Que ce monde soit absurde, c'est l'affaire des philosophes et des humanistes. Mais qu'il soit injuste, c'est notre affaire à tous.
Gilbert Cesbron, Chiens perdus sans collier
jeudi 20 décembre 2018
mercredi 19 décembre 2018
mardi 18 décembre 2018
lundi 17 décembre 2018
vendredi 14 décembre 2018
jeudi 13 décembre 2018
Ayant bénéficié d’une psychanalyse personnelle et didactique pendant sept ans (1972-1979) avec Simone Decobert, membre titulaire de la Société Psychanalytique de Paris, j’ai pu constater, parmi bien d’autres effets, le dégagement de ma famille d’origine, la levée d’inhibitions affectives et intellectuelles, la mise en œuvre d’une adéquation entre les mots prononcés et les émotions ressenties, la mise à l’épreuve de mon engagement vital, corps et âme, comme psychothérapeute auprès de personnes souvent en grande souffrance, et la capacité à développer une indépendance d’esprit vis-à-vis des nombreuses théories de l’esprit, qu’elle soient ou non psychanalytiques.
Le changement le plus important est venu le jour où je me suis aperçu que j’étais assuré de rester celui que j’étais déjà.
Jacques Miermont, Les tribulations d’un psychothérapeute. Petit bilan d’une recherche en psychothérapie
Le changement le plus important est venu le jour où je me suis aperçu que j’étais assuré de rester celui que j’étais déjà.
Jacques Miermont, Les tribulations d’un psychothérapeute. Petit bilan d’une recherche en psychothérapie
mercredi 12 décembre 2018
mardi 11 décembre 2018
lundi 10 décembre 2018
L'analyse est terminée quand l'analyste et le patient ne se rencontrent plus pour la séance de travail analytique. Ils agiront ainsi lorsque deux conditions sont à peu près remplies : la première, que le patient ne souffre plus de ses symptômes et ait surmonté ses angoisses comme ses inhibitions ; la seconde, que l'analyste juge que chez le malade tant de refoulé a été rendu conscient, tant d'incompréhensible élucidé, tant de résistance interne vaincue, que l'on n'a pas à redouter la répétition des processus pathologiques en question.
Sigmund Freud, L'analyse finie et l'analyse infinie
Sigmund Freud, L'analyse finie et l'analyse infinie
mercredi 5 décembre 2018
lundi 3 décembre 2018
vendredi 30 novembre 2018
jeudi 29 novembre 2018
mercredi 28 novembre 2018
mardi 27 novembre 2018
N'en vouloir à personne
Quand la vie, nous envoie,
Dans les yeux, la poussière
Dans la peau, la peur,
Dans les mains la sueur
Rester debout
Quand la vie, nous envoie,
Dans la tête, la colère
Dans le cœur, de la peine
Dans le corps, la douleur
Rester debout
Et malgré tout
N'en vouloir à personne,
Et jusqu'au bout, être encore qui nous sommes
Prendre de coups et accepter la somme
Tout ce qui fait qu'on touche le fond et qu'on pardonne
N'en vouloir à personne
Quand la vie, nous envoie,
Dans les mains, de l'or
Dans les yeux, le rêve
Dans l'âme, de la peine
Être à genoux
Quand la vie, nous envoie
Dans le cœur de l'amour
Dans la peau, l'envie
Dans le corps, la vie
Être à genoux
Par dessus tout
N'en vouloir à personne
Et être heureux de ce que la vie nous donne
Et jusqu'au bout
Etre encore qui nous sommes
Tout ce qui fait qu'au fond de nous
Un cœur résonne
N'en vouloir à personne
Et malgré tout
N'en vouloir à personne
Et jusqu'au bout
Etre encore qui nous sommes
Prendre des coups et accepter la somme
Tout ce qui fait qu'au touche le fond
Et qu'on pardonne
Et malgré tout
N'en vouloir à personne
Et être heureux de ce que la vie nous donne
Et jusqu'au bout,
Etre encore qui nous sommes
Tout ce qui fait qu'au fond de nous
Un cœur résonne
Johnny Hallyday, album "L'attente", texte d'Isabelle Bernal
Quand la vie, nous envoie,
Dans les yeux, la poussière
Dans la peau, la peur,
Dans les mains la sueur
Rester debout
Quand la vie, nous envoie,
Dans la tête, la colère
Dans le cœur, de la peine
Dans le corps, la douleur
Rester debout
Et malgré tout
N'en vouloir à personne,
Et jusqu'au bout, être encore qui nous sommes
Prendre de coups et accepter la somme
Tout ce qui fait qu'on touche le fond et qu'on pardonne
N'en vouloir à personne
Quand la vie, nous envoie,
Dans les mains, de l'or
Dans les yeux, le rêve
Dans l'âme, de la peine
Être à genoux
Quand la vie, nous envoie
Dans le cœur de l'amour
Dans la peau, l'envie
Dans le corps, la vie
Être à genoux
Par dessus tout
N'en vouloir à personne
Et être heureux de ce que la vie nous donne
Et jusqu'au bout
Etre encore qui nous sommes
Tout ce qui fait qu'au fond de nous
Un cœur résonne
N'en vouloir à personne
Et malgré tout
N'en vouloir à personne
Et jusqu'au bout
Etre encore qui nous sommes
Prendre des coups et accepter la somme
Tout ce qui fait qu'au touche le fond
Et qu'on pardonne
Et malgré tout
N'en vouloir à personne
Et être heureux de ce que la vie nous donne
Et jusqu'au bout,
Etre encore qui nous sommes
Tout ce qui fait qu'au fond de nous
Un cœur résonne
Johnny Hallyday, album "L'attente", texte d'Isabelle Bernal
lundi 26 novembre 2018
vendredi 23 novembre 2018
mercredi 21 novembre 2018
mardi 20 novembre 2018
A l'envers
J'ai bu dans toutes les tasses
J'ai goûté à tous les verres
J'ai perdu cent fois la face
Mais sans rien gagner derrière
J'voudrais bien trouver ma place
Naufragé cherche une terre
Déposer un peu d'angoisse
Y respirer un peu d'air
Autre part, autre frontière
La tête à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire
Déguisé comme un gagnant
Tout dehors et rien dedans
Bronzage été comme hiver
ça j'ai jamais su le faire
J'suis tombé profond profond
J'croyais tous les zéros frères
Mais dans la jungle des bas-fonds
Rallume un peu la lumière
J'suis pas plus doué pour l'enfer
La vie à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire
J'ai cherché dans tous les livres
En long en large en travers
J'ai rien trouvé qui délivre
J'ai rien trouvé qui espère
J't'ai pas dit les mots des autres
J'connais pas l'vocabulaire
Suffit pas d'être sincère
Y'a des façons des manières
J'suis pas doué j'sais pas y faire
Le coeur à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire
Jean-Jacques Goldman, 1er album
J'ai bu dans toutes les tasses
J'ai goûté à tous les verres
J'ai perdu cent fois la face
Mais sans rien gagner derrière
J'voudrais bien trouver ma place
Naufragé cherche une terre
Déposer un peu d'angoisse
Y respirer un peu d'air
Autre part, autre frontière
La tête à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire
Déguisé comme un gagnant
Tout dehors et rien dedans
Bronzage été comme hiver
ça j'ai jamais su le faire
J'suis tombé profond profond
J'croyais tous les zéros frères
Mais dans la jungle des bas-fonds
Rallume un peu la lumière
J'suis pas plus doué pour l'enfer
La vie à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire
J'ai cherché dans tous les livres
En long en large en travers
J'ai rien trouvé qui délivre
J'ai rien trouvé qui espère
J't'ai pas dit les mots des autres
J'connais pas l'vocabulaire
Suffit pas d'être sincère
Y'a des façons des manières
J'suis pas doué j'sais pas y faire
Le coeur à l'envers
J'fais jamais jamais jamais l'affaire
Jean-Jacques Goldman, 1er album
lundi 19 novembre 2018
vendredi 16 novembre 2018
jeudi 15 novembre 2018
mercredi 14 novembre 2018
Généralement on distingue trois périodes dans l'œuvre de Ferenczi : celle de la technique active (1918-1926), celle qui la précède, et une troisième phase dominée par les élaborations sur le traumatisme ("le Ferenczi de "la confusion des langues"") et par d'autres tentatives techniques (la relaxation et l'analyse mutuelle).
Hélène Oppenheim-Gluckman, Lire Sandor Ferenczi
Hélène Oppenheim-Gluckman, Lire Sandor Ferenczi
mardi 13 novembre 2018
Ferenczi a prononcé les rassurantes paroles que voici : "L'analyse n'est pas un processus sans fin ; grâce aux connaissances et à la patience de l'analyste, elle doit pouvoir être amenée à son terme naturel." Je crois que cette phrase a surtout pour but de nous rappeler que nous devons viser non pas à raccourcir, mais à approfondir l'analyse.
Sigmund Freud, L'analyse avec fin et l'analyse sans fin
Sigmund Freud, L'analyse avec fin et l'analyse sans fin
lundi 12 novembre 2018
Contrairement au dogme actuel : "devenir soi", une psychanalyse nous expose au risque de ne pas se reconnaître, de perdre ses propres repères, d'entrer en non-conformité avec soi car ce processus fait partie du : "se trouver" vers lequel la psychanalyse fait signe. Descente vertigineuse vers ce lieu où je suis confondu avec la perception même.
Anne Dufourmantelle et Laure Leter, Se trouver
Anne Dufourmantelle et Laure Leter, Se trouver
vendredi 9 novembre 2018
jeudi 8 novembre 2018
Dans cet ouvrage [Totem et tabou], Freud, à travers une métaphore et un mythe anthropologique, différencie trois phases de développement psychique du sujet : animiste, religieuse, scientifique. Dans la première phase, s'exerce la croyance en la toute-puissance des idées et dans l'action directe de ces idées ur la réalité qui nous entoure. L'homme s'attribue la toute-puissance. Cette phase correspond au narcissisme et à une pensée encore fortement sexualisée. Dans la phase religieuse, l'homme cède sa toute-puissance aux dieux qu'il espère influencer. Cette phase, dit Freud, correspond à un stade d'objectivation caractérisé par la fixation de la libido aux parents. Dans la phase scientifique, l'homme s'est résigné "à la mort ainsi qu'à toutes les autres nécessités naturelles", bien qu'il persiste des travers de l'ancienne croyance en la toute-puissance. L'individu se confronte à la castration et au principe de réalité.
Hélène Oppenheim-Gluckman, Lire Sandor Ferenczi
Hélène Oppenheim-Gluckman, Lire Sandor Ferenczi
mercredi 7 novembre 2018
Qu'il faille se garder de rien privilégier, de rien présumer ou projeter ; qu'il faille donc tenir à égalité tout ce qu'on entend pour ne point rater le moindre indice qui mettrait sur la voie, quelque incongru (inattendu) qu'il apparaisse ; qu'il faille par conséquent garder son attention diffuse et non focalisée, c'est-à-dire non régie par quelque "intentionnalité" est, on le sait, le premier "conseil" qu'adresse Freud au psychanalyste. Le seul, au fond, à bien y regarder. Car tous les autres, de près ou de loin, y reconduisent.
François Jullien, Cinq concepts proposés à la psychanalyse
François Jullien, Cinq concepts proposés à la psychanalyse
mardi 6 novembre 2018
Se révolter, c’est courir à sa perte, car la révolte, si elle se réalise en groupe, retrouve aussitôt une échelle hiérarchique de soumission à l’intérieur du groupe, et la révolte, seule, aboutit rapidement à la suppression du révolté par la généralité anormale qui se croit détentrice de la normalité. Il ne reste plus que la fuite.
Henri Laborit, Eloge de la fuite
Henri Laborit, Eloge de la fuite
lundi 5 novembre 2018
vendredi 2 novembre 2018
mercredi 31 octobre 2018
Vous pensez vraiment pouvoir guérir une personne qui se confie à vous dans le plus intime de la vie et de ses souffrances sans lui expliquer vos propres réactions à son égard ? s'étonne Otto. Les prêtres font cela, mais nous ne sommes pas au sein d'une chapelle, ni dans un dogme, mais face à l'existence ! Imaginer guérir une âme en laissant la porte de son propre esprit grande ouverte sur la morale, c'est n'aller nulle part. Le désir, s'il survient, participe du chemin. Le refouler en ne l'exprimant pas, c'est mettre entre soi et l'autre - le malade, Jung ! - le poids de la société, l'interdit, donc la maladie elle-même. Ce qui soigne une personne victime de la morale, c'est l'immoralisme. Vous me comprenez ? Il faut se tenir loin, très loin de l'autorité, de toutes formes de présupposés, de jugement, pour lire une âme, se présenter tel qu'on est, mettre à nu ses failles. Je ne cache pas mes addictions à la cocaïne ou à l'opium à mes patients. Elles font partie de ce que je suis, et c'est parce qu'ils m'acceptent tel que je suis que je peux les entendre.
