Ainsi le symptôme est chargé, peu à peu, de représenter d’importants intérêts, il devient un élément de l’auto-défense, il resserre toujours plus ses liens avec le moi, et lui devient indispensable. Il est bien rare que l’adoption d’un corps étranger puisse produire quelque chose de semblable. On pourrait d’ailleurs exprimer de façon exagérée l’importance de cette adaptation secondaire au symptôme, en disant que le moi, somme toute, ne crée le symptôme que pour jouir de ses avantages. Ce serait aussi juste ou aussi faux que de prétendre que le blessé de guerre s’est fait arracher une jambe par le tir de l’ennemi pour vivre ensuite de sa pension sans travailler.
Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse
mardi 27 février 2018
lundi 26 février 2018
Contrairement à ce qu'on pense, la vérité historique n'est pas la vérité de ce qui arrive en fait, c'est la vérité de ce qui s'est passé à une certaine période de l'histoire de quelqu'un et dont il a fait une vérité interne : tout ce qu'il était capable d'en penser, et qui a continué à rester en lui.
André Green, Entretien avec Pierre Bayard et Jean Bellemin-Noël, revue Littérature
André Green, Entretien avec Pierre Bayard et Jean Bellemin-Noël, revue Littérature
vendredi 23 février 2018
Psychologie Magazine : Vous écrivez : “Se séparer de soi : tâche aussi douloureuse qu’inéluctable et même nécessaire pour qui ne consent pas à rester sur place et que porte le désir d’avancer, d’aller au-devant de ce qui, n’étant pas soi, a des chances d’être à venir.” Est-ce cela, changer vraiment ?
J.-B. Pontalis : Oui, c’est aller hors de ce qui est connu de soi. C’est ce que j’ai toujours cherché. Avant de devenir psychanalyste, j’étais prof de philo. Un jour – j’avais 29 ans –, une élève d’hypokhâgne m’a dit : « Ils sont bien vos cours, mais on a l’impression que vous n’y croyez pas vraiment. » Sur le moment, ça ne m’a pas fait beaucoup d’effet, mais après j’ai réalisé qu’elle disait vrai : je maîtrisais le langage, le discours, mais je n’habitais pas mes mots. Il me fallait d’abord me dégager de mes maîtres, notamment de Sartre qui, quoique généreux, était si écrasant… En me séparant de Sartre, puis de Lacan, à chaque fois je me suis séparé, « dé-pris » de celui que j’étais à ce moment-là et des concepts qui me portaient alors – vous savez, on peut aussi se retrouver enfermé dans des concepts. Ç’a été long avant que je me reconnaisse vraiment dans ma parole, dans ce que j’écrivais. Ainsi y a-t-il pour chacun à se dégager des différentes identifications qui jalonnent sa vie. C’est cela, être vivant : essayer de ne pas rester figé dans un âge, dans une position, et aussi être capable de naviguer, de faire des allers-retours dans les différentes époques de sa vie : retrouver l’enfant en soi, sa part de féminité, sa révolte adolescente… Alors, tous les âges se télescopent, comme dans les rêves, où un élément de la veille et des souvenirs des toutes premières années se mélangent. L’important, c’est que ça bouge.
Entretien avec J.-B. Pontalis pour Psychologies Magazine
J.-B. Pontalis : Oui, c’est aller hors de ce qui est connu de soi. C’est ce que j’ai toujours cherché. Avant de devenir psychanalyste, j’étais prof de philo. Un jour – j’avais 29 ans –, une élève d’hypokhâgne m’a dit : « Ils sont bien vos cours, mais on a l’impression que vous n’y croyez pas vraiment. » Sur le moment, ça ne m’a pas fait beaucoup d’effet, mais après j’ai réalisé qu’elle disait vrai : je maîtrisais le langage, le discours, mais je n’habitais pas mes mots. Il me fallait d’abord me dégager de mes maîtres, notamment de Sartre qui, quoique généreux, était si écrasant… En me séparant de Sartre, puis de Lacan, à chaque fois je me suis séparé, « dé-pris » de celui que j’étais à ce moment-là et des concepts qui me portaient alors – vous savez, on peut aussi se retrouver enfermé dans des concepts. Ç’a été long avant que je me reconnaisse vraiment dans ma parole, dans ce que j’écrivais. Ainsi y a-t-il pour chacun à se dégager des différentes identifications qui jalonnent sa vie. C’est cela, être vivant : essayer de ne pas rester figé dans un âge, dans une position, et aussi être capable de naviguer, de faire des allers-retours dans les différentes époques de sa vie : retrouver l’enfant en soi, sa part de féminité, sa révolte adolescente… Alors, tous les âges se télescopent, comme dans les rêves, où un élément de la veille et des souvenirs des toutes premières années se mélangent. L’important, c’est que ça bouge.
Entretien avec J.-B. Pontalis pour Psychologies Magazine
jeudi 22 février 2018
C'est donc ici que je distingue nettement deux aspects : le psychanalytique et le psychothérapeutique. Dans toute analyse il y a un aspect psychothérapeutique ; toutefois, dans le cas d'une analyse "classique" - je laisse de côté le problème des cas-limites et des psychoses -, c'est le patient qui fait la psychothérapie. En d'autres termes, l'aspect psychothérapeutique est à la charge du patient, tandis que l'aspect psychanalytique est pris en charge par l'analyste et le patient, ensemble.
