Nous avons atteint le point où nous ne croyons plus ni en la valeur de la vie, ni au mandat éthique qui nous ordonne d’améliorer la condition humaine. Nous avons renoncé à nous-mêmes. Ce faisant, nous avons abandonné la quête d’un sens individuel ou collectif. Céder passivement à la corruption qui s’est répandue partout a transformé notre folie des grandeurs maniaque en dépression collective.
Nous avons changé.
Avec la perte du sentiment que les choses peuvent faire sens – la fin de l’idée que nos vies servent à quelque chose – le deuil est devenu mélancolie. Cette mélancolie nous met en colère contre les pertes subies. Inconsciemment, nous accusons tout ce qui semble nous avoir laissés tomber. Nous nous sentons abandonnés par les prédicats humanistes de la culture occidentale et par le réseau de systèmes de croyances qui semblaient offrir une vision progressiste de l’humanité.
Christopher Bollas, Sens et mélancolie