Marie-Laure de Cazotte, Mon nom est Otto Gross
Marie-Laure de Cazotte, Mon nom est Otto Gross
mardi 30 octobre 2018
jeudi 25 octobre 2018
Je défends pour ma part l’idée qu’il n’y a jamais de contre-indication, pas plus que d’indication pour un soin psychanalytique. Tout le monde est une indication dans la mesure où tout le monde mérite que quelqu’un s’intéresse à sa vie mentale, à sa subjectivité, à sa souffrance psychique. Tous les psychanalystes ne sont évidemment pas destinés à aider tout le monde. Chacun a parfaitement le droit de n’être intéressé, de n’être compétent que pour certains contextes et pas d’autres.
Albert Ciccone, Psychanalyse ou psychothérapie psychanalytique ? Fondements de la position clinique
Albert Ciccone, Psychanalyse ou psychothérapie psychanalytique ? Fondements de la position clinique
mercredi 24 octobre 2018
mardi 23 octobre 2018
lundi 22 octobre 2018
vendredi 19 octobre 2018
Le fou
Ce fut dans le jardin d'un asile de fous que je rencontrai un jeune homme au visage pâle, gracieux et empli d'émerveillement.
Je m'assis près de lui, sur un banc, et lui demandai : "Pourquoi êtes-vous là ?"
Il me regarda avec stupéfaction et me répondit : "C'est une question incongrue et pourtant je veux bien vous répondre. Mon père voulait faire de moi son double parfait ; mon oncle également. Ma mère voulait me façonner à l'image de son illustre père. Ma sœur voulait que je suive le parfait exemple de son époux, le marin, qu'elle tenait en haute estime. Mon frère pensait que je devrais être comme lui : un bel athlète.
"Et mes professeurs, de philosophie, de musique et de mathématiques, étaient eux aussi résolus ; chacun d'eux voulait faire de moi sa propre image réfléchie dans un miroir.
"Aussi suis-je venu en ce lieu. Je trouve que l'air y est plus sain. Au moins, je peux être moi-même."
Puis, subitement, il se tourna vers moi : "Mais dites-moi, avez-vous aussi été conduit jusque-là grâce à l'éducation et au bon conseil ?"
Je répondis alors : "Non, je suis un simple visiteur."
Et il me dit : "Ah, vous êtes l'un de ceux qui vivent dans l'asile de l'autre côté du mur."
Khalil Gibran, L'Errant
Ce fut dans le jardin d'un asile de fous que je rencontrai un jeune homme au visage pâle, gracieux et empli d'émerveillement.
Je m'assis près de lui, sur un banc, et lui demandai : "Pourquoi êtes-vous là ?"
Il me regarda avec stupéfaction et me répondit : "C'est une question incongrue et pourtant je veux bien vous répondre. Mon père voulait faire de moi son double parfait ; mon oncle également. Ma mère voulait me façonner à l'image de son illustre père. Ma sœur voulait que je suive le parfait exemple de son époux, le marin, qu'elle tenait en haute estime. Mon frère pensait que je devrais être comme lui : un bel athlète.
"Et mes professeurs, de philosophie, de musique et de mathématiques, étaient eux aussi résolus ; chacun d'eux voulait faire de moi sa propre image réfléchie dans un miroir.
"Aussi suis-je venu en ce lieu. Je trouve que l'air y est plus sain. Au moins, je peux être moi-même."
Puis, subitement, il se tourna vers moi : "Mais dites-moi, avez-vous aussi été conduit jusque-là grâce à l'éducation et au bon conseil ?"
Je répondis alors : "Non, je suis un simple visiteur."
Et il me dit : "Ah, vous êtes l'un de ceux qui vivent dans l'asile de l'autre côté du mur."
Khalil Gibran, L'Errant
jeudi 18 octobre 2018
La vérité est l'objet d'un combat jamais définitivement gagné, ni définitivement perdu que périodiquement le Je doit livrer pour s'approprier et défendre des positions, faute desquelles il ne pourrait ni s'orienter, ni auto-investir son propre espace identificatoire.
Piera Aulagnier, L'Apprenti-historien et le Maître-sorcier. Du discours identifiant au discours délirant
Piera Aulagnier, L'Apprenti-historien et le Maître-sorcier. Du discours identifiant au discours délirant
mercredi 17 octobre 2018
Si, comme l’affirmait Freud, le transfert est une “croix”, ne sommes-nous pas en train de nous en protéger par toutes ces rationalisations théorico-techniques, qui ne seraient en dernier ressort que des opérations défensives ? Mais à quoi bon nous défendre d’une chose qui pour la majorité des analystes demeure l’instrument le plus précieux de notre travail ? […] Avec sa métaphore des rayons X, Freud avait-il vraiment raison de nous mettre en garde contre ses dangers ?
León Grinberg, Qui a peur du (contre-)transfert ?
León Grinberg, Qui a peur du (contre-)transfert ?
mardi 16 octobre 2018
La connaissance, l'action sont à jamais placées dans une situation fausse : prises entre deux systèmes de référence mutuellement exclusifs et qui s'imposent à elles, bien que la confiance même temporaire faite à l'un détruise la validité de l'autre. Il nous faut pourtant les apprivoiser pour qu'ils cohabitent en chacun de nous sans trop de drames. La vie est courte : c'est l'affaire d'un peu de patience. Le sage trouve son hygiène intellectuelle et morale dans la gestion lucide de cette schizophrénie.
Claude Lévi-Strauss, Histoire de lynx, chap. XVIII, « En relisant Montaigne »
Claude Lévi-Strauss, Histoire de lynx, chap. XVIII, « En relisant Montaigne »
vendredi 12 octobre 2018
Tenir compte des transformations apportées à l’écoute analytique (importance du contre-transfert), modifier la conception du rôle de l’analyste, comme du cadre analytique du fait du sens nouveau donné à la régression – qui dépasserait le modèle théorique de la reconstruction –, aboutit de fait, pour S. Ferenczi, à la question de savoir s’il n’y a pas deux manières de concevoir l’analyse :
- l’une, qui se veut « classique », basée sur l’aspect paternel de la relation, la levée du refoulement, la remémoration, la reconstruction et la prise de conscience (l’Einsicht) ;
- l’autre, moins « orthodoxe », qui serait plus axée sur l’aspect maternel de la relation, régressive et où prédominent l’expérience vécue, l’interaction, l’infraverbal et le sentir avec (Einfülhung).
Thierry Bokanowksi, Sándor Ferenczi et la clinique des cas dits « difficiles »
- l’une, qui se veut « classique », basée sur l’aspect paternel de la relation, la levée du refoulement, la remémoration, la reconstruction et la prise de conscience (l’Einsicht) ;
- l’autre, moins « orthodoxe », qui serait plus axée sur l’aspect maternel de la relation, régressive et où prédominent l’expérience vécue, l’interaction, l’infraverbal et le sentir avec (Einfülhung).
Thierry Bokanowksi, Sándor Ferenczi et la clinique des cas dits « difficiles »
jeudi 11 octobre 2018
Nous rencontrons de nombreuses difficultés dans la vie et il serait faux de croire que le bonheur est parfait. En effet, cette illusion nous nuit : nous remettons le bonheur à plus tard, nous considérons qu’il est inutile de rêver, nous nous donnons comme obligation d’être heureux tout le temps et nous nous sentons coupables de ne pas y arriver.
Bref, nous ne prenons pas conscience des deux principes de fonctionnement de la vie que sont l’alternance et le présent ouvert.
L’alternance
Nous observons des cycles dans la vie : dans la nature elle-même et ses saisons. Il en est de même pour les événements que nous vivons ainsi que les émotions ressenties. Après une relation amoureuse difficile ou une période de dépression peut s’ensuivre une renaissance, des changements positifs. Pour accueillir cette alternance, nous devons nous défaire de certains pièges.
Au-delà de l’apparence : le présent ouvert
Bien que nous vivions certaines difficultés comme des contrariétés financières ou affectives, nous pouvons être heureux de notre santé ou d’avoir une famille. Si nous n’aimons pas particulièrement le travail que nous faisons actuellement, nous pouvons apprécier d’être en vie et savoir que notre vie ne se réduit pas à ces conditions parfois inconfortables. Pour rester conscients de ce présent élargi, nous devons éviter également certains pièges.
Thomas d'Ansembourg, Etre heureux, ce n'est pas forcément confortable
Bref, nous ne prenons pas conscience des deux principes de fonctionnement de la vie que sont l’alternance et le présent ouvert.
L’alternance
Nous observons des cycles dans la vie : dans la nature elle-même et ses saisons. Il en est de même pour les événements que nous vivons ainsi que les émotions ressenties. Après une relation amoureuse difficile ou une période de dépression peut s’ensuivre une renaissance, des changements positifs. Pour accueillir cette alternance, nous devons nous défaire de certains pièges.
Au-delà de l’apparence : le présent ouvert
Bien que nous vivions certaines difficultés comme des contrariétés financières ou affectives, nous pouvons être heureux de notre santé ou d’avoir une famille. Si nous n’aimons pas particulièrement le travail que nous faisons actuellement, nous pouvons apprécier d’être en vie et savoir que notre vie ne se réduit pas à ces conditions parfois inconfortables. Pour rester conscients de ce présent élargi, nous devons éviter également certains pièges.
Thomas d'Ansembourg, Etre heureux, ce n'est pas forcément confortable
mercredi 10 octobre 2018
La question se pose de savoir s'il ne faut pas rechercher chaque fois le trauma originaire dans la relation originaire à la mère, si les traumas de l'époque un peu plus tardive, déjà compliquée par l'apparition du père, auraient pu avoir un tel effet sans la présence d'une telle cicatrice traumatique maternelle-infantile, archi-originaire.
Sándor Ferenczi, Journal clinique
Sándor Ferenczi, Journal clinique
mardi 9 octobre 2018
Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur : la possibilité d’oublier, ou pour le dire en termes plus savants, la faculté de sentir les choses, aussi longtemps que dure le bonheur, en dehors de toute perspective historique. L’homme qui est incapable de s’asseoir au seuil de l’instant en oubliant tous les événements du passé, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce qu’est un bonheur et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres. Imaginez l’exemple extrême : un homme qui serait incapable de ne rien oublier et qui serait condamné à ne voir partout qu’un devenir; celui-là ne croirait pas à sa propre existence, il ne croirait plus en soi, il verrait tout se dissoudre en une infinité de points mouvants et finirait par se perdre dans ce torrent du devenir. Finalement, en vrai disciple d’Héraclite, il n’oserait même plus bouger un doigt. Tout action exige l’oubli, comme la vie des êtres organiques exige non seulement la lumière mais aussi l’obscurité. Un homme qui ne voudrait sentir les choses qu’historiquement serait pareil à celui qu’on forcerait à s’abstenir de sommeil ou à l’animal qui ne devrait vivre que de ruminer et de ruminer sans fin. Donc, il est possible de vivre presque sans souvenir et de vivre heureux, comme le démontre l’animal, mais il est encore impossible de vivre sans oubli. Ou plus simplement encore, il y a un degré d’insomnie, de rumination, de sens, historique qui nuit au vivant et qui finit par le détruire, qu’il s’agisse d’un homme, d’une peuple ou d’une civilisation.
Friedrich Nietzsche, Considérations inactuelles
Friedrich Nietzsche, Considérations inactuelles
lundi 8 octobre 2018
Un psychanalyste n'écoute pas sans douceur, même quand il est abrupt. Elle participe à un geste qui fait invitation à l'autre. Peut-être n'entendra-t-il rien parfois, peut-être rêvera-t-il ou s'absentera-t-il ou sera-t-il furieux contre celui qui l'oblige à se tenir là, face à lui. Peut-être ne comprendra-t-il rien à l'histoire qui lui est dite, à ce que trahit ce visage, cette voix.
