Par-dessus tout, donc, il me faudrait m'abstenir de toute préoccupation non-psychologique et étudier empiriquement le développement de la pensée pour elle-même, où que cela puisse me mener.

Jean Piaget, Autobiographie

lundi 6 mai 2024

[...] un homme comme moi ne peut vivre sans marotte, sans passion dominante, sans un tyran, pour parler comme Schiller, tel celui qui est devenu le mien. Désormais, à mon tour, je ne connais à son service aucune mesure. Il s'agit de la psychologie, depuis toujours le but qui me fait signe de loin, et qui maintenant, depuis que j'ai rencontré les névroses, s'est rapproché d'autant. Deux desseins me tourmentent : examiner quelle forme prend la doctrine du fonctionnement psychique quand on introduit le point de vue quantitatif, une sorte d'économie de la force nerveuse, et deuxièmement, dégager de la psychopathologie un gain pour la psychologie normale.

Sigmund Freud, Lettre du 25 mai 1895 à Wilhelm Fließ

vendredi 3 mai 2024

Rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu.

Emile Souvestre, La Chouannerie dans le Poitou

jeudi 2 mai 2024

Une émeute est le langage de ceux qu'on n'entend pas.

Martin Luther King