Ce que le transfert apporte à la parole de l’analysant est d’en faire un « véhicule » pour les objets internes enfouis au plus profond de l’âme, et de les transporter dans le monde extérieur où ils trouveront des objets d’amour qui se substitueront à eux et les délivreront de la lourde charge œdipienne les aliénant – à la mémoire des parents et, plus généralement, des ancêtres. La parole, dans la cure, travaille tout autant à la désexualisation du monde intérieur, où s’enracinent les névroses des hommes et leur mélancolie, qu’au gain de conscience que les couches supérieures du langage, l’intellect, l’esprit, apportent avec elles.
Le verbe pourrait être cette condition mystérieuse de la langue qui réunit ses différents états et fonctions. Le mot, appartenant à la pensée religieuse, est donc un « mot primitif » ; il pourrait recevoir de l’approche métapsychologique un renouvellement conceptuel qui enrichirait ce que Jean Laplanche a appelé « l’appareil théorético-pratique » soutenant l’écoute de l’analyste.
Cet ouvrage poursuit ainsi la recherche commencée par Langue et psyché, quant à la nature métisse de l’âme entre parole et psychisme.
Présentation du livre de Jean-Claude Rolland, Le verbe devant l'inconscient : nouvelles données métapsychologiques