Pensée onirique de la veille : la pensée est une potentialité de la psyché qui n’est pas présente d’emblée. Elle est le fruit de divers processus que l’on pourrait schématiser ainsi : éléments bêta (β) -> éléments alpha (a) -> pensée onirique de la veille -> pensée. Les éléments β, à savoir les données sensorielles et les émotions dénuées de sens, peuvent être évacuées par identification projective en tant que « vécus bruts » mais ne peuvent être disponibles à la pensée. Pour cela, il est nécessaire que la fonction a les transforme en éléments β, leur donnant un sens. Cela est possible pour le nourrisson grâce à la rencontre avec une mère qui, par sa capacité d’élaboration mentale et affective, reçoit, contient et donne sens aux expériences. Ces éléments a pourront être mémorisés, devenir inconscients, servir aux matériaux du rêve. Ils constituent par leur mise en séquence la pensée onirique de la veille. A. Ferro considère ces éléments a comme les éléments psychiques élémentaires, sorte de briques de la pensée inconsciente de la veille et de briques des pensées tout court. La pensée onirique de la veille, constituée par cette mise en séquence des éléments a, s’effectue, instant par instant, lors de toute activité diurne. Cette pensée onirique de la veille n’est pas formée à partir de symboles préfixés mais elle est conçue comme une synthèse en images (essentiellement visuelles), unique, poétique, du perçu-vécu, propre à chaque instant de relation à soi et au monde.
Diana Messina Pizzutti, Entretien avec Antonino Ferro