J'ai dit que la réaction thérapeutique négative est une «blessure narcissique» à la fois pour l'analyste et pour la psychanalyse. Lorsqu'on est aux prises avec une réaction thérapeutique négative, on s'aperçoit que si l'analyse marche bien, si elle progresse, le travail du négatif se subvertit et devient mortifère. Avec les transferts limites, on traverse plus ou moins habituellement, cycliquement, des mouvements négatifs très proches de ce qu'a décrit Freud. Ce sont des situations ou, aux yeux du patient, tout ce que fait l'analyste est forcément de mauvais augure pour soi-même : si l'analyste se tait, c'est parce qu'« il ne s'intéresse pas à ma personne »; s'il parle, c'est qu'« il veut m'imposer ses idées »; s'il accepte une modification pour faciliter les choses, c'est qu'« il souhaite m'humilier »... Tout ce qui vient de l'objet (de l'analyste) est négativé, rien ne trouve une signification positive. Tout est directement ou indirectement renvoyé à l'intérêt malveillant de l'analyste, à sa «volonté de puissance».
André Green, Dialoguer avec André Green, de Fernando Urribarri