Il reste que ce qui fait naître l'écoute est la possibilité d'une émotion en intelligence avec ce que l'autre ignore de lui-même. L'écoute (qui peut être flottante) que le psychanalyste garde envers celui qui lui parle, se plaint, souffre, s'essouffle, est une attention particulière aux détails : grains de voix, images évoquées par une hésitation, attitude, mots bizarrement assemblés, tics de langage. Il leur prête intelligence autant qu'à ce qui est signifié. Son apparente immobilité, son silence à peine appuyé, ses pensées, rien ne trahit son désarroi. Il résiste à la plainte qui envahit l'espace et d'abord le corps de l'autre qui est là devant lui et lui adresse sa mortification. Il résiste à l'histoire que le même refrain distille à la même heure, il résiste même à l'envie de savoir. Il essaie d'entendre autrement, d'aller débusquer les fantômes.
Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur
Il reste que ce qui fait naître l'écoute est la possibilité d'une émotion en intelligence avec ce que l'autre ignore de lui-même. L'écoute (qui peut être flottante) que le psychanalyste garde envers celui qui lui parle, se plaint, souffre, s'essouffle, est une attention particulière aux détails : grains de voix, images évoquées par une hésitation, attitude, mots bizarrement assemblés, tics de langage. Il leur prête intelligence autant qu'à ce qui est signifié. Son apparente immobilité, son silence à peine appuyé, ses pensées, rien ne trahit son désarroi. Il résiste à la plainte qui envahit l'espace et d'abord le corps de l'autre qui est là devant lui et lui adresse sa mortification. Il résiste à l'histoire que le même refrain distille à la même heure, il résiste même à l'envie de savoir. Il essaie d'entendre autrement, d'aller débusquer les fantômes.
Anne Dufourmantelle, Puissance de la douceur
jeudi 4 octobre 2018
mercredi 3 octobre 2018
mardi 2 octobre 2018
lundi 1 octobre 2018
C'est ainsi une sorte de mémoire bien particulière qui est à l’œuvre, une sorte de mémoire «clinique» qui a pu faire dire un jour à l’une des participantes de l’un de mes groupes : «C’est pas possible, comment faites-vous? [...] quelle mémoire vous avez ; j’ai cru que vous enregistriez». Je passerai ici sur les craintes persécutives dont cette remarque témoigne par ailleurs de la part de cette participante. Je crois qu’elle est ainsi loin de se douter qu’avant d’entrer dans la séance, je ne me souvenais pas de grand-chose. Il ne m’est pas très aisé d’actualiser seule ce qui a été travaillé à la dernière séance (d’ailleurs je «rechigne» plutôt à effectuer cette remémoration et je ne fais que ce qui me semble être le «strict nécessaire» à ce sujet), sauf éventuellement dans la relation d’inter-transfert avec mon co-animateur ou ma co-animatrice, lorsqu’il s’agit d’un groupe co-animé ; quelques bribes de souvenirs remontent alors en moi au moment de me disposer mentalement pour la séance suivante mais, en situation, dans le cadre de la séance, au moment propice, reviennent spontanément, si je puis dire, des éléments qui étaient retenus quelque part, et sans doute, pas si loin...
Claudine Blanchard-Laville, Accompagnement clinique et capacité négative
Claudine Blanchard-Laville, Accompagnement clinique et capacité négative
jeudi 27 septembre 2018
mercredi 26 septembre 2018
mardi 25 septembre 2018
lundi 24 septembre 2018
vendredi 21 septembre 2018
jeudi 20 septembre 2018
mercredi 19 septembre 2018
A quoi tu sers ?
Tu parles, parles, c'est facile, même sans y penser
Les mots, les mots sont immobiles, triés, rangés, classés
Laisse aller, laisse-les jouer
Se cogner, te séduire
"Sensualiser", te bouger
Quand ça veut plus rien dire
Swinguer les mots, les mots, sans ça
On va les rétrécir
Swinguer les mots, ne surtout pas
Toujours les réfléchir
Les mots, l'émo, l'émotion vient
Les mots font l'émotion
Coûte que coûte, écoute-les bien
Rythmer nos déraisons
Les sons, les sons, laissons-les rire
Faut pas les écouter
Juste pour éviter le pire
On va les déchaîner
A quoi tu sers, pourquoi t'es là ?
Qu'est-ce que t'espères, à quoi tu crois ?
Y'en a qui meurent, qui prient pour un morceau de terre
Y'en a qui risquent leur vie pour passer la frontière
Y'en a qui bronzent et d'autres s'font la peau plus claire
Certains s'effraient au fond quand d'autres font des affaires
Mais y a toujours la lune qui s'méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Certains smatchent ou labourent, d'autres soignent ou bien peignent
C'est à toi, c'est ton tour, qu'est-ce que t'as dans les veines ?
A quoi tu sers, pourquoi t'es fait ?
Terminus Terre, un seul ticket
Y'en a qui grimpent en l'air pour un peu plus d'silence
Y'en a qui vivent sous terre où ça hurle, où ça danse
Y'en a qui pointent des comptes quand d'autres comptent les points
Y'en a qui lèvent des croix pour ceux qui n'y croient pas
Y'en a qui pincent des cordes, y'en a qui frappent des peaux
Certains "import exportent" ou bien se jouent des mots
Y'en a qui s'font des billes quand d'autres tombent les filles
Certains ne donnent qu'aux hommes, mais d'autres n'aiment personne
Mais y a toujours la lune qui s'méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Y'en a qui courent une vie pour gagner deux dixièmes
A présent, c'est ton tour, qu'est-ce que tu nous amènes ?
A quoi tu sers, pourquoi t'es fait ?
T'as la lumière, et puis après ?
Jean-Jacques Goldman, Album "Entre gris clair et gris foncé"
Tu parles, parles, c'est facile, même sans y penser
Les mots, les mots sont immobiles, triés, rangés, classés
Laisse aller, laisse-les jouer
Se cogner, te séduire
"Sensualiser", te bouger
Quand ça veut plus rien dire
Swinguer les mots, les mots, sans ça
On va les rétrécir
Swinguer les mots, ne surtout pas
Toujours les réfléchir
Les mots, l'émo, l'émotion vient
Les mots font l'émotion
Coûte que coûte, écoute-les bien
Rythmer nos déraisons
Les sons, les sons, laissons-les rire
Faut pas les écouter
Juste pour éviter le pire
On va les déchaîner
A quoi tu sers, pourquoi t'es là ?
Qu'est-ce que t'espères, à quoi tu crois ?
Y'en a qui meurent, qui prient pour un morceau de terre
Y'en a qui risquent leur vie pour passer la frontière
Y'en a qui bronzent et d'autres s'font la peau plus claire
Certains s'effraient au fond quand d'autres font des affaires
Mais y a toujours la lune qui s'méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Certains smatchent ou labourent, d'autres soignent ou bien peignent
C'est à toi, c'est ton tour, qu'est-ce que t'as dans les veines ?
A quoi tu sers, pourquoi t'es fait ?
Terminus Terre, un seul ticket
Y'en a qui grimpent en l'air pour un peu plus d'silence
Y'en a qui vivent sous terre où ça hurle, où ça danse
Y'en a qui pointent des comptes quand d'autres comptent les points
Y'en a qui lèvent des croix pour ceux qui n'y croient pas
Y'en a qui pincent des cordes, y'en a qui frappent des peaux
Certains "import exportent" ou bien se jouent des mots
Y'en a qui s'font des billes quand d'autres tombent les filles
Certains ne donnent qu'aux hommes, mais d'autres n'aiment personne
Mais y a toujours la lune qui s'méfie du soleil
Et quand tout ça changera, c'est pas demain la veille
Y'en a qui courent une vie pour gagner deux dixièmes
A présent, c'est ton tour, qu'est-ce que tu nous amènes ?
A quoi tu sers, pourquoi t'es fait ?
T'as la lumière, et puis après ?
Jean-Jacques Goldman, Album "Entre gris clair et gris foncé"
mardi 18 septembre 2018
lundi 17 septembre 2018
vendredi 14 septembre 2018
jeudi 13 septembre 2018
mercredi 12 septembre 2018
mardi 11 septembre 2018
Et un orateur dit : "Parle-nous de la Liberté".
Et il répondit :
"A la porte de la cité et au coin du feu dans vos foyers je vous ai vus vous prosterner et adorer votre propre liberté,
Comme des esclaves qui s'humilient devant un tyran et bien qu'il les terrassent le glorifient.
Dans le jardin du temple et dans l'ombre de la citadelle j'ai vu les plus libres d'entre vous porter leur liberté comme un boulet à traîner.
Et en moi mon coeur saigna ; car vous ne pourrez être libre que si le désir de quérir la liberté devient un harnais pour vous, et si vous cessez de parler de liberté comme d'un but à atteindre et d'une fin en soi.
Vous ne serez réellement libre tant que vos jours ne seront pas chargés de soucis et que l'indigence et la souffrance ne pèseront pas sur vos nuits,
Mais plutôt lorsque votre vie sera ceint de ces contraintes et dès lors au-dessus d'elles vous vous élèverez, nu et délié.
Et comment pourriez-vous vous élever au-dessus de vos jours et de vos nuits si vous ne brisiez pas les chaînes que vous avez vous-même, à l'aube de votre esprit, attachées autour de votre midi ?
En vérité ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, même si ses maillons qui brillent au soleil et éblouissent vos yeux.
Et qu'est-ce que la liberté sinon des fragments de vous-même que vous cherchez à écarter pour devenir libre ?
Si vous croyez que la clé de la liberté se trouve derrière une loi injuste qu'il suffit d'abolir, dites-vous que cette loi a été inscrite de votre propre main sur votre propre front.
Vous ne pouvez l'effacer en brûlant tous vos livres de lois, ni même en lavant les fronts de vos juges, dussiez-vous y déverser la mer entière.
Et si vous pensez qu'en détrônant un despote, vous retrouverez votre liberté, voyez d'abord si son trône érigé en vous-même est bel et bien détruit.
Car nul tyran ne pourra dominer des sujets libres et fiers, que s'il existe déjà une tyrannie dans leur liberté et une honte dans leur fierté.
Et si vous cherchez à chasser vos soucis ou à dissiper vos craintes pour libérer ainsi votre esprit, sachez que vous-même les avez choisis avant que vous ne les ayez subis.
Et que le siège de votre frayeur est dans votre coeur et non point dans la main de celui qui vous fait peur.
En vérité tout ce qui se meut en vous est dans une constante semi-étreinte : ce qui vous terrifie et ce qui vous réjouit, ce que vous chérissez et ce que vous haïssez, ce que vous désirez saisir et ce que vous cherchez à fuir.
Vos actes sont des jeux d'ombres et de lumières en couples enlacés.
Toute ombre se dégrade, se fond et se meurt à l'arrivée d'une lumière,
Et quand l'ombre s'évanouit et n'est plus, toute lumière qui s'attarde derrière ses lisières devient alors une ombre pour une autre lumière.
Et ainsi quand votre liberté se désenchaîne devient elle-même les chaînes d'une plus grande liberté."
Khalil Gibran, Le prophète
Et il répondit :
"A la porte de la cité et au coin du feu dans vos foyers je vous ai vus vous prosterner et adorer votre propre liberté,
Comme des esclaves qui s'humilient devant un tyran et bien qu'il les terrassent le glorifient.
Dans le jardin du temple et dans l'ombre de la citadelle j'ai vu les plus libres d'entre vous porter leur liberté comme un boulet à traîner.
Et en moi mon coeur saigna ; car vous ne pourrez être libre que si le désir de quérir la liberté devient un harnais pour vous, et si vous cessez de parler de liberté comme d'un but à atteindre et d'une fin en soi.
Vous ne serez réellement libre tant que vos jours ne seront pas chargés de soucis et que l'indigence et la souffrance ne pèseront pas sur vos nuits,
Mais plutôt lorsque votre vie sera ceint de ces contraintes et dès lors au-dessus d'elles vous vous élèverez, nu et délié.
Et comment pourriez-vous vous élever au-dessus de vos jours et de vos nuits si vous ne brisiez pas les chaînes que vous avez vous-même, à l'aube de votre esprit, attachées autour de votre midi ?
En vérité ce que vous appelez liberté est la plus solide de ces chaînes, même si ses maillons qui brillent au soleil et éblouissent vos yeux.
