mardi 19 novembre 2024

C'est une drôle de question, d'ailleurs, tu fais quoi dans la vie ? Vous l'a-t-on déjà posée ?

C'est une question qui vous donne la réelle impression que le seul fait de vivre ne suffit pas.

Romain Gary, Le Grec.

lundi 18 novembre 2024

Seul un esprit éduqué peut comprendre une pensée différente de la sienne sans devoir l'accepter.

Aristote

vendredi 25 octobre 2024

La vérité est ce type d’erreur sans laquelle une certaine espèce d’êtres vivants ne saurait vivre. C’est la valeur pour la vie qui décide en dernière instance.

Friedrich Nietzsche, La volonté de puissance

jeudi 17 octobre 2024

L'angoisse est l'enfant de la liberté.

Vassilis Kapsambelis

mercredi 16 octobre 2024

La psychanalyse se parle directement à la première personne ou en dépersonnalisation, en perte, ravissement ou douleur.

Julia Kristeva, Au commencement était l'amour : Psychanalyse et foi

vendredi 11 octobre 2024

On n'abdique pas l'honneur d'être une cible.

Edmond Rostand, Cyrano De Bergerac.

mardi 8 octobre 2024

Qui impose ses charges à d’autres est leur esclave.

Thème principal de l’ouvrage de Friedrich Nietzsche, La Généalogie de la morale. Note de Sonu Shamdasani in Le Livre Rouge de Carl Gustav Jung

lundi 7 octobre 2024

J'ai dit que la réaction thérapeutique négative est une «blessure narcissique» à la fois pour l'analyste et pour la psychanalyse. Lorsqu'on est aux prises avec une réaction thérapeutique négative, on s'aperçoit que si l'analyse marche bien, si elle progresse, le travail du négatif se subvertit et devient mortifère. Avec les transferts limites, on traverse plus ou moins habituellement, cycliquement, des mouvements négatifs très proches de ce qu'a décrit Freud. Ce sont des situations ou, aux yeux du patient, tout ce que fait l'analyste est forcément de mauvais augure pour soi-même : si l'analyste se tait, c'est parce qu'« il ne s'intéresse pas à ma personne »; s'il parle, c'est qu'« il veut m'imposer ses idées »; s'il accepte une modification pour faciliter les choses, c'est qu'« il souhaite m'humilier »... Tout ce qui vient de l'objet (de l'analyste) est négativé, rien ne trouve une signification positive. Tout est directement ou indirectement renvoyé à l'intérêt malveillant de l'analyste, à sa «volonté de puissance».


André Green, Dialoguer avec André Green, de Fernando Urribarri

vendredi 4 octobre 2024

Personne ne peut enlever votre liberté de penser. Vous pouvez être conseillé, éclairé par d'autres, mais ne laissez jamais quelqu'un penser pour vous.

Baruch Spinoza

jeudi 3 octobre 2024

On considère que les troubles de la pensée se trouvent au premier plan dans les cas-limites mais on pourrait presque en dire autant des névroses. L'hystérique, dit Freud, souffre de réminiscences ; chez l'obsessionnel, la sexualisation et la toute-puissance de la pensée sont centrales. Toutefois, cela renvoie toujours aux « pensées de désir », à la libido et aux fantasmes érotiques. Dans les cas-limites, en revanche, la pensée est totalement accaparée par le travail du négatif (sur ce point, je me sens proche de l'idée du «- C» bionien). C'est la raison pour laquelle je soutiens que le travail analytique avec les structures non névrotiques doit chercher à favoriser un fonctionnement apparenté à celui de la névrose. Le but est de transformer le délire en jeu, la mort en absence.

André Green, Dialoguer avec André Green, de Fernando Urribarri

jeudi 26 septembre 2024

Il n'y a guère de passion sans lutte.

Albert Camus, Le Mythe de Sisyphe

mercredi 18 septembre 2024

Quand on ne sait où l'on va, qu'on sache d'où l'on vient.

Ahmadou Kourouma

mercredi 11 septembre 2024

Tout acquis, tout pas en avant dans la connaissance résulte du courage, de la dureté envers soi, de la netteté envers soi.

Friedrich Nietzsche, Ecce Homo

mardi 10 septembre 2024

Tout commence en mystique et finit en politique.

Charles Péguy, Notre jeunesse

lundi 9 septembre 2024

La raison veut décider ce qui est juste ; la colère veut qu'on trouve juste ce qu'on décide.

Sénèque, De la colère, I, 18

vendredi 6 septembre 2024

Le plus lourd fardeau, c'est d'exister sans vivre.

Victor Hugo, Les Châtiments, IV, 9

jeudi 5 septembre 2024

Nil humanum a me alienium esse puto.

Rien de ce qui est humain ne m'est étranger.

Térence, Heautontimomourenos

mercredi 4 septembre 2024

En tant que psychologue clinicien je ne me contente pas de présumer mais je suis même profondément convaincu que nil humanum a me alienum esse [rien de ce qui n'est humain ne m'est étranger] représente mon devoir.

Carl Gustav Jung, Lettre du 2 septembre 1960 à Herbert Mead

lundi 2 septembre 2024

Quand la bêtise gouverne, l'intelligence est un délit.

Henry de Monterlant

vendredi 28 juin 2024

Au fond de la plus noire douleur j'ai surtout souffert de trouver des limites à ma faculté de l'exprimer.

Joë Bousquet, Traduit du silence

jeudi 27 juin 2024

La sublimation est un processus qui concerne la libido d'objet et consiste en ce que la pulsion se dirige sur un autre but, éloigné de la satisfaction sexuelle ; l'accent est mis ici sur la déviation qui éloigne du sexuel. L'idéalisation est un processus qui concerne l'objet et par lequel celui-ci est agrandi et exalté psychiquement sans que sa nature soit changée.

L'idéalisation est possible aussi bien dans le domaine de la libido du moi que dans celui de la libido d'objet.

Sigmund Freud, Pour introduire le narcissisme

mercredi 26 juin 2024

Porter la liberté est la seule charge qui redresse bien le dos.

Patrick Chamoiseau, Texaco

mardi 25 juin 2024

Etranger ! Que signifie ce mot ? Quoi ! Sur ce rocher j’ai moins de droits que dans ce champ ! Quoi ! J’ai passé ce fleuve, ce sentier, cette barrière, cette ligne bleue ou rouge visible seulement sur vos cartes, et les arbres, les fleurs, le soleil, ne me connaissent plus ! Quelle ineptie de prétendre que je suis moins homme sur un point de terre que sur l’autre !
Vous me dites : Nous sommes chez nous et vous n’êtes pas chez vous ! - Où ? Ici ? Vous n’avez qu’à creuser une fosse, et vous verrez que la terre m’y recevra tout aussi bien que vous.

Victor Hugo, La légende des siècles

lundi 24 juin 2024

Quand la vérité n'est pas libre, la liberté n'est pas vraie.

Jacques Prévert, Spectacle

vendredi 21 juin 2024

L'adolescence ne peut à la fois être à l'heure du refoulement (après-coup) et à l'heure de sa levée (celle de la psychanalyse). Pour que l'adolescent réussisse à se construire un passé, à subjectiver son histoire, à parler en son nom propre, il faut l'aider à laisser de côté l'infantile encore trop brûlant, et donc à renforcer le refoulement de ce dernier. Le risque est, il est vrai, de court-circuiter le sexuel.

Jacques André, La psychanalyse de l'adolescent existe-t-elle ?

jeudi 20 juin 2024

Il est impossible, et c'est ce que l'observation doit repousser, que l'enfant - masculin ou féminin - puisse fonder son plan de vie sur une dépréciation originelle du sexe féminin et se donner comme ligne directrice ce souhait : je veux devenir un homme, un vrai.

Sigmund Freud, Contribution à l'histoire du mouvement psychanalytique

mercredi 19 juin 2024

L'art est l'ultime forme de l'espoir.

