Il m’a fallu très longtemps pour comprendre qu’être en analyse était en soi-même une expérience traumatique et que cela prenait du temps avant de s’en remettre. En médecine somatique, vous traversez normalement une période de convalescence ; vous espérez alors que, avec un peu de chance, vous retirerez quelque bénéfice de la violence qui vous a été physiquement faite. J’avais été imprégné de l’idée que la psychanalyse ne vous fait pas violence et que, petit à petit, vous allez de mieux en mieux. À mon avis, cela ne rime pas à grand-chose… Beaucoup de temps a coulé avant que je ne commence à avoir l’impression de comprendre ce qui s’était passé, et quel genre de niche j’occupais dans ce drôle d’univers ou de champ que, à défaut d’un meilleur mot, nous appelons « psychanalyse ».
Wilfred R. Bion, Bion à la Tavistock