Et qu'est-ce que la liberté sinon des fragments de vous-même que vous cherchez à écarter pour devenir libre ?
Si vous croyez que la clé de la liberté se trouve derrière une loi injuste qu'il suffit d'abolir, dites-vous que cette loi a été inscrite de votre propre main sur votre propre front.
Vous ne pouvez l'effacer en brûlant tous vos livres de lois, ni même en lavant les fronts de vos juges, dussiez-vous y déverser la mer entière.
Et si vous pensez qu'en détrônant un despote, vous retrouverez votre liberté, voyez d'abord si son trône érigé en vous-même est bel et bien détruit.
Car nul tyran ne pourra dominer des sujets libres et fiers, que s'il existe déjà une tyrannie dans leur liberté et une honte dans leur fierté.
Et si vous cherchez à chasser vos soucis ou à dissiper vos craintes pour libérer ainsi votre esprit, sachez que vous-même les avez choisis avant que vous ne les ayez subis.
Et que le siège de votre frayeur est dans votre coeur et non point dans la main de celui qui vous fait peur.
En vérité tout ce qui se meut en vous est dans une constante semi-étreinte : ce qui vous terrifie et ce qui vous réjouit, ce que vous chérissez et ce que vous haïssez, ce que vous désirez saisir et ce que vous cherchez à fuir.
Vos actes sont des jeux d'ombres et de lumières en couples enlacés.
Toute ombre se dégrade, se fond et se meurt à l'arrivée d'une lumière,
Et quand l'ombre s'évanouit et n'est plus, toute lumière qui s'attarde derrière ses lisières devient alors une ombre pour une autre lumière.
Et ainsi quand votre liberté se désenchaîne devient elle-même les chaînes d'une plus grande liberté."
Khalil Gibran, Le prophète
lundi 10 septembre 2018
vendredi 7 septembre 2018
jeudi 6 septembre 2018
La sexualité infantile
Par son investigation étiologique, la psychanalyse se mit en situation de s'occuper d'un thème dont l'existence avait été à peine présumée avant elle. On s'était habitué en science à faire commencer la vie sexuelle avec la puberté, et l'on avait jugé les manifestations de la sexualité infantile comme des signes rares de précocité anormale et de dégénérescence. Et voici que la psychanalyse dévoilait une abondance de phénomènes aussi singuliers que réguliers, par lesquels on se voyait contraint de faire coïncider le début de la fonction sexuelle chez l'enfant presque avec le commencement de la vie extra-utérine, et l'on se demanda avec étonnement comment il avait été possible de fermer les yeux sur tout cela. Les premières vues sur la sexualité infantile ont certes été acquises par l'investigation analytique d'adultes, et par conséquent affectées de tous les doutes et sources d'erreur qu'on pouvait attendre d'une rétrospection si tardive, mais lorsque plus tard (à partir de 1908) l'on commença d'analyser et d'observer sans préjugé des enfants eux-mêmes, on acquit la confirmation directe de tout le contenu concret de la nouvelle conception.
La sexualité infantile montrait à maints égards un autre tableau que celle des adultes et surprenait par de nombreux caractères relevant de ce qui était condamné chez les adultes comme « perversion ». Il fallut élargir le concept du sexuel jusqu'à ce qu'il englobe plus que la tendance à l'union des deux sexes dans l'acte sexuel ou à la provocation de sensations de plaisir particulières aux organes génitaux. Mais cet élargissement trouva sa récompense dans le fait qu'il devint possible de comprendre la vie sexuelle infantile, normale et perverse, à partir d'un ensemble.
L'investigation analytique conduite par l'auteur tomba tout d'abord dans l'erreur de surestimer largement la séduction comme source des manifestations sexuelles infantiles et germe de la formation de symptôme névrotique. On réussit à triompher de cette illusion lorsque se fit reconnaître dans la vie psychique des névrosés le rôle extraordinairement grand de l'activité fantasmatique, qui, pour la névrose, était manifestement plus déterminante que la réalité extérieure. C'est derrière ces fantasmes qu'apparut alors le matériel permettant de donner la description suivante du développement de la fonction sexuelle.
Sigmund Freud, "Psychanalyse" et "Théorie de la libido"
Par son investigation étiologique, la psychanalyse se mit en situation de s'occuper d'un thème dont l'existence avait été à peine présumée avant elle. On s'était habitué en science à faire commencer la vie sexuelle avec la puberté, et l'on avait jugé les manifestations de la sexualité infantile comme des signes rares de précocité anormale et de dégénérescence. Et voici que la psychanalyse dévoilait une abondance de phénomènes aussi singuliers que réguliers, par lesquels on se voyait contraint de faire coïncider le début de la fonction sexuelle chez l'enfant presque avec le commencement de la vie extra-utérine, et l'on se demanda avec étonnement comment il avait été possible de fermer les yeux sur tout cela. Les premières vues sur la sexualité infantile ont certes été acquises par l'investigation analytique d'adultes, et par conséquent affectées de tous les doutes et sources d'erreur qu'on pouvait attendre d'une rétrospection si tardive, mais lorsque plus tard (à partir de 1908) l'on commença d'analyser et d'observer sans préjugé des enfants eux-mêmes, on acquit la confirmation directe de tout le contenu concret de la nouvelle conception.
La sexualité infantile montrait à maints égards un autre tableau que celle des adultes et surprenait par de nombreux caractères relevant de ce qui était condamné chez les adultes comme « perversion ». Il fallut élargir le concept du sexuel jusqu'à ce qu'il englobe plus que la tendance à l'union des deux sexes dans l'acte sexuel ou à la provocation de sensations de plaisir particulières aux organes génitaux. Mais cet élargissement trouva sa récompense dans le fait qu'il devint possible de comprendre la vie sexuelle infantile, normale et perverse, à partir d'un ensemble.
L'investigation analytique conduite par l'auteur tomba tout d'abord dans l'erreur de surestimer largement la séduction comme source des manifestations sexuelles infantiles et germe de la formation de symptôme névrotique. On réussit à triompher de cette illusion lorsque se fit reconnaître dans la vie psychique des névrosés le rôle extraordinairement grand de l'activité fantasmatique, qui, pour la névrose, était manifestement plus déterminante que la réalité extérieure. C'est derrière ces fantasmes qu'apparut alors le matériel permettant de donner la description suivante du développement de la fonction sexuelle.
Sigmund Freud, "Psychanalyse" et "Théorie de la libido"
mercredi 5 septembre 2018
mardi 4 septembre 2018
vendredi 27 juillet 2018
La matière psychique est hypercomplexe, elle est énigmatique. Elle ne peut être métabolisée et intégrée directement. Elle est donc en quête de médiateur pour son élaboration et la décondensation de son hypercomplexité.
René Roussillon, "Complexité et paradoxes du transfert" in Les grands concepts de la psychologie clinique
René Roussillon, "Complexité et paradoxes du transfert" in Les grands concepts de la psychologie clinique
jeudi 26 juillet 2018
mercredi 25 juillet 2018
Les jours heureux
À l'heure où le monde bouge
Alors que ton cœur apprend
La misère
Il te faut teindre de rouge
Il te faut peindre de sang
Ta raison
Quand les loups font ta récolte
Ils t'enseignent malgré toi
La colère
Laisse gronder ta révolte
Prends la fronde et quitte donc
Ta maison
Ils renaîtront les jours heureux
Les soleils verts de notre vie
Ils reviendront semer l'oubli
Après le feu
Et refleuriront avec eux
Les fruits pervers de l'espérance
Avant-courrier de l'insouciance
Et des jours heureux
J'ai laissé dormir ma ferme
Et mes outils se rouiller
Dans la grange
Car l'unique grain qui germe
Pousse au sol de mes pensées
En fusion
J'ai le cœur grisé de haine
Mais ne veut pas surtout pas
Être un ange
Tiens, prends ma main dans la tienne
Côte à côte on souffrira compagnons
Ils renaîtront les jours heureux
Les soleils verts de notre vie
Ils reviendront semer l'oubli
Après le feu
Et refleuriront avec eux
Les fruits pervers de l'espérance
Avant-courrier de l'insouciance
Et des jours heureux
Mais après vents et tempêtes
Lorsque chantera la paix
Sur la terre
Pesamment comme une bête
Je viendrai soigner mes plaies
Sur tes flancs
Loin du monde en équilibre
Entre la peur et le jeu
De la guerre
Je serai un homme libre
Je serai un homme dieu tout-puissant
Ils renaîtront les jours heureux
Les soleils verts de notre vie
Ils reviendront semer l'oubli
Après le feu
Et refleuriront avec eux
Les fruits pervers de l'espérance
Avant-courrier de l'insouciance
Et des jours heureux.
Charles Aznavour, "Les jours heureux"
À l'heure où le monde bouge
Alors que ton cœur apprend
La misère
Il te faut teindre de rouge
Il te faut peindre de sang
Ta raison
Quand les loups font ta récolte
Ils t'enseignent malgré toi
La colère
Laisse gronder ta révolte
Prends la fronde et quitte donc
Ta maison
Ils renaîtront les jours heureux
Les soleils verts de notre vie
Ils reviendront semer l'oubli
Après le feu
Et refleuriront avec eux
Les fruits pervers de l'espérance
Avant-courrier de l'insouciance
Et des jours heureux
J'ai laissé dormir ma ferme
Et mes outils se rouiller
Dans la grange
Car l'unique grain qui germe
Pousse au sol de mes pensées
En fusion
J'ai le cœur grisé de haine
Mais ne veut pas surtout pas
Être un ange
Tiens, prends ma main dans la tienne
Côte à côte on souffrira compagnons
Ils renaîtront les jours heureux
Les soleils verts de notre vie
Ils reviendront semer l'oubli
Après le feu
Et refleuriront avec eux
Les fruits pervers de l'espérance
Avant-courrier de l'insouciance
Et des jours heureux
Mais après vents et tempêtes
Lorsque chantera la paix
Sur la terre
Pesamment comme une bête
Je viendrai soigner mes plaies
Sur tes flancs
Loin du monde en équilibre
Entre la peur et le jeu
De la guerre
Je serai un homme libre
Je serai un homme dieu tout-puissant
Ils renaîtront les jours heureux
Les soleils verts de notre vie
Ils reviendront semer l'oubli
Après le feu
Et refleuriront avec eux
Les fruits pervers de l'espérance
Avant-courrier de l'insouciance
Et des jours heureux.
Charles Aznavour, "Les jours heureux"
lundi 23 juillet 2018
jeudi 19 juillet 2018
Veiller tard
Les lueurs immobiles d'un jour qui s'achève
La plainte douloureuse d'un chien qui aboie
Le silence inquiétant qui précède les rêves
Quand le monde disparu l'on est face à soi
Les frissons où l'amour et l'automne s'emmêlent
Le noir où s'engloutissent notre foi, nos lois
Cette inquiétude sourde qui coule en nos veines
Qui nous saisit même après les plus grandes joies
Ces visages oubliés qui reviennent à la charge
Ces étreintes qu'en rêve on peut vivre cent fois
Ce raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Ces paroles enfermées que l'on n'a pas su dire
Ces regards insistants que l'on n'a pas compris
Ces appels évidents, ces lueurs tardives
Ces morsures aux regrets qui se livrent à la nuit
Ces solitudes dignes au milieu des silences
Ces larmes si paisibles qui coulent inexpliquées
Ces ambitions passées mais auxquelles on repense
Comme un vieux coffre plein de vieux jouets cassés
Ces liens que l'on sécrète et qui joignent les êtres
Ces désirs évadés qui nous feront aimer
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Jean-Jacques Goldman, 2e album
Les lueurs immobiles d'un jour qui s'achève
La plainte douloureuse d'un chien qui aboie
Le silence inquiétant qui précède les rêves
Quand le monde disparu l'on est face à soi
Les frissons où l'amour et l'automne s'emmêlent
Le noir où s'engloutissent notre foi, nos lois
Cette inquiétude sourde qui coule en nos veines
Qui nous saisit même après les plus grandes joies
Ces visages oubliés qui reviennent à la charge
Ces étreintes qu'en rêve on peut vivre cent fois
Ce raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Ces paroles enfermées que l'on n'a pas su dire
Ces regards insistants que l'on n'a pas compris
Ces appels évidents, ces lueurs tardives
Ces morsures aux regrets qui se livrent à la nuit
Ces solitudes dignes au milieu des silences
Ces larmes si paisibles qui coulent inexpliquées
Ces ambitions passées mais auxquelles on repense
Comme un vieux coffre plein de vieux jouets cassés
Ces liens que l'on sécrète et qui joignent les êtres
Ces désirs évadés qui nous feront aimer
Ces raisons-là qui font que nos raisons sont vaines
Ces choses au fond de nous qui nous font veiller tard
Jean-Jacques Goldman, 2e album
mercredi 18 juillet 2018
mardi 17 juillet 2018
lundi 16 juillet 2018
vendredi 13 juillet 2018
mercredi 11 juillet 2018
jeudi 5 juillet 2018
mercredi 4 juillet 2018
vendredi 29 juin 2018
Les piliers de la théorie psychanalytique
L'acceptation de processus psychiques inconscients, la reconnaissance de la doctrine de la résistance et du refoulement, la prise en considération de la sexualité et du complexe d'Œdipe sont les contenus principaux de la psychanalyse et les fondements de sa théorie, et qui n'est pas en mesure de souscrire à tous ne devrait pas compter parmi les psychanalystes.