Gerhard Richter

mardi 18 juin 2024

C'est, en effet, l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques. Or apercevoir une difficulté et s'étonner, c'est reconnaître sa propre ignorance.

Aristote, Métaphysique

lundi 17 juin 2024

Quand les blés sont sous la grêle
Fou qui fait le délicat
Fou qui songe à ses querelles
Au cœur du commun combat

Louis Aragon, La Rose et le Réséda

vendredi 14 juin 2024

L'arme que nous avons choisie, ce sont les mots. Si nous nous en servons mal, nous nous trouverons bien vite dans la situation du sculpteur dont l'instrument s'est émoussé.

Wilfred R. Bion, Entretiens psychanalytiques

jeudi 13 juin 2024

Peu importe ce que je veux dire. Ce qui est important, c'est ce que le malade veut dire.

Wilfred R. Bion, Entretien sur la méthode

mercredi 12 juin 2024

En réalité nous ne savons rien, car la vérité est dans un puits.

Parole de Démocrite rapportée dans Vies, doctrines et sentences des philosophes illustres, de Diogène Laërce

mardi 11 juin 2024

La pensée n'est qu'un éclair entre deux longues nuits, mais c'est cet éclair qui est tout.

Henri Poincaré, La valeur de la science

lundi 10 juin 2024

Je crois entendre ici les philosophes réclamer : « C'est précisément fort malheureux qu'on soit ainsi tenu par la folie dans l'illusion, l'erreur et l'ignorance. » Mais non, c'est être homme, tout simplement.

Erasme, Elogie de la folie

vendredi 7 juin 2024

Grâce à Bion, plus rien ne sera comme avant...

Alberto Eiguer, Plus rien ne sera comme avant

jeudi 6 juin 2024

Il n'y a pas de rose sans épines. Mais il y a beaucoup d'épines sans roses.

Arthur Schopenhauer, Essai sur les apparitions et opuscules divers

mercredi 5 juin 2024

La raison est l'esclave de l'émotion et c'est pour rationaliser l'expérience émotionnelle qu'elle existe.

Wilfred R. Bion, L'attention et l'interprétation

mardi 4 juin 2024

Ce qui est démontré est que, dans une petite communauté, les hommes peuvent exercer leurs talents particuliers sans être condamnés pour autant à la frustration et à l'atrophie de leurs autres désirs.

Wilfred R. Bion, Psychiatrie en temps de crise

lundi 3 juin 2024

Du point de vue de l'enfant, rien ne peut remplacer les parents qui ont entre eux une relation d'amour. Une masse de mots ou de théories ne remplacera jamais des parents qui s'aiment.

Wilfred R. Bion, Entretiens psychanalytiques

vendredi 31 mai 2024

Donc je pense qu'il est seulement exact de présumer que s'il est juste de parler de gens timbrés ou sensés, alors ce doit être vrai pour tous les êtres humains. Il serait ridicule de croire que l'un est ex officio sain d'esprit ou sensé, et que d'autres ne le sont pas.

Wilfred R. Bion, Entretien sur la méthode

jeudi 30 mai 2024

La pratique analytique, de toute façon, est investie par le récit : le patient raconte une histoire, et l'analyste intervient dans ce récit, raconte à son tour une histoire ; il peut même lui arriver, pour débloquer un processus, d'inventer un scénario. S'intéressant à des sujets qui racontent des histoires, il est aussi à sa façon philologue, il s'intéresse au discours, fait de la narratologie, de l'étymologie, de la sémantique...

Jean-Pierre Lefebvre, présentation de Le Moïse de Michel-Ange et autres essais, de Sigmund Freud

mercredi 29 mai 2024

Chercher à saisir la subtilité et la finesse de la vie des peuples revient à reconnaître la brutalité et la violence de la civilisation elle-même lorsqu'elle ignore les paradoxes du désir humain.

Clotilde Leguil, présentation de Totem et tabou, de Sigmund Freud

mardi 28 mai 2024

Totem et tabou est donc finalement aussi un traité de psychologie.

Pierre Pellegrin, présentation de Totem et tabou, de Sigmund Freud

lundi 27 mai 2024

Nous avons à vivre dans un monde qui n'est plus fait pour l'homme, dans la mesure même où il est de plus en plus fait par l'homme.

Jacques-Alain Miller, L'ère de l'homme sans qualité

vendredi 24 mai 2024

[...] c'est bien ainsi que les choses se passent dans Totem et tabou, et pour la simple raison que c'est ainsi que les choses se passent pour Freud lui-même. Comme dans la très grande majorité de ses travaux (à l'exception, peut-être, de quelques écrits « de synthèse » à vocation informatrice), il nous fait accompagner son propre mouvement de découverte, plutôt que d'en délivrer les produits. En chemin nous y ren-controns, nous y éprouvons les résistances que lui-même a dû surmonter. Et il nous reste à faire, chacun selon notre génie propre, cette appropriation que la psychanalyse nomme perlaboration.

François Gantheret, préface à Totem et tabou, de Sigmund Freud

jeudi 23 mai 2024

Totem et tabou est porté, dans son élaboration même, par un mouvement analytique, et ce mouvement est et ne peut être que « spiralé ». Toute représentation qui a partie liée avec les représentations inconscientes est, dans l'analyse, approchée, effleurée, abordée sous un certain angle, puis abandonnée jusqu'à ce qu'un nouveau tour de spirale y ramène, sous un autre angle, dans une nouvelle perspective. À plus forte raison lorsqu'il s'agit du noyau organisateur de la névrose, qui ne se dévoilera au mieux qu'in fine (ou même et plus souvent postérieurement à la fin de l'analyse), dans un rassemblement du sens, dans une évidence qui ne peut être répudiée, de ce qui a été à maintes reprises prononcé sans être entendu.

François Gantheret, préface à Totem et tabou, de Sigmund Freud

mercredi 22 mai 2024

Le silence est comme le vent : il attise les grands malentendus et n'éteint que les petits.

Elsa Triolet, L'écrivain et le livre ou la suite dans les idées

mardi 21 mai 2024

Ce que je décris comme le droit à l’oubli chez l’analyste n’est ni refoulement, ni nécessité de ne pas se souvenir, d’éviter la douleur de ce qui est pénible. Ce n’est ni une perte de mémoire, ni un déni de réalité, mais un espace potentiel ouvert à de nouveaux liens à travers le récit du présent. Dans la mesure où le déni de la réalité concrète [crée] une voie nouvelle pour un processus où le vécu traumatique n’est plus un présent éternel : le contraire de la mémoire traumatique hypermnésique qui n’a pas droit à l’oubli.

Monica Horovitz, La vérité émotionnelle partagée, souce de consolation

lundi 20 mai 2024

Comment passer des perceptions ou des émotions à leur communication, comment les rendre siennes et en même temps recevables, sans éviter la douleur de penser ? Pour l'analyste en tout cas il ne s'agit pas de conceptualiser ces mouvements, mais plutôt d'y reconnaître et de garder distincts les lieux-qualités du conscient, de l'inconscient et de l'inaccessible, sans trop appuyer. En raison d'une inadéquation indépassable, plus la pensée et le langage ont affaire à du vague, moins s'y distinguent des nuances et plus on a tendance à se l'imprimer en noir et blanc. Pauvreté et cécité deviennent en conséquence un label de maturité, un étalon paradoxal que Bion relie à des procédés de dilapidation des richesses primordiales de l'humain, celui-là même qui, après un détour aliénant, demande en analyse de revenir à Soi.

Amaro de Villanova, préface à Bion à New York et à São Paulo

vendredi 17 mai 2024

Chaque séance [...] ne doit avoir ni histoire, ni futur.

Wilfred R. Bion, Notes sur la mémoire et le désir

jeudi 16 mai 2024

Je crois qu'il faut s'autoriser la sensation des choses.

