Winnicott ne disait pas autre chose lorsqu'il parlait de ces patients à qui il fallait apprendre à jouer avant de pouvoir utiliser leur jeu dans une perspective analytique. Cela implique de la part du thérapeute une capacité à jouer, c'est-à-dire à utiliser avec plaisir le modèle théorique qui l'inspire pour fabriquer des récits avec son patient. Cela implique aussi une certaine spontanéité créatrice et une capacité à se dégager d'attitudes stéréotypées, qui caricaturent la psychanalyse et qui sont utilisées de manière phobique, comme un faux-self professionnel, pour se protéger du contact interpersonnel. Cela implique enfin ce que Winnicott, encore lui, appelait la capacité de survivre, une garantie de la permanence du cadre, de sa régularité et de sa fiabilité. Beaucoup de qualités pour une seule personne ! Mais l'expérience montre qu'on peut les rencontrer et les développer par une formation appropriée.
Jacques Hochmann, Intersubjectivité, empathie et narration dans le processus psychothérapique