Sigmund Freud, "Psychanalyse" et "Théorie de la libido"
L'acceptation de processus psychiques inconscients, la reconnaissance de la doctrine de la résistance et du refoulement, la prise en considération de la sexualité et du complexe d'Œdipe sont les contenus principaux de la psychanalyse et les fondements de sa théorie, et qui n'est pas en mesure de souscrire à tous ne devrait pas compter parmi les psychanalystes.
Sigmund Freud, "Psychanalyse" et "Théorie de la libido"
jeudi 28 juin 2018
mercredi 27 juin 2018
Celui qui se dresse sur ses pieds ne peut se tenir droit ; celui qui étend les jambes ne peut marcher.
Celui qui tient à ses vues n'est point éclairé.
Celui qui s'approuve lui-même ne brille pas.
Celui qui se vante n'a point de mérite.
Celui qui se glorifie ne subsiste pas longtemps.
Lao-tseu, Tao Te King, XXIV (traduction Stanislas Julien)
Celui qui tient à ses vues n'est point éclairé.
Celui qui s'approuve lui-même ne brille pas.
Celui qui se vante n'a point de mérite.
Celui qui se glorifie ne subsiste pas longtemps.
Lao-tseu, Tao Te King, XXIV (traduction Stanislas Julien)
mardi 26 juin 2018
Parmi les idéologies actuelles, proches de l'image ou du slogan, caricature de l'Idéal du Moi qui permet au contraire de contenir l'agir, nous avons : a. les idéologies de la consommation sans frein et de la communication comme but en soi ; b. l'idéologie de l'autonomie qui peut aller jusqu'à l'isolement, la solitude ; c. l'idéologie bureaucratique, forme de retour désincarné de l'autorité ; d. l'idéologie communautariste, intégriste ou sectaire ; enfin, e. l'idéologie de l'anti-progrès (les déclinologues), ou la création des monstres.
François Duparc, Le Travail du psychanalyste
François Duparc, Le Travail du psychanalyste
lundi 25 juin 2018
vendredi 22 juin 2018
mercredi 20 juin 2018
mardi 19 juin 2018
lundi 18 juin 2018
vendredi 15 juin 2018
jeudi 14 juin 2018
Quand il est d’humeur dépressive, l’enfant, ou l’adulte, jette une couverture sur la totalité de sa situation interne, ou laisse tomber sur elle, comme pour la contrôler, un brouillard, une brume, une sorte de paralysie où le tri du bon et du mauvais devient impossible.
Donald W. Winnicott, La nature humaine
Donald W. Winnicott, La nature humaine
mercredi 13 juin 2018
Pour la conscience de soi il y a une autre conscience de soi. Elle se présente à elle comme venant de l'extérieur. Cela a une double signification : 1°, la conscience de soi s'est perdue elle-même, car elle se trouve elle-même comme étant une autre essence ; 2°, elle a par là même supprimé l'Autre, car elle ne voit pas aussi l'Autre comme essence, mais c'est [d'abord seulement] elle-même qu'elle voit dans l'Autre.
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Phénoménologie de l'esprit
Georg Wilhelm Friedrich Hegel, Phénoménologie de l'esprit
mardi 12 juin 2018
Le complexe d’Œdipe se révèle donc, ainsi que nous l’avons déjà admis d’un point de vue historique, comme la source de notre éthique individuelle (la morale). Au cours du développement de l’enfant, qui conduit à un détachement progressif à l’égard des parents, l’importance personnelle de ceux-ci cède la place au surmoi. Aux images qu’ils ont laissées viennent ensuite se rattacher les influences des maîtres, des autorités, des modèles spontanément choisis et des héros reconnus par la société, personnes que le moi, devenu plus résistant, n’a plus besoin d’introjecter. La dernière figure de cette série qui débute avec les parents est le Destin, puissance obscure que seuls très peu d’entre nous parviennent à concevoir de façon impersonnelle. Lorsque le poète hollandais Multatuli remplace la Μοϊφα des Grecs par le couple divin Λόϒος χαί ΆνάΥχη il n’y a guère à redire ; mais tous ceux qui transfèrent la conduite du cours du monde à la Providence, à Dieu ou à Dieu et à la Nature nous font soupçonner qu’ils continuent de ressentir ces forces, les plus extérieures et les plus lointaines qui soient, comme un couple parental — au sens mythologique — et qu’ils se croient rattachés à elles par des liens libidinaux. Dans Le moi et le ça j’ai tenté de déduire aussi d’une telle conception parentale du Destin l’angoisse réelle de mort éprouvée par les êtres humains. De cette conception il semble très difficile de se libérer.
Sigmund Freud, Le problème économique du masochisme
Sigmund Freud, Le problème économique du masochisme
lundi 11 juin 2018
vendredi 8 juin 2018
Par définition, le transfert doit inclure tout ce que le patient apporte à la relation. Et ce qu'il y apporte peut être mieux apprécié lorsque, à côté et au-delà de ce qui est dit, nous concentrons notre attention sur ce qui se passe dans la relation, sur la manière dont le patient est en train d'utiliser l'analyste.
Betty Joseph, Le transfert, une situation totale
Betty Joseph, Le transfert, une situation totale
jeudi 7 juin 2018
mardi 5 juin 2018
Ainsi, nous sommes tous plus ou moins des personnalités multiples, avec des structures psychopathologiques multiples elles aussi. Nous disposons tous de potentialités hystériques, phobiques, obsessionnelles ; mais aussi dépressives, maniaques, hyperactives, fétichistes, toxicomanes ou perverses ; ou encore paranoïaques, autistiques, allergiques ou psychosomatiques. Les fantasmes originaires de l'Œdipe, au nombre de cinq pour un Œdipe complet, sont tous plus ou moins représentés dans notre roman familial personnel, construit et reconstruit tout au long de notre vie : séduction, castration, scène primitive, meurtre cannibalique, retour au ventre maternel. Notre identité, à ce titre n'est-elle pas comme une sorte d'assemblée, un parlement démocratique entre ces différents complexes familiaux, les systèmes anthropologiques qui règlent la quête d'un partenaire et son degré d'exogamie, le mode de couplage, l'héritage, les rites de passages, les migrations, et les coupures, la portance et la protection des enfants à naître ?
François Duparc, La clinique du psychanalyste aujourd'hui
François Duparc, La clinique du psychanalyste aujourd'hui
lundi 4 juin 2018
De celui qui déclare d'un ton péremptoire : "Moi, je pense que...", vous pouvez être certain 1. qu'il ne pense pas, 2. qu'il revendique un jugement qui lui serait propre alors qu'il exprime l'opinion la plus commune dont il se fait l'écho à son insu, 3. qu'il est si peu assuré de son existence qu'il met en avant Moi et, pour faire bonne mesure, l'accole à Je.
Il n'y a pas plus vantard, plus inconsistant et plus conformiste que cet homme-là.
J.-B. Pontalis, Avant
Il n'y a pas plus vantard, plus inconsistant et plus conformiste que cet homme-là.
J.-B. Pontalis, Avant
vendredi 1 juin 2018
L'idée que les pensées et les sentiments de l'analyste sont à chaque fois contextualisés et, par conséquent, modifiés par notre vécu du patient pourrait donner à croire que tout ce que l'analyste pense et éprouve serait à ranger du côté du contre-transfert. J'estime cependant que l'emploi du terme contre-transfert, pour renvoyer à tout ce que l'analyste pense, éprouve ou vit à travers ses sens, occulte la simultanéité de la dialectique entre l'unicité et la dualité, la subjectivité individuelle et l'intersubjectivité - à savoir le fondement même de la relation analytique. Dire que tout ce que vit l'analyste relève du contre-transfert n'est que le constat d'une évidence : nous sommes tous empêtrés dans notre subjectivité. Si nous voulons que le concept de contre-transfert signifie un peu plus que l'obvie, il nous faudra sans cesse le replacer dans le mouvement dialectique entre l'analyste comme entité séparée et l'analyste comme création de l'intersubjectivité analytique. Aucun de ces deux "pôles" de la dialectique n'existe sous une forme pure, et il nous incombe d'aboutir à des formulations chaque fois plus fines sur la nature spécifique, à tel ou tel moment, de la relation entre les vécus du sujet et de l'objet, entre le contre-transfert et le transfert.
Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse
Thomas H. Ogden, Les Sujets de l'analyse
mercredi 30 mai 2018
Cher ami je ne veux pas être indiscret en vous parlant de votre santé, mais mon expérience de la maladie, des médecins etc., si elle m'est inutile pour moi-même, [...] je réussis aisément s'il s'agit d'un autre là où j'échoue pour moi. Donc si vous voulez que nous causions santé et guérisseurs je suis à vos ordres.
Marcel Proust, Lettre à Gaston Gallimard, octobre 1916
Marcel Proust, Lettre à Gaston Gallimard, octobre 1916
mardi 29 mai 2018
lundi 28 mai 2018
Tout comme le bébé avec sa mère, le patient ne peut devenir autonome que si le thérapeute est prêt à le laisser aller ; et pourtant tout mouvement venant du thérapeute qui tente de s'éloigner de l'état de fusion avec le patient est l'objet d'une noire suspicion et le désastre menace.
Donald W. Winnicott, Jeu et réalité
Donald W. Winnicott, Jeu et réalité
vendredi 25 mai 2018
Rigoureusement parlant - et pourquoi n'en parlerait-on pas aussi rigoureusement que possible ? - ne mérite d'être reconnu psychanalyse correcte que l'effort analytique qui a réussi à lever l'amnésie qui dissimule à l'adulte la connaissance des débuts de sa vie infantile (c'est-à-dire de la période qui va de la deuxième à la sixième année).
Sigmund Freud, "Un enfant est battu"
Sigmund Freud, "Un enfant est battu"
jeudi 24 mai 2018
mercredi 23 mai 2018
Que voit le bébé quand il tourne son regard vers le visage de la mère ? Généralement, ce qu'il voit, c'est lui-même. En d'autres termes, la mère regarde le bébé, et ce à quoi elle ressemble est en rapport avec ce qu'elle voit.
Donald W. Winnicott, Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans le développement de l'enfant
Donald W. Winnicott, Le rôle de miroir de la mère et de la famille dans le développement de l'enfant
mardi 22 mai 2018
vendredi 18 mai 2018
jeudi 17 mai 2018
mercredi 16 mai 2018
mardi 15 mai 2018
lundi 14 mai 2018
jeudi 3 mai 2018
Notre culture sociétale se caractérise par un besoin de plus en plus grand d’obtenir des satisfactions individuelles et rapides, avec une perception du temps qui s’accélère de plus en plus, la substitution des valeurs économiques et commerciales aux valeurs spirituelles et affectives, une fragmentation du tissu social qui entraîne une pléthore d’équivalents dépressifs, des modes de vie qui exaltent de faux besoins en même temps que diminue le nombre de ceux qui peuvent y accéder, un allongement de la période de dépendance aux parents qui coexiste avec des injonctions d’autonomie irréalisables pour les jeunes. Dans ce monde qui va vite, où tout se sait, où tout se dit et se montre, nombreux sont ceux qui peinent à se construire un sentiment d’identité propre et ont recours aux pires manières d’y arriver. Nombreux sont ceux qui n’y trouvent pas leur place et sombrent d’une manière ou d’une autre dans la désespérance. Ce sont eux qui nous consultent (dans le meilleur des cas).