Anaïs Vanel, Tout quitter

mercredi 15 mai 2024

Je ne dirai pas du transfert et du contre-transfert qu’ils sont des “babioles”, je les décrirais comme des concepts qui formulent des observations éclairantes faites par Freud, c’est avec la réalité qui se trouve derrière ces concepts que nous, les praticiens, devons travailler.

Wilfred R. Bion, Bion à New York et à São Paulo

mardi 14 mai 2024

Un point essentiel à propos du contre-transfert est qu’il est inconscient. Les gens parlent d’“utiliser” leur contre-transfert or, ils ne peuvent rien utiliser du tout parce qu’ils ne savent pas ce que c’est. Ce qui existe, c’est ma réaction émotionnelle au patient.

Wilfred R. Bion, Bion à New York et à São Paulo

lundi 13 mai 2024

C’est la capacité négative du psychanalyste “sans mémoire et sans désir” telle que décrite par Bion, qui permet à la conscience de ne pas être envahie par des données sensorielles, libère l’intuition et ouvre à l’ineffable de l’objet psychanalytique. [...] L’affirmation selon laquelle l’analyste doit s’abstenir d’expectative, de mémoire, de désir et de compréhension le laisse sans rien à quoi s’agripper, attitude qui est à la fois sa qualité essentielle, sa méthode et sa sauvegarde. Elle court-circuite et transcende ses besoins de contrôle en lui permettant de vivre l’impact de la réalité émotionnelle afin que celle-ci évolue véritablement pour se transformer en croissance.

Monica Horovitz, La vérité émotionnelle partagée, souce de consolation

vendredi 10 mai 2024

Il y a dans l'œuvre de Bion un point très important concernant la perlaboration des éléments α. Selon sa conception, la « matière de psyché » subit une transformation décisive afin de créer l'étoffe des pensées du rêve, des rêves, et des mythes. Telle est la relation entre le mythe d'Œdipe et le vécu émotionnel infantile de l'expérience œdipienne.

André Green, Penser la psychanalyse

mardi 7 mai 2024

Etant pourvu d'une tournure d'esprit systématique, (avec tous les risques que cela comporte), je fis des plans que je considérais alors comme définitifs : je consacrerais encore deux ou trois ans à l'étude de la pensée enfantine, puis je reviendrai aux origines de la vie mentale, c'est-à-dire à l'étude de l'émergence de l'intelligence au cours des deux premières années de la vie. Après avoir ainsi acquis une connaissance objective et expérimentale des structures élémentaires de l'intelligence, je serais alors prêt à attaquer le problème de la pensée en général, et à construire une épistémologie psychologique et biologique. Par-dessus tout, donc, il me faudrait m'abstenir de toute préoccupation non-psychologique et étudier empiriquement le développement de la pensée pour elle-même, où que cela puisse me mener.

Jean Piaget, Autobiographie

lundi 6 mai 2024

[...] un homme comme moi ne peut vivre sans marotte, sans passion dominante, sans un tyran, pour parler comme Schiller, tel celui qui est devenu le mien. Désormais, à mon tour, je ne connais à son service aucune mesure. Il s'agit de la psychologie, depuis toujours le but qui me fait signe de loin, et qui maintenant, depuis que j'ai rencontré les névroses, s'est rapproché d'autant. Deux desseins me tourmentent : examiner quelle forme prend la doctrine du fonctionnement psychique quand on introduit le point de vue quantitatif, une sorte d'économie de la force nerveuse, et deuxièmement, dégager de la psychopathologie un gain pour la psychologie normale.

Sigmund Freud, Lettre du 25 mai 1895 à Wilhelm Fließ

vendredi 3 mai 2024

Rien n’est plus puissant qu’une idée dont le temps est venu.

Emile Souvestre, La Chouannerie dans le Poitou

jeudi 2 mai 2024

Une émeute est le langage de ceux qu'on n'entend pas.

Martin Luther King

mardi 30 avril 2024

Afin de parvenir à l’état psychique essentiel pour pratiquer la psychanalyse, j’évite tout exercice de mémoire et je ne prends aucune note. S’il me vient la tentation de me rappeler des événements d’une séance donnée, je résiste. Si je me découvre en train de laisser errer mon esprit dans le champ de la mémoire, j’y renonce. […] je m’oppose à toute impulsion à me souvenir de ce qui s’est passé, ou de comment, en une précédente occasion, j’ai interprété ce qui s’est passé.

Wilfred R. Bion, L'attention et l'interprétation

lundi 29 avril 2024

À chaque séance, le psychanalyste devrait tenter de se mettre dans l'état d'esprit qui serait le sien s'il n'avait jamais vu son patient auparavant. S'il en est autrement, il est en train de se tromper de patient.

Wilfred R. Bion, Notes sur la mémoire et le désir

vendredi 26 avril 2024

En tant que psychanalyste, je suis frappé par le fait que le traitement psychanalytique de l'individu et l'analyse du groupe telle qu'elle est décrite dans les pages qui suivent s'attaquent à des aspects différents du même phénomène. La combinaison des deux méthodes fournit au praticien quelque chose comme les rudiments d'une vision binoculaire. Les observations peuvent être divisées en deux catégories dont l'affinité est mise en évidence par des phénomènes qui, considérés par le première méthode, sont centrés sur la situation œdipienne en rapport avec le groupe de couplage, et par la seconde, apparaissent centrés sur l'image du sphinx, symbole des problèmes de la connaissance et de la méthode scientifique.

Wilfred R. Bion, Recherches sur les petits groupes

jeudi 25 avril 2024

Les découvertes de la psychanalyse font qu'il n'est plus possible de se contenter de la méthodologie des scientifiques et des philosophes des sciences, même avec les subtilités de la méthode produites pour contrebalancer leur propre insatisfaction. Le psychanalyste est dans la curieuse position d'étudier un sujet qui élucide la source la moins éliminéable de la recherche non scientifique, et ayant à le faire sans la commodité de penser que ses observations sont effectuées par une machine inanimée, laquelle, étant morte, ne peut qu'être objective. Mais il est clair que ne pas pouvoir se réjouir que les méthodes des scientifiques d'autres disciplines soient scientifiques fait diminuer, plutôt qu'augmenter, l'espoir du psychanalyste à faire mieux.

Wilfred R. Bion, Cogitations

mercredi 24 avril 2024

L'observation nous montre que certains patients (tout comme de nombreux analystes) ne peuvent supporter l'état d'incertitude, de mystère ou de doute. Les patients se réfugient dans l'expulsion ou l'omniscience. Les analystes ont des réponses toutes faites. Je me souviens combien Bion a été frappé quand j'ai cité cette phrase de Maurice Blanchot : « La réponse est le malheur de la question. » Il a ensuite utilisé cette proposition à de nombreuses reprises.

André Green, Penser la psychanalyse

mardi 23 avril 2024

Avoir et être chez l'enfant. L'enfant aime bien exprimer la relation d'objet par l'identification : je suis l'objet. L'avoir est la relation ultérieure, retombe dans l'être après la perte de l'objet. Modèle : sein. Le sein est un morceau de moi, je suis le sein. Plus tard seulement : je l'ai, c'est-à-dire je ne le suis pas...

Sigmund Freud, Résultats, idées, problèmes

lundi 22 avril 2024

Il a trop d'idées, il ne sera pas un bon voyageur.

Claude Lévi-Strauss

vendredi 19 avril 2024

De quel modèle Bion a-t-il déduit de sa théorie ? Pas de l'observation d'enfants mais de son expérience clinique avec des adultes régressés. Il rapporte une bonne séance avec un patient analysable. Il se réfère à sa propre capacité de rêverie sur ce patient pendant la séance, ainsi qu'à son interprétation d'après la manière dont la communication de patient se modifie, et d'après la capacité de celui-ci à interpréter lui-même ce qu'il éprouve pendant la séance.

André Green, Penser la psychanalyse

jeudi 18 avril 2024

Est-il possible de construire une théorie psychanalytique de la pensée en faisant l'impasse sur la littérature philosophique ? Probablement pas. Tout psychanalyste choisit les philosophes avec lesquels il se trouve, sinon pleinement d'accord, au moins dans une certaine adéquation.