Jean Laplanche. Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Jean Laplanche. Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
mercredi 21 février 2018
mardi 20 février 2018
lundi 19 février 2018
Le sujet ne vient pas nous voir parce qu'il fait partie d'une intelligentsia ni parce qu'il est mobilisé par un quelconque désir de savoir ; il vient parce qu'il souffre et pour que nous l'aidions à dépasser son conflit psychotique, névrotique ou autre, qui est cause de sa souffrance. C'est pourquoi je pense que la dimension thérapeutique est partie intégrante de ce que je fais quotidiennement quand je travaille comme analyste.
Piera Aulagnier, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Piera Aulagnier, Après Lacan : le retour à la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
vendredi 16 février 2018
Certains analystes sont portés à voir l'effet de l'inconscient dans les réseaux associatifs que forme le fil du discours ; d'autres soulignent dans la parole adressée l'expression d'une situation répétée que le patient s'efforce de maîtriser ; d'autres encore se centrent sur l'émergence et la maturation de l'affect ressenti ; d'autres enfin attachent une attention particulière aux retournements paradoxaux qui font effet de rupture. Assurément, selon le patient et le moment de sa cure, tout analyste privilégie l'une ou l'autre de ces perspectives, mais il n'en reste pas moins vrai que le style propre issu de la formation de chacun dispose plus directement à l'une ou à l'autre de ces manières d'envisager le travail interprétatif.
Laurent Danon-Boileau et Jean-Yves Tamet (Dir.), Des psychanalystes en séance. Glossaire clinique de psychanalyse contemporaine
Laurent Danon-Boileau et Jean-Yves Tamet (Dir.), Des psychanalystes en séance. Glossaire clinique de psychanalyse contemporaine
mercredi 14 février 2018
mardi 13 février 2018
vendredi 9 février 2018
jeudi 8 février 2018
mercredi 7 février 2018
Un supervisé m'a rapporté le cas d'un homme souffrant d'une maladie de peau, un vitiligo qui lui recouvrait toute l'épaule. Les traitements médicaux ne donnaient aucun résultat. C'était pénible pour le patient, parce que c'est une affection assez visible, très troublante narcissiquement. Dans son analyse, le patient a pu retrouver un souvenir traumatique datant de ses deux ans. Il avait un sœur, très proche en âge, qui était tombée dans un piscine ; il avait vu des hommes retirer de l'eau le corps mort de l'enfant, et il avait vu les cheveux noirs de la petite lui recouvrant toute l'épaule. Il a eu cette vision. C'est comme s'il avait fait un travail de deuil somatique et était devenu se petite sœur morte ; il a pris en lui cette image d'elle ; c'était la solution qu'il avait trouvée pour ne pas la perdre...
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour de la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
Joyce McDougall, Après Lacan : le retour de la clinique. Entretiens et introduction par Fernando Urribarri
mardi 6 février 2018
Avec quoi le langage parle-il ? Sûrement pas avec des mots seulement, mais aussi avec des mots investis d'affects, sous-tendus par des représentations pulsionnelles conscientes et inconscientes, et dynamisés par des motions qui l'animent... Le structuralisme a entretenu la tentation illusoire de promouvoir un impérialisme linguistique - avec sa "science pilote", la linguistique ; la combinatoire serait prioritaire, pas la complexité de l'humain...
André Green, Du signe au discours
André Green, Du signe au discours
lundi 5 février 2018
Vous avez peur, peur de ne pas réussir ? Alors, allez-y. Si vous devez échouer, vous échouerez et recommencerez. Autant de fois qu’il le faudra. Ce n’est pas l’échec qui nous retient, c’est le courage de recommencer qui manque et nous fait stagner.
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups
Clarissa Pinkola Estès, Femmes qui courent avec les loups
vendredi 2 février 2018
Si, comme le montrera Lacan en 1960 dans son séminaire sur L'éthique de la psychanalyse, "en chacun de nous, il y a la voie tracée pour un héros", c'est que justement l'héroïsme de l'être humain, du point de vue de la psychanalyse, ne dépend pas tant de la reconnaissance par autrui de notre grandeur que notre capacité à affronter le désarroi comme expérience intime de notre être. Car celui qui sait ne pas fuir sa propre angoisse sera aussi celui qui ne fuira pas son propre désir. Rien ne peut dans ces conditions nous sauver de notre angoisse que le Dieu Logos, c'est-à-dire notre propre croyance en la valeur de la parole et en sa fonction éthique. Rien ne peut conférer à notre existence le sens que nous en attendons que nos propres actes lorsqu'ils sont éclairés par le courage de résister à la pulsion de mort et celui de ne pas céder sur ce qui doit nous coûter l'accès à notre désir, comme "métonymie de notre être".
Clotilde Leguil, extrait de la présentation de L'avenir d'une illusion de Sigmund Freud
Clotilde Leguil, extrait de la présentation de L'avenir d'une illusion de Sigmund Freud
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