La situation de groupe, dont Freud a comparé les effets à ceux de l'hypnose, mobilise chez ses membres deux types d'identification imaginaire : l’identification au moniteur, au chef, au père, à l'idéal du moi ; l’identification plus archaïque, introjective, des participants les uns aux autres. Les techniques de groupe non directives mettent rapidement en question les identifications imaginaires personnelles et obligeant les participants à les abandonner, au prix d'une angoisse de "casse", d'une peur de changer, du sentiment d'un risque de tomber fou. Si le moniteur a une réaction contre-transférentielle d'affolement devant ce danger, s'il donne des interprétations individuelles aux participants les plus perturbés par cette perte de leurs repères identificatoires habituels et inconscients, il leur confirme cette perte comme réelle et irréparable et il les précipite dans la décompensation qu'il voulait leur éviter. Ceci fonde d'ailleurs la règle énoncée par Ezriel selon laquelle l'interprétation a à être donnée au groupe, non à un individu.
Didier Anzieu, Dynamique et processus de groupe in Pratique de la psychothérapie de groupe (Pierre-Bernard Schneider, Dir.)