André Green, Penser la psychanalyse

mercredi 17 avril 2024

Comme le disait André Green, nous autres, psychanalystes, avons à tenir les deux bouts de la chaîne, celui de notre pratique spécifique et celui des théories des autres domaines. Mais, c’est aussi l’intérêt de la médecine, de la biologie et des autres sciences, de s’ouvrir aux apports des sciences humaines dans lesquelles la psychanalyse occupe une place centrale. C’est là un souci, un fil rouge, parcourant toute l’œuvre de Freud...

Christian Delourmel, Médecine et psychanalyse

mardi 16 avril 2024

Tenter, braver, persister, persévérer, s'être fidèle à soi-même, prendre corps à corps le destin, étonner la catastrophe par le peu de peur qu'elle nous fait, tantôt affronter la puissance injuste, tantôt insulter la victoire ivre, tenir bon, tenir tête ; voilà l'exemple dont les peuples ont besoin, et la lumière qui les électrise.

Victor Hugo, Les Misérables

lundi 15 avril 2024

Un gagnant est juste un rêveur qui n'a jamais cédé.

Nelson Mandela

vendredi 12 avril 2024

On est souvent confronté, dans l'analyse, à une crise d'angoisse subite et massive de l'analysé, qui interdit, pour ainsi dire, à celui-ci la poursuite de la cure. On parle de culpabilité, d'œdipe, de peur de castration [...]. Mais on analyse en vain [...]. En fait ces crises sont provoquées par l'approche d'un matériel particulier, qui est l'introjection du phallus paternel, mais sur un mode anal spécifique. Il s'agit de l'appropriation de l'objet partiel sur un mode profond, archaïque, animal, quasi organique, niveau qui échappe au conscient mais qui n'en pèse pas moins sur le Moi fragile de l'analysé.

Béla Grunberger, Narcisse et Anubis

jeudi 11 avril 2024

En utilisant sa capacité d'identification, Bion a pu, grâce à l'analyse de ses patients et à son auto-analyse, conceptualiser l'origine de l'activité psychique, notre supposé point de départ, tout au moins pour la fiction que nous construisons sur nous-mêmes et sur les autres. Il l'a appelée « primordial mind », la psyché primordiale.

André Green, Penser la psychanalyse

mercredi 10 avril 2024

Au cours de mes conversations avec Bion, j'ai été frappé par son grand intérêt pour Descartes. Pour lui, le but cartésien de parvenir à des “idées claires et distinctes” pouvait également s'appliquer à la psychanalyse - c'était en tout cas une tâche que nous devions poursuivre dans le domaine de la théorie.

André Green, Penser la psychanalyse

mardi 9 avril 2024

La clinique exige la pleine reconnaissance du cadre où elle s'exerce. Le dégagement des paramètres qui permettent de connaître inclut ici de manière incontournable celui qui veut connaître.

André Green, La causalité psychique

lundi 8 avril 2024

On ne découvre pas de terre nouvelle sans consentir à perdre de vue, d'abord et longtemps, tout rivage.

André Gide, Les Faux-monnayeurs

vendredi 5 avril 2024

Pourquoi suis-je ce que je suis et non ce que je voudrais être ?

Robert Charlebois, Chacun dit je t'aime

jeudi 4 avril 2024

J'estime que parler de soi n'est pas présomptueux, parce que n'importe qui devrait pouvoir [...] dire le plus profond de soi.

Jean-Paul Sartre, entretien avec Michel Contat

mercredi 3 avril 2024

Ce que tu as enterré dans ton jardin ressortia dans celui de ton fils.

Proverbe arabe

mardi 2 avril 2024

Nombreuses sont les personnes en deuil dont les progrès à rétablir les liens avec le monde extérieur ne peuvent être que lents, parce qu'elles luttent contre le chaos intérieur.

Melanie Klein, Le deuil et ses rapports avec les états maniaco-dépressifs

vendredi 29 mars 2024

La souffrance intime est nécessaire pour réveiller le désir de connaître.

Marie-Thérèse Montagnier, De la souffrance à la pensée

jeudi 28 mars 2024

Le soleil n'est jamais si beau qu'un jour où l'on se met en route.

Jean Giono, Les grands chemins

mercredi 27 mars 2024

Se demander devant un autre : par quelle voie apaise-t-il en lui le désir d'être tout ?

Georges Bataille, L'expérience intérieure

mardi 26 mars 2024

Personne n'a le monopole de la réalité.

Augustin Berque, Médiances : de milieux en paysages

lundi 25 mars 2024

Les poètes sont les ambassadeurs du monde muet. Comme tels, ils balbutient, ils murmurent, ils s'enfoncent dans la nuit du Logos - jusqu'à ce qu'enfin ils se retrouvent au niveau des racines, où se confondent les choses et les formulations.

Francis Ponge, Le monde muet est notre seule patrie

vendredi 22 mars 2024

Combien de mois, combien de vies faut-il pour écrire une phrase qui égale en puissance la beauté des choses ?

Christian Bobin, Le Huitième jour de la semaine

jeudi 21 mars 2024

J'essaye de me frayer un chemin parmi les sentiers sinueux et tourmentés de ma mangrove intérieure.

Jean-Marie Cartereau

mercredi 20 mars 2024

Marche sur ton propre chemin, tout le reste est égarement.

Gitta Mallasz, Dialogues avec l'ange

mardi 19 mars 2024

On n'est vieux que le jour où on le décide.

Jean Anouilh, La valse des toréadors

lundi 18 mars 2024

La situation des sciences de la nature et de la matière aujourd’hui, malgré les apparences d’un triomphe sans partage, est extrêmement critique, et qu’elles ont probablement beaucoup à gagner à se rapprocher des sciences humaines et sociales, faute de quoi elles risquent bien de devenir toujours plus inhumaines et asociales.

Jean-Marc Lévy-Leblond, « La science au défi de la langue »

vendredi 15 mars 2024

Toutes les sciences, tous les arts éclairent chacun sous son angle le fait humain. Mais ces éclairages sont séparés par des zones d'ombre profondes, et l'unité complexe de notre identité nous échappe. Il nous faut une pensée qui essaie de rassembler et organiser les composants (biologiques, culturels, sociaux, individuels) de la complexité humaine. Les trois termes cerveau-culture-esprit sont inséparables. Une fois que l'esprit a émergé, il rétroagit sur le fonctionnement cérébral et sur la culture. Il se forme une boucle entre cerveau-esprit-culture, où chacun de ces termes est nécessaire à chacun des autres. L'esprit est une émergence du cerveau que suscite la culture, laquelle n'existerait pas sans le cerveau.

Edgar Morin, La Méthode V : L'Humanité de l'humanité.

jeudi 14 mars 2024

La clinique ne laisse pas le choix au clinicien, il ne peut pas se dérober, éluder les contraintes que son “objet” lui présente. La clinique confronte le clinicien à ses choix théoriques, idéologiques, non dans le ciel pur des idées mais sur le champ de bataille de sa pratique. Ici la rencontre avec la complexité est inévitable. Si on le décide rigoureusement et honnêtement, nulle échappatoire n'est possible.

André Green, La causalité psychique

mercredi 13 mars 2024

J'ai beau faire, tout m'intéresse.

Paul Valéry, Cahiers

mardi 12 mars 2024

Dès que j'ai commencé à penser, je me suis trouvé en rupture avec le monde.

Arthur Schopenhauer, L'art de se connaître soi-même

lundi 11 mars 2024

L'adulte qui veut entrer en contact avec la vie affective du groupe affronte une tâche aussi formidable que celle qu'affronte le nourrisson dans ses efforts pour établir des relations avec le sein maternel, et l'insuccès de ses efforts se manifeste par une régression.

