En dehors de la peinture et du jardinage, je ne suis bon à rien !
Claude Monet
mercredi 13 décembre 2017
Quand tout se pose
Quand les corps se défont
Quand la parade est terminée
Quand la raison dispose
Quand les amis s'en vont
Et le dernier fard effacé
Restent les aveux prisonniers
Dans le miroir lisse et glacé
Je ne suis qu'un homme
Mais elle ne sait pas
Dans ces zones d'ombre
Quand elle tend ses bras
Oh rien qu'un homme
De peur et de froid
Quand le masque tombe
A chaque fois
Aux futiles danses des guerriers toujours vivants
Aux phrases immenses des enfants
Aux immobiles errances des marins sans océans
Aux parterres de fleurs qu'elle attend
Je n'ai que les pierres de ma voix
C'est peu de choses
Mais c'est moi
Je ne suis qu'un homme
Quand elle me voit roi
Pour ces jours qui fondent
Qu'elle ne compte pas
Oh juste un homme
De peur et de froid
Quand le masque tombe
Quand tout se voit
Et si j'ai appris à faire semblant
A garder les yeux paisibles
Quand elle plonge dedans
J'ai mal des hivers
Qui m'attirent trop souvent
Vers les bords du monde
Quand le masque tombe
Quand le masque tombe
Je ne suis qu'un homme
Quand le masque tombe
J'ai peur et j'ai froid
Je ne suis qu'un homme
Quand la nuit est loi
Quand le masque tombe
Quand elle me voit roi
Je ne suis qu'un homme
Quand a nuit est loi
Quand le masque tombe
J'ai peur, j'ai peur et j'ai froid
Je ne suis qu'un homme
Oh, quand le masque tombe
Quand le masque tombe
Je ne suis qu'un homme
Oh, quand le masque tombe
Quand le masque tombe
J'ai peur et j'ai froid
Je ne suis qu'un homme
Oh! Quand le masque tombe
Johnny Hallyday, Quand le masque tombe. Paroles et musique Erick Benzi
Quand les corps se défont
Quand la parade est terminée
Quand la raison dispose
Quand les amis s'en vont
Et le dernier fard effacé
Restent les aveux prisonniers
Dans le miroir lisse et glacé
Je ne suis qu'un homme
Mais elle ne sait pas
Dans ces zones d'ombre
Quand elle tend ses bras
Oh rien qu'un homme
De peur et de froid
Quand le masque tombe
A chaque fois
Aux futiles danses des guerriers toujours vivants
Aux phrases immenses des enfants
Aux immobiles errances des marins sans océans
Aux parterres de fleurs qu'elle attend
Je n'ai que les pierres de ma voix
C'est peu de choses
Mais c'est moi
Je ne suis qu'un homme
Quand elle me voit roi
Pour ces jours qui fondent
Qu'elle ne compte pas
Oh juste un homme
De peur et de froid
Quand le masque tombe
Quand tout se voit
Et si j'ai appris à faire semblant
A garder les yeux paisibles
Quand elle plonge dedans
J'ai mal des hivers
Qui m'attirent trop souvent
Vers les bords du monde
Quand le masque tombe
Quand le masque tombe
Je ne suis qu'un homme
Quand le masque tombe
J'ai peur et j'ai froid
Je ne suis qu'un homme
Quand la nuit est loi
Quand le masque tombe
Quand elle me voit roi
Je ne suis qu'un homme
Quand a nuit est loi
Quand le masque tombe
J'ai peur, j'ai peur et j'ai froid
Je ne suis qu'un homme
Oh, quand le masque tombe
Quand le masque tombe
Je ne suis qu'un homme
Oh, quand le masque tombe
Quand le masque tombe
J'ai peur et j'ai froid
Je ne suis qu'un homme
Oh! Quand le masque tombe
Johnny Hallyday, Quand le masque tombe. Paroles et musique Erick Benzi
mardi 12 décembre 2017
Il faut noter spécialement ce "être soi-même" parce que nous devons faire une distinction entre la personne et l'homme ou la femme, la mère ou la nourrice, qui jouent un rôle ; ils jouent peut-être très bien leur rôle par moments ; [...] Mais jouer un rôle n'est pas suffisant.
Donald W. Winnicott, Le passage de la dépendance à l'indépendance dans le développement de l'individu
Donald W. Winnicott, Le passage de la dépendance à l'indépendance dans le développement de l'individu
lundi 11 décembre 2017
Ce que j'aime, dans la psychanalyse, c'est la déception : on se serait cru plus intéressant. De là une amertume (dont Freud, je crois, ne s'est jamais remis), qui m'a toujours paru le goût même de la vérité. J'aime la psychanalyse comme j'aime la bière peut-être, et pour les mêmes raisons : ce goût de mort et de réel. Déception, donc, et vérité.
André Comte-Sponville, Une éducation philosophique
André Comte-Sponville, Une éducation philosophique
vendredi 8 décembre 2017
Si vous prenez par exemple la notion de réalité psychique, vous savez que la distinction qu'on a l'habitude de faire à son sujet est entre réalité psychique et réalité matérielle. La réalité psychique par rapport à la réalité matérielle est la réalité qui est accordée aux phénomènes inconscients qui ne comportent ni doute ni degré dans la certitude - inconscient qui comme vous le savez ignore la contradiction, le temps, etc. - et qui sont donc constitués de processus primaires qui renvoient eux-mêmes à des représentations et des affects. C'est là qu'on est en droit de parler de désir. C'est précisément parce qu'il y a une organisation inconsciente des représentations et des affects, sur le mode des processus primaires, que l'on peut dire que dans la névrose, et à partir de ce système de désirs, est à l'œuvre ce que j'ai appelé une logique de l'espoir. Autrement dit, quels que soient les obstacles que m'oppose la réalité extérieure au désir dont je peux être habité, et dont elle ne favorise pas la réalisation ou à laquelle elle fait obstacle - ce qui renvoie au rôle de la prohibition et de l'interdit - ; quelle que soit l'importance de ces entraves, il existe un système où ces désirs vont trouver une certaine forme de satisfaction. Ceci répond à la notion d'inconscient. C'est en quoi justement l'inconscient représente une logique de l'espoir : rien ne peut empêcher la réalisation du désir inconscient sous une forme ou une autre, celle du rêve, du fantasme, ou encore sous la forme du souhait, du voeu, voire sous la forme du symptôme. Sans rien dire du transfert.
André Green, Genèse et situation des états limites
André Green, Genèse et situation des états limites
mardi 5 décembre 2017
Il existe donc une "maïeutique" de l'interprétation psychanalytique qui découle du principe suivant : la vie psychique est reconstructible. Mais ce reconstructivisme n'a rien d'idyllique : l'interprétation est en effet habité par la violence (elle fait effraction dans vos défenses, même si nous savons que vous êtes venus chercher cette agression libératrice) ; elle ne manque pas de perversion (je prends plaisir à partager vos angoisses, traumas ou jouissances) ; et ne va pas sans répétition et déliaison. Cependant, elle respecte et favorise les voies singulières, aussi modestes soient-elles, par lesquelles se construit la re-naissance psychique, toujours au singulier et sans but éducatif ni projet anagogique.
Julia Kristeva, La chair des mots
Julia Kristeva, La chair des mots
vendredi 1 décembre 2017
L'intéressant est que les analystes ont changé pour être capables de travailler aux confins de l'analysable [et être] en condition d'écouter en deçà de la représentation, de penser le non-figurable, l'informe, l'innommable. Nous avons pris la décision que ces états étaient analysables.
J.-B. Pontalis, Après Lacan : le retour de la clinique, entretiens avec Fernando Urribarri
J.-B. Pontalis, Après Lacan : le retour de la clinique, entretiens avec Fernando Urribarri
jeudi 30 novembre 2017
Le borderline a une immense avidité orale à être écouté et compris, mais il ne tolère pas d'être entendu. Être entendu marquerait la fin des miroirs composés qui représentent, pour le visible, l'unité et l'identité en image du moment ; ce serait ouvrir l'abîme de la mort violente ou de la folie.
Pierre Fédida, "Le psychanalyste, un état limite ?", Transfert et états limites
Pierre Fédida, "Le psychanalyste, un état limite ?", Transfert et états limites
mercredi 29 novembre 2017
mardi 28 novembre 2017
Le plus dur ? Les autres, et d'abord ceux que l'on aime et qui vous le rendent si mal. Leur présence est aussi indispensable qu'insupportable - ce dont l'analyste fait l'amère expérience. Derrière cette incapacité à être seul, par-delà la confusion entre absence et disparition se profile bien souvent "l'unique objet du ressentiment" : une mère primitive, paradoxalement aussi irremplaçable qu'elle fut rejetante ou ignorante de la demande d'amour de son enfant. "Arrête de pleurer, chérie, tu embêtes tout le monde".