Les aider n’est pas une tâche facile et c’est devenu un grand marché. Nous voulons partager ici notre inquiétude quant au développement de pratiques de soins qui essaient de faire l’économie de la complexité psychique au profit de la rentabilité illusoire du soin. Le temps du psychisme n’est pas le temps de l’entreprise ni celui des politiques d’austérité. Quand des mécanismes psychologiques ont mis dix, vingt, trente, quarante ans à s’installer, il est mensonger, arbitraire et manipulateur, de donner à penser qu’il est possible de les assainir rapidement. C’est le cas aussi quand des traumatismes violents ont traversé plusieurs générations ou quand des traumatismes précoces ont perturbé l’évolution souhaitable de la croissance psychique. Il nous semble indispensable de faire comprendre à quel point une approche clinique de ces pathologies doit pouvoir s’appuyer sur une démarche progressive et processuelle et qu’un renoncement à des formules instantanées ou ultra rapides est la condition sine qua non d’une véritable évolution.
Nous voulons aussi partager notre inquiétude quant au développement de pratiques de soin qui essaieraient de faire l’économie de l’existence des inconscients humains. « Déconditionner », « corriger », faire appel à la volonté, c’est méconnaître la face cachée de l’iceberg et tromper les patients sur leur véritable fonctionnement interne.
Et que dire de toutes les formules magiques qui leur sont proposées et qui exploitent commercialement leur besoin d’espérer voir leur crédulité ?
Liliane Dirkx, Après cinquante numéros... in Cahiers de psychologie clinique n° 50
Les aider n’est pas une tâche facile et c’est devenu un grand marché. Nous voulons partager ici notre inquiétude quant au développement de pratiques de soins qui essaient de faire l’économie de la complexité psychique au profit de la rentabilité illusoire du soin. Le temps du psychisme n’est pas le temps de l’entreprise ni celui des politiques d’austérité. Quand des mécanismes psychologiques ont mis dix, vingt, trente, quarante ans à s’installer, il est mensonger, arbitraire et manipulateur, de donner à penser qu’il est possible de les assainir rapidement. C’est le cas aussi quand des traumatismes violents ont traversé plusieurs générations ou quand des traumatismes précoces ont perturbé l’évolution souhaitable de la croissance psychique. Il nous semble indispensable de faire comprendre à quel point une approche clinique de ces pathologies doit pouvoir s’appuyer sur une démarche progressive et processuelle et qu’un renoncement à des formules instantanées ou ultra rapides est la condition sine qua non d’une véritable évolution.
Nous voulons aussi partager notre inquiétude quant au développement de pratiques de soin qui essaieraient de faire l’économie de l’existence des inconscients humains. « Déconditionner », « corriger », faire appel à la volonté, c’est méconnaître la face cachée de l’iceberg et tromper les patients sur leur véritable fonctionnement interne.
Et que dire de toutes les formules magiques qui leur sont proposées et qui exploitent commercialement leur besoin d’espérer voir leur crédulité ?
Liliane Dirkx, Après cinquante numéros... in Cahiers de psychologie clinique n° 50
mercredi 2 mai 2018
vendredi 27 avril 2018
jeudi 26 avril 2018
mercredi 25 avril 2018
Dans les états dépressifs mélancoliques, la libido semble régresser jusqu'au stade le plus précoce du développement. Cela veut dire qu'au niveau inconscient, le mélancolique éprouve vis-à-vis de son objet sexuel un désir d'incorporation. Inconsciemment, il existe une tendance à avaler l'objet, à le détruire.
Karl Abraham, Examen de l'étape prégénitale la plus précoce du développement de la libido
Karl Abraham, Examen de l'étape prégénitale la plus précoce du développement de la libido
mardi 24 avril 2018
L'écriture de ce livre a, dès le commencement, revêtu à mes yeux une dimension profondément personnelle. Un peu comme le sentiment d'écrire, des années durant, une suite de lettres à un collègue pour lui raconter la façon dont je concevais la psychanalyse à cette époque de ma vie. Il va de soi que tout ce que je crois à ce jour concernant la théorie et la pratique de la psychanalyse ne cesse d'évoluer, y compris à fur et à mesure que j'écris (ou, pour être plus précis, surtout dans l'acte même d'écrire). Borges a déclaré avoir passé toute sa vie à réécrire son premier livre de poèmes. J'éprouve un sentiment similaire à l'égard de mes tentatives de mettre en mots ma compréhension de ces aspects de la psychanalyse qui sont les plus importants pour moi, et de dire comment ils sont devenus partie prenante de ce que je suis et du psychanalyste que je deviens. Ce livre représente ma contribution la plus récente à cet effort de toute une vie.
Thomas H. Ogden, Cet art qu'est la psychanalyse
Thomas H. Ogden, Cet art qu'est la psychanalyse
lundi 23 avril 2018
vendredi 20 avril 2018
jeudi 19 avril 2018
Certaines personnes se comportent, au cours du travail analytique, d'une façon tout à fait singulière. Quand on leur donne de l'espoir et qu'on leur montre qu'on est satisfait de la marche du traitement, ils paraissent mécontents et leur état subjectif s'aggrave régulièrement. On voit d'abord dans ce fait une manifestation de leur esprit de contradiction et le désir de montrer leur supériorité sur le médecin. Mais on ne tarde pas à constater qu'il s'agit d'un phénomène beaucoup plus profond. On s'aperçoit non seulement que ces personnes sont incapables de louange et de reconnaissance, mais aussi qu'elles réagissent aux progrès du traitement d'une manière opposée à celle à laquelle on pourrait s'attendre en toute logique. Tout progrès partiel qui devrait avoir, et a effectivement chez d'autres pour conséquence une amélioration ou une disparition passagère des symptômes, se traduit chez elles par une aggravation momentanée de leur mal, et leur état, au lieu de s'améliorer, s'aggrave au cours du traitement. Elles présentent ce qu'on appelle la réaction thérapeutique négative.
Sigmund Freud, Le Moi et le Ça
Sigmund Freud, Le Moi et le Ça
mercredi 18 avril 2018
mardi 17 avril 2018
lundi 16 avril 2018
vendredi 13 avril 2018
jeudi 12 avril 2018
mercredi 11 avril 2018
Passons donc en revue les demandes les plus fréquentes des sujets qui viennent consulter un psychanalyste. Ces demandes, pour résumer les enjeux stratégiques en jeu, visent principalement à :
I. soulager une souffrance, soigner une maladie ;
II. affronter une séparation, faire un deuil imprévu ou inéluctable ;
III. retrouver une certaine liberté par rapport aux répétitions stériles, aux impasses (ce que nous appelons dans notre jargon la compulsion de répétition) ;
IV. mieux comprendre son histoire, son héritage, et comment en faire un meilleur usage ;
V. lutter contre une incapacité à s'engager dans des projets affectifs ou professionnels, contre une perte de créativité.
François Duparc, Le Travail du psychanalyste
I. soulager une souffrance, soigner une maladie ;
II. affronter une séparation, faire un deuil imprévu ou inéluctable ;
III. retrouver une certaine liberté par rapport aux répétitions stériles, aux impasses (ce que nous appelons dans notre jargon la compulsion de répétition) ;
IV. mieux comprendre son histoire, son héritage, et comment en faire un meilleur usage ;
V. lutter contre une incapacité à s'engager dans des projets affectifs ou professionnels, contre une perte de créativité.
François Duparc, Le Travail du psychanalyste
lundi 9 avril 2018
Selon moi, l’un des facteurs de cette crise [de la psychanalyse] ne vient pas tant de la mise en cause des découvertes psychanalytiques sur l’inconscient, que du fait que le potentiel thérapeutique de l’analyse demande encore à être pleinement développé.
Franco De Masi, Quelle formation pour l’analyste du XXIe siècle?
Franco De Masi, Quelle formation pour l’analyste du XXIe siècle?
vendredi 6 avril 2018
jeudi 5 avril 2018
L’importance fonctionnelle du Moi s’exprime en ceci qu’il lui est concédé normalement la maîtrise des passages à la motilité. Il est semblable ainsi, par rapport au Ça, au cavalier censé tenir en bride la force supérieure du cheval, à ceci près que le cavalier tente la chose avec des forces propres, tandis que le Moi le fait avec des forces empruntées. Cette comparaison nous emmène un peu plus loin. De la même façon qu’il ne reste souvent pas d’autre solution au cavalier, s’il ne veut pas se séparer du cheval, que de le conduire là où il veut aller, le Moi a coutume lui aussi de convertir la volonté du Ça en action, comme si cette volonté était la sienne propre.
Sigmund Freud, Le Moi et le Ça
Sigmund Freud, Le Moi et le Ça
mercredi 4 avril 2018
mardi 3 avril 2018
vendredi 30 mars 2018
mercredi 28 mars 2018
vendredi 23 mars 2018
Le meilleur conseil que je puisse donner à quelqu'un pour réussir [...], c'est de ne pas écouter les bruits du monde, mais écouter le silence de l'âme. Tous les gens te diront dans la vie : c'est impossible, t'es trop loin, c'est pas faisable, c'est trop dur. Ça, c'est les bruits du monde ! Mais les gens n'écoutent jamais le silence, qui est un son de l'âme. C'est-à-dire se remettre sur soi-même, à l'intérieur de soi-même et de demander à soi-même ce que l'on veut réaliser dans la vie...
Jean-Claude Van Damme
Jean-Claude Van Damme
mercredi 21 mars 2018
Pour quel obscur motif ce mot Limbes dont je prolonge la première syllabe et qui paraît se tenir à mi-chemin entre le clair et le sombre exerce-t-il sur moi un tel attrait ? Souhaiterais-je séjourner dans le limbe des enfants ? N'aimerais-je que les pensées à l'état naissant qui se refusent à être cernées ? Serais-je épris de ces rêves qui tiennent lieu de réalité ? Ne serais-je touché que par ceux qui n'ont pas une identité bien assurée, qui ne sont pas ce qu'ils sont ou croient être, et alors les femmes, plus que les hommes, seraient ces êtres-là, incertains, insaisissables, celles qu'on ne saurait baptiser, celles qui seraient toujours en attente d'on ne sait trop quoi ?
J.-B. Pontalis, L'enfant des limbes
J.-B. Pontalis, L'enfant des limbes
mardi 20 mars 2018
Contrairement à la tendance actuelle qui se concentre sur la pensée de l'analyste au travail, je suis convaincu que l'imagination et les fantasmes de l'analyste ne peuvent pas constituer le cœur du travail analytique. L'utilisation de ces éléments ne se justifie que s'ils se rattachent aux expériences précoces de l'enfance du patient, et en prenant en compte l'histoire individuelle et la psychopathologie de celui-ci.
Franco De Masi, Leçons de psychanalyse
Franco De Masi, Leçons de psychanalyse
lundi 19 mars 2018
vendredi 16 mars 2018
jeudi 15 mars 2018
mardi 13 mars 2018
[...] l'être humain est traducteur. Dès l'enfance ce dernier est voué à devenir un traducteur, traducteur des messages qui lui sont adressés par l'autre adulte, traducteur de messages énigmatiques ressortissant au monde des adultes qui lui revient de traduire dans sa langue d'enfant. De l'approfondissement de cette idée directrice il tirera une théorie traductive du refoulement.
Christophe Dejours et Felipe Votadoro, Préface à La séduction à l'origine : l'œuvre de Jean Laplanche
Christophe Dejours et Felipe Votadoro, Préface à La séduction à l'origine : l'œuvre de Jean Laplanche
vendredi 9 mars 2018
jeudi 8 mars 2018
mercredi 7 mars 2018
mardi 6 mars 2018
lundi 5 mars 2018
vendredi 2 mars 2018
Rappelez-vous une chose, qui vous sera d’une grande utilité, quoi que vous puissiez penser de lui en tant que personne, et quoi que ses successeurs aient fait ou pas, Freud avait raison. C’est une formule magique que vous devriez toujours garder avec vous dans votre sac, et utiliser chaque fois que le sens commun fait défaut.