Wilfred R. Bion, Recherches sur les petits groupes

vendredi 8 mars 2024

Pour s'occuper du psychotique, il faut être plusieurs.

Jean Oury, Psychanalyse, psychiatrie et psychothérapie institutionnelle

jeudi 7 mars 2024

Nous pouvons tenir comme une proposition suffisamment sûre que le complexe fraternel prédomine dans sa forme archaïque là où le complexe d'Œdipe achoppe à assurer le dépassement des rapports au double narcissique, et l'avènement d'une identité sexuée.

René Kaës, Le complexe fraternel

mercredi 6 mars 2024

La souffrance n'est pas uniquement définie par la douleur physique, ni même par la douleur mentale, mais par la diminution, voir la destruction de la capacité d'agir, du pouvoir faire, ressentie comme une atteinte à l'intégrité de soi.

Paul Ricœur, Soi-même comme un autre

mardi 5 mars 2024

Il m’a fallu très longtemps pour comprendre qu’être en analyse était en soi-même une expérience traumatique et que cela prenait du temps avant de s’en remettre. En médecine somatique, vous traversez normalement une période de convalescence ; vous espérez alors que, avec un peu de chance, vous retirerez quelque bénéfice de la violence qui vous a été physiquement faite. J’avais été imprégné de l’idée que la psychanalyse ne vous fait pas violence et que, petit à petit, vous allez de mieux en mieux. À mon avis, cela ne rime pas à grand-chose… Beaucoup de temps a coulé avant que je ne commence à avoir l’impression de comprendre ce qui s’était passé, et quel genre de niche j’occupais dans ce drôle d’univers ou de champ que, à défaut d’un meilleur mot, nous appelons « psychanalyse ».

Wilfred R. Bion, Bion à la Tavistock

lundi 4 mars 2024

La thérapie familiale analytique est une thérapie par le langage du groupe familial dans son ensemble, fondée sur la théorie psychanalytique des groupes. Elle vise, par la réactualisation, grâce au transfert, des modes de communication les plus primitifs de la psyché, par le rétablissement de la circulation fantasmatique dans l'appareil psychique (familial), à l'autonomisation des psychismes individuels de chacun des membres de la famille.

André Ruffiot, La thérapie familiale psychanalytique

vendredi 1 mars 2024

L’écoute psychanalytique consiste en un traitement particulier du langage. Là où habituellement on reçoit des significations, l’analyste reçoit des symboles ; des symboles, c’est-à-dire des données auxquelles manque une partie et cela de manière à la fois, en principe, déterminable, et encore indéterminée. Retrouver le complément des symboles, le tirer de l’indétermination, voilà la visée singulière de cette écoute. Dès les débuts de la psychanalyse et jusqu’à ce jour, l’effort théorique porte sur la recherche des règles qui permettent de retrouver le complément inconnu qui manque au symbole, ce qui “symbolise avec” ou ce qui – qu’on nous passe le barbarisme – “co-symbolise”.

Nicolas Abraham & Maria Torok, Le Verbier de l'homme aux loups

jeudi 29 février 2024

On mesure l'intelligence d'un individu à la quantité d'incertitudes qu'il est capable de supporter.

Emmanuel Kant, Critique de la raison pure

mercredi 28 février 2024

L'analyste qui fait un authentique travail d'analyse ne se met donc pas en position de « se souvenir » ; il ne tente pas consciemment de connaître, comprendre ou formuler le présent en tournant son attention vers le passé. Il vit plutôt l'analyse sur un mode rêveur - il rêve la séance d'analyse.

Thomas H. Ogden, Cet art qu'est la psychanalyse

mardi 27 février 2024

Un diagnostic du type "psychotique" ou "cas limite" ne laisse pas de place pour l'élaboration, la spéculation, la conjecture ; il restreint les possibilités d'expansion. L'analyse ne doit pas nous contraindre au point de ne laisser aucune place pour le développement et la croissance.

Wilfred R. Bion, Bion à New York et à São Paulo

lundi 26 février 2024

La douceur est invincible, si elle est véritable, sans grimace, ni comédie.

Marc-Aurèle, Pensées XII, 18

vendredi 23 février 2024

C'est là un point à prendre d'autant plus en compte dans le cas où une impulsion émotionnelle nous incite à reléguer un de nos patients dans les catégories de "sans espoir" ou de "psychotique". Avant d'agir sous ce genre d'impulsion, nous devons nous demander si "sans espoir" ou "psychotique" ne sont pas des qualificatifs qui éclairent notre propre état psychique, plutôt que celui du patient.

Wilfred R. Bion, Bion à New York et à São Paulo

jeudi 22 février 2024

La possibilité de passer à la compulsion de répétition les "rênes du transfert" ne dépend pas seulement de l'aptitude de l'analysant ou de l'habileté du psychanalyste mais relève bien souvent de l'histoire de la cure et de sa dynamique transféro-contre-transférientielle.

Roland Gori, La preuve par la parole. Sur la causalité en psychanalyse

mercredi 21 février 2024

Le concept d'acting-out, loin de devoir être placé en opposition avec le transfert, ne détient sa pleine signification qu'à lui être rapporté. À proprement parler, il n'existe que des acting-out de transfert. C'est dire que le concept d'acting-out procède de la règle fondamentale, laquelle préside à l'ordonnancement des séances. L'acting-out ne saurait être l'attribut particulier d'un fonctionnement psychique, mais bien plutôt cette tendance vive, au cœur même du transfert, qui pousse celui-ci jusqu'à son achèvement. C'est à la situation psychanalytique que revient l'exigence d'en rapatrier la mise dans le site des discours associatifs et interprétatifs pour en recueillir et analyser la détermination transférentielle.

Roland Gori, La preuve par la parole. Sur la causalité en psychanalyse

mardi 20 février 2024

L’art n’est pas la manifestation la plus précieuse de la vie. L’art n’a pas cette valeur céleste et générale qu’on se plaît à lui accorder. La vie est autrement intéressante.

Tristan Tzara, Conférence sur Dada

lundi 19 février 2024

Il est un droit qu'aucune loi ne peut atténuer, et c'est le droit à devenir meilleur.

Victor Hugo, Le Dernier Jour d'un condamné

vendredi 16 février 2024

Si un jeune homme me dit : Je veux écrire un roman, je lui réponds : Vous ne voulez pas écrire un roman, sinon vous seriez à votre table de travail en train de l'écrire, et non ici en train d'en parler.

André Maurois, Au commencement était l'action

jeudi 15 février 2024

Sans doute, de notre temps, l'homme préfère l'image à la chose, la copie à l'original, la représentation à la vie, l'apparence à l'être... Ce qui est sacré pour lui, ce n'est plus que de l'illusion.

Ludwig Feuerbach, L'essence du christianisme

mercredi 14 février 2024

Plus un psychanalyste est expérimenté et sensible, plus il lui est aisé d'éprouver les phénomènes qui échappent aux sens et qui se déroulent devant lui.

James S. Grotstein, Un rayon d'intense obscurité

mardi 13 février 2024

Le devoir de respecter mon prochain est compris dans la maxime de ne ravaler aucun autre homme au rang de pur moyen au service de mes fins.

Emmanuel Kant, Doctrine de la vertu

lundi 12 février 2024

Peut-être « corps » est-il le mot sans emploi par excellence. Peut-être est-il, de tout langage, le « mot en trop ».

Jean-Luc Nancy, Corpus

vendredi 9 février 2024

« Qui suis-je ?... pourquoi tout ne reviendrait-il pas à savoir qui je « hante » ?... ce qu'il a fallu que je cessasse d'être, pour être qui je suis... »

André Breton, Nadja

jeudi 8 février 2024

Obscurité, tu seras dorénavant pour moi la lumière.

