Si, comme le montrera Lacan en 1960 dans son séminaire sur L'éthique de la psychanalyse, "en chacun de nous, il y a la voie tracée pour un héros", c'est que justement l'héroïsme de l'être humain, du point de vue de la psychanalyse, ne dépend pas tant de la reconnaissance par autrui de notre grandeur que notre capacité à affronter le désarroi comme expérience intime de notre être. Car celui qui sait ne pas fuir sa propre angoisse sera aussi celui qui ne fuira pas son propre désir. Rien ne peut dans ces conditions nous sauver de notre angoisse que le Dieu Logos, c'est-à-dire notre propre croyance en la valeur de la parole et en sa fonction éthique. Rien ne peut conférer à notre existence le sens que nous en attendons que nos propres actes lorsqu'ils sont éclairés par le courage de résister à la pulsion de mort et celui de ne pas céder sur ce qui doit nous coûter l'accès à notre désir, comme "métonymie de notre être".
Clotilde Leguil, extrait de la présentation de L'avenir d'une illusion de Sigmund Freud