Cyprian St. Cyr [Eric Berne], Letters to my wife’s maid
Cyprian St. Cyr [Eric Berne], Letters to my wife’s maid
mercredi 28 février 2018
Ainsi le symptôme est chargé, peu à peu, de représenter d’importants intérêts, il devient un élément de l’auto-défense, il resserre toujours plus ses liens avec le moi, et lui devient indispensable. Il est bien rare que l’adoption d’un corps étranger puisse produire quelque chose de semblable. On pourrait d’ailleurs exprimer de façon exagérée l’importance de cette adaptation secondaire au symptôme, en disant que le moi, somme toute, ne crée le symptôme que pour jouir de ses avantages. Ce serait aussi juste ou aussi faux que de prétendre que le blessé de guerre s’est fait arracher une jambe par le tir de l’ennemi pour vivre ensuite de sa pension sans travailler.
Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse
Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse
mardi 27 février 2018
lundi 26 février 2018
Contrairement à ce qu'on pense, la vérité historique n'est pas la vérité de ce qui arrive en fait, c'est la vérité de ce qui s'est passé à une certaine période de l'histoire de quelqu'un et dont il a fait une vérité interne : tout ce qu'il était capable d'en penser, et qui a continué à rester en lui.
André Green, Entretien avec Pierre Bayard et Jean Bellemin-Noël, revue Littérature
André Green, Entretien avec Pierre Bayard et Jean Bellemin-Noël, revue Littérature
vendredi 23 février 2018
Psychologie Magazine : Vous écrivez : “Se séparer de soi : tâche aussi douloureuse qu’inéluctable et même nécessaire pour qui ne consent pas à rester sur place et que porte le désir d’avancer, d’aller au-devant de ce qui, n’étant pas soi, a des chances d’être à venir.” Est-ce cela, changer vraiment ?
J.-B. Pontalis : Oui, c’est aller hors de ce qui est connu de soi. C’est ce que j’ai toujours cherché. Avant de devenir psychanalyste, j’étais prof de philo. Un jour – j’avais 29 ans –, une élève d’hypokhâgne m’a dit : « Ils sont bien vos cours, mais on a l’impression que vous n’y croyez pas vraiment. » Sur le moment, ça ne m’a pas fait beaucoup d’effet, mais après j’ai réalisé qu’elle disait vrai : je maîtrisais le langage, le discours, mais je n’habitais pas mes mots. Il me fallait d’abord me dégager de mes maîtres, notamment de Sartre qui, quoique généreux, était si écrasant… En me séparant de Sartre, puis de Lacan, à chaque fois je me suis séparé, « dé-pris » de celui que j’étais à ce moment-là et des concepts qui me portaient alors – vous savez, on peut aussi se retrouver enfermé dans des concepts. Ç’a été long avant que je me reconnaisse vraiment dans ma parole, dans ce que j’écrivais. Ainsi y a-t-il pour chacun à se dégager des différentes identifications qui jalonnent sa vie. C’est cela, être vivant : essayer de ne pas rester figé dans un âge, dans une position, et aussi être capable de naviguer, de faire des allers-retours dans les différentes époques de sa vie : retrouver l’enfant en soi, sa part de féminité, sa révolte adolescente… Alors, tous les âges se télescopent, comme dans les rêves, où un élément de la veille et des souvenirs des toutes premières années se mélangent. L’important, c’est que ça bouge.
Entretien avec J.-B. Pontalis pour Psychologies Magazine
J.-B. Pontalis : Oui, c’est aller hors de ce qui est connu de soi. C’est ce que j’ai toujours cherché. Avant de devenir psychanalyste, j’étais prof de philo. Un jour – j’avais 29 ans –, une élève d’hypokhâgne m’a dit : « Ils sont bien vos cours, mais on a l’impression que vous n’y croyez pas vraiment. » Sur le moment, ça ne m’a pas fait beaucoup d’effet, mais après j’ai réalisé qu’elle disait vrai : je maîtrisais le langage, le discours, mais je n’habitais pas mes mots. Il me fallait d’abord me dégager de mes maîtres, notamment de Sartre qui, quoique généreux, était si écrasant… En me séparant de Sartre, puis de Lacan, à chaque fois je me suis séparé, « dé-pris » de celui que j’étais à ce moment-là et des concepts qui me portaient alors – vous savez, on peut aussi se retrouver enfermé dans des concepts. Ç’a été long avant que je me reconnaisse vraiment dans ma parole, dans ce que j’écrivais. Ainsi y a-t-il pour chacun à se dégager des différentes identifications qui jalonnent sa vie. C’est cela, être vivant : essayer de ne pas rester figé dans un âge, dans une position, et aussi être capable de naviguer, de faire des allers-retours dans les différentes époques de sa vie : retrouver l’enfant en soi, sa part de féminité, sa révolte adolescente… Alors, tous les âges se télescopent, comme dans les rêves, où un élément de la veille et des souvenirs des toutes premières années se mélangent. L’important, c’est que ça bouge.
Entretien avec J.-B. Pontalis pour Psychologies Magazine
jeudi 22 février 2018
C'est donc ici que je distingue nettement deux aspects : le psychanalytique et le psychothérapeutique. Dans toute analyse il y a un aspect psychothérapeutique ; toutefois, dans le cas d'une analyse "classique" - je laisse de côté le problème des cas-limites et des psychoses -, c'est le patient qui fait la psychothérapie. En d'autres termes, l'aspect psychothérapeutique est à la charge du patient, tandis que l'aspect psychanalytique est pris en charge par l'analyste et le patient, ensemble.
Jean Laplanche. Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Jean Laplanche. Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
mercredi 21 février 2018
mardi 20 février 2018
lundi 19 février 2018
Le sujet ne vient pas nous voir parce qu'il fait partie d'une intelligentsia ni parce qu'il est mobilisé par un quelconque désir de savoir ; il vient parce qu'il souffre et pour que nous l'aidions à dépasser son conflit psychotique, névrotique ou autre, qui est cause de sa souffrance. C'est pourquoi je pense que la dimension thérapeutique est partie intégrante de ce que je fais quotidiennement quand je travaille comme analyste.
Piera Aulagnier, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Piera Aulagnier, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
vendredi 16 février 2018
Certains analystes sont portés à voir l'effet de l'inconscient dans les réseaux associatifs que forme le fil du discours ; d'autres soulignent dans la parole adressée l'expression d'une situation répétée que le patient s'efforce de maîtriser ; d'autres encore se centrent sur l'émergence et la maturation de l'affect ressenti ; d'autres enfin attachent une attention particulière aux retournements paradoxaux qui font effet de rupture. Assurément, selon le patient et le moment de sa cure, tout analyste privilégie l'une ou l'autre de ces perspectives, mais il n'en reste pas moins vrai que le style propre issu de la formation de chacun dispose plus directement à l'une ou à l'autre de ces manières d'envisager le travail interprétatif.
Laurent Danon-Boileau et Jean-Yves Tamet (Dir.), Des psychanalystes en séance. Glossaire clinique de psychanalyse contemporaine
Laurent Danon-Boileau et Jean-Yves Tamet (Dir.), Des psychanalystes en séance. Glossaire clinique de psychanalyse contemporaine
mercredi 14 février 2018
mardi 13 février 2018
vendredi 9 février 2018
jeudi 8 février 2018
mercredi 7 février 2018
Un supervisé m'a rapporté le cas d'un homme souffrant d'une maladie de peau, un vitiligo qui lui recouvrait toute l'épaule. Les traitements médicaux ne donnaient aucun résultat. C'était pénible pour le patient, parce que c'est une affection assez visible, très troublante narcissiquement. Dans son analyse, le patient a pu retrouver un souvenir traumatique datant de ses deux ans. Il avait un sœur, très proche en âge, qui était tombée dans un piscine ; il avait vu des hommes retirer de l'eau le corps mort de l'enfant, et il avait vu les cheveux noirs de la petite lui recouvrant toute l'épaule. Il a eu cette vision. C'est comme s'il avait fait un travail de deuil somatique et était devenu se petite sœur morte ; il a pris en lui cette image d'elle ; c'était la solution qu'il avait trouvée pour ne pas la perdre...
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour de la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour de la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
mardi 6 février 2018
Avec quoi le langage parle-il ? Sûrement pas avec des mots seulement, mais aussi avec des mots investis d'affects, sous-tendus par des représentations pulsionnelles conscientes et inconscientes, et dynamisés par des motions qui l'animent... Le structuralisme a entretenu la tentation illusoire de promouvoir un impérialisme linguistique - avec sa "science pilote", la linguistique ; la combinatoire serait prioritaire, pas la complexité de l'humain...
André Green, Du signe au discours
André Green, Du signe au discours
lundi 5 février 2018
Vous avez peur, peur de ne pas réussir ? Alors, allez-y. Si vous devez échouer, vous échouerez et recommencerez. Autant de fois qu’il le faudra. Ce n’est pas l’échec qui nous retient, c’est le courage de recommencer qui manque et nous fait stagner.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups
vendredi 2 février 2018
Si, comme le montrera Lacan en 1960 dans son séminaire sur L'éthique de la psychanalyse, "en chacun de nous, il y a la voie tracée pour un héros", c'est que justement l'héroïsme de l'être humain, du point de vue de la psychanalyse, ne dépend pas tant de la reconnaissance par autrui de notre grandeur que notre capacité à affronter le désarroi comme expérience intime de notre être. Car celui qui sait ne pas fuir sa propre angoisse sera aussi celui qui ne fuira pas son propre désir. Rien ne peut dans ces conditions nous sauver de notre angoisse que le Dieu Logos, c'est-à-dire notre propre croyance en la valeur de la parole et en sa fonction éthique. Rien ne peut conférer à notre existence le sens que nous en attendons que nos propres actes lorsqu'ils sont éclairés par le courage de résister à la pulsion de mort et celui de ne pas céder sur ce qui doit nous coûter l'accès à notre désir, comme "métonymie de notre être".
Clotilde Leguil, extrait de la présentation de L'avenir d'une illusion de Sigmund Freud
Clotilde Leguil, extrait de la présentation de L'avenir d'une illusion de Sigmund Freud
jeudi 1 février 2018
mercredi 31 janvier 2018
Fernando Urribarri - Pour finir, le voudrais vous demander de résumer le noyau des questions abordées dans Théâtres du corps.
Joyce McDougall - Dans cet ouvrage, j'essaie de comprendre le genre de messages qui circulent à double sens, entre la psyché et le soma, et de conceptualiser la façon dont on pourrait travailler cela dans la relation analytique.
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Joyce McDougall - Dans cet ouvrage, j'essaie de comprendre le genre de messages qui circulent à double sens, entre la psyché et le soma, et de conceptualiser la façon dont on pourrait travailler cela dans la relation analytique.
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
mardi 30 janvier 2018
vendredi 26 janvier 2018
jeudi 25 janvier 2018
Prenons en considération la genèse psychique des représentations religieuses. Celles-ci, qui se donnent pour des dogmes, ne sont pas des précipités d’expériences ni des résultats d’une pensée, ce sont des illusions, des accomplissements des désirs les plus anciens, les plus forts, les plus urgents de l’humanité ; le secret de leur force est la force de ces désirs.