André Gide, Thésée

mercredi 7 février 2024

Toutes les techniques, toutes les approches sont intéressantes si le thérapeute est un thérapeute, c'est à dire s'il est conscient du cadre dans lequel se situe la relation, s'il comprend l'enjeu pulsionnel de cette relation et, en définitive, s'il fait référence pour lui-même à un cadre théorique. Si l'on peut aménager sa pratique par rapport à un cadre de référence, il est bien illusoire et périlleux, tant pour le patient que pour le thérapeute, d'en inventer la théorie.

Philippe Brenot, La sexologie

mardi 6 février 2024

La parole, au centre de la cure, est le seul instrument d'humanisation dont ceux qui souffrent, nous tous, avons et aurons besoin.

Françoise Parot, HS du Nouvel Observateur : "La psychanalyse en procès"

lundi 5 février 2024

Derrière la pensée, il n'y a pas de mots. On s'est.

Clarice Lispector, Agua viva

vendredi 2 février 2024

Je me suis simplement emparé de l'énergie que cela prend de bouder, et j'en ai fait du blues.

Duke Ellington

jeudi 1 février 2024

J'ai été un chercheur, et je le suis encore, mais je ne cherche plus dans les astres et dans les livres. Je commence à entendre ce qui bruit dans mon propre sang.

Hermann Hesse, Demian

mercredi 31 janvier 2024

Le besoin de s'attacher le patient correspond au désir des parents de ne pas laisser leurs enfants prendre leur envol.

Heinrich Racker, Etudes sur la technique psychanalytique

mardi 30 janvier 2024

L'une des tâches principales de l'analyste, avec tout patient, est de rester objectif à l'égard de tout ce que le patient provoque, et en particulier par rapport à la nécessité pour l'analyste d'être en mesure de haïr son patient objectivement.

Donald W. Winnicott, La haine dans le contre-transfert

lundi 29 janvier 2024

Nous nous abusons nous-mêmes si nous pensons que nous échappons au contre-transfert.

Ella Sharpe

vendredi 26 janvier 2024

La plupart d'entre nous l'ignorent, mais nous sommes mus d'un côté par une force qui nous mène vers l'extérieur, vers un résultat, une manifestation, une activité, une action, une parole, et d'un autre côté par une force qui nous conduit vers l'intérieur, vers un ressenti, un sentiment, une introspection.

Amiyo Devienne, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

jeudi 25 janvier 2024

Nous connaissons la vérité non seulement par la raison mais encore par le cœur, c’est de cette dernière sorte que nous connaissons les premiers principes et c’est en vain que le raisonnement, qui n’y a point de part, essaie de les combattre.

Blaise Pascal, Fragment Grandeur n° 6 / 14

mercredi 24 janvier 2024

Le cœur est la seule définition adéquate de l'homme.

Michel Henry, Paroles du Christ

mardi 23 janvier 2024

Les pensées sont les ombres de nos sensations – toujours plus sombres, plus vides, plus simples que celles-ci.

Friedrich Nietzsche, Le Gai savoir

lundi 22 janvier 2024

L'idéal, c'est le néant érigé en idole.

Friedrich Nietzsche, Humain, trop humain

vendredi 19 janvier 2024

Il n'y a pas d'autre source de connaissance que l'expérience.

Henri Bergson, Les Deux Sources de la morale et de la religion

jeudi 18 janvier 2024

La science est une entreprise essentiellement anarchiste : l’anarchisme théorique est davantage humanitaire et plus propre à encourager le progrès que les doctrines fondées sur la loi et l’ordre.

Paul Feyerabend, Contre la méthode

mercredi 17 janvier 2024

L'homme n'a pas de raison. Seul le milieu ambiant en est pourvu.

Héraclite, Fragment 17

mardi 16 janvier 2024

L’hystérique est une esclave qui cherche un maître sur qui régner.

Jacques Lacan, L'hystérique et son maître

lundi 15 janvier 2024

Ce qui se réalise dans mon histoire, n’est pas le passé défini de ce qui fut puisqu’il n’est plus, ni même le parfait de ce qui a été dans ce que je suis, mais le futur antérieur de ce que j’aurai été pour ce que je suis en train de devenir.

Jacques Lacan, Fonction et champs de la parole et du langage

vendredi 12 janvier 2024

Tombe amoureux de toi-même. De la vie. Et ensuite de qui tu veux.

Frida Kahlo

jeudi 11 janvier 2024

Si, de temps en temps, tu t'arrêtais de parler, les choses pourraient peut-être te parler de temps en temps.

Amos Oz, Seule la mer

mercredi 10 janvier 2024

L'art, mes enfants, c'est d'être absolument soi-même.

Paul Verlaine, J'ai dit à l'esprit vain, à l'ostentation

mardi 9 janvier 2024

Ne peut-on penser que la cure analytique correspond à une modification des réseaux neuronaux, qui s’effectue douloureusement dans les conditions du transfert au cours de l’anamnèse (la remontée vers les souvenirs d’enfance), puisqu’on sait que les neurones restent plastiques, chez l’homme, jusqu’à un âge avancé, sinon pendant l’entière durée de sa vie ? Si l’on a un jour la possibilité de visualiser certains de ces réseaux entiers, par exemple grâce à de nouvelles techniques d’imagerie médicale, on pourra peut-être trancher. J'aime à penser qu’on pourra voir, au cours de la cure, s’opérer la modification de certains réseaux, et le dénouement de certains « nœuds » qu’on pourrait appeler, pourquoi pas, des « nœuds névrotiques ».

Alain Prochiantz, La construction du cerveau

lundi 8 janvier 2024

Si seulement on arrêtait d'essayer d'être heureux, on pourrait peut-être profiter de la vie.

Edith Wharton, Chez les heureux du monde

vendredi 5 janvier 2024

Un texte n'est qu'un pique-nique où l'auteur apporte les mots et le lecteur son sens.

Tzvetan Todorov, Viaggio nella critica americana, Lettera internazionale, 1987

jeudi 4 janvier 2024

Les hommes ont fait l’essai des valeurs cartésiennes : hors des sciences de la nature, cela ne leur a guère réussi.

Antoine de Saint-Exupéry, lettre du 30 juillet 1944 au général Chambe (écrite la veille de sa disparition)

mercredi 3 janvier 2024

Un soupir pour ceux qui m’aiment, un sourire pour ceux qui me haïssent, et, quel que soit le ciel au-dessus de ma tête, un cœur prêt pour tous les destins !

Lord Byron, vers improvisés pour son ami T. Moore, Esq., auteur de Lalla Rookh

mardi 2 janvier 2024

À Sophie, cette « patiente » qui avec tant de... patience m'a fait passer pour la première fois de la position de psychothérapeute à celle de psychanalyste.

Alain Amselek, Le livre rouge de la psychanalyse

vendredi 22 décembre 2023

Les contes aident les enfants à s'endormir et les adultes à se réveiller.

Jorge Bucay, Je suis né aujourd'hui au lever du jour

jeudi 21 décembre 2023

Dionysos est aussi appelé le dieu fou (mainomenos) et la maladie dont il frappe ceux qui ne le reconnaissent pas est la folie.

France Schott-Billmann, La thérapie par la danse rythmée

mercredi 20 décembre 2023

J'étais un trésor caché et j'ai aimé à être connu.

Ibn Arabi, Le Traité de l'amour

mardi 19 décembre 2023

L'avenir de la psychanalyse est dans l'analyse par le jeu.

Karl Abraham, Congrès des psychanalystes, Würzburg, 1924

lundi 18 décembre 2023

On l'appelle jeu de la bobine ou fort-da, depuis la découverte magistrale de Freud observant le jeu de contraires de son petit-fils et comprenant que l'enfant y découvre du sens. Cela peut se produire avec n'importe quel jeu de contraires, mais pour le petit-fils de Freud, c'est une bobine qu'il lance et ramène, qu'il fait alternativement disparaître et réapparaître. L'absence temporaire de la mère a plongé l'enfant dans le désespoir jusqu'à ce qu'il découvre, dans une illumination, que l'objet qui va et vient, entre absence et présence, peut mimer le mouvement de la mère, donc représenter celle-ci et qu'elle peut revenir « autrement ». C'est dans un insight, dans un état de transe, que lui apparaît le sens de l'objet : la bobine peut représenter sa mère et, même lorsque celle-ci est absente, le symbole reste là, bien présent, permettant à l'enfant de la retrouver autrement. Il a découvert le symbole, le sens.