Jacques André, "Etat limite", Les 100 mots de la psychanalyse
Jacques André, "Etat limite", Les 100 mots de la psychanalyse
vendredi 24 novembre 2017
[…] Nous sommes lancés, inéluctablement, dans le tourbillon de toute réalité, avec pour seul choix d’y consentir. Si sans aucun doute, cela veut dire : traverser un océan sur un frêle esquif, telle est bien notre condition humaine – et il ne serait d’aucun secours de s’imaginer qu’on navigue à la remorque du plus puissant des bateaux à vapeur, vers des destinations inexistantes : notre attention au vent et au temps ne pourraient que s’en trouver diminuée. Plus nous nous plongeons, sans en rien retrancher, dans l’ « exigence du moment », dans l’instant tel qu’il se présente, dans des conditions variables d’un cas à l’autre, au lieu de suivre le fil conducteur de prescriptions, de directives (écrites par l’homme ! ), plus nous sommes, dans nos actes, justement en relation avec le tout, poussés par la force vivante qui relie tout avec tout, et nous aussi. Qu’importe alors si les tâtonnements de notre conscience sont entachés de toutes les erreurs possibles. Si quelqu’un taxe ce comportement d’immoralité, d’arbitraire et de présomption, nous serions à plus forte raison autorisés à taxer de confortable incurie morale l’esclavage infantile de celui qui s’en tient au respect des prescriptions !
Lou-Andréas Salomé, Lettre ouverte à Freud
Lou-Andréas Salomé, Lettre ouverte à Freud
jeudi 23 novembre 2017
Ma préoccupation essentielle consiste à dire et à faire ce qui me semble juste et utile, sans souci d'appellation contrôlée autre que le terme générique de "psychothérapeute", à savoir un professionnel spécialisé dans l'accompagnement psycho-relationnel de personnes en souffrance, à des fins d'élucidation et d'émancipation.
Alain Delourme, Pourquoi je ne suis pas Gestalt-thérapeute, revue Gestalt n° 22
Alain Delourme, Pourquoi je ne suis pas Gestalt-thérapeute, revue Gestalt n° 22
mardi 21 novembre 2017
Irrationnel
Ce qui n'est pas accessible à la raison : ce qu'elle ne peut, en droit, ne connaître, ni comprendre. Si la raison a toujours raison, comme le veut le rationalisme et comme je le crois, l'irrationnel n'est qu'une illusion ou un passage à la limite : on ne juge irrationnel (c'est à dire incompréhensible en droit) que ce qu'on n'arrive pas , en fait, à comprendre. Ainsi, l'irrationnel n'existe pas. Cela suffit à le distinguer du déraisonnable, qui n'existe que trop.
André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique
Ce qui n'est pas accessible à la raison : ce qu'elle ne peut, en droit, ne connaître, ni comprendre. Si la raison a toujours raison, comme le veut le rationalisme et comme je le crois, l'irrationnel n'est qu'une illusion ou un passage à la limite : on ne juge irrationnel (c'est à dire incompréhensible en droit) que ce qu'on n'arrive pas , en fait, à comprendre. Ainsi, l'irrationnel n'existe pas. Cela suffit à le distinguer du déraisonnable, qui n'existe que trop.
André Comte-Sponville, Dictionnaire philosophique
lundi 20 novembre 2017
On pense que la psychanalyse c'est la subjectivité. C'est tout à fait insuffisant parce que c'est une subjectivité qui, pour apparaître dans toute sa dimension, elle suffit pas qu'elle soit exprimée, elle suffit pas non plus qu'un autre vous dise : "je vous comprends" parce que ça n'importe qui peut vous le dire. Il faut que cette subjectivité passe par l'écoute d'un autre, qu'il entende d'une certaine manière et vous la renvoie, c'est-à-dire que la psychanalyse c'est pas un dialogue, c'est une relation à deux où on ne parle que d'un seul.
André Green, Eros et thanatos, émission "Les mots de la psychanalyse"
André Green, Eros et thanatos, émission "Les mots de la psychanalyse"
vendredi 17 novembre 2017
Avec ses différences et ses autonomies, le couple ne dure que si le soin en devient une composante majeure. A ne pas confondre avec le maternage. La reliance est une expérience qui incombe aux deux sexes. Elle est au cœur de l'humanisation, je crois - rien de moins ! Il s'agit de prendre conscience de l'ambivalence des pulsions et des passions : attachement et agressivité, amour et haine, et de les transformer en lien, en possibilité de parler et de penser. La reliance opère contre l'emprise maternelle, pour que, au contraire, la séparation devienne possible et que l'autonomie favorise de nouvelles rencontres. Je t'écoute, tu m'écoutes, je t'entends, tu m'entends, ça nous change. Tu me fais confiance. Je varie. Tu mûris. Une thérapie régénérative. Dans reliance, il y a "confiance" et "re-commencement" du lien.
Julia Kristeva, Je me voyage
Julia Kristeva, Je me voyage
mercredi 15 novembre 2017
mardi 14 novembre 2017
Qu'est-ce que le "contemporain" en psychanalyse ? [...] Les cas-limites, les troubles narcissiques, les pathologies psychosomatiques, en somme, la prédominance des structures non névrotiques a suscité l'émergence d'une clinique nouvelle. cette clinique exige, à mon avis, l'élaboration d'une théorie générale du psychisme et, tout logiquement, une technique.
André Green, Dialoguer avec André Green
André Green, Dialoguer avec André Green
lundi 13 novembre 2017
vendredi 10 novembre 2017
Le point essentiel qu’on n’aperçoit habituellement pas dans cet état de fait, c’est que le conflit pathogène des névrosés ne doit pas être confondu avec un combat normal de motions psychiques se situant sur un même terrain psychologique. C’est un discord entre des puissances dont l’une est parvenue au stade du préconscient et du conscient et l’autre a été retenue au stade de l’inconscient. C’est pourquoi le conflit ne peut aboutir à un règlement ; les belligérants sont mis aussi peu en présence l’un de l’autre que, dans l’exemple connu, l’ours blanc et la baleine. Une décision effective ne peut être prise que quand les deux se rencontrent sur le même terrain. Je pense que rendre cela possible, telle est la seule tâche de la thérapie.
Sigmund Freud, Conférences d’introduction à la psychanalyse
Sigmund Freud, Conférences d’introduction à la psychanalyse
jeudi 9 novembre 2017
mercredi 8 novembre 2017
mardi 7 novembre 2017
« L'histoire de toute vie est l'histoire d'un échec », disait Sartre. C'est peut-être forcer le trait. Mais cela me parle davantage que la volonté éperdue de « vivre ses rêves », comme on dit aujourd'hui. Réveillons-nous plutôt ! La vie est plus précieuse que les rêves. La lucidité, plus importante que la réussite.
André Comte-Sponville, C'est chose tendre que la vie
André Comte-Sponville, C'est chose tendre que la vie
lundi 6 novembre 2017
vendredi 3 novembre 2017
jeudi 2 novembre 2017
vendredi 27 octobre 2017
Dans « Les Voies nouvelles . . . », il y a un très beau cas présenté par Gregorio Kohon ; on ne peut qu’admirer le travail qu’il a fait. À un certain moment, le patient lui dit : je voudrais que vous soyez mon père et Kohon a le courage de lui dire : je n’ai aucune envie d’être votre père. Ce n’est pas cela qui choque, ce qui choque, c’est lorsque l’on ne donne rien en échange. Si un patient vous dit cela et que vous ne lui donnez rien en échange, il a des raisons d’aller plus mal, mais si vous mettez une limite à votre action . . . . C’est ce que dit Bion : il ne faut jamais qu’un patient perde le sentiment d’atmosphère de travail dans une séance.
On n’est pas là pour que les patients viennent pleurer sur votre épaule, pour les cajoler, les câliner, les embrasser, comme avait fini par le faire Ferenczi. Mais on n’est pas là non plus pour installer une atmosphère de rigidité qui n’a plus rien à voir avec la neutralité bienveillante. C’est précisément pour cela qu’il est difficile d’être analyste parce qu’on navigue entre écueils et ornières.
André Green, Entretien avec Dominique Baudesson
On n’est pas là pour que les patients viennent pleurer sur votre épaule, pour les cajoler, les câliner, les embrasser, comme avait fini par le faire Ferenczi. Mais on n’est pas là non plus pour installer une atmosphère de rigidité qui n’a plus rien à voir avec la neutralité bienveillante. C’est précisément pour cela qu’il est difficile d’être analyste parce qu’on navigue entre écueils et ornières.
André Green, Entretien avec Dominique Baudesson
jeudi 26 octobre 2017
J’utiliserai cette comparaison : un individu postule à un emploi de fonctionnaire en déposant sa demande au service du personnel au premier étage. Quelque temps plus tard, il veut savoir ce qu’est devenue sa demande et se rend dans ce même bureau. Le dossier n’y est plus. On lui dit qu’il se trouve peut-être dans un bureau du troisième ou du quatrième étage, mais personne ne saurait dire lequel exactement. Quelques semaines plus tard, on informe le postulant que son document est arrivé au neuvième étage. Pendant les semaines qui suivent, il court généralement d’un service à l’autre. S’il a de la chance, il finira par découvrir que sa demande est en route pour le quatorzième étage où l’on pourra décider de son sort.
Le développement d’une idée inconsciente est similaire à ce genre de procédure, contrairement à celui d’une pensée consciente ou d’une réflexion logique. Il faut beaucoup de temps au dossier pour passer du premier au quatorzième étage, bien qu’un ascenseur fasse ce même trajet en une minute. En chemin, se produisent de mystérieux ralentissements ou des accélérations, selon que les personnes intéressées intercèdent, brouillent les cartes ou tirent des ficelles secrètes. De la même manière, des agents inconnus favorisent ou retardent le développement du processus mental inconscient.