Sigmund Freud, l'avenir d'une illusion
Sigmund Freud, l'avenir d'une illusion
mercredi 24 janvier 2018
20 ans
On n'est pas là pour payer les dettes
On a tous connu nos martyrs
On se contente de chaque miette
De chaque seconde, de chaque soupir
Il n’y a pas grand-chose que l’on regrette
Où l’on ne veut plus se souvenir
On a bravé tant de tempêtes
Qu’on ne s’est même pas vu grandir
Dis-moi que la vie est encore plus belle
Quand on a plus vingt ans
Est-ce qu’on peut encore toucher le ciel
Quand on plus vingt ans
Donne-moi des monts et des merveilles
Comme si j’avais vingt ans
Est-ce qu’on t’appeler mademoiselle
Tu as toujours vingt ans
On joue toujours avec les allumettes
Avec les flammes, avec le désir
On n'a qu’une envie, qu’une requête
De rire comme si on allait jamais mourir
On a passé l’âge d’être bête
Pas celui de se faire éblouir
Chaque journée est une conquête
Qu’il faut abattre d’un sourire
Dis-moi que la vie est encore plus belle
Quand on a plus vingt ans
Est-ce qu’on peut encore toucher le ciel
Quand on plus vingt ans
Donne-moi des monts et des merveilles
Comme si j’avais vingt ans
Est-ce qu’on peut t’appeler mademoiselle
Tu as toujours vingt ans
Toujours vingt ans
Toujours vingt ans
On est venu à bout de la bête
Et des nuits qui devaient rétrécir
On ne battra jamais en retraite
On a encore tant de choses à offrir
Johnny Hallyday, album "L'attente", texte de Christophe Miossec
On n'est pas là pour payer les dettes
On a tous connu nos martyrs
On se contente de chaque miette
De chaque seconde, de chaque soupir
Il n’y a pas grand-chose que l’on regrette
Où l’on ne veut plus se souvenir
On a bravé tant de tempêtes
Qu’on ne s’est même pas vu grandir
Dis-moi que la vie est encore plus belle
Quand on a plus vingt ans
Est-ce qu’on peut encore toucher le ciel
Quand on plus vingt ans
Donne-moi des monts et des merveilles
Comme si j’avais vingt ans
Est-ce qu’on t’appeler mademoiselle
Tu as toujours vingt ans
On joue toujours avec les allumettes
Avec les flammes, avec le désir
On n'a qu’une envie, qu’une requête
De rire comme si on allait jamais mourir
On a passé l’âge d’être bête
Pas celui de se faire éblouir
Chaque journée est une conquête
Qu’il faut abattre d’un sourire
Dis-moi que la vie est encore plus belle
Quand on a plus vingt ans
Est-ce qu’on peut encore toucher le ciel
Quand on plus vingt ans
Donne-moi des monts et des merveilles
Comme si j’avais vingt ans
Est-ce qu’on peut t’appeler mademoiselle
Tu as toujours vingt ans
Toujours vingt ans
Toujours vingt ans
On est venu à bout de la bête
Et des nuits qui devaient rétrécir
On ne battra jamais en retraite
On a encore tant de choses à offrir
Johnny Hallyday, album "L'attente", texte de Christophe Miossec
mardi 23 janvier 2018
Quoi qu'il en soit, nous devons être prudents, quand nous parlons d'un "psychosomatique", d'un "obsessionnel", d'un "homosexuel"... Tout cela ne veut rien dire ; ce qui doit nous intéresser, c'est la singularité, ce qu'il y a d'unique dans la personne.
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
lundi 22 janvier 2018
Fernando Urribarri - A propos des processus tertiaires dans le processus analytique, je pensais au rôle central que vous leur attribuez pour définir votre "pensée clinique".
André Green - En effet, la pensée clinique a deux dimensions. L'une correspond au travail de l'analyste dans le cadre. L'autre, à la pensée qui surgit de l'expérience, vis-à-vis de laquelle il prend ses distances, réflexivement, pour en rendre compte, pour rendre compte des raisons de l'inconscient. C'est une pensée mobilisée par l'angoisse, par le contre-transfert, qui opère dans l'écriture et dans la communication analytique. J'ai signalé que, même si elle ne fait pas de référence directe à la clinique, elle est capable d'éveiller la résonance avec l'expérience clinique du lecteur.
André Green, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
André Green - En effet, la pensée clinique a deux dimensions. L'une correspond au travail de l'analyste dans le cadre. L'autre, à la pensée qui surgit de l'expérience, vis-à-vis de laquelle il prend ses distances, réflexivement, pour en rendre compte, pour rendre compte des raisons de l'inconscient. C'est une pensée mobilisée par l'angoisse, par le contre-transfert, qui opère dans l'écriture et dans la communication analytique. J'ai signalé que, même si elle ne fait pas de référence directe à la clinique, elle est capable d'éveiller la résonance avec l'expérience clinique du lecteur.
André Green, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
vendredi 19 janvier 2018
mercredi 17 janvier 2018
La fonction sexuelle était présente dès le début, commençait par s'étayer sur les autres fonctions vitales et prenait ensuite son indépendance à leur égard ; il lui fallait accomplir une évolution longue et compliquée, avant de devenir ce qui était connu comme la vie sexuelle normale de l'adulte.
Sigmund Freud, Sigmund Freud présenté par lui-même
Sigmund Freud, Sigmund Freud présenté par lui-même
mardi 16 janvier 2018
Je dis que le temps de l'analyse est le temps de l'infans. La création géniale de Freud de la méthode et du dispositif cherche à faire passer par le langage l'expérience de l'infans (celui qui n'a pas de langage).
J.-B. Pontalis, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
J.-B. Pontalis, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
vendredi 12 janvier 2018
La conception freudienne de la sexualité s'appuie principalement sur l'hypothèse de "pulsions" sexuelles innées, agissantes dès la naissance et tout au long de l'enfance. Comment ces pulsions en viennent-elles à s'attacher à des objets ? Cette question a toujours été très centrale dans l'œuvre de Freud, bien qu'il lui ait donné des réponses incomplètes et parfois contradictoires. Certains de ses continuateurs ont par la suite attaché une importance croissante à la "relation d'objet".
Michèle Perron-Borelli, Les fantasmes
Michèle Perron-Borelli, Les fantasmes
jeudi 11 janvier 2018
mercredi 10 janvier 2018
mardi 9 janvier 2018
- Que faites-vous ?
- Moi ? Je suis psychiatre.
- Ah oui ?
- Je travaille sur le délire paranoïde.
- Racontez-moi.
- Il n'y a pas grand chose à dire. Je travaille surtout en Europe et j'ai écrit de nombreux articles psychanalytiques. J'ai beaucoup étudié. J'ai travaillé avec Freud à Vienne. Mais on a différé sur le concept d'envie du pénis. Freud voulait le limiter à la femme.
Woody Allen, Zelig
- Moi ? Je suis psychiatre.
- Ah oui ?
- Je travaille sur le délire paranoïde.
- Racontez-moi.
- Il n'y a pas grand chose à dire. Je travaille surtout en Europe et j'ai écrit de nombreux articles psychanalytiques. J'ai beaucoup étudié. J'ai travaillé avec Freud à Vienne. Mais on a différé sur le concept d'envie du pénis. Freud voulait le limiter à la femme.
Woody Allen, Zelig
lundi 8 janvier 2018
Cure psychanalytique
Des déceptions amoureuses à répétition, une orientation sexuelle hésitante, une aphonie qui surgit chaque fois qu'il faut parler en public, un mal de vivre indéfinissable, une érection vacillante, une mère débordante, un père qui ne vous a jamais aimé, la mort d'un très proche, un enfant que l'on arrive pas à faire, un dégoût de la sexualité, une addiction à la sexualité qui ne laisse de place pour rein d'autre, une maladie somatique grave, l'aggravation de l'angoisse malgré la suppression réussie d'une phobie par une psychothérapie comportementale, une dépressivité qui gâche toutes les entreprises, une jalousie qui ne connaît pas de repos, un livre qu'on ne parvient plus à écrire, n'avoir jamais rencontré quelqu'un qui vous écoute... le recours à la psychanalyse se confond avec l'expérience humaine. Le malheur peut paraître venir du dehors - "l'enfer, c'est les autres" -, on a cependant l'intuition d'y être pour quelque chose ; qu'il faut changer pour que ça change. Sans le savoir, on vient en analyse pour changer le passé, en réécrire le récit, découvrir la haine derrière l'amour affiché (ou l'inverse), la secrète satisfaction derrière le déplaisir, une prison que l'on ne veut pas quitter. Parmi les risques que l'on court, il y a celui de devenir un peu plus libre qu'auparavant.
Jacques André, Les 100 mots de la psychanalyse
Des déceptions amoureuses à répétition, une orientation sexuelle hésitante, une aphonie qui surgit chaque fois qu'il faut parler en public, un mal de vivre indéfinissable, une érection vacillante, une mère débordante, un père qui ne vous a jamais aimé, la mort d'un très proche, un enfant que l'on arrive pas à faire, un dégoût de la sexualité, une addiction à la sexualité qui ne laisse de place pour rein d'autre, une maladie somatique grave, l'aggravation de l'angoisse malgré la suppression réussie d'une phobie par une psychothérapie comportementale, une dépressivité qui gâche toutes les entreprises, une jalousie qui ne connaît pas de repos, un livre qu'on ne parvient plus à écrire, n'avoir jamais rencontré quelqu'un qui vous écoute... le recours à la psychanalyse se confond avec l'expérience humaine. Le malheur peut paraître venir du dehors - "l'enfer, c'est les autres" -, on a cependant l'intuition d'y être pour quelque chose ; qu'il faut changer pour que ça change. Sans le savoir, on vient en analyse pour changer le passé, en réécrire le récit, découvrir la haine derrière l'amour affiché (ou l'inverse), la secrète satisfaction derrière le déplaisir, une prison que l'on ne veut pas quitter. Parmi les risques que l'on court, il y a celui de devenir un peu plus libre qu'auparavant.
Jacques André, Les 100 mots de la psychanalyse
vendredi 5 janvier 2018
Cela ne m’intéresse pas de savoir quel est ton métier.
Ce que je veux savoir, c’est ce qui te tient à cœur.
Si tu oses rêver accomplir tes désirs.
Si tu es prêt à paraître fou par amour ou pour tes rêves.
Pour l’aventure d’être vivant.
Je veux savoir si tu as touché le cœur de ta tristesse.
Si tu t’es ouvert suite aux épreuves de la vie.
Ou si tu t’es desséché et fermé par peur de la douleur.
Je veux savoir si tu peux expérimenter ta douleur.
Ou la mienne sans chercher à la cacher.
À la diminuer ou à la solutionner.
Je veux savoir si tu peux entrer dans la joie, la mienne ou la tienne.
Si tu peux danser sauvagement.
Et laisser l’extase te remplir jusqu’au bout des doigts.
Sans opposer de limites humaines et sans penser être prudent ou réaliste.
Cela ne m’intéresse pas de savoir si l’histoire que tu me racontes est vraie.
Ce que je veux savoir, c’est si tu peux décevoir quelqu’un d’autre afin de rester vrai envers toi-même.
Si tu peux supporter l’accusation d’être un traitre et ne pas trahir ta propre âme.
Je veux savoir si tu as suffisamment de foi pour être digne de confiance.
Je veux savoir si tu sais voir la beauté même si ce n’est pas beau tous les jours…
Texte amérindien
Ce que je veux savoir, c’est ce qui te tient à cœur.
Si tu oses rêver accomplir tes désirs.
Si tu es prêt à paraître fou par amour ou pour tes rêves.
Pour l’aventure d’être vivant.
Je veux savoir si tu as touché le cœur de ta tristesse.
Si tu t’es ouvert suite aux épreuves de la vie.
Ou si tu t’es desséché et fermé par peur de la douleur.
Je veux savoir si tu peux expérimenter ta douleur.
Ou la mienne sans chercher à la cacher.
À la diminuer ou à la solutionner.
Je veux savoir si tu peux entrer dans la joie, la mienne ou la tienne.
Si tu peux danser sauvagement.
Et laisser l’extase te remplir jusqu’au bout des doigts.
Sans opposer de limites humaines et sans penser être prudent ou réaliste.
Cela ne m’intéresse pas de savoir si l’histoire que tu me racontes est vraie.
Ce que je veux savoir, c’est si tu peux décevoir quelqu’un d’autre afin de rester vrai envers toi-même.
Si tu peux supporter l’accusation d’être un traitre et ne pas trahir ta propre âme.
Je veux savoir si tu as suffisamment de foi pour être digne de confiance.
Je veux savoir si tu sais voir la beauté même si ce n’est pas beau tous les jours…
Texte amérindien
jeudi 4 janvier 2018
mercredi 3 janvier 2018
mardi 2 janvier 2018
Je vous souhaite des rêves à n’en plus finir et l’envie furieuse d’en réaliser quelques-uns. Je vous souhaite d’aimer ce qu’il faut aimer et d’oublier ce qu’il faut oublier. Je vous souhaite des passions, je vous souhaite des silences. Je vous souhaite des chants d’oiseaux au réveil et des rires d’enfants. Je vous souhaite de respecter les différences des autres, parce que le mérite et la valeur de chacun sont souvent à découvrir. Je vous souhaite de résister à l’enlisement, à l’indifférence et aux vertus négatives de notre époque. Je vous souhaite enfin de ne jamais renoncer à la recherche, à l’aventure, à la vie, à l’amour, car la vie est une magnifique aventure et nul de raisonnable ne doit y renoncer sans livrer une rude bataille. Je vous souhaite surtout d’être vous, fier de l’être et heureux, car le bonheur est notre destin véritable.
Jacques Brel, le 1er Janvier 1968
Jacques Brel, le 1er Janvier 1968
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