France Schott-Billmann, La thérapie par le danse rythmée

vendredi 15 décembre 2023

Si l'homme a un merveilleux appareil à transformer les sensations en symboles [...] il n'en reste pas moins qu'il vit toute l'épaisseur de la vie sensitive.

André Leroi-Gourhan, Le geste et la parole

jeudi 14 décembre 2023

La maturité est la capacité de faire quelque chose malgré le fait que vos parents vous l'ont recommandé.

Paul Watzlawick, Faites vous-même votre malheur

mercredi 13 décembre 2023

Avant d'avoir étudié le zen pendant trente ans, j'ai vu les montagnes comme des montagnes, les rivières comme des rivières. En avançant sur le chemin de la connaissance, j'en suis arrivé au point où j'ai compris que les montagnes ne sont pas des montagnes, les rivières ne sont pas des rivières. Mais maintenant que j'ai pénétré dans la fine substance de la connaissance, je suis serein car de nouveau, je vois les montagnes comme des montagnes, les rivières comme des rivières.

Ch'ing-Yian

mardi 12 décembre 2023

Dans les cadences de la musique est caché un secret, si je le révélais, il bouleverserait le monde.

Rûmi

lundi 11 décembre 2023

Dans notre civilisation, nous vivons beaucoup trop déconnectés de nos corps.

Angelin Preljocaj, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

vendredi 8 décembre 2023

Il ne s'agit pas tant d'apprendre à danser que d'abandonner l'idée que nous ne savons pas le faire.

Savannah Darling Khan, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

jeudi 7 décembre 2023

Le normal doit se définir, non par l'adaptation mais, au contraire, par la capacité d'inventer de nouvelles normes.

Kurt Goldstein, La structure de l'organisme

mercredi 6 décembre 2023

Quand on est vivant, créer va de soi. Inversement, c'est quand on reproduit qu'on cesse de créer et qu'on cesse d'être vivant. Quelqu'un qui ne fait que reproduire souffre d'un manque de conscience, et fait preuve de passivité. Être vivant s'accompagne forcément d'une prise de rique autour de la création. Il ne s'agit pas de créer à partir de rien, l'ancien aussi est à prendre en compte. Je viens moi-même d'une tradition de ballet. Au fond, il s'agit de se recréer soi-même.

Rafael Baile, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc l'existe

mardi 5 décembre 2023

Qu'est-ce qu'une vivencia ?

Ce mot correspond au terme allemand Erlebnis défini par le philosophe Wilhelm Dilther (1833-1911) comme l'« instant présent vécu intensément ». Rolando Toro [le fondateur de la biodanza] avait quant à lui l'habitude de le définir ainsi : « la vivencia est une expérience vécue avec une grande intensité par un individu, dans un ici et maintenant qui englobe les émotions, les sensations et les fonctions organiques. »

Paula Roulin Prat, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

lundi 4 décembre 2023

La métaphore est probablement la puissance la plus fertile que possède l’homme. Son efficience arrive à toucher les confins de la thaumaturgie et ressemble à un travail de création que Dieu oublia à l’intérieur de l’une de ses créatures à l’époque où il lui donna forme [...].

José Ortega y Gasset, La déshumanisation de l'art

vendredi 1 décembre 2023

Dansez jusqu'à ce que vous voliez en éclats.

Rûmi

jeudi 30 novembre 2023

Avez-vous la discipline nécessaire pour être un esprit libre ?

Gabrielle Roth

mercredi 29 novembre 2023

Dionysos, qui dans la symbolique représente l'homme, dansait déjà ans le ventre de sa mère. Il est le symbole de l'homme dansant, c'est-à-dire de l'homme qui réunit les opposés : corps/esprit, soi/autre, visible/invisible, absence/présence.

France Schott-Billmann, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

mardi 28 novembre 2023

Le mental a pour fâcheuse habitude de nous ramener sans cesse vers le passé, qui n'est plus, ou de nous projeter vers le futur, qui n'est pas encore, mais il nous place rarement dans le moment présent.

Amiyo Devienne, entretien avec Catherine Maillard, Je danse donc j'existe

lundi 27 novembre 2023

Je ne sais pas où je vais, mais je sais que je suis sur le chemin.

Carl Sagan

vendredi 24 novembre 2023

Il y a dans nos sociétés modernes une immense ignorance sensorielle. Cette cécité générale est très curieuse et dramatique. Pourtant, nous avons de bons observateurs, de bons analystes, mais ça, ça ne passe pas. Comme si maîtriser ses sens n'était pas une connaissance nécessaire à nos sociétés.

Albert Palma, cité par Patrice van Eersel, préface à Je danse donc j'existe de Catherine Maillard

jeudi 23 novembre 2023

C'est le rapport au corps qui détermine le caractère de toutes les civilisations. De la législation à la poésie, tout est émanation du corps. Tout lui lié. Rien n'y échappe.

Albert Palma, cité par Patrice van Eersel, préface à Je danse donc j'existe de Catherine Maillard

mercredi 22 novembre 2023

J’y insiste [dans mes trois ouvrages] sur le caractère révolutionnaire et efficace d’une pratique [la psychanalyse] fondée non sur des théories analytiques (aujourd’hui elles sont multiples), mais sur une éthique de l’écoute, de l'hospitalité, de la "présence" impliquée-impliquante de l’analyste, et un "dialogue" neuf à partir du soi charnel et non plus du moi de surface. La règle freudienne fondamentale d'"attention également flottante" fait régresser l’"analyste ouvert et désidentifié" d’une réflexion mentalisée à un véritable état méditatif de pur sentir, qui entre en résonance et sympathie avec les processus inconscients et l’affectivité de l’analysand et amène celui-ci à approfondir lui-même la distinction entre sentir et penser, entre vie propre et vie extérieure. Un éveil à soi-même, à sa désirance créatrice et à sa liberté intérieure peut en surgir...

Page LinkedIn d'Alain Amselek

mardi 21 novembre 2023

[...] si la psychanalyse est d'abord une psychologie, elle est surtout une anthropologie.

Claude Le Guen, Dictionnaire freudien

lundi 20 novembre 2023

Disons-le hardiment, philosopher c'est expliquer [...] le clair par l'obscur, clarum per obscurius.

Jules Lagneau, Revue philosophique, février 1880

vendredi 20 octobre 2023

Chaque trouble du caractère bloque à sa façon la fécondité réceptive et disséminatrice de la personnalité.

Christopher Bollas, Trois caractères. Le narcissique, le borderline, le maniacodépressif

jeudi 19 octobre 2023

Pour Freud, aimer et travailler, d'abord ! Ces deux grandes entreprises de la vie et de la psychanalyse pourraient nourrir des attentes modestes en apparence qui pourtant se révlèlent parfois formidablement ambitieuses. On pourrait ajouter « se séparer », « être capable de se quitter », [...].

Catherine Chabert, Maintenant, il faut se quitter...

mercredi 18 octobre 2023

La richesse spécifique d'un texte de Freud, et pas seulement du Schreber, est que jamais il ne laisse ramener à une ligne unique de pensée.

Jacques André, préface au Président Schreber de Sigmund Freud

mardi 17 octobre 2023

Ce que montre Freud en effet, c'est que le déclenchement de la crise paranoïaque a précédé, chez Schreber, la construction du délire religieux, en sorte que celui-ci apparaît comme un délire de reconstruction, le moyen par lequel le malade restaure un ordre susceptible de le rendre à une vie vivable.

Denis Pelletier, préface à Le Président Schreber de Sigmund Freud

lundi 16 octobre 2023

Totem et tabou est à coup sûr l'œuvre de Freud qui permet le mieux d'en prendre la mesure.