Theodor Reik
Le développement d’une idée inconsciente est similaire à ce genre de procédure, contrairement à celui d’une pensée consciente ou d’une réflexion logique. Il faut beaucoup de temps au dossier pour passer du premier au quatorzième étage, bien qu’un ascenseur fasse ce même trajet en une minute. En chemin, se produisent de mystérieux ralentissements ou des accélérations, selon que les personnes intéressées intercèdent, brouillent les cartes ou tirent des ficelles secrètes. De la même manière, des agents inconnus favorisent ou retardent le développement du processus mental inconscient.
Theodor Reik
mercredi 25 octobre 2017
mardi 24 octobre 2017
Tout être humain fait l'expérience de la scène de ménage, en tant qu'observateur quand il est enfant (celui-ci vit non pas une scène originaire d'union des parents mais une scène de destruction de leur couple), en tant que participant agissant ou subissant à l'âge adulte. Cette expérience, exceptionnelle dans certains couples, s'installe à titre d'habitude chez d'autres. Cela peut devenir une passion, comme le jeu, la drogue ou l'idéologie. "Passion" convient aux deux sens de terme : la scène de ménage humilie, avilit et fait souffrir (elle est faite pour cela) ; en même temps, elle fait monter le potentiel du couple vers un paroxysme qui l'apparente à certains rituels religieux et qui introduit les partenaires, à travers des sentiments d'épouvante et de grandeur, à la dimension maudite du sacré.
Didier Anzieu, La scène de ménage
Didier Anzieu, La scène de ménage
lundi 23 octobre 2017
vendredi 20 octobre 2017
Il est vrai que "La mère morte" est l'article le plus réussi de tous ceux que j'ai écrits. Je ne me rendais pas compte qu'il avait été si bien reçu partout... J'ai décrit la dépression soudaine de la mère, et j'y fais la distinction entre la mère déprimée chronique - déprimée depuis toujours - et la situation normale d'une mère qui un jour tombe tout d'un coup en dépression. Cela provoque un changement terrible chez le bébé, qui ne comprend pas ce qui se passe. Il perd le sens de la relation. Les descriptions cliniques courantes de la dépression méconnaissent cet aspect car elles ont toujours une explication en termes d'objets internes... Or, ce qui est conflictuel et paradoxal dans cette situation, c'est que la vie suit son cours et pourtant rien n'est plus pareil.
André Green, Essais sur la mère morte et l'œuvre d'André Green
André Green, Essais sur la mère morte et l'œuvre d'André Green
jeudi 19 octobre 2017
lundi 16 octobre 2017
Aujourd'hui, lorsque je considère les patients limites, je les vois moins qui se tiennent à la limite de la névrose et de la psychose (bien que ce soit en effet la situation de beaucoup d'entre eux), mais plutôt comme des gens qui vivent dans une sorte de no man's land, tournant sans cesse autour d'un rond-point quelconque, d'où ils peuvent prendre plusieurs directions sans jamais s'engager dans aucune (dépression, perversion, troubles du caractère ou encore trouble psychosomatique).
André Green, entretien avec Gregorio Kohon, Essais sur la "mère morte" et l'œuvre d'André Green
André Green, entretien avec Gregorio Kohon, Essais sur la "mère morte" et l'œuvre d'André Green
jeudi 12 octobre 2017
mercredi 11 octobre 2017
mardi 10 octobre 2017
lundi 9 octobre 2017
jeudi 5 octobre 2017
vendredi 29 septembre 2017
Le présent d'abord
Regarde autour tout est là, tout est fait pour nous
Tout l'temps, tout l'temps le temps court
Le temps est comme toujours bien trop court
Hier était hier déjà au passé dépassé
Hier n'est plus à refaire ou à ressasser
Alors rien ne sert de s'encombrer
Laissons nous vivre le présent d'abord
Laissons nous vivre un instant plus fort
Laissons nous suivre nos envies d'encore
Laissons nous vivre aujourd'hui d'abord
Regarde autour et devant toi
Regarde c'est là, là sous tes doigts
Prends, prends tout
Prends, prends sans détour
Demain sera, demain dis toi bien
Que rien d'avance n'est décidé
Aucun destin n'est gravé dans ses mains
Tout peut changer, tout peut arriver
Laissons nous vivre le présent d'abord
Laissons nous vivre un instant plus fort
Laissons nous suivre nos envies d'encore
Mais laissons nous vivre aujourd'hui d'abord
Laissons nous vivre le présent d'abord
Oui laissons nous vivre un instant plus fort
Laissons nous suivre nos envies d'encore
Mais laissons nous vivre aujourd'hui d'abord
Texte de Lionel Florence, album "Le présent d'abord" de Florent Pagny
Regarde autour tout est là, tout est fait pour nous
Tout l'temps, tout l'temps le temps court
Le temps est comme toujours bien trop court
Hier était hier déjà au passé dépassé
Hier n'est plus à refaire ou à ressasser
Alors rien ne sert de s'encombrer
Laissons nous vivre le présent d'abord
Laissons nous vivre un instant plus fort
Laissons nous suivre nos envies d'encore
Laissons nous vivre aujourd'hui d'abord
Regarde autour et devant toi
Regarde c'est là, là sous tes doigts
Prends, prends tout
Prends, prends sans détour
Demain sera, demain dis toi bien
Que rien d'avance n'est décidé
Aucun destin n'est gravé dans ses mains
Tout peut changer, tout peut arriver
Laissons nous vivre le présent d'abord
Laissons nous vivre un instant plus fort
Laissons nous suivre nos envies d'encore
Mais laissons nous vivre aujourd'hui d'abord
Laissons nous vivre le présent d'abord
Oui laissons nous vivre un instant plus fort
Laissons nous suivre nos envies d'encore
Mais laissons nous vivre aujourd'hui d'abord
Texte de Lionel Florence, album "Le présent d'abord" de Florent Pagny
jeudi 28 septembre 2017
mercredi 27 septembre 2017
Les murs porteurs
Passée la folie des grandeurs
L'envie de jouer les grands seigneurs
Passée l'ivresse, passée l'ardeur
Quand les fruits n'ont plus de saveur
Revenu de sept ans de malheur
D'un accouchement dans la douleur
Lassé de mentir, de faire l'acteur
Quand on est plus à la hauteur
Reste les murs porteurs
Des amis en béton
Un frère, une petite sœur
Pour voir à l'horizon
Reste les murs porteurs
Pour tenir la maison
Pour surmonter ses peurs
Ou vaincre ses démons
Des promesses la main sur le cœur
Plus fort que d'être le meilleur
Perdu dans le collimateur
Qu'on soit soldat ou déserteur
Des candies gravés dans le cœur
Des milliers d'heures de vol au compteur
Des beaux discours, des beaux parleurs
Qu'on soit dans le flou ou dans l'erreur
Reste les murs porteurs
Des amis en béton
Un frère ou une grande sœur
Pour voir à l'horizon
Reste les murs porteurs
Pour tenir la maison
Pour surmonter ses peurs
Ou vaincre ses démons
De jouer les durs, les cascadeurs
Des souvenirs hauts en couleur
De l'utopie d'un monde meilleur
De tout c'qu'on a appris par cœur
Reste les murs porteurs
Pour se couper du vent
Pour tenir la longueur
Faire face aux tremblements
Reste les murs porteurs
Pour s'abriter du froid
Pour conjurer l'malheur
Et retrouver sa voie
Texte de Christophe Cirillo, album "Vieillir avec toi" de Florent Pagny
Passée la folie des grandeurs
L'envie de jouer les grands seigneurs
Passée l'ivresse, passée l'ardeur
Quand les fruits n'ont plus de saveur
Revenu de sept ans de malheur
D'un accouchement dans la douleur
Lassé de mentir, de faire l'acteur
Quand on est plus à la hauteur
Reste les murs porteurs
Des amis en béton
Un frère, une petite sœur
Pour voir à l'horizon
Reste les murs porteurs
Pour tenir la maison
Pour surmonter ses peurs
Ou vaincre ses démons
Des promesses la main sur le cœur
Plus fort que d'être le meilleur
Perdu dans le collimateur
Qu'on soit soldat ou déserteur
Des candies gravés dans le cœur
Des milliers d'heures de vol au compteur
Des beaux discours, des beaux parleurs
Qu'on soit dans le flou ou dans l'erreur
Reste les murs porteurs
Des amis en béton
Un frère ou une grande sœur
Pour voir à l'horizon
Reste les murs porteurs
Pour tenir la maison
Pour surmonter ses peurs
Ou vaincre ses démons
De jouer les durs, les cascadeurs
Des souvenirs hauts en couleur
De l'utopie d'un monde meilleur
De tout c'qu'on a appris par cœur
Reste les murs porteurs
Pour se couper du vent
Pour tenir la longueur
Faire face aux tremblements
Reste les murs porteurs
Pour s'abriter du froid
Pour conjurer l'malheur
Et retrouver sa voie
Texte de Christophe Cirillo, album "Vieillir avec toi" de Florent Pagny
mardi 26 septembre 2017
lundi 25 septembre 2017
vendredi 22 septembre 2017
jeudi 21 septembre 2017
mercredi 20 septembre 2017
mardi 19 septembre 2017
Je ne me casse pas beaucoup la tête au sujet du bien et du mal, mais en moyenne, je n'ai découvert que fort peu de "bien" chez les hommes. D'après ce que j'en sais, ils ne sont pour la plupart que de la racaille, qu'ils se réclament de l'éthique de telle ou telle doctrine ou d'aucune.
