Théorie et clinique : nulle part on ne trouverait trace ici d'un clivage entre ces deux aspects, ni à plus forte raison d'un privilège accordé à l'un ou l'autre. Freud aime à répéter la formule de Charcot : « La théorie, c'est bon mais ça n'empêche pas d'exister. »
Sa leçon est d'admettre l'existant, le « cas », dans sa brutalité, son atopie, voire sa « contradiction avec la théorie » (comme le rappelle précisément le titre d'un article), non pas pour jeter par-dessus bord tout effort théorique, mais bien pour contraindre dialectiquement la théorie à des remaniements, des éclatements ou des révolutions. Maxime élémentaire de toute démarche scientifique, que Freud après d'autres n'a fait que mettre en œuvre; mais on voit la distance qui le sépare de tous ceux qui aujourd'hui, d'un vagissement ininterrompu, réclament toujours plus de « clinique », et proclament qu'il faut purger la psychanalyse de son démon philosophique (germanique ou cartésien, peu leur importe).
Ici la « clinique » n'est trop souvent qu'alibi pour un retour à la platitude préanalytique, ou camouflage d'une théorie indigente qui craint de s'exposer ouvertement; là, chez Freud, le « cas » est défi (qui doit être relevé) à la théorie, le « manifeste » n'a d'intérêt que comme provocation à l'interprétation et à la construction.
Jean Laplanche, introduction à Névrose, psychose et perversion, recueil d’articles de Sigmund Freud
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