Jean-Michel Hirt, préface à Totem et tabou de Sigmund Freud

vendredi 13 octobre 2023

Doit-on être malade pour aller mieux ?

Erwann Monner, le thérapeute de "Oui mais", scénario d'Yves Lavandier

jeudi 12 octobre 2023

La psychanalyse me semble avoir davantage besoin de penseurs par images que d'érudits, de scoliastes, d'esprits abstraits et formalisateurs.

Didier Anzieu, Le Moi-peau

mercredi 11 octobre 2023

Un seul être vous manque et tout est dépeuplé.

Alphonse de Lamartine, L'Isolement

mardi 10 octobre 2023

Il semble donc que la tentative consistant à remplacer la puissance matérielle par la puissance des idées se trouve, pour le moment encore, vouée à l'échec.

Lettre de Sigmund Freud à Albert Einstein, septembre 1932. Pourquoi la guerre ?

lundi 9 octobre 2023

Une clinique de l'inter-subjectivité rythmique du groupe demanderait à être développée. Elle nous apprendrait que certains fonctionnements psychotiques sont moins le résultat d'un désinvestissement de la réalité extérieure que celui d'un excès ou d'un déficit des polarités interpulsives nécessaires à l'élaboration relationnelle.

Ophélia Avron, La pensée scénique

vendredi 6 octobre 2023

Pauvreté empêche les bons esprits de parvenir.

Devise de Bernard Palissy

jeudi 5 octobre 2023

Le désir cherche toujours à se mettre au présent.

Ophélia Avron, La pensée scénique

mercredi 4 octobre 2023

Le corps humain ne pourrait bien n'être qu'une apparence. Il cache notre réalité. Il s'épaissait sur notre lumière ou sur notre ombre. La réalité c'est l'âme. À parler absolument, notre visage est un masque. Le vrai homme, c'est ce qui est sous l'homme.

Victor Hugo, Les Travailleurs de la mer

mardi 3 octobre 2023

Le projet est le brouillon de l'avenir. Parfois, il faut à l'avenir des centaines de brouillons.

Jules Renard, Journal, 1925

lundi 2 octobre 2023

Il est nécessaire d'oublier la technique pour pouvoir analyser tranquillement, mais pour l'oublier sans la refouler il faut d'abord bien la connaître.

Joyce McDougall, Après Lacan : le retour à la clinique, entretiens avec Fernando Urribarri

vendredi 29 septembre 2023

Que ce soit pour des choix décisifs comme une voie de spécialisation ou une affaire de cœur, ou des choix ponctuels de la vie quotidienne comme une invitation ou un achat, les jeunes font souvent face au fear of missing out, c'est-à-dire la peur de manquer quelque chose qui serait mieux.

Nathalie de Kernier, Le projet de vie

mercredi 27 septembre 2023

Rien n’est si insupportable à l’homme que d’être dans un plein repos, sans passions, sans affaire, sans divertissement, sans application.

Il sent alors son néant, son abandon, son insuffisance, sa dépendance, son impuissance, son vide.

Incontinent il sortira du fond de son âme l’ennui, la noirceur, la tristesse, le chagrin, le dépit, le désespoir.

Blaise Pascal, Pensées diverses II – Fragment n° 25 / 37

mardi 26 septembre 2023

La tâche du Je c’est de devenir capable de penser sa propre temporalité : il lui faut pour cela penser, anticiper, investir un espace-temps futur alors même que l’expérience du vécu va assez vite lui dévoiler que ce faisant il investit non seulement un non-prévisible mais un temps qu’il pourrait ne pas avoir à vivre. En d’autres termes, il investit un « objet » et un « but » qui possèdent les propriétés dont le Je a le plus horreur : la précarité, l’imprévisibilité, la possibilité de faire défaut.

Piera Aulagnier, Les Destins du plaisir. Aliénation, amour, passion

lundi 25 septembre 2023

Quand l'infini...

L'autre commence !

Anonyme

vendredi 22 septembre 2023

La vie donc oscille, comme un pendule, de droite à gauche, de la souffrance à l'ennui ; ce sont là les deux éléments dont elle est faite, en somme. De là ce fait bien significatif par son étrangeté même : les hommes ayant placé toutes les douleurs, toutes les souffrances dans l'enfer, pour remplir le ciel n'ont plus trouvé que l'ennui.

Arthur Schopenhauer, Le Monde comme Volonté et comme Représentation

jeudi 21 septembre 2023

De façon schématique, on peut considérer l'identification projective comme un processus impliquant les séquences suivantes : en premier lieu, il y a un fantasme de projeter une partie de soi-même dans une autre personne, et de telle façon d'occuper la personne de l'intérieur ; une pression est ensuite exercée par des interactions interpersonnelles, afin que le "réceptable" de la projection pense, ressente, se comporte de façon congruente à la projection ; enfin, les sentiments projetés après avoir été "assimilés psychologiquement" par le "réceptacle" sont réintériorisés par le sujet de la projection.

Thomas H. Ogden, On Projective Identification

mercredi 20 septembre 2023

[...] le refoulement est une action qui ne réussit pas totalement.

Paul-Laurent Assoun, introduction à Sur la psychanalyse. Cinq leçons de Sigmund Freud

mardi 19 septembre 2023

La vie réussit à nous trouver quand plus personne ne sait où nous sommes, pas même nous. Si loin que nous soyons, elle se fraye un passage. Si grande soit notre volonté de l'éviter, de la fuir dans un travail, dans un devoir, dans un sérieux - elle arrive, têtue, se moquant gentiment de nous, de la naïveté de nos projets, de la sagesse de nos calendriers.

Christian Bobin, La Merveille et l'Obscur

lundi 18 septembre 2023

Nous aimons tant à nous représenter le moi comme impuissant face au ça, mais lorsqu'il se rebelle contre un processus pulsionnel dans le ça, il lui suffit de donner un signal de déplaisir pour atteindre sa visée à l'aide de l'instance presque toute-puissante du principe de plaisir.

Sigmund Freud, Inhibition, symptôme et angoisse

vendredi 15 septembre 2023

L'interprétation du transfert n'est pas une interprétation dans le transfert, mais bien plutôt une interprétation dans le contre-transfert.

Michel Neyraut, Le transfert

jeudi 14 septembre 2023

Perdre
Mais perdre vraiment
Pour laisser place à la trouvaille

Guillaume Appolinaire, Toujours

mercredi 13 septembre 2023

Les relations entre les êtres humains s'ordonnent autour de deux grands pôles, la technique et le fantasme.

Didier Anzieu, Le groupe et l'inconscient

mardi 12 septembre 2023

On pourrait démontrer que chez certaines personnes, à certains moments, les activités indiquant qu’elles sont vivantes sont simplement des réactions à un stimulus. Une vie entière peut être construite sur ce modèle. Supprimez les stimuli et l’individu n’a aucune vie. Dans ce cas extrême cependant, le mot “être” ne convient pas. Pour pouvoir être et avoir le sentiment que l’on est, il faut que le faire-par-impulsion l’emporte sur le faire-par-réaction.

Donald W. Winnicott, Vivre créativement

lundi 11 septembre 2023

L'éducation est une succession de mises au monde, sa racine étymologique educere signifiant « conduire vers », à l'inverse de la séduction - seducere - consistant à ramener vers soi, à éviter la séparation.

Nathalie de Kernier, Le projet de vie

vendredi 8 septembre 2023

Si le monde était clair, l’art ne serait pas.

Albert Camus, Le mythe de Sisyphe

jeudi 7 septembre 2023

Le pénis, organe de pénétration devient pour le garçon un organe de perception qu'il assimile à l'œil ou à l'oreille ou aux deux à la fois ; par ce truchement il explore l'intérieur de la mère, y découvre les périls qui guettent son pénis et ses excréments, par le pénis et les excréments du père.

Melanie Klein, La psychanalyse des enfants