Sigmund Freud, Lettre à Oskar Pfister du 9 octobre 1918
Sigmund Freud, Lettre à Oskar Pfister du 9 octobre 1918
lundi 18 septembre 2017
vendredi 15 septembre 2017
jeudi 14 septembre 2017
mercredi 13 septembre 2017
Les mélancoliques se réservent toujours une place secrète, où les tempêtes de la Fortune ne peuvent atteindre. Là que l’âme se retire, pour se maintenir elle-même dans une sérénité éternelle. II faut se réserver une arrière-boutique, toute nôtre, toute franche, en laquelle nous établissons notre vraie liberté et principale retraite et solitude.
Montaigne, Les Essais
Montaigne, Les Essais
mardi 12 septembre 2017
lundi 11 septembre 2017
On m'avait demandé : Racontez-nous comment les choses se sont passées "au juste." - Un récit ? Je commençai : je ne suis ni savant ni ignorant. J'ai connu des joies. C'est trop peu dire. Je leur racontai l'histoire tout entière qu'ils écoutaient, me semble-t-il, avec intérêt, du moins au début. Mais la fin fut pour nous une commune surprise. "Après ce commencement, disaient-ils, vous en viendrez aux faits." Comment cela ! Le récit état terminé.
Maurice Blanchot, La folie du jour
Maurice Blanchot, La folie du jour
vendredi 8 septembre 2017
Je veux surtout que l'on comprenne que nous partons tous d'un point de départ, de la même façon que nous sommes tous nés de deux parents : nous pouvons après devenir homosexuels, meurtrier, pédophiles, il n'en reste pas moins vrai que nous sommes, nous existants, produits de deux parents sexuellement différenciés. Il en sera peut-être autrement plus tard, mais pour le moment, c'est ainsi. Si vous cherchez à comprendre ce que sont les pédophiles ou Dieu sait quoi, vous êtes obligé de partir de là. Je dirais même que c'est plus compliqué, parce que vous êtes aussi obligé d'expliquer pourquoi une femme qui a subi un attentat sexuel dans son enfance va, sans le savoir, épouser quelqu'un qui va se révéler être un pédophile ou le devenir.
André Green, Associations (presque) libres d'un psychanalyste
André Green, Associations (presque) libres d'un psychanalyste
mercredi 6 septembre 2017
mardi 5 septembre 2017
Nous avons été amené à dire que l’angoisse serait une réaction au danger de perdre l’objet aimé. Or, nous connaissons bien une de ces réactions à la perte de l’objet aimé : le deuil. Donc, quand est-ce l’angoisse et quand est-ce le deuil qui s’installe ? Pour le deuil, nous nous en sommes déjà occupé : un caractère en est resté complètement incompris : l’intensité extraordinaire de la douleur. Le fait que la séparation d’un objet soit douloureuse nous apparaît néanmoins aller de soi. Le problème se complique, par conséquent, encore davantage : quand la séparation de l’objet aimé crée-t-elle l’angoisse ? Quand produit-elle le deuil ? Et quand peut-être seulement la douleur ?
Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse
Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse
lundi 4 septembre 2017
jeudi 27 juillet 2017
mardi 25 juillet 2017
Il faut que je vous dise la façon dont je conçois l’activité de l’analyste.
Un analyste est là pour :
1) écouter ;
2) avoir suffisamment de recul à propos de ce qu’il écoute pour entendre autre chose que ce qui est dit ;
3) intervenir plus ou moins rarement, plus ou moins fréquemment, et de telle façon qu’il propose au patient un autre sens que celui que le patient a voulu communiquer, en tenant compte du transfert.
André Green, entretien avec Dominique Baudesson
Un analyste est là pour :
1) écouter ;
2) avoir suffisamment de recul à propos de ce qu’il écoute pour entendre autre chose que ce qui est dit ;
3) intervenir plus ou moins rarement, plus ou moins fréquemment, et de telle façon qu’il propose au patient un autre sens que celui que le patient a voulu communiquer, en tenant compte du transfert.
André Green, entretien avec Dominique Baudesson
vendredi 21 juillet 2017
Est-ce que le freudisme peut échapper à cette mortalité galopante des théories. Oui, car pour moi il ne constitue pas précisément une théorie. Sur un socle de concepts vérifiés par la clinique, c’est un ensemble d’hypothèses de recherche émises par Freud, souvent réfutées par lui-même, remplacées par d’autres hypothèses, qui à leur tour peuvent en engendrer d’autres, dans une sorte de perpetuum mobile qui fait de la psychanalyse un univers en constante gestation. L’erreur est de prendre ces hypothèses pour argent comptant et de les ériger en doctrine.
Michel Sapir. Mémoires d’un homme de plaisir. Du côté de chez Marx, du côté de chez Freud
Michel Sapir. Mémoires d’un homme de plaisir. Du côté de chez Marx, du côté de chez Freud
mardi 18 juillet 2017
lundi 17 juillet 2017
L'espoir de pouvoir guérir tout ce qui est névrotique a son origine, je le crains, dans cette croyance des profanes que les névroses sont quelque chose de tout à fait superflu, qui n'a absolument pas le droit d'exister. En réalité, ce sont des affections graves, constitutionnellement fixées, qui se limitent rarement à quelques crises, qui subsistent la plupart du temps pendant de longues périodes de la vie ou pendant la vie entière.
Sigmund Freud, Eclaircissements, applications, orientations
Sigmund Freud, Eclaircissements, applications, orientations
jeudi 13 juillet 2017
Un autre caractère de la sexualité infantile précoce est que l’organe sexuel proprement féminin n’y joue encore aucun rôle, l’enfant ne l’a pas encore découvert. Tout l’accent est mis sur le membre viril, tout l’intérêt se porte sur lui, il s’agit de savoir s’il est là ou pas. De la vie sexuelle de la petite fille, nous en savons moins que celle du garçon. Nous n’avons pas à avoir honte de cette différence.
Sigmund Freud, La question de l'analyse profane
Sigmund Freud, La question de l'analyse profane
mercredi 12 juillet 2017
Il est hors de doute que l'élément spécifique des névroses est et demeure le conflit œdipien ; mais la névrose suscitée par la culture tire à l'origine sa force traumatique de l'identité inconsciente du conflit œdipien et du conflit entre la nostalgie du corps maternel et la peur du corps maternel.
Lettre de Sándor Ferenczi à Sigmund Freud, le 24 mars 1924
Lettre de Sándor Ferenczi à Sigmund Freud, le 24 mars 1924
mardi 11 juillet 2017
lundi 10 juillet 2017
vendredi 7 juillet 2017
Splendeurs du retour au primitif dans les éclats de l’idéalisation, du narcissisme et de la toute-puissance des commencements, ou misères de l’impuissance, de la déréliction, ou encore de la persécution lorsqu’elle conduit dans les bas-fonds de la psyché ? Quels que soient les méandres des mouvements qu’elle déclenche, il nous faut bien admettre que la régression constitue un moteur puissant du fonctionnement psychique, quotidiennement présente dans la simplicité de la vie, inquiétante et énigmatique dans les dérives des maladies graves, attractive et dangereuse dans les traitements psychiques où règne le transfert, ses menaces et ses espérances.
Extrait de la présentation du colloque organisé par la revue Carnet/Psy : "Splendeurs et misères de la régression", le 7 octobre 2017 à Paris
Extrait de la présentation du colloque organisé par la revue Carnet/Psy : "Splendeurs et misères de la régression", le 7 octobre 2017 à Paris
jeudi 6 juillet 2017
mercredi 5 juillet 2017
Que sont en fin de compte la force des pulsions
ou la nature de la fixation ? Rien d’autre que l’intensité de la passion
et l’attachement à son objet, et s’il faut renvoyer le tout à la
sexualité infantile, les objets de la passion sont à chercher du côté
des objets partiels pris sur le corps de la mère ou sur le corps du
sujet ou des objets totaux : les imagos parentales.
André Green, La folie privée
André Green, La folie privée
mardi 4 juillet 2017
Il est un pouvoir que la psychanalyse m'a permis de découvrir, c'est le pouvoir des mots. Prononcer des mots là où le silence, la méconnaissance et l'ignorance se sont installés, nommer des émotions ou des souffrances déniées et interdites redonne vie, fait exister des dimensions oubliées, refoulées, interdites.
André Lévy, Quelle psychologie "politique" ? Revue internationale de psychosociologie
André Lévy, Quelle psychologie "politique" ? Revue internationale de psychosociologie
vendredi 30 juin 2017
jeudi 29 juin 2017
L’affect d’exaltation touche le moi lui-même. Il comprend un sentiment d’élargissement du moi qui peut survenir dans différents contextes. De la joie ressentie aux conquêtes du moi à l’exaltation de l’état maniaque, toute une gamme d’états implique peu ou prou l’exaltation. Le sentiment océanique, objet d’une controverse entre Freud et Romain Rolland, s’inscrit comme l’un des aspects de l’exaltation dans le registre mystique. L’auteur considère que le sentiment océanique est lié à un fantasme incestueux de retour au sein maternel alors que le moi qui s’agrandit progressivement évolue sous le signe de l’Œdipe.
