Nous avons pu montrer que l’attitude thérapeutique paradoxale structurait un espace de jeu et relançait les processus transitionnels en même temps qu’elle permettait aux soignants de « contenir » à bon compte thérapeutique l’agressivité contre-transférentielle induite.
Cette activité de relance, cet espace de jeu présente trois propriétés que nous ferons qu’ébaucher ici.
- la première de ces propriétés, non la moindre, est la délimitation d’un espace-temps, limité, défini comme situation de soin et qui fonctionne comme appui externe à la constitution d’un espace interne. Un cadre est ainsi construit.
- Second aspect : le thérapeute est amené à présenter (formuler ou mettre en forme) des représentations psychiques au patient, il « nourrit » les processus élaboratifs dans une activité que nous avons rapprochée de la capacité de rêverie décrite par Bion et qui s’apparente, à un niveau métaphorique, à la «présentation d'objet» du maternage selon Winnicott.
- En troisième lieu, le thérapeute adopte à l’égard de la vie psychique une certaine attitude qui transmet un cadre de référence qui introduit un certain décollement par rapport aux imagos mobilisées, qui introduit un certain jeu dans les représentations psychiques et les processus. Ces méthodes, toujours suivant notre expérience propre, peuvent être utilisées corrélativement à des interventions thérapeutiques plus traditionnelles et dérivées de la psychanalyse qu’elles ne sauraient remplacer. Elles fournissent en situation de crise de la situation de soin, un « supplément de cadre » qui permet de contenir plus économiquement la crise.
René Roussillon, Paradoxes et situations limites de la psychanalyse