Le conflit psychique est l’un des organisateurs majeurs de la psyché. Il se présente cliniquement le plus souvent selon une opposition entre deux termes, expression manifeste d’un autre conflit sous jacent plus fondamental ; celui entre une tendance à éteindre la pulsion et un impératif à l’investir selon diverses modalités. En 1924, Freud écrit à son propos « Il y a trois grands types de maladies suivant les instances en conflit : moi–ça (névroses de transfert), moi–surmoi (névroses narcissiques), moi–monde extérieur : (psychoses). », mais il reconnaît aussitôt que le conflit ne peut être réduit à une telle lutte entre instances. En 1937 il invite une révision de la conception du conflit psychique au regard de la dualité pulsionnelle et de l’existence d’ une « tendance au conflit ». La constitution du conflit psychique devient dès lors centrale ainsi que sa qualité et la préoccupation technique de le faire advenir sur la scène du transfert : « Les adversaires, souligne Freud, ne se trouvent pas plus l’un face à l’autre que l'ours blanc et la baleine. Une vraie solution ne peut intervenir que lorsque les deux se retrouvent sur le même terrain ».
Bernard Chervet, Laurent Danon-Boileau et Marie-Claire Durieux, Le conflit psychique