Résumé de l'article de Paul Denis, Un destin de l’excitation : l’exaltation
Résumé de l'article de Paul Denis, Un destin de l’excitation : l’exaltation
mercredi 28 juin 2017
On a beau connaître ou croire connaître par cœur les étapes de
l’itinéraire de Freud, les différents temps de cette décisive aventure
de l’esprit qui fut la sienne, on a beau savoir à quel point il fut
convaincu de la portée de la « jeune science » qu’il a pas à pas
constituée en se refusant à la limiter à une méthode de traitement des
« maladies nerveuses », on reste, à la lecture de ce petit livre, saisi
par la passion intransigeante de cet homme, par sa volonté tenace de
s’avancer toujours plus loin sur le chemin qu’il a tracé pour nous et
d’abord pour lui-même ; on admire sa certitude, qu’aucun échec, qu’aucun
obstacle ne parvinrent à ébranler – tout au contraire -, que la
psychanalyse, c’est lui, Freud, jusqu’à l’identifier à sa propre vie.
J.-B. Pontalis, préface à Sigmund Freud présenté par lui-même
J.-B. Pontalis, préface à Sigmund Freud présenté par lui-même
mardi 27 juin 2017
On peut aussi se représenter sans peine que certaines pratiques mystiques sont capables de renverser les relations normales entre les différentes circonscriptions psychiques, de sorte que, par exemple, la perception peut saisir, dans le moi profond et dans le ça, des rapports qui lui étaient autrement inaccessibles. Pourra-t-on par cette voie se rendre maître des dernières vérités dont on attend le salut ? On peut tranquillement en douter. Nous admettrons toutefois que les efforts thérapeutiques de la psychanalyse se sont choisi un point d'attaque similaire.Leur intention est en effet de fortifier le moi, de le rendre plus indépendant du surmoi, d’élargir son champ de perception et de consolider son organisation de sorte qu’il puisse s’approprier de nouveaux morceaux du ça. Là où était du ça, doit advenir du moi.
Sigmund Freud, Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse
Sigmund Freud, Nouvelles conférences d'introduction à la psychanalyse
lundi 26 juin 2017
Votre raison et votre passion sont le gouvernail et les voiles de votre
âme navigante.
Si votre raison venait à se briser ou votre passion à se déchirer, vous ne seriez qu'un navire emporté au gré des vents et des courants, ou à jamais ancré entre ciel et mer.
Car la raison, régnant seule, bride tout élan ; et la passion, livrée à elle-même, s'embrase et se consume tout feu tout flamme jusqu'à ce qu'elle se réduise en cendres.
Khalil Gibran, Le prophète
Si votre raison venait à se briser ou votre passion à se déchirer, vous ne seriez qu'un navire emporté au gré des vents et des courants, ou à jamais ancré entre ciel et mer.
Car la raison, régnant seule, bride tout élan ; et la passion, livrée à elle-même, s'embrase et se consume tout feu tout flamme jusqu'à ce qu'elle se réduise en cendres.
Khalil Gibran, Le prophète
vendredi 23 juin 2017
jeudi 22 juin 2017
mercredi 21 juin 2017
Être psychanalyste, c'est savoir que toutes les histoires reviennent à parler d'amour. La plainte que me confient ceux qui balbutient à côté de moi a toujours pour cause un manque d'amour présent ou passé, réel ou imaginaire. Je ne peux l'entendre que si je me place moi-même en ce point d'infini, douleur ou ravissement. C'est avec ma défaillance que l'autre compose le sens de son aventure.
Philosophie, religion, poésie, roman ? Histoires d'amour. De Platon à saint Thomas, de Roméo et Juliette à Don Juan, des troubadours à Stendhal, de la Madone à Baudelaire ou Bataille. Les grandes élaborations symboliques ne disent pourtant rien d'autre que ce qui s'écoute dans l'ombre, chaque jour. Être psychiquement en vie signifie que vous êtes amoureux, en analyse, ou bien en proie à la littérature. Comme si toute l'histoire humaine n'était qu'un immense et permanent transfert.
Julia Kristeva, Histoires d'amour
Philosophie, religion, poésie, roman ? Histoires d'amour. De Platon à saint Thomas, de Roméo et Juliette à Don Juan, des troubadours à Stendhal, de la Madone à Baudelaire ou Bataille. Les grandes élaborations symboliques ne disent pourtant rien d'autre que ce qui s'écoute dans l'ombre, chaque jour. Être psychiquement en vie signifie que vous êtes amoureux, en analyse, ou bien en proie à la littérature. Comme si toute l'histoire humaine n'était qu'un immense et permanent transfert.
Julia Kristeva, Histoires d'amour
mardi 20 juin 2017
lundi 19 juin 2017
L'excès de honte [...] renvoie au refus de toute honte : au refus de ce qui suscite nos hontes premières, après coup. Honte de devoir la vie à la copulation d'un homme et d'une femme : honte d'être né inter faeces et urinas ; honte d'avoir été bercé, caressé, nourri, changé et d'avoir aimé cela ; honte d'accepter, sous la menace de castration, les compromis œdipiens ; honte des transactions subtiles entre les besoins du corps et de ses zones érogènes et la purification de l'idéal.
Jean-Luc Donnet, Lord Jim ou la honte de vivre
Jean-Luc Donnet, Lord Jim ou la honte de vivre
vendredi 16 juin 2017
jeudi 15 juin 2017
Or, à la faveur du transfert, le névrotique reproduit et ranime avec beaucoup d’habileté toutes ces circonstances indésirées et toutes ces situations affectives douloureuses. Le malade s’efforce ainsi d’interrompre le traitement inachevé, de se mettre dans une situation qui ranime en lui le sentiment d’être, comme jadis, dédaigné de tout le monde, de s’attirer de la part du médecin des paroles dures et une attitude froide, de trouver des prétextes de jalousie ; il remplace l’ardent désir d’avoir un enfant, qu’il avait autrefois, par des projets ou des promesses d’importants cadeaux, le plus souvent aussi peu réels que l’objet de son désir de jadis. Cette situation que le malade cherche à reproduire dans le transfert, n’avait rien d’agréable autrefois, alors qu’il s’y est trouvé pour la première fois. Mais, dira-t-on, elle doit être moins désagréable aujourd’hui, en tant qu’objet de souvenirs ou de rêves, qu’elle ne le fut jadis, alors qu’elle imprima à la vie du sujet une orientation nouvelle. Il s’agit naturellement de l’action de penchants et d’instincts dont le sujet s’attendait, à l’époque où il subissait cette action, à retirer du plaisir ; mais bien qu’il sache par expérience que cette attente a été trompée, il se comporte comme quelqu’un qui n’a pas su profiter des leçons du passé : il tend à reproduire cette situation quand même, et malgré tout, il y est poussé par une force obsédante.
Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir
Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir
mercredi 14 juin 2017
L’épanouissement précoce de la vie sexuelle infantile devait avoir une très courte durée, en raison de l’incompatibilité des désirs qu’il comportait avec la réalité et avec le degré de développement insuffisant que présente la vie infantile. Cette crise s’est accomplie dans les circonstances les plus pénibles et était accompagnée de sensations des plus douloureuses. L’amour manqué, les échecs amoureux ont infligé une mortification profonde au sentiment de dignité, ont laissé au sujet une sorte de cicatrice narcissique et constituent, d’après mes propres observations et celles de Marcinowski, une des causes les plus puissantes du « sentiment d’infériorité », si fréquent chez les névrotiques. L’exploration sexuelle, à laquelle le développement corporel de l’enfant a mis un terme, ne lui a apporté aucune conclusion satisfaisante ; d’où ses doléances ultérieures : « Je suis incapable d’aboutir à quoi que ce soit, rien ne me réussit. » L’attachement, tout de tendresse, qui le liait le plus souvent au parent du sexe opposé au sien, n’a pas pu résister à la déception, à la vaine attente de satisfaction, à la jalousie causée par la naissance d’un nouvel enfant, cette naissance étant une preuve évidente de l’infidélité de l’aimé ou de l’aimée ; sa propre tentative, tragiquement sérieuse, de donner lui-même naissance à un enfant a échoué piteusement ; la diminution de la tendresse dont il jouissait autrefois, les exigences croissantes de l’éducation, les paroles sérieuses qu’il se voyait adresser et les punitions qu’on lui faisait subir à l’occasion ont fini par lui révéler toute l’étendue du dédain qui était désormais son lot. Cet amour typique de l’époque infantile se termine selon un certain nombre de modalités qui reviennent régulièrement.
Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir
Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir
mardi 13 juin 2017
vendredi 9 juin 2017
J’aurais aimé pouvoir dire que je n’oriente pas les patients, mais ce n’est pas vrai. Un analyste commet une grande erreur en imaginant le contraire. Théoriquement, vous laissez aux patients suffisamment d’espace pour qu’ils racontent tout ce qu’ils veulent. Or, à vrai dire, votre simple présence déforme l’essentiel de la situation. Ils n’ont qu’à vous jeter un coup d’œil pour décider s’ils sont prêts à vous parler, ou s’ils ne le feront jamais, quelles que soient les circonstances.
Wilfred R. Bion, Quatre discussions avec Bion
Wilfred R. Bion, Quatre discussions avec Bion
jeudi 8 juin 2017
Au cours d'un colloque où il était déjà question de contre-transfert, à la formule alors réitérée : "le contre-transfert, c'est quand nous sommes touchés au vif" (formule dont il n'est pas indifférent qu'elle soit construite sur le modèle du "parapluie, c'est quand il pleut"), je m'entendais répondre : "Pas du tout, c'est quand nous sommes touchés au mort."
