lundi 5 septembre 2011

A présent je voudrais vous proposer mes réflexions sur l’évolution de la psychanalyse pendant ces dernières décennies : mon hypothèse est que nous voyons au sein de la psychanalyse le même mouvement que dans notre société. Je vous rappelle que nous appelons notre ère « postmoderne » et ceci un peu partout dans le monde depuis le début des années 80. La post-modernité, dont on parle en sociologie, politique, art, architecture, littérature et philosophie, se caractérise par la fin des méta-récits émancipatoires et des repères utopistes de la modernité. La pensée post-moderne récuse toute conception d’une vérité universelle religieuse, politique ou philosophique. La science dans une société post-moderne renonce à son idéal normatif de réalité et de vérité au profit de la prévisibilité des résultats. L’activité humaine tend à se justifier par le paradigme général de la résolution de problème. Ainsi la communication et la négociation remplacent les préconceptions religieuses, mythiques, philosophiques, morales ou politiques d’avant. Les critiques de la pensée post-moderne lui reprochent que son attitude profondément anti-idéologiste en faveur de la libre circulation des idées, des informations, de la marchandise, des identités, constituerait elle-même une idéologie.

Susann Heenen-Wolff, De la loi symbolique à la capacité narrative : changement de paradigme en psychanalyse ? Revue belge de psychanalyse n° 47