Théorie et clinique : nulle part on ne trouverait trace ici d'un clivage entre ces deux aspects, ni à plus forte raison d'un privilège accordé à l'un ou l'autre. Freud aime à répéter la formule de Charcot : « La théorie, c'est bon mais ça n'empêche pas d'exister. »
Sa leçon est d'admettre l'existant, le « cas », dans sa brutalité, son atopie, voire sa « contradiction avec la théorie » (comme le rappelle précisément le titre d'un article), non pas pour jeter par-dessus bord tout effort théorique, mais bien pour contraindre dialectiquement la théorie à des remaniements, des éclatements ou des révolutions. Maxime élémentaire de toute démarche scientifique, que Freud après d'autres n'a fait que mettre en œuvre; mais on voit la distance qui le sépare de tous ceux qui aujourd'hui, d'un vagissement ininterrompu, réclament toujours plus de « clinique », et proclament qu'il faut purger la psychanalyse de son démon philosophique (germanique ou cartésien, peu leur importe).
Ici la « clinique » n'est trop souvent qu'alibi pour un retour à la platitude préanalytique, ou camouflage d'une théorie indigente qui craint de s'exposer ouvertement; là, chez Freud, le « cas » est défi (qui doit être relevé) à la théorie, le « manifeste » n'a d'intérêt que comme provocation à l'interprétation et à la construction.
Jean Laplanche, introduction à Névrose, psychose et perversion, recueil d’articles de Sigmund Freud
mardi 24 juin 2025
vendredi 20 juin 2025
jeudi 19 juin 2025
lundi 16 juin 2025
vendredi 13 juin 2025
mercredi 11 juin 2025
jeudi 5 juin 2025
mercredi 14 mai 2025
Nous sommes trop évidemment les plus embarrassés du monde chaque fois qu'il s'agit de dire je au sens plein, [...], de telle sorte que chaque fois qu'il s'agit de penser à l'autre comme à quelqu'un qui dit je, nous glissons le plus communément à lui faire dire notre propre je, c'est-à-dire à l'induire dans nos propres mirages.
Jacques Lacan, Le Séminaire, livre IV, La Relation d'objet (1956-1957), texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994, p. 372.
Jacques Lacan, Le Séminaire, livre IV, La Relation d'objet (1956-1957), texte établi par J.-A. Miller, Paris, Seuil, 1994, p. 372.
vendredi 2 mai 2025
jeudi 3 avril 2025
mardi 18 mars 2025
mardi 25 février 2025
Je soutiens que le transfert prend naissance dans les mêmes processus qui, dans les stades les plus précoces, déterminent les relations d'objet. Par conséquent nous devons revenir encore et encore en analyse aux fluctuations entre les objets, aimés ou hais, externes et internes, qui dominent la toute petite enfance. Nous ne pouvons pleinement apprécier l'interconnexion entre les transferts positif et négatif que si nous explorons l'interaction précoce entre l'amour et la haine, et le cercle vicieux de l'agressivité, des angoisses, des sentiments de culpabilité et de l'agressivité accrue, aussi bien que les aspects variés des objets vers lesquels ces émotions et ces angoisses conflictuelles sont dirigées. D'un autre côté, par l'exploration de ces processus précoces, je me suis convaincue que l'analyse du transfert négatif qui avait reçu relativement peu d'attention dans la technique psychanalytique est une précondition pour analyser les couches plus profondes de l'esprit.
Melanie Klein, Le transfert et autres écrits
Melanie Klein, Le transfert et autres écrits
mercredi 19 février 2025
Je voudrais ajouter que le désir du bon sein nourricier qui s'exprime à travers de nombreuses sublimations, est un trait qui persiste la vie durant et qui se réveille facilement lorsque surgissent des angoisses. Par conséquent, il ne suffit pas de tenir compte de la régression ; il faut penser que les désirs de la petite enfance ne disparaissent jamais complètement et exerce toujours leur influence sur le développement de l'individu.
Melanie Klein, Psychanalyse d'un enfant
Melanie Klein, Psychanalyse d'un enfant
jeudi 13 février 2025
Lorsque la culpabilité et la dépression peuvent être supportées sans que le patient ait recours à une régression à la position schizo-paranoïde et à ses puissants mécanismes de clivage, on assiste à de nouveaux progrès dans l'intégration du moi et de la synthèse des objets. Il s'ensuit que la haine est canalisée et atténuée par l'amour; elle est alors dirigée contre ce qui est considéré comme mauvais et néfaste pour le bon objet. Dans la mesure où la haine s'emploie à protéger le bon objet, la sublimation, la confiance en sa propre capacité d'amour augmentent et les sentiments de culpabilité, les angoisses persécutives diminuent. De telles modifications entraînent à leur tour une amélioration des relations d'objet et un élargissement du champ de la sublimation.
Melanie Klein, La psychanalyse d'un enfant
Melanie Klein, La psychanalyse d'un enfant
lundi 10 février 2025
Pour moi, l'instinct de mort n'est pas une pulsion biologique tendant à retourner vers l'inorganique (comme Freud l'a décrit) mais c'est un désir psychologique d'annihiler ce changement brusque qu'amène la naissance. Ainsi, le bébé nait-il dans un chaos de perceptions contradictoires - agréables et déplaisantes - et de désirs contradictoires. Très tôt, il se met à trier et ce tri s'appelle "clivage". On est assailli par des choses mauvaises ou l'on fait l'expérience de quelque chose d'idéal.
Hanna Segal, Introduction à l'œuvre de Melanie Klein
Hanna Segal, Introduction à l'œuvre de Melanie Klein
mercredi 5 février 2025
mercredi 22 janvier 2025
mardi 21 janvier 2025
vendredi 17 janvier 2025
jeudi 16 janvier 2025
Dans ce livre sont étudiés des aspects très différents des émotions que l'homme éprouve. La première partie analyse les pulsions puissantes de haine qui sont un élément fondamental de la nature humaine. Dans la seconde, j'essaie de montrer comment l'amour et la tendance à la réparation se développent en rapport avec les pulsions agressives et malgré elles.
Melanie Klein et Joan Riviere, L'amour et la haine
Melanie Klein et Joan Riviere, L'amour et la haine
mardi 14 janvier 2025
lundi 13 janvier 2025
jeudi 9 janvier 2025
La réalisation du désir n'est pas affaire de réalités objectives. Elle dépend de notre pouvoir de nous satisfaire et de notre droit à la satisfaction, c'est-à-dire de la liberté de mettre en œuvre les actes relationnels de notre corps. Les réalités objectives invoquées comme objets de manque et de convoitise - généralement inaccessibles - sont autant de pièges tendus à la cure pour masquer (donc pour maintenir) les inhibitions afférentes à ces actes, pièges qui - combien souvent ! - retiendront le désir prisonnier à vie.
Melanie Klein, Essais de psychanalyse
Melanie Klein, Essais de psychanalyse
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