J.-B. Pontalis, Le vif et le mort entrelacés
J.-B. Pontalis, Le vif et le mort entrelacés
mercredi 7 juin 2017
mardi 6 juin 2017
vendredi 2 juin 2017
La seule chose qui nous console de nos misères est le divertissement, et cependant c’est la plus grande de nos misères. Car c’est cela qui nous empêche principalement de songer à nous, et qui nous fait perdre insensiblement. Sans cela nous serions dans l’ennui, et cet ennui nous pousserait à chercher un moyen plus solide d’en sortir, mais le divertissement nous amuse et nous fait arriver insensiblement à la mort.
Blaise Pascal, Pensées
jeudi 1 juin 2017
Pour environ trois séances, l'ensemble de la psychanalyse est très utile - puisque vous ne savez absolument rien de plus, c'est tout ce sur quoi vous pouvez compter de toute façon. Seulement, ce n'est utile que parce que cela doit vous permettre de dire quelque chose d'adéquat à la personne en question, en attendant de savoir avec qui vous êtes en train de parler.
Wilfred R. Bion, Quatre discussions avec Bion
Wilfred R. Bion, Quatre discussions avec Bion
mercredi 31 mai 2017
Plus on avançait cependant dans cette voie, plus on se rendait compte de l'impossibilité d'atteindre pleinement le but qu'on poursuivait et qui consistait à amener à la conscience l'inconscient. Le malade ne peut pas se souvenir de tout ce qui est refoulé ; le plus souvent, c'est l'essentiel même qui lui échappe, de sorte qu'il est impossible de le convaincre de l'exactitude de la construction qu'on lui présente. Il est obligé, pour acquérir cette conviction, de revivre dans le présent les événements refoulés, et non de s'en souvenir, ainsi que le veut le médecin, comme faisant partie du passé. Ces événements revécus, reproduits avec une fidélité souvent indésirée, se rapportent toujours en partie à la vie sexuelle infantile, et notamment au complexe d’Oedipe et aux faits qui s'y rattachent, et se déroulent toujours dans le domaine du transfert, c'est-à-dire des rapports avec le médecin. Quand on a pu pousser le traitement jusqu'à ce point, on peut dire que la névrose antérieure a fait place à une nouvelle névrose, à une névrose de transfert. Le médecin s'était efforcé de limiter autant que possible le domaine de cette névrose de transfert, de transformer le plus d'éléments possible en simples souvenirs et d'en laisser le moins possible devenir des objets de reproduction, d'être revécus dans le présent. Le rapport qui s'établit ainsi entre la reproduction et le souvenir varie d'un cas à l'autre. D'une façon générale, le médecin ne peut pas épargner au malade cette phase du traitement ; il est obligé de le laisser revivre une partie de sa vie oubliée et doit seulement veiller à ce que le malade conserve un certain degré de sereine supériorité qui lui permette de constater, malgré tout, que la réalité de ce qu'il revit et reproduit n'est qu'apparente et ne fait que refléter un passé oublié. Lorsqu'on réussit dans cette tâche, on finit par obtenir la conviction du malade et le succès thérapeutique dont cette conviction est la première condition.
Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir
Sigmund Freud, Au-delà du principe de plaisir
mardi 30 mai 2017
lundi 29 mai 2017
vendredi 26 mai 2017
mardi 23 mai 2017
Le mouvement de la cure fait découvrir par quels détours la souffrance est produite, induite, inconsciemment recherchée par le sujet lui-même afin d'obtenir une prime de plaisir en un autre lien intrapsychique. La seconde topique en particulier autorise en ce sens une série d'échanges complexes dont le plus simple s'énonce ainsi : plaisir pour un système (le surmoi par exemple), déplaisir pour un autre (le moi par exemple).
J.-B. Pontalis, Sur la douleur (psychique)
J.-B. Pontalis, Sur la douleur (psychique)
lundi 22 mai 2017
vendredi 19 mai 2017
jeudi 18 mai 2017
La relation entre deux personnes est une affaire à double sens, et, pour autant qu'on se soucie d'en rendre compte, le problème n'est pas de discourir sur l'analyste et sur l'analysant, mais de se référer à quelque chose qui se trouve entre ces deux personnes.
Wilfred R. Bion, Quatre discussions avec Bion
Wilfred R. Bion, Quatre discussions avec Bion
mercredi 17 mai 2017
lundi 15 mai 2017
vendredi 12 mai 2017
jeudi 11 mai 2017
Freud, c'est aussi bien le didactisme de l'Abrégé que le fragment poétique du "Trouble de mémoire sur l'Acropole", la Phantasie spéculative et sans frein d'Au-delà du principe de plaisir que la sagesse empreinte de renoncement du Malaise dans la culture ; Freud, c'est aussi bien celui qui décortique inlassablement ce petit rien qu'est un trait d'esprit (comme s'il se souvenait des années passées l'œil rivé au microscope des laboratoires d'anatomie et de physiologie nerveuses) que l'homme déjà âgé qui tombe littéralement en arrêt, saisi, devant le Moïse de Saint-Pierre-aux-Liens.
J.-B. Pontalis, La force d'attraction
J.-B. Pontalis, La force d'attraction
mercredi 10 mai 2017
Celui qui tente d’apprendre dans les livres le noble jeu des échecs ne tarde pas à découvrir que seules les manœuvres du début et de la fin permettent de ce jeu une description schématique complète, tandis que son immense complexité, dès après le début de la partie, s’oppose à toute description.
Sigmund Freud, Le début du traitement
Sigmund Freud, Le début du traitement
mardi 9 mai 2017
jeudi 4 mai 2017
mercredi 3 mai 2017
mardi 2 mai 2017
mercredi 26 avril 2017
mardi 25 avril 2017
lundi 24 avril 2017
vendredi 21 avril 2017
jeudi 20 avril 2017
mercredi 19 avril 2017
mardi 18 avril 2017
vendredi 14 avril 2017
jeudi 13 avril 2017
mercredi 12 avril 2017
Ceux qui ont du mal à s'endormir (trouble banal, bien qu'irritant que nous connaissons tous), prennent d'habitude des mesures essentiellement semblables et aussi stériles, pour résoudre leur difficulté. L'erreur la plus répandue chez les insomniaques consiste à se forcer à dormir par un acte de volonté — pour découvrir en fin de compte qu'ils restent complètement éveillés. De par sa nature, le sommeil est un phénomène qui survient spontanément, mais ne peut plus être spontané quand il est voulu. Pourtant, c'est ce que fait l'insomniaque dont le désespoir s'accroît avec le tic tac du réveil, et le « traitement » qu'il s'inflige en arrive à devenir sa maladie. Pour lui, « plus de la même chose » peut signifier changer de régime alimentaire, se coucher plus tôt ou plus tard, prendre des somnifères qui créeront une accoutumance : chacune de ces mesures, loin de résoudre son problème, l'exaspère.
Paul Watzlawick, John Weakland et Richard Fisch, Changements : paradoxes et psychothérapie
Paul Watzlawick, John Weakland et Richard Fisch, Changements : paradoxes et psychothérapie
mardi 11 avril 2017
lundi 10 avril 2017
vendredi 7 avril 2017
jeudi 6 avril 2017
mardi 4 avril 2017
Quand Freud écrit que l'amour de transfert ne peut pas être différencié
d'un « véritable » amour, il reconnaît du même coup que tout amour est
un amour de transfert, non parce qu'il ne ferait qu'en répéter un autre,
infantile, mais parce qu'il crée son objet, qu'il l'invente dans le
double sens du mot invention : fiction et trouvaille.
J.-B. Pontalis, En marge des jours
J.-B. Pontalis, En marge des jours
vendredi 31 mars 2017
jeudi 30 mars 2017
mercredi 29 mars 2017
mardi 28 mars 2017
Le noyau de ce que nous appelons amour est formé naturellement par ce qui est communément connu comme amour et qui est chanté par les poètes, c'est-à-dire par l'amour sexuel, dont le terme est constitué par l'union sexuelle. Mais nous n'en séparons pas toutes les autres variétés d'amour, telles que l'amour de soi-même, l'amour qu'on éprouve pour les parents et les enfants, l'amitié, l'amour des hommes en général, pas plus que nous n'en séparons l'attachement à des objets concrets et à des idées abstraites. Pour justifier l'extension que nous faisons ainsi subir au terme « amour », nous pouvons citer les résultats que nous a révélés la recherche psychanalytique, à savoir que toutes ces variétés d'amour sont autant d'expressions d'un seul et même ensemble de tendances, lesquelles, dans certains cas, invitent à l'union sexuelle, tandis que dans d'autres elles détournent de ce but ou en empêchent la réalisation, tout en conservant suffisamment de traits caractéristiques de leur nature, pour qu'on ne puisse pas se tromper sur leur identité (sacrifice de soi-même, recherche de contact intime).
Nous pensons qu'en assignant au mot « amour » une telle multiplicité de significations, le langage a opéré une synthèse pleinement justifiée et que nous ne saurions mieux faire que de mettre cette synthèse à la base de nos considérations et explications scientifiques.
Nous pensons qu'en assignant au mot « amour » une telle multiplicité de significations, le langage a opéré une synthèse pleinement justifiée et que nous ne saurions mieux faire que de mettre cette synthèse à la base de nos considérations et explications scientifiques.
Sigmund Freud, Psychologie collective et analyse du moi
vendredi 24 mars 2017
jeudi 23 mars 2017
mercredi 22 mars 2017
Dans les pages qui vont suivre j’apporterai la preuve qu’il existe une technique psychologique permettant d’interpréter des rêves et qu’avec l’application de ce procédé toute espèce de rêve se révèle être une création psychique chargée de sens qui doit être rangée à un endroit localisable dans le fonctionnement psychique actif de l’état de veille. J’essaierai en outre d’expliquer clairement les processus à l’origine du caractère étrange et inconnaissable du rêve, puis d’en tirer une conclusion rétrospective sur la nature des forces psychiques dont la coopération ou l’action antagonique provoque le rêve. Une fois parvenu à ce terme, mon exposé s’interrompra, dès lors qu’il aura atteint le point où le problème de l’activité onirique débouche dans des problèmes plus globaux, dont la solution doit par force être abordée sur la base d’un autre matériau.
Sigmund Freud, L'interprétation du rêve
Sigmund Freud, L'interprétation du rêve
mardi 21 mars 2017
Ne pas dire un mot de toute une journée, ne pas voir de journal, ne pas entendre de radio, ne pas écouter de commérage, s'abandonner absolument, complétement à la paresse, être absolument, complètement indifférent au sort du monde, c'est la plus belle médecine qu'on puisse s'administrer.
Henry Miller, Le Colosse de Maroussi
Henry Miller, Le Colosse de Maroussi
lundi 20 mars 2017
En assignant un nom à certains phénomènes, surtout à ceux qui contrarient nos attentes, nous croyons les éclairer et commencer par là à nous en rendre maîtres. La dénomination devient vite un mot de passe qui rassure et dispense de toute interrogation. Il arrive que le mot écrase le sens.
J.-B. Pontalis, Perdre de vue
J.-B. Pontalis, Perdre de vue
jeudi 16 mars 2017
mercredi 15 mars 2017
mardi 14 mars 2017
Un patient de Hanna Segal à qui elle avait donné une interprétation œdipienne lui avait répliqué à peu près : "Je ne suis pas venu chez vous pour entendre des interprétations pareilles." Le choix de l'analyste est ainsi souvent une claire manifestation chez le patient de sa phobie de la cure. Choisir tel analyste de telle école peut même être une façon très sûre d'éviter complètement l'analyse. Lors de tout entretien préliminaire, nous devrions ainsi nous interroger : quelle peur veut-il conjurer, qu'est-il venu éviter en s'adressant à moi ? Et, de mon côté, quelle gêne suscite en moi ce patient ? De quelle peur potentielle cette gêne pourrait-elle l'indice ? À quel instant de cet entretien ai-je été tenté de l'interrompre ou d'orienter autrement l'entretien afin d'éviter ce qu'il allait me dire ? Et pourquoi avoir imaginé un instant orienter ce patient vers un collègue alors que j'ai du temps ?
Paul Denis, Rives et dérives du contre-transfert
Paul Denis, Rives et dérives du contre-transfert
vendredi 10 mars 2017
jeudi 9 mars 2017
L'otium est un terme latin qui recouvre une variété de formes et de significations dans le champ du temps libre. C'est le temps durant lequel une personne profite du repos pour s'adonner à la méditation, au loisir studieux. C'est aussi le temps de la retraite à l'issue d'une carrière publique ou privée, par opposition à la vie active, à la vie publique. C'est un temps, sporadique ou prolongé, de loisir personnel aux implications intellectuelles, vertueuses ou immorales avec l'idée d'éloignement du quotidien, des affaires (negotium), et d'engagement dans des activités valorisant le développement artistique ou intellectuel (éloquence, écriture, philosophie). L'otium revêt une valeur particulière pour les hommes d'affaires, les diplomates, les philosophes ou les poètes.
Sénèque loue les mérites de l'otium et le considère comme la caractéristique de l’homme vraiment libre, mais en ajoutant qu’il est bon de le consacrer à un rôle social ou politique dans la cité.
wikipedia.fr
Sénèque loue les mérites de l'otium et le considère comme la caractéristique de l’homme vraiment libre, mais en ajoutant qu’il est bon de le consacrer à un rôle social ou politique dans la cité.
wikipedia.fr
mercredi 8 mars 2017
mardi 7 mars 2017
Une chose n'est pas ce que vous dites qu'elle est... Elle est bien plus. C'est un ensemble au sens le plus large. Une chaise n'est pas une chaise. C'est une structure d'une complexité inconcevable, atomiquement, électroniquement, etc. Par suite, la penser comme une simple chaise constitue ce que Korzybski appelle une identification. C'est la totalité de ces identifications qui produit le névrosé, le non-sain et l'insensé.
Anonyme cité par A. E. Van Vogt, le cycle du Ā
Anonyme cité par A. E. Van Vogt, le cycle du Ā
jeudi 2 mars 2017
mercredi 1 mars 2017
La « delectatio morosa »
Le rapport étroit qui lie le plaisir au désir a fait s'ouvrir, dans le champ de la philosophie morale, une problématique que les théologiens chrétiens ont désignée, dès la seconde moitié du XIIe siècle, par l'expression de delectatio morosa. Or, cette expression, quand on la traduit en français par « délectation morose », conduit à une sorte de contresens. Car l'épithète morosa dont il est question ici désigne non une complaisance dans une quelconque pensée attristante, mais le plaisir que l' imagination savoure délicieusement tandis qu'elle s'attarde (moratur en latin) dans le désir d'un objet qui demeure absent, parce qu'inaccessible ou interdit.
Or, la conception d'une telle delectatio inhérente au désir même représente un tournant important par rapport à celle que se faisait de ce dernier l'Antiquité grecque. Pour Platon, en particulier, les appétits du corps et de la sensualité sont irrémédiablement insatiables, qu'il s'agisse - selon la triade mentionnée dans La République (580e) et appelée à devenir traditionnelle - de la nourriture, de la boisson ou des voluptés érotiques, à quoi il faut ajouter l'argent comme moyen de se procurer de tels plaisirs. Par rapport à chacun de ces objets, l'âme désirante, semblable à la jarre percée des Danaïdes, voit indéfiniment s'échapper ce qu'elle vient d'atteindre : plus elle cherche à se remplir, plus elle se vide. Le désir, hormis chez celui qui se donne pour objet la sagesse, est donc condamné à renaître toujours dans l'insatisfaction et l'insatiabilité.
Or, s'appuyant sur la parole évangélique selon laquelle « quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis dans son cœur l'adultère avec elle » (Matthieu, V, 28), les auteurs chrétiens problématisent de manière toute différente ce rapport entre le plaisir et le désir. Ils s'attachent à considérer - et à dénoncer, puisqu'il s'agit, à leurs yeux, de convoitises interdites - moins l'insatiabilité de ce dernier que la présence en lui du plaisir même, comme si la simple représentation imaginaire de l'objet désiré procurait une jouissance analogue à celle de la possession effective. C'est dans le cadre d'un débat sur le degré de culpabilité qui pourrait grever le mouvement spontané de la sensualité (primus motus sensualis) avant le consentement explicite de la volonté que les moralistes développent à ce sujet, au Moyen Âge surtout, le topos de la delectatio morosa, c'est-à-dire une véritable psychologie du plaisir qu'apporterait le fait de savourer avec complaisance la représentation imaginaire d'un acte prohibé.
Mais, comme on l'a dit, cette expression de delectatio morosa, qui, par elle-même, n'évoquait l'idée assombrissante de culpabilité que pour la morale chrétienne (qui plus tard taxera cette attitude psychique de « péché par pensée »), pose un problème de traduction dans les langues où l'épithète “ morose ” (comme en français et en anglais) sert généralement à qualifier un état morbide, empreint de tristesse ou de rumination chagrine. Le latin morosus, en effet, a une double étymologie : dans un cas, écrit avec la première syllabe longue, il dérive de mos, moris (« trait de caractère », avec la nuance péjorative d'humeur difficile, sombre et acrimonieuse); dans l'autre, avec la première syllabe brève, il vient du verbe moror, -aris (s'attarder) et du substantif mora (retard, arrêt, pause). Comme le français (sauf dans l'actuel vocable moratoire) et l'anglais n'ont retenu que le sens correspondant à la première étymologie, il leur est très difficile de comprendre l'épithète médiévale morosa qui se réfère au second sens et qui qualifie la jouissance que, dans son propre cœur, on peut tirer du désir lui-même. En revanche, pour l'italien, où morosità veut dire « retard [en particulier, dans l'acquittement d'une dette ou d'une obligation] » et où l'on traduit la « morosité » française ou anglaise par malinconia ou tristezza, et pour l'espagnol, où morosidad signifie également « retard » et moroso « paresseux » (« morose » pouvant alors se traduire par taciturno), le sens véritable de la delectatio morosa scolastique est plus facilement accessible, à savoir celui d'une complaisance que l'âme prend à entretenir à longueur de temps le fantasme de l'objet désiré.
Charles Baladier, Le Robert
Le rapport étroit qui lie le plaisir au désir a fait s'ouvrir, dans le champ de la philosophie morale, une problématique que les théologiens chrétiens ont désignée, dès la seconde moitié du XIIe siècle, par l'expression de delectatio morosa. Or, cette expression, quand on la traduit en français par « délectation morose », conduit à une sorte de contresens. Car l'épithète morosa dont il est question ici désigne non une complaisance dans une quelconque pensée attristante, mais le plaisir que l' imagination savoure délicieusement tandis qu'elle s'attarde (moratur en latin) dans le désir d'un objet qui demeure absent, parce qu'inaccessible ou interdit.
Or, la conception d'une telle delectatio inhérente au désir même représente un tournant important par rapport à celle que se faisait de ce dernier l'Antiquité grecque. Pour Platon, en particulier, les appétits du corps et de la sensualité sont irrémédiablement insatiables, qu'il s'agisse - selon la triade mentionnée dans La République (580e) et appelée à devenir traditionnelle - de la nourriture, de la boisson ou des voluptés érotiques, à quoi il faut ajouter l'argent comme moyen de se procurer de tels plaisirs. Par rapport à chacun de ces objets, l'âme désirante, semblable à la jarre percée des Danaïdes, voit indéfiniment s'échapper ce qu'elle vient d'atteindre : plus elle cherche à se remplir, plus elle se vide. Le désir, hormis chez celui qui se donne pour objet la sagesse, est donc condamné à renaître toujours dans l'insatisfaction et l'insatiabilité.
Or, s'appuyant sur la parole évangélique selon laquelle « quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis dans son cœur l'adultère avec elle » (Matthieu, V, 28), les auteurs chrétiens problématisent de manière toute différente ce rapport entre le plaisir et le désir. Ils s'attachent à considérer - et à dénoncer, puisqu'il s'agit, à leurs yeux, de convoitises interdites - moins l'insatiabilité de ce dernier que la présence en lui du plaisir même, comme si la simple représentation imaginaire de l'objet désiré procurait une jouissance analogue à celle de la possession effective. C'est dans le cadre d'un débat sur le degré de culpabilité qui pourrait grever le mouvement spontané de la sensualité (primus motus sensualis) avant le consentement explicite de la volonté que les moralistes développent à ce sujet, au Moyen Âge surtout, le topos de la delectatio morosa, c'est-à-dire une véritable psychologie du plaisir qu'apporterait le fait de savourer avec complaisance la représentation imaginaire d'un acte prohibé.
Mais, comme on l'a dit, cette expression de delectatio morosa, qui, par elle-même, n'évoquait l'idée assombrissante de culpabilité que pour la morale chrétienne (qui plus tard taxera cette attitude psychique de « péché par pensée »), pose un problème de traduction dans les langues où l'épithète “ morose ” (comme en français et en anglais) sert généralement à qualifier un état morbide, empreint de tristesse ou de rumination chagrine. Le latin morosus, en effet, a une double étymologie : dans un cas, écrit avec la première syllabe longue, il dérive de mos, moris (« trait de caractère », avec la nuance péjorative d'humeur difficile, sombre et acrimonieuse); dans l'autre, avec la première syllabe brève, il vient du verbe moror, -aris (s'attarder) et du substantif mora (retard, arrêt, pause). Comme le français (sauf dans l'actuel vocable moratoire) et l'anglais n'ont retenu que le sens correspondant à la première étymologie, il leur est très difficile de comprendre l'épithète médiévale morosa qui se réfère au second sens et qui qualifie la jouissance que, dans son propre cœur, on peut tirer du désir lui-même. En revanche, pour l'italien, où morosità veut dire « retard [en particulier, dans l'acquittement d'une dette ou d'une obligation] » et où l'on traduit la « morosité » française ou anglaise par malinconia ou tristezza, et pour l'espagnol, où morosidad signifie également « retard » et moroso « paresseux » (« morose » pouvant alors se traduire par taciturno), le sens véritable de la delectatio morosa scolastique est plus facilement accessible, à savoir celui d'une complaisance que l'âme prend à entretenir à longueur de temps le fantasme de l'objet désiré.
Charles Baladier, Le Robert
mardi 28 février 2017
lundi 27 février 2017
vendredi 24 février 2017
jeudi 23 février 2017
Le non-agir (wu wei) taoïste signifie la conquête d'une liberté autre que celle qui se définit comme «libre arbitre». Un étudiant en médecine hésite entre deux spécialités: rhumatologie ou dermatologie. Il examine le pour et le contre dans l'un et l'autre cas. Au reste, c'est lui-même qui décide d'accorder du poids à tel argument plutôt qu'à tel autre. Enfin, il «tranche» et choisit. Il a fait usage de son libre arbitre. Mais le choix n'est pas création. Les deux spécialités médicales lui sont proposées par la société. Si elles existent, il n'y est pour rien.
Or il existe une autre forme d'activité et de liberté que celles impliquées par l'action, laquelle suppose le désir et la volonté d'obtenir un résultat pensé à l'avance. C'est une activité et une liberté où l'on ne choisit pas entre des possibles déjà là, mais où l'on invente les possibilités elles-mêmes. C'est la liberté de l'artiste, du poète, du philosophe créateur. Avant que Rimbaud ne l'ait engendré, le Bateau ivre était absolument inanticipable. Or, dans cette œuvre, le poète s'est exprimé dans son essence la plus intime, la plus irréductiblement personnelle, la moins socialisée, son tao. Plus exactement, il a laissé s'exprimer en lui la spontanéité du tao (ziran: le «spontané»). Pour cela, il a dû laisser de côté la société, ou l'écarter, tout comme un rebelle, pour donner libre cours en lui à l'élan créateur, à l'inventivité essentielle. Le taoïsme ne supprime pas le libre arbitre ; il le laisse à la masse des gens ordinaires, à ceux qui ont besoin que la société leur propose des voies, qui ne savent pas trouver par eux-mêmes la Voie (Tao), qui donc ne sont pas capables d'épouser le mouvement créateur de la Vie, et de se faire eux-mêmes créateurs.
Marcel Conche, Libérer la spontanéité du tao
Or il existe une autre forme d'activité et de liberté que celles impliquées par l'action, laquelle suppose le désir et la volonté d'obtenir un résultat pensé à l'avance. C'est une activité et une liberté où l'on ne choisit pas entre des possibles déjà là, mais où l'on invente les possibilités elles-mêmes. C'est la liberté de l'artiste, du poète, du philosophe créateur. Avant que Rimbaud ne l'ait engendré, le Bateau ivre était absolument inanticipable. Or, dans cette œuvre, le poète s'est exprimé dans son essence la plus intime, la plus irréductiblement personnelle, la moins socialisée, son tao. Plus exactement, il a laissé s'exprimer en lui la spontanéité du tao (ziran: le «spontané»). Pour cela, il a dû laisser de côté la société, ou l'écarter, tout comme un rebelle, pour donner libre cours en lui à l'élan créateur, à l'inventivité essentielle. Le taoïsme ne supprime pas le libre arbitre ; il le laisse à la masse des gens ordinaires, à ceux qui ont besoin que la société leur propose des voies, qui ne savent pas trouver par eux-mêmes la Voie (Tao), qui donc ne sont pas capables d'épouser le mouvement créateur de la Vie, et de se faire eux-mêmes créateurs.
Marcel Conche, Libérer la spontanéité du tao
mercredi 22 février 2017
La psychanalyse n'a jamais eu la prétention de donner une théorie complète de la vie psychique de l'homme en générale : elle demandait seulement qu'on utilisât ses données pour compléter et corriger celles qui avaient été acquises et obtenues par d'autres moyens.
Sigmund Freud, Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique
Sigmund Freud, Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique
mardi 21 février 2017
lundi 20 février 2017
Une des caractéristiques de Bion est de proposer sans jamais imposer aucun point de vue. Si vous êtes amenés à agir d'une façon différente de ce qu'il recommande, il conseille plutôt de continuer à faire selon vos habitudes, car vous en avez besoin. Il faut également être tolérant à l'idée qu'il y a dans l'analyse plus de suggestion que l'analyste n'en n'a conscience. Il s'agit en psychanalyse de décrire ce qui est pensé entre deux partenaires. Mais le patient est rusé. Il n'y a pas de patient, dit-il, qui ne se paye la tête de son analyste.
André Green, Discuter avec Bion. Présentation de "Quatre discussions avec Bion"
André Green, Discuter avec Bion. Présentation de "Quatre discussions avec Bion"
jeudi 16 février 2017
mercredi 15 février 2017
mardi 14 février 2017
lundi 13 février 2017
vendredi 10 février 2017
jeudi 9 février 2017
mercredi 8 février 2017
Je ne suis pas assez naïf pour prétendre que mes conclusions sur ces difficiles questions soient définitives. J'ai souvent changé mes opinions et je les changerai aussi souvent que les faits l'exigeront, car, tel un caméléon, le chercheur sincère devrait changer ses couleurs pour s'adapter aux changements de couleurs du sol qu'il foule.
James George Frazer, Préface au 1er volume de Totemism and Exogamy
James George Frazer, Préface au 1er volume de Totemism and Exogamy
mardi 7 février 2017
Pour cette raison le drogué est aujourd'hui la figure symbolique employée pour définir les visages d'un anti-sujet. C'était le fou qui occupait autrefois cette place. Si la dépression est l'histoire d'un introuvable sujet, l'addiction est la nostalgie d'un sujet perdu.
Alain Ehrenberg, La fatigue d'être soi
Alain Ehrenberg, La fatigue d'être soi
lundi 6 février 2017
vendredi 3 février 2017
jeudi 2 février 2017
mercredi 1 février 2017
mardi 31 janvier 2017
lundi 30 janvier 2017
lundi 16 janvier 2017
vendredi 13 janvier 2017
jeudi 12 janvier 2017
mercredi 11 janvier 2017
mardi 10 janvier 2017
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